Il ne l'avait pas oubliée, cette fois où il avait trainé Enya jusqu'à la cuisine pour qu'elle lui fasse à manger – tel l'homme des cavernes, oui, à ceci près qu'un homo-sapiens l'aurait sûrement attrapée par les cheveux et trainée par terre – et elle l'avait fait. Une femme rebelle lui aurait sans aucun doute conseillé d'aller se faire cuire un œuf – tout seul – mais Enya, elle, avait souri et lui avait préparé la meilleure omelette aux herbes que la terre eut jamais connue. Ça méritait qu'il lui rende à son tour la pareille. Depuis trois heures et quelque, il n'avait pas arrêté. D'abord, prévenir l'ensemble du château que la cabane ne serait pas accessible ce soir. Ensuite, préparer entièrement un repas digne de ce nom à l'aide du livre de recettes présent dans la cuisine. Enfin, aménager la cabane pour en faire un véritable petit restaurant privé. Une réalisation qui se devait d'être à la hauteur de son invitée. Vous vous en doutez, il avait préféré un repas simple et réussi plutôt que de tenter des miracles qu'il aurait forcément ratés. Saumon préparé en entrée, avec une sauce légère aux herbes et au citron, en plat principal, ce qui se devait d'être un gratin léger de poulet sauce provençale (directement importée de sa France natale), et en dessert, sorbets à la mangue. Il remercia intérieurement la production d'avoir participé à ce repas surprise en lui procurant les produits frais dont il avait besoin (les attendrir n'avait pas été une mince affaire, mais il leur avait promis du buzz: les irlandais adoooorent le romantisme, haem). La cabane étant à elle-seule un minuscule studio habitable, il y avait trouvé un petit frigo dans lequel il avait casé ses plats, avant de courir chercher Enya, l'amenant par la main jusqu'à l'entrée. « Ferme les yeux. » Il ouvrit la porte. Là, une petite table et deux chaises l'une en face de l'autre, bougies, nappe et couverts, tout était prêt pour un diner aux chandelles, qu'Enya méritait bien, selon lui. Il referma la porte derrière elle et la laissa ouvrir ses yeux, un sourire aux lèvres.

Assise sur son lit, les jambes tendues, Enya lisait un livre tranquillement depuis plusieurs minutes lorsque Clément était venue la chercher. Posant rapidement son livre, la belle ne s'était, d'ailleurs, pas fait prier et avait suivi le candidat à travers le château et puis, enfin, dehors. Ils marchèrent, rapidement. Fallait dire qu'il ne faisait pas si chaud que cela, tout de même. Et puis, finalement, arrivant devant la cabane en bois, ils s'arrêtèrent. La jolie brune attendait toujours de savoir ce qu'elle foutait ici. Déjà que, d'ordinaire, Enya était curieuse mais à ce moment même, elle l'était encore plus. Lui demandant de fermer les yeux, Enya s’exécuta, un sourire aux lèvres. Cela avait intérêt à en valoir le coup. Puis, alors qu'elle entendait Clément ouvrir la porte, l'irlandaise se tenait à lui. Si elle pouvait éviter de trébucher ou tomber, ce serait pas mal, selon elle. Elle n'avait pas vraiment envie de terminer par terre. Puis, une fois à l'intérieur de la pièce, Clément refermait la porte tandis qu'Enya n'avait pu s'empêcher d'ouvrir ses yeux. La bouche grande ouverte, Enya admirait ce qu'elle pouvait voir devant elle. Une table recouverte d'une jolie nappe, des couverts posés dessus, deux chaises ainsi que des bougies. C'était définitivement joli. Admirant tout cela quelques secondes, elle tourna ensuite la tête vers le jeune homme. « T'as fait tout ça pour moi? » demanda la jeune femme, en pointant du doigt la pièce, telle une enfant. Elle appréciait vraiment le geste de Clément. Qui n'aimerait pas cela, après tout? C'était adorable. « Hey.. Mais au fait.. » ajouta t-elle. « Je croyais que tu ne savais pas cuisiner! C'est quoi tout ça, hein. Espèce de menteur! » lança t-elle, soudainement, amusée. Après tout, c'était bien ce qu'il lui avait dit, entre autres, non? Lors de la première semaine, quand il lui avait gentiment demandé de lui faire à manger? Ce qu'elle n'avait pu refuser, d'ailleurs. Quoi que, peut-être n'avait-il pas fait cela tout seul. Peu importe, dans tous les cas, c'était l'intention qui comptait, bien évidemment.

Il observa son visage, malgré tout un peu anxieux. Et si sa décoration – réalisée avec les moyens du bords – ne lui plaisait pas? Et si elle trouvait ça ridicule? Et, pire que tout, si ses plats n'étaient pas à son goût? Il lui semblait qu'il avait encore plus de pression sur lui que les candidats de Un Diner Presque Parfait. « Cupidon m'a donné la meilleure partenaire, il faut bien que j'essaie de me faire passer pour le partenaire idéal, moi aussi », dit-il avec un sourire timide. Sa main posée sur le creux de son dos, il l'invita à s'assoir, et se tint derrière elle, glissant ses deux mains sur ses épaules fines. « Rien ne dit que je sais, c'est toi qui va en décider », murmura-t-il, amusé. Il se dirigea vers le frigo et en sortit les entrées. Bon, tout était bien présenté, et il espérait plus que jamais que le goût serait aussi positif. Il déposa son assiette sur la table, devant Enya, puis la sienne à sa place, et s'assit en face d'elle. « Quand c'est pour moi, je ne sais pas cuisiner, mais, bizarrement, quand c'est pour toi, je m'applique. » Il rit. « Ne te force surtout pas si c'est mauvais... »

La meilleure partenaire? Hm, non, peut-être pas quand même. Néanmoins, la belle affichait un sourire sur son visage. « Oui, enfin, la meilleure partenaire, peut-être pas. Mais en tout cas, tu as l'air d'avoir tout du partenaire idéal. » lança la belle, amusée bien qu'au fond, elle était sérieuse. Après tout, combien de femmes rêverait d'un dîner aux chandelles, comme ça, juste pour le plaisir. C'était toujours sympa, non? Rapidement, Clément invita la belle à s'asseoir, ce qu'elle fit tandis que le candidat s'était dirigé vers le frigo afin de sortir les entrées. Curieuse, Enya jeta un coup d'oeil dans sa direction, afin de voir les assiettes. Déposant ensuite les assiettes, Clément prit place face à Enya. « Dans ce cas-là, tu n'auras qu'à me faire à manger tous les jours, alors. Au moins, tu t'appliqueras toujours. » lança t-elle, en rigolant. Ce n'était qu'une suggestion, hm. Et puis, il progresserait sans doute, en plus, comme ça. Puis, écoutant la dernière remarque de Clément, elle hocha la tête, doucement tandis qu'elle approchait sa fourchette de sa bouche, prête à manger.

Il attrapa sa serviette et la plaça près de lui, avant de se relever d'un bond. « J'ai oublié le vin » et de se précipiter jusqu'au meuble du fond, où il avait laissé le vin se réchauffer quelque peu après l'avoir sorti du frigo. D'une main experte, il pencha la bouteille et remplit à moitié le verre d'Enya, puis le sien de vin rouge. Il se rassit et la regarda. « Si, tu es la partenaire idéale. Tu n'es pas hystérique, tu ne t'engueules avec personne, ne couche pas avec chaque type du château, ne te trimballe pas en string dans la chambre commune, et en plus, tu sais cuisiner. » Il lui adressa un sourire. Il attendit qu'elle mange la première, puis se rendit compte en sursautant presque que cette façon qu'il avait de la fixer, la fourchette en main, était totalement impolie, et que personne n'aimait être regardé en train de manger. Rapidement, il détourna le regard et le posa sur sa propre assiette. Il rit à sa remarque. « Je préfère quand c'est toi... » Il fallait l'avouer, il lui avait fallu trois heures pour préparer quelque chose de mangeable, et dix minutes à Enya pour lui faire une omelette qui écartait toute concurrence... Il leva à nouveau les yeux sur elle et remarqua qu'elle avait la bouche pleine. Moment de stress. « C'est... c'est bon?... »