J'étais têtue. Excessivement têtue. Ne pas savoir quelque chose, ça me rendait folle. J'étais persévérante, aussi. L'un allait avec l'autre, en réalité, mais un seul des deux était considéré comme une réelle qualité, alors je crois bon de le préciser. C'est pour ces deux raisons que je suis en train de chercher une solution au problème du labyrinthe. Quand vous vous ennuyez, rien de mieux qu'un bon casse-tête. Le problème, c'est qu'une fois que vous avez compris le truc, vous êtes repartis pour une séance d'ennui mortel. C'est ce qui m'était arrivé avec les sudokus, les jeux sur les paquets de céréales... Bref. Mon nouveau dada, c'était trouver la sortie du labyrinthe. Je m'en sortais pas si mal, à force. Au moins, je savais comment retrouver l'entrée, et vous deviez bien admettre que c'était tout de même moins simple que ce qu'il n'y paraissait ! Surtout si vous aviez un sens de l'orientation tel que le mien - c'est-à-dire assez douteux : il me jouait constamment des tours. Je croyais que plus personne ne venait dans le labyrinthe. Qu"on avait tous laissé tomber, baissé les bras. Faut dire que moi, mes deux premières visites, elles avaient été plutôt traumatisantes, et sans ce trait de caractère assez pointu, je ne m'y serai plus risquée - plus jamais, c'était d'ailleurs ce que je me répétais à ce moment-là. Aussi, quand j'entendis un bruit non loin, tous mes sens étaient aux aguets. C'était quand même pas une grosse bestiole poilue, hein ? Hein, hein, hein ? Non parce que j'avais du mal avec les animaux. Et comme je vous le disais, je ne connaissais pas encore la sortie, alors s'il arrivait par le chemin de l'entrée, prendre mes jambes à mon cou et courir, ce n'était pas une très bonne idée. Pourtant, c'était bien par là qu'il arrivait. Je l'entendais. Portée par ce qui devait être... De l'adrénaline, de l'euphorie, ou un simple brin de folie, je décidais d'attaquer plus que de défendre, et m'élançais dans l'allée, mes mains en pistolet. « Plus un geste ! » Sive, Sive, Sive...

En fait, ce n'est que Marcus. Pas de chatons déguisées en furies, pas de castors prenant mes jambes pour des crayons. Ah bah tout à coup, je respire. Et puis je remarque ses mains levées en l'air, mes doigts qui forment un pistolet, et enfin, je l'entends, me reprocher de lui avoir fait peur, et d'accord, je me mets à rigoler. Je détache mes mains l'une de l'autre et les laisse retomber contre moi. « Désolée. » Je lui adresse mes excuses entre deux rires, et me demande un instant si ces rires sont vraiment provoqués par le comique de la situation ou par le soulagement, d'avoir découvert que c'était Marcus et pas des bestioles avec un nombre de pattes indéterminé. Il me demande ce que je fiche là avec ce revolver. « En fait je t'ai pris pour un raton-laveur, ou quelque chose dans ce genre, qui serait venu pour me dévorer... » Un sourire malicieux au bord des lèvres, je fais l'enfant prise sur le fait. Mais il y a une autre réponse qu'il attend, me semble-t-il. « Je cherche la sortie, comme toujours. Tu la connais, toi ? Si tu la connais, ne me le dis pas ! » Oui, comme pour tout, j'aimais arriver à mes fins par mes propres moyens, sans l'aide de personne. Bien souvent pourtant, il me fallait admettre que j'avais besoin d'aide, et quelque chose me disait que bientôt, ce labyrinthe me placerait dans la même situation.