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Jade

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MessageSujet: » to build a home (16/12, 10h)   » to build a home (16/12, 10h) EmptyLun 14 Déc 2015 - 0:30

@lawrence
Je m'empresse de revêtir un leggings ainsi qu'un haut assez ample qui glisse régulièrement découvrant l'une de mes épaules au gré de mes mouvements. Je m'empare de mes pointes usées afin de rejoindre la salle de remise en forme. Le classique nécessite une certaine rigueur dont je ne peux me passer même ici. Je m'assois sur le sol, j'enfile rapidement mes protections en silicone avant de glisser mes pieds dans mes instruments de torture favoris. Je fais attention au placement des élastiques avant de finir par entrelacer les rubans autour de ma cheville et de les nouer. Mes doigts fébriles tressent ma longue chevelure en une vague natte simplement pour ne pas être gênée dans mes gestes. Je commence par des simples échauffements sur le sol avant de m'appuyer sur un pan du mur et d'imaginer une barre pour pouvoir faire mes exercices. Je m'emploie ensuite à faire des traversées en diagonales concernant les sauts. Ce n'est qu'après une heure d'échauffement que je peux attaquer les choses sérieuses. Je m'approche d'un saut de la chaîne hi-fi, parce que c'est plus simple avec les pointes. Je mets to build a home, de cinematic orchestra. Une chorégraphie au millimètre près débute. Je peux pleurer sans verser une larme, je peux crier sans ouvrir la bouche, voilà ce que m'apporte la danse. Les sauts s’enchaînent ainsi que les mouvements de bras gracieux, les changements d'équilibre imperceptibles, la natte battant l'air.  Je finis par me rendre compte que Lawrence est sur le seuil de la pièce ça me stoppe net dans mon élan, je me rends aussi compte de ma respiration plus qu’anarchique. «  Je te laisse la place ? » je lui demande, légèrement courbée, les mains en appui sur mes genoux légèrement pliés, la tête néanmoins relevée dans sa direction. Dans une idée presque suicidaire je me presse vers lui pour me jeter délicatement, dans un réflexe bizarre, il me rattrape sans trop en souffrir. Le corps gainé, je me maintiens dans cette posture qui me donne l'impression de voler. D'où tiens-t-il cette force …. Je voulais juste valider l'une de mes hypothèses. «  Tu faisais quoi déjà avant ton travail à la mairie et la gestion de ton hôtel ? » je lui demande, en empruntant une mine légère, comme si rien n'était. J'attends qu'il me redescende.
Lawrence

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MessageSujet: Re: » to build a home (16/12, 10h)   » to build a home (16/12, 10h) EmptyLun 14 Déc 2015 - 22:47

La routine matinale de Lawrence ne changeait pas, qu'il soit ici ou ailleurs il faisait en sorte qu'elle soit - dans la mesure du possible - toujours la même. Il se levait presque à une heure où les candidats les moins raisonnables allaient parfois se coucher, parce qu'il aimait cette sensation de pouvoir remplir ses journées autant que son organisme le lui permettait, avec un minimum de sommeil et donc un minimum de temps perdu. Il aimait aussi cette période au petit matin où il pouvait profiter du silence, ou bien souvent il était le seul levé et pouvait savourer une courte solitude avant d'embrayer sur une journée durant laquelle la solitude devenait alors quelque chose qu'il n'affectionnait plus particulièrement ... tout était question de moment. Dans le nid c'était exactement la même chose, si la journée il n'était pas du genre à fuir la compagnie de ses camarades il avait besoin, chaque matin, d'une période de transition durant laquelle il aimait se retrouver tout seul. Seul et dans la salle de sport - ou la piscine, il alternait - parce que sa journée ne pouvait commencer que de cette manière, en sollicitant ses muscles pour les réveiller, les dompter, les forcer à se plier aux volontés de leur propriétaire. Là où le programme se corsait c'était ensuite, lorsque quittant la salle de sport il remontait avaler une tasse ou deux de café avant de prendre une douche ... et se retrouvait inlassablement face à un ennui mortel. Il n'avait pas l'habitude d'avoir du temps pour lui, de pouvoir buller, ou juste se poser dans un coin et ne rien faire s'il en avait envie ... Il avait l'impression de perdre son temps. Il parcourait les couloirs sans réfléchir, et finalement par réflexe ses pas l'avaient amené à nouveau jusqu'à la salle de sport. Longeant la piscine il s'était retrouvé intrigué par la musique qui s'échappait de la pièce attenante, et lentement ses yeux avaient glissé sur la silhouette qui virevoltait de l'autre côté de la baie vitrée. Avançant jusqu'à la porte il avait observé silencieusement, par peur de la déranger et parce qu'il ne souhaitait pas l'interrompre, tandis qu'elle glissait sur le parquet avec souplesse. A la seconde où elle l'avait remarquée pourtant elle s'était figée, ses joues rougies gonflées par le souffle qu'elle tentait de récupérer tout en proposant de lui laisser la salle. « Oh, non ça ira. J'ai déjà eu ma dose tout à l'heure, je passais juste ... je voulais pas t'interrompre, désolé. » Il ne saurait pas dire à l'expression de son visage si elle était véritablement dérangée par le fait d'avoir été ainsi prise sur le fait, et quelque part il se disait qu'elle n'apprécierait pas de savoir qu'il l'observait déjà depuis cinq ou six minutes, alors il n'avait rien dit. Il n'en avait de toute manière pas eu le temps puisque, sans le prévenir ou le mettre en garde elle s'était élancée dans sa direction, ne devant le fait d'être rattrapée qu'aux réflexes exacerbés de Lawrence « Les réflexes, je gère ... mais si tu cherches un partenaire de danse il me manque encore la grâce. » Et la souplesse aussi, probablement. Laissant un sourire amusé fendre légèrement son visage il avait reposé Jade sur le sol, la laissant reprendre pleine possession de ses mouvements tandis qu'il faisait quelques pas à travers la pièce et que la musique, enfin, se taisait. « J'étais dans la Navy. Chez les SEAL. » La question l'intriguait, parce que Jade semblait la sortir de son chapeau comme si elle était la suite logique de son saut. « Pourquoi ? » Sans chercher à cacher sa curiosité il avait à nouveau fait quelques pas dans la direction de Jade, laissant son regard glisser sur l'air espiègle qu'elle semblait toujours avoir sur le visage.
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MessageSujet: Re: » to build a home (16/12, 10h)   » to build a home (16/12, 10h) EmptyLun 14 Déc 2015 - 23:30

Je ne sais pas depuis combien de temps il m'observe. J'ai toujours peur d'être ridicule lorsqu'on constate que je continue à m’entraîner alors que je ne danse plus, éclairée par les projecteurs, depuis ce qui me semble être une éternité. Sa réponse contraste avec celles que Lawrence distribue habituellement avec précision et concision. « Tu passais juste... » je répète d'un air narquois. « J'avais bientôt fini de toute façon » je réponds d'une voix distraite en arrangeant un peu la réalité à ma façon. Je n'ai simplement pas envie qu'il se sente de trop ici, coincé entre le néant et moi. Je ne peux réprimer le geste stupide qui consiste à tester ses réflexes et sa force pour voir si tout cela colle avec ce que j'imagine de lui. Par chance, il me réceptionne, dans le cas contraire, cela aurait simplement constitué une chute de plus. « Ne dis pas ça » je laisse entendre en secouant la tête de droite à gauche tandis qu'il me fait glisser sur le sol. Je donne l'impression de faire la morale à quelqu'un qui se sous-estime, je perds un peu plus de ma crédibilité. « En plus, je t'ai élu maintenant » j'ajoute avec un regard faussement sérieux pour lui signifier qu'il est coincé avec moi. Non sérieusement, si j'ai besoin de m’entraîner sur des portés, enfin simples, je sais très bien qu'il conviendra, sans trop de difficulté. J'ai plus confiance en Lawrence qu'en Grey, par exemple dans ce rôle. J'écoute sa réponse avec une attention accrue, mes grandes opales d'enfant glissant sur lui pendant une seconde. Il me renvoie légitimement. Parce que j'avais envie de savoir. Je doute néanmoins que cette hypothétique réponse puisse le satisfaire. « Simplement parce que je me demandais où avait été forgée cette carrure » je souffle d'une voix légère en haussant les épaules. Il faudrait être complètement abruti pour pouvoir occulter le gabarit du candidat. « Si on ajoute à ça ton caractère, ton sens de l'ordre et le reste » je dis en vrillant mes prunelles aux siennes, sans gène, avant dans le désigner dans son ensemble d'un geste gracieux. « Je pensais que tu avais été militaire » je lui dis en inclinant légèrement la tête. « Elle est due à quoi ta reconversion professionnelle ? » je l'interroge de mon soprano. On est en droit de s'interroger non, de passer de la Navy à la mairie, ce n'est pas commun. L'une de mes main s'agrippe à son épaule pour me maintenir dans un équilibre futile, je remonte quasiment l'un de mes genoux jusqu'à ma poitrine, afin de ma main libre, dénouer doucement les rubans qui enserrent mes pieds. Je fais de même de l'autre côté. Je lâche afin Lawrence pour retirer mes pointes avec un simple rictus de douleur qui n'est pas feint pour le coup. J'ai prévu le nécessaire. Je glisse en un pas chassé jusqu'à un banc pour m'y poser, sortant les bandages nécessaires pour mon épiderme malmené. je pousse un léger soupir. « Ça se passe mieux avec Zélie ? » je l'interroge en croisant son regard, sans fil directeur, pour le distraire et simplement pour ne pas qu'il me regarde faire en silence. J'ai déjà l'impression que ma peau diaphane se colore sous ses prunelles.
Lawrence

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MessageSujet: Re: » to build a home (16/12, 10h)   » to build a home (16/12, 10h) EmptyMer 16 Déc 2015 - 19:58

Il se sentait un peu bête, tandis qu'elle répétait sa phrase avec un soupçon de moquerie, parce qu'il était tellement peu habitué à buller sans rien avoir de concret à faire qu'il avait automatiquement peur de tomber dans la feignantise. À moins qu'elle ne sous-entende qu'en fait de hasard, Lawrence s'était surtout permis de l'espionner ... mais il n'en était rien, quand bien même la regarder se mouvoir en se laissant porter par la musique avait quelques instants retenu son attention et sa curiosité. Mais elle avait terminé, d'après ses dires et malgré la musique qui continuait de s'égrener encore un peu en fond sonore, ce qui ne l'avait pas empêchée dans un élan que Lawrence n'avait pas eu le temps de calculer de s'élancer dans sa direction, au choix bien trop inconsciente, ou bien trop confiante dans les éventuels réflexes du barbu. « Oh si tu m'as élu, dans ce cas ça change tout, je suis ton homme. » Ironisant gentiment il l'avait reposée par terre avec précaution, presque par peur de casser sa taille de sylphide avec ses gestes parfois trop brusques. La musique s'était tue, enfin, et sans la quitter des yeux il avait répondu à sa question bien qu'en se demandant le rapport avec le reste, si tenté qu'il y en ait un. Elle avait envie de savoir, simplement, alors il n'y en avait probablement aucun. Ou plutôt disons qu'elle vérifiait visiblement une hypothèse qu'elle avait à son sujet, plus perspicace que ses attitudes parfois enfantines le laissaient penser. « Le reste, c'est pour mon côté psychorigide et autoritaire ? » La pointe d'ironie dans sa voix n'empêchait pas la question d'être sérieuse, bien que rhétorique. Il avait été formaté, il en avait conscience, mais il préférait avoir été formaté par ça que par autre chose ... et puis Jade était danseuse, il était persuadé qu'elle avait été formatée elle aussi, dans un certain sens. « J'ai perdu mon père et mon frère. C'était eux qui dirigeaient la société, et il s'est avéré que mon ex-femme n'était pas capable de faire l'intérim ... alors je suis rentré. » Contraint et forcé, parce que Lawrence s'était toujours contenté du rôle de doublure qu'il avait au sein de sa famille, et qui lui permettait plus de liberté et de marge de manœuvre que n'en avait eu son frère aîné pour gérer sa vie. « Après ça il m'a fallu plusieurs années pour comprendre que c'était pas ce que je voulais faire de ma vie. » Faire quelque chose qui lui plaisait, avec les gens qu'il avait envie de côtoyer, et selon ses propres règles. Haussant les épaules il l'avait suivie des yeux tandis qu'elle revenait de nouveau vers lui, s'appuyait contre son épaule et retirait ses pointes en donnant l'impression de se délester de quelque chose de bien plus lourd que deux chaussons de satin. Si ça se passait mieux avec Zélie ? « Ça se passe. On n'a pas grand-chose en commun alors je doute qu'on soit un jour sur la même longueur d'onde, mais on essaye de trouver un terrain d'entente. » Ils étaient bien obligés de toute façon, ils étaient liés par la nomination, et surtout liés par la connaissance du secret de l'autre. « Et toi avec Grey, il est réglo ? » Il n'avait eu l'occasion de discuter avec le concerné que de manière succincte, pas assez pour se faire un avis sur le bonhomme, alors un autre avis que le sien à son sujet ne lui serait peut-être pas inutile. S'accoudant à la console du tapis de course, il avait un instant détaché son regard de celui de la jeune femme pour observer sa besogne « Pourquoi vous avez quitté les États-Unis, ta sœur et toi ? C'était y'a longtemps ? » Comme tout à chacun Lawrence remplissait certains blancs de ses connaissances concernant ses camarades en écoutant  la rubrique d'Akela ; C'était d'ailleurs ainsi qu'il avait appris que Jade et Scarlett ne se ressemblaient pas uniquement parce que le roux leur faisait un point commun. Mais à certaines réponses succédaient d'autres questions, et ayant répondu à celle que la jeune femme lui avait posé il s'était senti légitime de pouvoir en poser une à son tour.
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MessageSujet: Re: » to build a home (16/12, 10h)   » to build a home (16/12, 10h) EmptyJeu 17 Déc 2015 - 23:35

Je note qu'il pourra me servir de temps en temps pour mes portées, c'est toujours bien à prendre. Sa remarque m'arrache un simple rictus. « Je vois bien que t'es ravi en plus » je lance d'une voix mutine, je dirai même qu'il en transpire de bonheur. Gaînée, je fais quand même en sorte de moins peser pour lui, histoire de ne pas le fatiguer plus que nécessaire. J'énonce ce qui m'a mis sur la piste du militaire.. « Je n'ai rien dit, mais puisque tu le suggères j'imagine que c'est ça » je siffle légèrement, en m'esquivant, comme si c'était lui qui m'avait forcé à le dire et que je ne le pensais pas. Je ne pointe pas ses traits de caractère comme un défaut. Je suis aussi très ordonnée lorsqu'il s'agit de la danse, après, bon, dans la vie quotidienne, ce n'est malheureusement pas la même chose. Je tente de grappiller quelques informations sur Lawrence parce que j'ai l'impression de rien savoir. L'inconnu me rand mal à l'aise. J'accueille sa réponse en faisant attention à ce que mon visage ne s'assombrisse pas face à ce qu'il souligne. « Désolée » je m'entends lâcher bien que c'est d'une futilité sans non. Je ne suis pas en droit de m'y attarder. « Cela ne te manque plus la Navy du coup ? » j’enchaîne de mon doux soprano avant de m'occuper de mes pieds. Je m'occupe discrètement de mes orteils fracassés, mon visage de plus en plus inexpressif lorsque la douleur s’accroît. J'ai beau avoir travaillé mes pointes pour les assouplir, j'en souffre toujours et cela sera comme ça. Une fois que tu as bien mal, c'est que tu t'es suffisamment entraînée, si tu ne sens rien, tu peux encore continuer. Voilà ce qu'on me disait chaque jour. « Je trouve qu'elle s'est un peu calmée, par rapport à la première semaine, quand même » je ne peux m'empêcher de remarquer en froissant les sourcils, sauf erreur de ma part. Je ne trouvais plus Zélie si grande gueule que cela. « Les opposés s’attirent, tu sais » je me moque ... juste un peu. On glisse doucement sur mon partenaire. «Oui et il n'est vraiment pas difficile à vivre en plus » je dis à propos de Grey, sans mentir ni arrondir les angles. Lawrence a décidé que c'était à mon tour de parler, je veux bien me plier à l'exercice. « Quelques années déjà » je lui réponds, depuis que j'ai 19 ou 20 ans, je ne sais plus exactement mais j'ai l'impression que déjà une éternité s'est écoulée depuis. « J'ai été prise par l'Opéra national de Vienne, je ne pouvais pas laisser une occasion comme celle-ci » je commence en redressant vaguement la tête pour croiser son regard. J'ai été façonnée toute ma vie pour espérer avoir un jour ce genre d'opportunité, que l'on reconnaisse le talent et le travail. « On n'arrivait pas à cohabiter avec mes parents, donc ça devenait vital de m'éloigner d'eux et c'était l'occasion parfaite » je continue. « Et Scarlett m'a suivi parce qu'elle ne voulait pas me laisser seule » je réponds, enfin, c'est ce qu'elle dit. Mais je sais qu'elle n'avait plus aucune affinité elle-aussi avec nos parents absents et intolérants. Ce n'est pas une réponse palpitante, mais il devra s'en contenter, je n'ai rien de mieux à lui offrir ce matin.

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