Le plaisir que je viens d’éprouver à me prélasser sous l’eau chaude, à me démaquiller correctement et à enfiler un pyjama propre est carrément indescriptible. J’ai l’impression de renaître d’une façon encore plus spectaculaire que le phoenix de Conchita. Il ne me reste plus qu’à me glisser dans des draps propres à et faire une bonne nuit de sommeil pour oublier cette semaine de merde et passer à autre chose. Remarque ce passage dans les abysses a fait son effet puisque je suis peut-être un poil moins réticente que précédemment à rester enfermée ici pendant des mois. Au moins il y a le confort. Enfin n’abusons rien parce que je dois quand même partager mon lit avec un rouquin chelou. Si ce n’était que ça en plus, il faut aussi faire équipe. La barbe m’enfin ce n’est pas comme si j’avais pas été informée. Je suis presque prête à faire un effort mais là pour l’instant je préfère l’ignorer, je l’aperçois du coin de l’œil mais je m’en fou je me dirige sur la pointe des pieds vers ce qui va être dorénavant mon lit. Mon lit chéri. Je sens qu’il me déclare déjà sa flamme. A vrai dire je lui dois une réconciliation puisqu’hier, emballée par un esprit festif j’ai fini complètement saoule à faire la fête avec les derniers survivants pour terminer par me coucher toute habillée vers les alentours de quatre heures du matin. Par conséquent je vis le bonheur de retrouver une vie de princesse un soir après tout le monde mais je m’en fou, ça en valait la peine. Dans un soupir de bonheur je me glisse dans les draps. Prise d’une excitation soudaine par le bien-être que tout ça me procure j’émets quelques petits sons similaires à des cris de gamine nerveuse tout en agitant mes pieds. Ca dure trois secondes mais ça me soulage teeeellement. « J’adore. » Je notifie enfin Owen, cachant la moitié de mon visage avec la couette et le regardant de mes yeux pétillants d’enfant trop contente.

@Salomée x Owen connait l’émission, il n’a raté que quelques saisons. Il peut être aussi passionné qu’il l’est de son métier, de l’astronomie et en même temps, adorer Fake Lover. Emission de décérébrés selon ses collègues et patrons, faite pour divertir ceux qui n’ont pas su élever leur cerveaux à l’excellence. Il s’en fout. Lui il aime regarder l’émission, une bonne binouze à la main. Ouai, des reflux de sa naissance de basse extraction… D’un début de vie de cassoc quoi. Il préfère ne pas considérer tous ceux qui n’ont pas de doctorat comme des ignares et des incapables, comme les collègues peuvent le penser. Il faut bien le dire que dans certaines facultés où il a été amené à parler, les gens ont un certains dédain pour la « populace » comme ils aiment les appeler. C’est bien pour ça qu’il ne porte aucun jugement sur sa partenaire. Elle est jeune comparée à lui, elle fait bien semblant de ne pas le voir, et ? Ils n’auront certainement rien à se dire, rien en commun, ce qui serait dommage certes, et ? Surtout si elle continuait de l’ignorer. Pour le coup, il s’en fout bien. Son petit monde ne s’arrêtera pas de tourner pour une partenaire réticente : il n’avait aucune exigence d’ailleurs quant à son ou sa futur(e) partenaire. Elle se met enfin à parler, mieux que ça, elle le regarde aussi. Owen pourrait sauter en l’air pour fêter ça, mais il est plus sobre dans ses réactions, plus maîtrisé. « Mais je suis ravie, moi aussi. » Il répond, même si elle ne lui parlait pas directement. Même si elle parlait du lit. Ce lit était une pure merveille comparée à la couchette bancale de son ancienne cellule, dans leur ancienne prison. C’est drôle de se dire qu’il a été taulard l’espace d’une semaine, innocent accusé. C’est que Owen ne pourrait en vérité jamais aller en prison : de une il n’a commis aucun crime, mais surtout de deux, il est trop précieux pour supporter un tel supplice. La crasse, rien que de penser à la crasser ça le dégoûte. Il passe ses bras derrière sa nuque en regardant le plafond. Il sourit. « Ton intérêt pour moi me touche beaucoup également... Être ignoré une seconde de plus et je n’aurai su vivre plus longtemps. » Ironique. Ca le fait sourire. Lui il parle, s’en moquant largement si elle ne veut pas converser. Se moquant aussi de ceux qui dorment déjà. « Alors c’est toi ma partenaire… Alors que durant mon casting j’ai précisé bien vouloir des cas désespérés… » Il se tourne vers elle.

Je suis toute excitée à l’idée de dormir dans des draps propres et tout doux ce soir. La veille j’en ai pas vraiment profité mais là je ressens tout le bonheur que ça procure. Mon énorme sourire caché sous la couette en témoignerait si je feignais le montrer à tout le monde. Au lieu de ça je pointe mes pupilles espiègles sur le Roukmout. Lui aussi est ravi. Tant mieux j’ai envie de dire, ça aurait été inquiétant qu’il soit un aficionado des couchettes dures comme du béton. Déjà qu’il a l’air chelou, ça aurait en plus témoigné d’un penchant psychopathe. Ouf au moins j’échappe au pire. Monsieur embraye sur ma prétendue ignorance. Il est vexé c’est ça ? Il veut un calinou le Poil de Carotte ? Non parce que je l’ai pas ignoré. Non mais pas du tout. « Je t’ai pas ignoré. J’avais juste rien à te dire. » Ouais on pourrait faire connaissance et tout ça mais je sais pas ça me barbe ce passage présentations obligatoires. Je m’en fou moi de qui il est, je vais le découvrir quoi qu’il arrive au fur et à mesure. Ca sert à rien de se la jouer pote avec tout le monde. Quelle bande d’hypocrites j’vous jure. En tout cas moi je ne sympathise pas avec les tarés et j’ai clairement l’impression qu’il n’est pas en reste. En plus le mec balance sans pression que je suis un cas désespéré. Alors là gros lol quoi. Je suis choquée. Abaissant la couette je lui octroie un regard blasé qui lui balance toute son infériorité à la gueule. « Inverse pas les rôles steuplait, c’est moi qui me tape le roux en kilt du premier soir pas l’inverse. » Bitch please. Rapidement j’enchaine avec mon air de peste indignée. « De toute façon c’est de la merde, ça se voit bien qu’ils s’en foutent de nos critères. » Ils s’en foutent de tout, même de notre dignité qu’on a laissé entre les murs de leur prison là ! « J’aurais au moins espéré tomber sur un mec drôle. Mais peut-être que tu l’es... » Après tout il ne peut pas être si répugnant. Je me redresse, m’asseyant en tailleurs et remontant toujours la couette jusqu’à mon menton. « Tu veux passer par l’étape faire connaissance ? » Je lui propose dans toute ma bonté parce que je ne suis pas non plus une princesse.

La petite s’excite. Bien que le but premier de son exclamation n’était pas de la vexer, mais plutôt de s’amuser de la situation, ça le fait marrer tout de même. Sourire en coin, il l’écoute. Elle réussirait presque à l’exaspérer s’il en avait vraiment quelque chose à faire. Pour le jeu, il répond. « Tu insinue que porter un kilt c'est désespérant... Tu insultes au moins deux grandes civilisations en disant ça… Et puis la jupette me va parfaitement bien. » Il se lance des fleurs, obligé. Regard en coin. Il sait bien qu’elle n’en aurait rien à foutre des écossais et des irlandais, les jeunes de maintenant n’en ont plus rien à faire de rien ! Pauvre de nous. « Pauvre petite chose. Tu survivras, t’inquiète. » Elle apprendra rapidement que seul sa petite personne compte et qu’il n’ira pas la  fliquer pour rien. Seulement pour la faire chier. Il va bien falloir s’amuser un petit peu dans ce jeu, avant de mourir d’ennui. Ce n’est pas le boulet de service, si tant est qu’on ne lui demande rien, aucun service, aucune aide. L’esprit d’équipe, très peu pour lui. Il hausse les épaules. Elle parle de mec drôle : c’est certain qu’elle ne peut pas savoir s’il est ou pas. « Et c’était quoi tes autres critères ? Qu’on rigole justement… » Il détourne sa question. Il ne va pas se vendre auprès d’elle : lui montrer qu’il est drôle tout ça pour impressionner une gamine certainement venu pour se la couler douce. La gamine qui daignerait faire connaissance avec lui. Il se relève à son tour, ne l’imitant pas pour le drap. Elle a de la chance, il n’a pas décidé de dormir nu : et pour elle, et pour lui de peur de se faire engueuler par sa brune évidemment. Il ne détend pas l’atmosphère : il préfère jouer, abuser, continuer sur sa lancée. « Si ça t'emmerde, c'est pas la peine. Au fond, on ne va pas se mentir : tout ce qui m’importe c’est de ne pas me trainer un boulet et de gagner le jeu. Connaître les détails de ta vie je m’en fous, surtout si c’est pour te plaindre constamment. Maintenant ça ne me déplairait pas non plus, on peut partir sur de bonnes bases. Si on pouvait bien s’entendre, ça serait un plus non ? » Un sourire. C’est rare qu’il ne s’entende pas avec quelqu’un parce qu’en général il ne juge pas. Ca serait bête que ce soit le cas avec elle.

J’hausse les épaules dans un je-m’en-foutisme monumental parce que là, dans l’instant, les écossais j’en ai rien à foutre. Cela dit je ne me la ramène pas trop parce que ce peuple pourrait participer aux votes qui me permettront de rester en cas de nomination donc autant faire profil bas. « Mouais. » Je laisse quand même planer un doute sur le fait qu’il porte si bien la jupette, que ce soit lui ou un autre je suis de toute façon pas fan du tout. Il se fou ouvertement de ma gueule et je lui accorde ma plus belle grimace dans le genre va te faire foutre connard mimé juste avec une expression faciale. Il est plutôt chiant pour l’instant mais je veux bien lui accorder le bénéfice du doute, il doit bien avoir un petit grain de folie pour oser mettre un kilt le premier soir. « Fallait écouter ma présentation dimanche soir, je n’ai aucune envie de me répéter là. » Leur interview m’a déjà bien fait chier de base donc j’ai pas envie de remettre ça. Raison pour laquelle toutes ces futilités en matière de présentations m’agacent. Bon, de manière général en étant rentrée en dernière j’ai eu le temps de voir les profils de tous les autres et pas l’inverse mais ce n’est pas une raison pour que tout le monde s’obstine à faire un listing de qui vient d’où, aime quoi et mange quoi à midi. En plus bat les couilles des critères je ne suis pas venue ici pour trouver l’amour, d’ailleurs Owen non plus. En fait on a peut-être des chances d’être d’accord sur un point. Sauf que là il me saoul. « Tu te la racontes c’est affligeant. » Mon regard passe de la commode d’en face à celui du Roukmout. « Mais t’as raison sur le fait que ce soit mieux si on s’entendait bien. Ça faciliterai la mise surtout que j’ai aussi l’ambition de gagner le jeu. » Tout le monde en a envie sauf qu’on en a pas tous l’ambition. Ma voix s’est assagie, mes traits aussi. « Et tu ferais quoi toi avec toute cette thune ? » Je mise sur un truc énorme pour sa femme.

« Oh. 1/0 pour la rabat-joie ! » Qui ne veut pas lui dire les critères de son partenaire idéal. Pourtant il aurait aimé constater à quel point il était éloigné de cet idéal et de s’en amuser. Un partenaire qui n’aurait pas une grande estime de soit apparemment, puisque c’est le cas de notre homme et qu’elle trouve ça affligeant. « Pas grave. » Il ne vivrait plus depuis longtemps, si l’avis des autres tuait. Ca en plus du ridicule. Sa seule réponse montre qu’il n’est pas prêt à plier devant elle. Il a l'habitude des relations tumultueuses et c'est qu'il avait naïvement songé au repos du guerrier en venant ici. Perdu. Doublement perdu avec Salomée. Owen lui dit alors qu’il n’en a rien à faire d’elle : il ne saurait feindre le réel intérêt parce qu’il ne veut pas savoir les moindres détails de sa vie. Elle ne manifeste aucun intérêt pour lui non plus. En plus, si elle se révèle être du genre à vivre seule sa vie dans son coin – comme elle semble le montrer – sans avoir besoin constamment d’aide, ce serait le pied total. Il ne voit pas pourquoi il ne pourrait pas faire ami-ami avec elle. « Bien. Très bien même. » Il n’est pas prêt à faire des concessions, pas aussi facilement il ne faut pas pousser tout de même. À l’instant, il est surtout heureux de l’entendre dire qu’il a raison ; ce qui ne l’aidera pas à ne plus se la raconter, mais soit. Sous ses airs renfrognés de petite blondasse emmerdeuse, finalement elle a l’air sympathique. Elle le fait rire, sans même réellement vouloir. Et puis attirée elle aussi par l’argent, par la victoire, ça ne peut être que bénéfique. « Hum secrètement j’espère le garder pour mes recherches personnelles… Aussi parce que le fric appel le fric et que je l’aime presque autant que je m’aime. » Il se stoppe net en tournant son regard vers elle. Il peut déjà deviner que ça la saoulera, qu’elle trouvera ça pire qu’affligeant. Pas grave. Il ne fallait pas qu’elle demande. « Mais je ne me fais pas d’illusion, Moïra préférera les prendre pour l’épargner… » Non, il n’est pas question pour lui de lui acheter quelque chose. Il sait bien qu’elle se servira bien toute seule si elle en avait vraiment besoin. Et non il n’a aucun remords à la faire passer pour la mégère de service, il sait très bien qu’elle s’en remettra, dispute ou non. « Tu peux quand même me dire d’où tu viens, ce que tu fais dans la vie ?... Si tu ne compte pas me tuer dans mon sommeil par exemple… » Il ne peut s’en empêcher, et de poser des questions – elle s’est rendue compte elle-même qu’il n’avait pas écouté sa présentation  - et de la taquiner.  

Sérieusement Owen se la pète c’est un truc de malade. A sa place si j’étais roux je le vivrais hyper mal. Je rigole, il faut que j’arrête avec ça mais je n’arrive pas à me focaliser sur autre chose. De toute façon il s’en fou complètement vu son degré d’amour pour lui-même. Je suis cependant ravie d’apprendre qu’on a au moins une chose en commun vis-à-vis du jeu et il s’agit bel et bien de gagner, ce qui est plutôt essentiel. Je n’ai vraiment pas l’intention de repartir d’ici sans un sous en poche, Cupidon aura au moins su répondre à un de mes critères sur mon partenaire. Je n’aurais vraiment pas aimé me trainer un boulet défaitiste ou un grand névrosé n’ayant aucune confiance en lui. Par contre sur ce point-là l’angelot a poussé le vice un peu trop loin. Tant qu’à faire autant lui demander ce qu’il ferait avec l’argent et je dois avouer que je suis plutôt surprise de sa réponse, je l’aurais bien rangé dans la catégorie canard. Il n’en est rien. Je ne peux pas m’empêcher de rire lorsqu’il déclare s’aimer plus que tout. Il n’a aucune honte à l’avouer, non, c’est tout à fait normal. Un narcissique comme j’en ai rarement croisés. Il se ravisa vite en évoquant sa femme. « Et tu te laisseras faire ? » Je lui demande l’œil espiègle, attendant sa réponse avec un petit sourire rieur en coin. Owen ne lâche pas l’affaire et pose les questions types qui m’ont saoulées la semaine passée mais dans le contexte ça passe. Il faut m’adoucir et après tout va mieux. Par contre il peut arrêter de flipper dès maintenant. « Non mais je t’explique : je ne suis pas une timbrée. J’ai d’ailleurs bien appuyé sur ça dans mon profil, si tu l’avais écouté tu aurais su que je suis une fille tout à fait normale. Qui plus est je t’interdis de me traiter de folle, tu portais un kilt le premier soir. » C’est important de le lui rappeler je crois. Je le pointe du doigt histoire qu’il se sente bien concerné puis j’enchaine de nouveau pour enfin répondre à sa question. « Sinon je suis Française et je fais des études de tourisme. » Pas plus ni moins. Je n’ai même pas l’air emballée par ma déclaration. « Autre chose ? C’est le moment, cette conversation terminée il sera trop tard. » Je me sens l’âme charitable. Ce sera la seule et unique fois.