salomée

Vautré sur la balancelle trois places, clope au bec, maxi paquet de m&m’s à portée de main, on ne peut pas dire que l’après-midi de Colin soit particulièrement difficile. Mais il faut bien qu’il se détente, après le stress engendré en début de semaine grâce à sa charmante partenaire. Nominé dès le premier soir, hop, cadeau de bienvenue. C’est évidemment quelque chose dont il se serait volontiers passé, d’autant plus que Gael avait l’air sympathique avant qu’elle ne s’approche de cette foutue roulette. Et celle-ci s’est peut-être montrée indulgente avec lui, il aurait préféré qu’elle rende la monnaie de sa pièce à Gael, afin qu’ils se retrouvent dans la même galère. Ce serait bien plus drôle. Quoi qu’il en soit, Gael n’étant pas décidée à satisfaire le moindre de ses caprices pour lui rendre la vie plus facile en cette effroyable semaine, il se débrouille comme il peut. La clope aide déjà beaucoup, après une semaine à galérer sans, ou plutôt à se battre pour les quelques-unes en circulation, à croire que la production espérait pousser l’expérience prison jusqu’au bout, en provoquant une émeute. Raté. Lui, en bon gamin docile qu’il est, il a pris son mal en patience, et se rattrape cette semaine. Il se rattrape aussi concernant la bouffe, après une semaine à la diète pour éviter de passer sa vie aux chiottes à cause du tord-boyaux servi par Maggie, il a des réserves à refaire. Ouais, bon, les m&m’s c’est pas le truc le plus sain qui existe, mais c’est un peu la base de son alimentation. Poussant la balancelle du pied, il regarde d’un air absent les alentours, jusqu’à ce qu’une silhouette n’entre dans son champ de vision. Et il ne râle pas tout de suite quand il reconnait Salomée. Elle tombe bien, ils n’ont pas encore mis au point leur plan de domination du nid. « J’vous écoute maîtresse, c’est qui qu’on doit pousser à bout d’ici la fin d’la semaine ? » Lui, il miserait sur l’une des deux rouquines, d’autant plus qu’elles ont l’air fragiles. Mais ce serait facile, trop facile justement, et quel intérêt si c’est dans la poche dès le départ ?

Maintenant un rythme soutenu je sors de nouveau cloper, c’est un général le moment où je fais mes meilleures rencontres. En apercevant Colin seul comme un enfant sans amis sur sa balancelle je me demande si je vais vraiment apprécier le fait d’aller vers lui ou non. Parce qu’en dehors du fait que Lino nous ait rangés dans la catégorie VIP des emmerdeurs, chose dont je laisserais bien l’exclusivité au brun, je suis assez mitigée sur le garçon. Il est drôle mais il a l’air sacrément chiant. Mais bon il a des M&M’s donc que voulez-vous. Extirpant une cigarette de mon paquet je prends un temps de réflexion pour sélectionner un heureux élu. Je note aussi l’appellation de maitresse, du coup c’est forcément moi la tête pensante du duo forcément. « Hm… le choix est large... » Il y a la fille au parler de poissonnière, le mec chelou avec un prénom de fille, un beau gosse à l’égo surdimensionné… que de choix, que de choix. « Y a un mec qui s’appelle Pablo. Rien que pour ça je vote pour lui. » Sinon j’ai hésité avec le type aux cheveux longs mais chaque choses en son temps. Trop de choix vous dis-je. Tirant une taffe sur ma cigarette je m’assois à côté de Colin sur la balancelle, soufflant un long nuage de fumée. J’en profite au passage pour plonger la main dans son paquet de M&M’s. « Je le sens bien. Mais si t’as une autre idée vas-y propose. » Je balance le bonbon dans ma bouche. Je lui parle tout à fait normalement alors qu’on évoque notre première victime. Je ne suis pas tout à fait sérieuse, en fait je m’en fou mais je sens qu’avec Colin il y a bizarrement moyen de bien rire. « Lino passe au travers des mailles du filets, il y a moyen qu’on lui doive vraiment tout à ce con. » Très féminine, je sais.

La balancelle risque de rapidement devenir son repère, il peut cloper en étant vautré, tout cela en étant un peu à l’écart du nid, c’est tout ce qu’il demande. Colin aime bien avoir la paix, malgré tout il accepte l’arrivée de Salomée sans trop broncher, parce qu’elle fait pas vraiment partie de ceux qu’il peut déjà pas saquer, et c’est une bonne chose. Quand il la voit, il a bien évidemment une petite idée du sujet qu’ils peuvent aborder, à savoir leur prochaine victime, vu qu’ils ont un rôle à tenir, hm. Enfin, officiellement, parce qu'officieusement il a un peu la flemme, là. « Pablo, Pablo… c’est celui qui a l’air de s’être mangé une vitre ? » Y’a bien un type qui a l’air d’avoir la tronche un peu enfoncée à qui il associerait volontiers ce prénom, mais il n’est pas sûr de lui. Et comme pour l’instant il a tendance à différencier ses colocataires par leurs caractéristiques physiques plus que par leur prénom, c’est son seul moyen de savoir s’il visualise bien le fameux Pablo. Décalant légèrement ses jambes pour faire de la place à la blonde, il réfléchit un court instant avant d’émettre, à son tour, une proposition. « Y’a ton partenaire, sinon, il est roux, c’est une bonne excuse. » Enfin, ils risquent d’avoir l’association protectrice des roux aux fesses, cumulées à celle des défenseurs du kilt, ça fait beaucoup de monde contre soi, mais c’est ce qui est justement excitant. « Et sa femme, sa sœur ou sa cousine, j’ai pas suivi et  j’sais pas comment ça s’passe chez eux, histoire d’faire d’une pierre deux coups. » Ce serait plutôt pas mal, quoi qu’un peu trop pour une première semaine, les autres vont leur paraître bien fade. Piochant à son tour dans le paquet de m&m’s, il se retrouve à acquiescer à sa réflexion sur leur ancien chef d’équipe. « Et puis j’sens qu’il est bien du genre à aller chialer dans les jupes de sa mère, et j’crois que j’ai déjà pas Cupidon à la bonne. » Il vaut donc mieux s’abstenir, car après avoir gagné des stickers à la con lors de la tombola et une nomination d’office cette semaine, il est persuadé qu’un complot organisé par l’angelot se trame autour de lui. « Et y’a des intouchables à tes yeux ? » Façon détournée de lui demander si certains trouvent grâce à ses yeux, car il est évident qu’il ne va pas se priver de les emmerder s’il en a envie.

Faire un choix parmi tous les candidats est difficile, j’ai même pas particulièrement envie de les emmerder en fait. C’est plus sur le coup que ça peut être marrant. Je n’aime pas planifier les choses, même quelque chose d’aussi insignifiant que ça. Mais j’accepte la mission, si ça peut faire de moi le cerveau de notre prétendu duo. A tout hasard je propose Pablo. J’ai retenu son prénom parce qu’il correspond pas du tout à son faciès, chose que Colin s’empresse de critiquer. Fronçant les sourcils je vrille mes pupilles vers lui quelque peu dubitative. « Hm.. c’est plutôt toi que j’aurais qualifié de la sorte mais au temps pour moi. » J’hausse les épaules en faisant mine d’être désolée avant qu’un sourire en coin n’apparaisse à la commissure de mes lèvres. « Sa femme. Je suis d’avis à ce qu’on se les garde pour plus tard. » Pour l’instant je tâte le terrain avec Owen donc ce n’est pas le moment de mettre la pagaille. En plus en ce qui concerne Moïra je l’aime bien. Bref ils sont intéressants mais pour l’instant je n’ai pas particulièrement envie de les viser. « Si encore ce n’était que ça. Tu as battu le record de la nomination la plus rapide de l’histoire du jeu là je crois. » Je pioche de nouveau dans le paquet de M&M’s, ces trucs sont addictifs j’aurais pas dû me laisser tenter je vais lui finir son paquet. Je réfléchis quelques secondes aux prétendus intouchables que je pourrais avoir lorsque Colin me pose la question mais même si certaines personnes ont trouvé grâce à mes yeux je ne pense pas que ça vaille la peine que j’utilise mon droit de véto dès maintenant. « Hm non. Il y a bien des personnes que j’affectionne plus que d’autres mais ils sauront se défendre. Toi j’imagine que tu t’en bats les couilles de tout le monde ? » Je le questionne avec un sourire narquois sur les lèvres, déjà persuadée de la réponse. De la pointe des pieds je fais légèrement bouger la balancelle sur laquelle on est assis, ne perdant pas de vue notre principal objectif. « Je suis sûre que quelqu’un a une phobie ici. Genre un truc qui le fait vraiment hurler. » Je glousse toute seule, imaginant déjà la scène. Ça pourrait nous faire une bonne introduction en la matière.

Il a de la peine à attribuer des prénoms aux physiques de ses colocataires, sachant en plus qu’il ne prête pas la moindre attention à certains d’entre eux, alors Pablo, c’est effectivement un nom qui lui échappe, même s’il y va de sa petite tentative pour deviner à qui il doit l’attribuer. Mais il doit se tromper, à en croire la réponse de Salomée. Trop gentille celle-là, d’ailleurs. « Quoi ? Comment oses-tu critiquer un visage aussi parfait ? Pff, va falloir qu’on travaille un peu sur tes goûts, parce que là c’est déplorable. » Il lance, esquissant une moue tout en secouant la tête. Déplorable, c’est le mot, si elle est incapable de voir la perfection qu’il représente. Quand il songe à s’en prendre au partenaire de Salomée et à la demoiselle qui l’accompagne – qui s’avère être sa femme, donc – son interlocutrice marque sa désapprobation. « Ouais, mais j’serais peut-être plus là plus tard, quelle tristesse. » Il va pas pouvoir s’en occuper, c’est fort dommage. Et justement, alors que Lino est amené sur le tapis et que Colin imagine Cupidon protéger le candidat si celui-ci vient se plaindre auprès de lui, étant donné qu’il n’a pas l’angelot à la bonne contrairement à leur ancien chef d’équipe, Salomée ne manque pas de mettre sa nomination sur le tapis. « Ouais, sûrement, mais c’est une fierté. » Il lance, d’un ton décidé. « J’ai marqué l’histoire de ce jeu, qui peut se vanter d’en faire autant, hein ? » Trop de fierté, oui, vraiment. Il vaut mieux qu’il pense à cette possibilité plutôt qu’à celle qui veut qu’il sorte d’ici dimanche. Quant à savoir ceux qui ont trouvé grâce à ses yeux, elle reste assez évasive. « Des noms, Salomés, j’voulais des noms, j’suis déçu. » Merde alors, il va même pas pouvoir les noter sur sa liste, même s’ils sont capables de se défendre. Oui, parce qu’il est évident qu’il a une liste avec le nom de chacun et l’horaire auquel il compte s’attaquer à eux. « Hm, plus ou moins. » Il ajoute, réfléchissant toutefois pendant quelques instants. « Ouais, complètement en fait. Ça va, j’les connais depuis trois jours, ils sont personne. » À ses yeux, ils sont tous négligeables pour l’instant. Il n’est pas totalement contre le fait d’apprendre à les connaître au fur et à mesure, mais dans l’immédiat, il s’est surtout intéressé à l’endroit où il vit plutôt à ceux qui y vivent avec lui. « Les araignées, c’est une valeur sûre. » S’ils ne peuvent pas compter sur cette phobie commune à la plupart des gens, ils sont mal barrés. « Sinon, j’crois que Gugus a pas l’air très apprécié, enferme des gens dans une pièce, lance le chat au milieu et enjoy. » Ce n’est pas dit que le pauvre chat s’en sorte vivant par contre, mais hé, c’est pour le bien commun, il peut bien se sacrifier.