@Owen

Elle ramenait les gants qu'elle avait trouvé dans la cabane en bois. Elle avait quand même les mains sacrément laides. Son vernis s'écaillait, ses ongles s'étaient cassé par endroit, sa peau était d'une rugosité jamais égalée. Il lui fallait une manucure d'urgence mais elle doutait fort qu'on la lui octroie comme ça. Elle se consolait en se rappelant que dans quelques heures cette semaine serait derrière elle. Oui, bientôt on prendrait soin d'elle après l'avoir obligée à se limiter au minimum d'hygiène et de soins. Ce que son petit chez-elle lui manquait, sa belle salle de bain et son lit ! De la nourriture descente pour un palais raffiné comme le sien. Elle était précieuse et délicate, Moïra. Elle avait beau se penser prête avant d'entrer dans les abysses, tout ce changement soudain l'avait plus que chamboulée. Elle regrettait de n'avoir personne à qui se plaindre parce qu'elle mourait d'envie. Un soupir plus tard, elle reposait ce qu'elle avait emprunté et voilà qu'une pile d'objets en tout genre se fracassait par terre, la renversant au passage. « Deux malheureux gants ! Merde ! » Elle donnait des coups de pieds dans ce qui était tombé, des trucs qu'on avait entassés là mais dont personne n'avait plus eu besoin depuis belle lurette vu la poussière qui s'y était déposé. Elle n'avait plus qu'à tout ramasser et à tout remettre à sa place. Elle était verte. Elle aimait faire le ménage chez elle parce qu'elle ne faisait confiance à personne d'autre pour cela, mais elle avait horreur de le faire chez quelqu'un d'autre, et si elle le faisait c'est que l'endroit en avait vraiment, vraiment, bien besoin. Mais à peine avait-elle commencé à se pencher qu'on essayait d'entrer dans la cabane, heureusement la porte était bloquée par un balais. « C'est occupé ! » Avait-elle fait savoir en haussant un peu la voix. Elle avait tout de même dégagé l'entrée pour voir discrètement de qui il s'agissait et reconnaissant le roux en kilt de l'autre soir, elle avait finalement ouvert. « Oh c'est toi. » Elle souriait un peu, « ...Qu'es-ce que tu veux ? » et tentait de se recoiffer parce que là on aurait vraiment dit qu'elle venait de se prendre une pile de trucs sur la tête.

MOÏRA x Owen avait repéré la cabane depuis un bon moment, mais n’avait finalement jamais mis les pieds là-bas. Par peur ? Peut-être bien. Cupidon et tout la production serait assez fourbe pour cacher une bête ou deux dans cet endroit pour faire flipper la moindre fillette. Lui aussi, certainement, par la même occasion. Maintenant qu’ils allaient s’en aller d’ici – il n’est pas con, la saison ne se passera pas dans la prison – il se dit que fouler le sol de cette cabane serait plutôt pas mal. Il faut avouer que le bruit provenant de là-bas l’a aussi aidé dans sa décision : trop curieux le roux. Il attrape la poignée, mais cette dernière est bloquée. Ca ne l’étonne pas. Il force, pousse un peu avec son épaule, en faisant en sorte de ne pas tout casser non plus. Il sait contrôler sa force. C’est alors qu’une voix étouffée se fait entendre. Sur le coup il sourit, enfin plus ou moins. Puis la porte s’ouvre finalement sur un visage. Owen savait bien qu’ils avaient enfermé une bête dans la cabane, mais celle-là ! Quoi ? La brune n’en est pas une ? Elle semble étonnée. Pas autant que lui. « Oui c’est moi… Tu ne m’attendais pas ? » Il élève légèrement la voix pour ponctuer sa question. Mais ne sourit pas, non, il avale sa salive. Il attend qu’elle bouge et comme elle s’écarte, il entre dans la cabane et referme la porte derrière lui. En la regardant de coin. « Rien de bien particulier. Je venais faire le tour du propriétaire. » Enfin. Il était temps, mais il ne faut pas se mentir : le lieu n’avait rien de paradisiaque et n’intéressait pas notre homme. Enchaînant quelques pas sur les morceaux de sol encore disponible pour ses pieds, il passe discrètement une main sur son dos. « Je ne pensais pas faire une belle rencontre ici, en vérité. » S’il sait garder un ton sérieux, ce n’est que parce qu’il ne la regarde pas directement. Non, il regarde à terre. « Tu m’excuseras, je ne t’aide pas… » Il montre du doigt le bordel qui se trouvait autour d’elle et qu’elle venait certainement de faire, étonnement. Trouvant un petit recoin de meuble, il le frotte un peu avec sa manche avant de s’y installer. Bras croisé, silencieux.

Elle l'avait repéré depuis le prime et n'était pas mécontente de le trouver ici. C'est qu'ils ne s'étaient pas beaucoup croisés pendant la semaine, à croire qu'il l'évitait (ce qu'elle aurait très mal pris). Elle se sentait un peu bête mais parvenait à garder sa contenance. « Non. » Elle avait un peu agité la tête. Evidemment, qu'elle ne s'attendait pas à le voir mais c'est ce qui était intéressant, qu'ils se tombent dessus par hasard (façon de parler). Il semblait vouloir entrer, elle l'avait donc laissé passer, à vrai dire il n'y avait pas de raison qu'elle l'en empêche, même si elle aurait bien voulu pouvoir ranger le désordre qui régnait dans la cabane, en partie à cause d'elle mais pas seulement, avant que quelqu'un n'arrive. Mais il s'était invité alors tant pis. Il lui avoua ne rien vouloir de particulier. Elle le fixait. Il s'était approché d'elle. Un frisson avait parcouru son dos. Elle se sentait flattée par sa remarquer, c'en était vraisemblablement le but. « Je ne suis plus belle du tout depuis dimanche dernier. » Avait-elle rétorqué, sans même le complimenter en retour, mais elle y avait pensé. « Une semaine que je supporte cette tenue à la couleur immonde, et le lit qui me casse le dos, et la nourriture infecte, les douches froides ! Je suis laide. » Elle n'en pouvait plus, il fallait bien qu'elle finisse par se plaindre à quelqu'un, et c'était tombé sur lui. « Désolée. » Elle n'en avait pas vraiment l'air avec le petit geste de la main qu'elle venait de faire, mais elle avait fini par sourire. Il lui dit qu'il ne l'aiderait pas. Elle avait haussé les épaules. « Pas grave, j'ai l'habitude. » Elle lui lançait un regard appuyé. Il était allé se mettre dans un coin, pour ne pas gêner sans doute. « Tu comptes me regarder faire jusqu'à ce que j'ai fini ? » Ça ne la dérangeait pas, mais c'était un peu étrange. Elle n'avait pas attendu sa réponse pour se mettre à genoux et commencer à faire un peu de tri parmi tout ce qu'il y avait au sol. Elle avait repéré les principaux responsables et les avait empoignés. « Tout ça à cause d'une paire de gants, c'est dingue ! C'était tellement mal fichu là-dedans. » Certes, c'était actuellement bien pire, mais heureusement qu'elle était là, cette cabane ne serait plus jamais la même après le passage de l'ouragan Moïra.

Owen aurait très bien pu tomber sur n’importe qui, en train de faire n’importe quoi. Il pense à ça en frôlant la brune, mains légèrement baladeuses. L’émission est trop récente pour ce genre de rapprochement, mais pourquoi pas ? L’exacerbation des sentiments peut toucher n’importe qui. Moïra parle. Il l’écoute religieusement. Elle n’est plus belle depuis dimanche dernier. Il lève les yeux au ciel. Elle dit des conneries, mais il n’oserait la reprendre. Pas à ce moment-là en tout cas, parce qu’elle n’arrête pas de se plaindre. Il la comprend plus qu’il ne le laisse transparaître, mais sa conclusion n’a aucun sens. Elle s’excuse. « Pas grave. T’es magnifique. » Il est soudainement plus sérieux, plus grave. Peut-être un poil plus renfermé. Il le pense bien évidemment, il dit tout ce qu’il pense. Il s’en fout également de le dire aussi explicitement et sans filtre, parce qu’au final leur petit jeu se termine aujourd’hui. Qu’ils soient ou non sélectionnés. Il ne peut pas dire que ça ne lui a pas plu d’être éloignée un peu d’elle, vacances ironiques, repos du guerrier. Mais c’est bientôt terminé. Les retrouvailles, elles sont en demi-teinte ici. Ce n’est qu’une question de temps. Alors il en profite encore quelques instants. Il se terre dans son coin, la laissant s’occuper de tout. Apparemment, elle non plus ne trouve pas ça grave, qu’il ne l’aide pas. Et s’il comptait la regarder jusqu’à ce qu’elle ait terminé ? Réponse évidente. « Evidemment. Je ne vais pas me salir… Tu le fais déjà très bien toute seule. » Il parle sans réellement la regarder en vérité. La fée du ménage, ce n’est pas elle ? En vérité ses yeux fait le tour du propriétaire. Il ne s’était pas vraiment rendu compte dans quoi ils se trouvaient : une espèce de grenier des prisonniers ? Un endroit assez étrange pour une prison en tout, le travail de décorateur a été mal effectué… « T’es pas chez toi… On ne te demande pas de ranger... » Il est détaché. Il ne comprend pas bien ce qu’une paire de gant a à voir avec le foutoire, mais il ne se pose pas plus de question.  

Il la trouvait magnifique, et elle le savait mais elle faisait semblant d'être agacée, c'était plus amusant. « Ne dis pas n'importe quoi. » Elle avait tout de même souri en lui tournant le dos. Ce soir leur petit jeu serait fini mais elle se plaisait à le faire durer encore un peu. La semaine avait été longue sans lui et elle avait quelques fois regretté qu'ils aient décidés de faire comme s'ils ne se connaissaient pas mais ils y avaient survécu et elle en était plutôt fière. Elle se disait que de cette façon on les avait probablement mieux jugés tout au long de la semaine, sans prendre en compte le fait qu'ils avaient un allié qui se promenait dans la prison. Ils étaient bien plus qu'alliés en vérité, mais cela donnait un côté plus stratégique à la chose. Il avait donc dans l'intention de la regarder faire jusqu'à ce qu'elle ait terminé, elle avait levé les yeux au ciel. Le contraire l'aurait étonné. Elle espérait qu'il avait fait de son mieux pour se faire apprécier, qu'il avait peut-être joué de son charme et sur les apparences. Si elle avait su le faire, il en était plus capable encore. Ils n'étaient pas ensemble pour rien, ils avaient beaucoup de points communs. Mais il était flagrant que leurs avis sur le ménage divergeaient. Elle comptait bien ranger la cabane, mais selon lui ce n'était pas la peine, personne ne lui avait rien demandé. « Non mais je me sens responsable, tu vois. Et ça m'occupe, et puis ça peut me faire me démarquer des autres... » Elle se disait qu'il était encore temps. La production devrait être ravie d'avoir trouvé au moins une candidate qui ne recule pas devant un peu de ménage ou de rangement, avec Moïra pas moyen que le nid d'amour se transforme en porcherie comme lors de certaines saisons précédentes, elle y veillerait très attentivement. « Comment s'est passée ta semaine ? Tu as fait d'autres belles rencontres à part moi ? » Elle se demandait s'il s'était permis d'aller draguer deux ou trois petites jeunes, ou si s'était lui qu'on avait tenté de séduire, ce qui ne l'aurait pas vraiment dérangée, dans un cas comme dans l'autre, tout simplement parce qu'après une semaine d'observation, elle en était arrivée à la conclusion qu'aucune des autres ne lui arrivait à la cheville.