cian

Tu n'étais pas dans ta chambre, et pour cause. Elle n'était pas adapté pour faire n'importe quoi. Et toi, t'avais envie de faire n'importe quoi. Enfin, n'importe quoi... c'était vague. Tu ne savais seulement pas quoi faire, alors tu t'étais rendu dans cette chambre où tu ne mettais presque jamais les pieds. Et sans vraiment savoir pourquoi, tu avais pris un drap que tu avais mis sur ta tête pour t'associer à un fantôme. Sauf que tu avais juste oublié un petit détail : tu ne voyais rien. Habituellement, ceux qui se déguisaient de la sorte faisaient deux trous au niveau des yeux, mais pas toi. Non, non, pas avec tes yeux rayons X. Enfin... c'était ce que tu pensais jusqu'à ce que tu cognes contre quelqu’un et que tu tombes sur les fesses.  « Hééé ! » tu te plains alors que le drap blanc est toujours sur ta tête. Tu ne dois pas avoir l'air bien intelligent comme ça. « Je peux vous traîner en justice pour ça... » tu dis d'une petite voix. Tu vouvoies la personne, oui, parce qu'après tout tu ne savais même pas qui c'était.

Tu te demandais si, quand on s’habillait en un certain personne, et qu’on souhaitait fort, très fort de le devenir, on devenait se personnage. Ça t’arrangerait plutôt bien, toi. Mais c’était un rêve enfantin, irréalisable. Pourtant, tu voulais y croire. Si bien que tu te raccrochais à cette idée que l’espoir était le pouvoir suprême dans ce monde, et qu’avec ça, on pouvait arriver à tout. L’espoir. Tu étais idiot quand même, mais tu ne t’en rendais pas compte. Pour toi, tu étais parfaitement normal. Évidemment que tu étais normal. Même si tu te promènes avec un drap sur la tête. Et que, par conséquent, tu ne peux rien voir, et tu finis sur les fesses après avoir cogner un inconnu, qui n’était peut-être pas un inconnu. « Donne-moi ta main plutôt. Qu'est-ce que tu fous avec un drap sur la tête ? T'as rien de cassé ?  » Effectivement, ce n’était pas un inconnu. C’était Cian. Tu l’aimais bien, Cian. Même si parfois il te faisait du mal avec ses paroles. Tu l’aimais bien. Alors tu attrapes sa main pour te relever. « Si, t’as cassé mes fesses ! » tu ne savais même pas si ça pouvait se casser, des fesses. Enfin, de toute manière t’es en train d’exagérer parce que tu n’as pas du tout mal. Tu finis par te débarrasser du drap se trouvant sur ta tête afin de pouvoir poser ton regard sur le blond. « Tu crois que je pourrais devenir invisible ? Comme un fantôme ? » Tu demandes innocemment, l’espoir pouvant se lire dans ton regard. Oh que oui, tu avais cette envie de devenir invisible, cette envie de fuir. C’était lâche, mais tu étais convaincu que sans toi, tout irait mieux. Et tu n’étais pas prêt à trouver la mort, alors oui, devenir invisible ça serait parfait pour toi.

« Tu te fous de ma gueule ? Avec tout le temps que tu passes dans la salle de sport, ton cul il doit être en béton armé ! » Oui, bon, c’est vrai, tu avais des fesses musclées. Tu ne savais d’ailleurs pas trop à quoi elles pouvaient bien te servir, mais peu importe. Le fait était que tu ne t’étais pas cassé les fesses, tout simplement parce qu’elles avaient très bien subi le léger choc. « C’est pas une raison pour me pousser.. » que tu dis sur un ton boudeur. Parce que oui, maintenant, Cian t’avait poussé et ce n’était pas toi qui lui était rentré dedans. Exactement. Bon, en tout cas tu enlèves ton drap afin de pouvoir le voir, et tu finis par te poser une question qui te turlupine. Devenir invisible. Ça serait vraiment bien. Le pied, même. Tu finis par t’asseoir à côté de lui alors qu’il commence à te répondre. « Non Ivan, tu peux pas pas. » Quoi ? Non. Non, non, non. Ton sourire disparaît, l’étincelle dans ton regard aussi. C’était le prix à payer quand on croyait aux choses qui étaient irréelles. Et pourtant tu persistais à y croire, à garder tout ton espoir dans ce qui était de l’ordre du surnaturel. C’était idiot, mais tu te rattachais indéniablement à ça. C’était sûrement la seule chose qui te restait. L’irréel. « Tu peux pas disparaître parce que ça t'arrange mon chou. T'es un adulte, tu dois rester là, prendre ton courage à deux mains et affronter les choses même si c'est difficile, merde tu le sais toi que la vie est compliquée. J'comprends pas que tu puisses rester là sans rien faire. » Non, non, qu’il se taise. T’as envie de poser tes mains sur tes oreilles pour arrêter de l’écouter, mais tu dois déjà assez bien passer pour un gamin comme ça alors tu ne fais rien de tout cela. « Tu sais si je te dis ça c'est pas pour te casser les couilles, je te dis ça parce que je t'aime bien. » Tu savais bien qu’il avait raison. Sur tout. Que tu ne pouvais pas fuir, et qu’il fallait que t’affronte tout ça. Mais tu n’arrivais pas à l’admettre. Et tu te doutais bien que sans toi, tout serait bien mieux. Alors devenir invisible rendrait tout le monde heureux, vraiment. « T’es nul… » tu murmures finalement, te laissant tomber sur le lit sur lequel tu étais déjà assis. « T’avais pas le droit de me dire ça.. » tu continues, ton regard fixant le plafond. Tu étais perdu, et il le savait bien. Tout le monde le savait. « Et puis tu veux que je fasse quoi, hein… ? » Oh, ce n’était pas aussi facile. Il n’allait pas te dicter un comportement à adopter, et toi tu l’écouterais à la lettre. C’était plus compliqué que ça, cette fois ci. Bien que tu sois obéissant comme garçon, ça allait au dessus de tout ça. C’était de l’ordre des sentiments.

« Tu veux que je te pousse vraiment pour que tu puisses voir la différence ou bien ça va aller ? » Tu fronces les sourcils un instant, est-ce qu’il serait réellement capable de faire ça ? C’était pas très gentil… « Euh.. je .. non.. c’est bon.. » tu dis, parce que tu ne voulais clairement pas te faire pousser, toi. Ça ne devait pas être très agréable, surtout si c’était quelqu’un comme Cian. Et puis, il te brise tout tes rêves en disant que tu ne pouvais pas être un fantôme. Bon… à la place tu pouvais devenir un superhéros, non ? C’était ce que tu avais souhaité toute ta vie. Juste pour avoir le pouvoir de voler. C’était juste, trop trop trop cool. T’aimerais tellement pouvoir voler, encore une fois. Faire du parachute. Mais être invisible te paraissait être une bonne solution, aussi. De cette manière Camille et India n’auraient plus à subir ta présence, et ils seraient tous les deux supers heureux. C’était tout ce que tu leur souhaitais, toi, même si certaines personnes croyaient sûrement le contraire. « Peut être, mais personne d'autre te le dira. » Tu préférais que personne ne te le dise. Au final ça ne te dérangeait pas le moins du monde de rester dans ta naïvement. À vrai dire, c’était sûrement mieux, même. C’était moins triste, de ne pas savoir. « Que t'arrêtes de te cacher. Que t'arrête de croire que tout ira mieux parce que tu vas te barrer, si tu restes tu vas faire quoi ? Tu peux pas attendre que ça se passe et je suis sûr que tu le sais en plus. » Tu ne te cachais pas. Tu avais envie de te cacher, mais tu ne l’avais toujours pas fait jusque là. Alors c’était injuste de dire ça. Et puis le reste… ça ne changeait rien au fait que tu puisses penser que les deux candidats seraient mieux sans toi, même si toi tu étais mieux avec eux. Avec eux deux. Alors qu’est-ce que tu pouvais bien faire à ça ? La seule solution que tu avais trouvé, c’était de cesser d’y penser. Même si tu ne savais pas trop si c’était une bonne idée au final. En tout cas, ton regard est toujours sur le plafond, et tu ne te sens pas très bien maintenant qu’il a dit tout ça. T’as juste envie de t’enrouler dans le drap et de disparaître à tout jamais. « J'ai pas envie de te faire chier avec ça, ou te faire du mal, ou j'sais pas quelle autre connerie, j'espère que tu le sais. » Tu soupires bruyamment et puis tu lâches un « Moui.. je crois que je le sais.. » faiblement. Tu n’aimais pas les problèmes, tu détestais ça. « Mais c’était pas nécessaire de le dire quand même.. » tu rajoutes, comme si ça allait changer quelque chose. Tu savais bien qu’il faisait tout ça pour India, tu ne savais très bien et il avait raison. Mais ça ne changeait rien à ce qui se passait dans ta tête. « J’suis sûr que je vais réussir à devenir invisible. » tu dis, convaincu. Tu finirais bien par le devenir. Peut-être pas réellement, mais dans le sens où ils t’oublieraient, et que par conséquence tout irait mieux pour eux.