Une semaine était déjà écoulée et la seconde était déjà bien entamée. Il fallait dire que le temps passait très rapidement au sein du nid. J'étais étonné, car à la fois j'avais l'impression d'être là depuis un temps si long et si lointain, alors que d'un autre coté, je me rendais compte que mon entré ne datait que qu'une semaine environ. C'est vrai que c'était étrange, mais en même temps ici on n'avait pas le temps de s'ennuyer. Les candidats, le contexte, le nid, tout était génial ici donc je ne pouvais rien dire tout simplement. C'était juste parfait. Du moins c'est ce que je pensais, après bon c'est vrai qu'avec certains candidats c'était plus difficile. Ce n'est pas que je n'appréciais pas un candidat ou une candidate en particulier, c'est juste que certaines personnes ne doivent pas m'apprécier. Et puis après tout ils font ce qu'ils veulent, je m'en fiche, je sais depuis longtemps que je ne plais pas à tout le monde. Surement à cause de mon côté trop simplet qui me fait avoir l'air d'un idiot parfois. Je le savais, mais bon cela m'importait peu, je ne pouvais me changer et ça mon frère me l'avait déjà dit. Que ce qui me rendait spécial, c'était d'être moi et que je devais rester comme je suis et ne pas me modifier pour les autres. Malgré tout ce qu'on a pu dire sur lui, je sais que les conseils qu'il m'a donné ont toujours été de bons conseils. J'étais donc dans cette auto-tamponneuse, parce que oui j'avais décidé d'y faire un tour, mais comme j'étais un peu la tête ailleurs, je n'avais pas fais attention que un candidat était déjà présent. C'était Colin, le mec qui avait reçu un ballon sur la tête la première fois que je l'avais vu de ma faute. Bon je n'avais pas trop fais exprès, même pas du tout. Mais j'crois que depuis il ne m'aime pas trop. « Alors tu vas mieux depuis la dernière fois ? J'espère que tu n'as pas eu un bleu ou quoi ! » dis-je tout simplement en me rendant compte que vu la personne qui était en face de moi j'aurai sans doute du garder ma langue dans ma bouche et ne rien dire. Mais je n'avais pas fais exprès je le jure !

L’après-midi n’a pas commencé de la meilleure des manières pour Colin, qui a dû faire face à l’acharnement d’une sale bête nommée Galipette, dont la place n’est pas dans un pré mais dans une assiette selon lui. Et après le coup que la bestiole lui a fait – à savoir s’amuser à le courser sans lui laisser une seconde de répit – il va mettre un point d’honneur à sceller le sort de l’animal. Il n’est pas patient, Colin, alors forcément cette petite séance de footing improvisée ne lui a pas vraiment plu, et quelques minutes ont suffi à gâcher sa journée et à définitivement le mettre de mauvaise humeur. Bon, il n'est pas spécialement de bonne humeur en temps normal, mais il est encore plus exécrable. Alors il a entrepris de faire le tour des extérieurs, pour se calmer, ou simplement pour ne pas voir les têtes d’abrutis qu’il côtoie et qu’il a encore de la peine à estimer. Sagement assis dans une voiture inutilisée des auto-tamponneuses, il fume clope sur clope, profitant d’une certaine tranquillité durant deux petites heures avant que son chemin finisse enfin par croise une autre âme, en l’occurrence celle du danger public de la bande, qui n’avait pas manqué de lui faire une très mauvaise impression durant les abysses, puisqu’il avait manqué de le tuer. Oui, tout à fait. Et voilà qu’il se permet de remettre cette rencontre sur le tapis. Mauvaise idée mon gars, très mauvaise idée. « Ouais, non, ça va, j’ai juste perdu un œil et j’entends plus de l’oreille droite, mais sinon tout roule, super. » Il lance, en levant les pouces en l’air tandis qu’un soupir blasé s’échappe d’entre ses lèvres. Bon, il exagère un peu, c’est vrai, mais Colin ne serait pas Colin s’il n’allait pas de sa petite tirade dramatique. « Mais j’sais à quoi tu penses, hein, l’endroit a l’air sympa, mais tout seul, c’est nul, blabla. Mais non, rêve pas, jamais j’teste un truc pareil avec toi pour adversaire, JAMAIS. » Au moins, c’est clair, on ne peut pas lui enlever cela. « J’vais y laisser une jambe, un bras, ou j’sais pas quoi, alors on va éviter, j’aime bien l’idée d’rester en un seul morceau. » Vraiment, c’est une idée qui lui plait. « Ça va, c’est pas trop dur à vivre au quotidien d’être suivi par la poisse ? » Colin le questionne, sourire moqueur au coin des lèvres. En fin de compte, il est mal placé pour en juger puisqu’il n’est pas beaucoup mieux, mais il a trouvé pire que lui, c’est agréable. Et c’est une façon comme une autre de faire la conversation, on ne peut pas dire qu’il n’essaie pas.

Spoiler:

Je comprenais qu'il me voyait comme une menace publique. Mais bon il ne fallait pas non plus dramatiser la situation. Parce que bon il avait l'air en pleine forme et en pleine santé. Non en train d'agoniser et je le voyais très bien. Mais il avait l'air d'être une sorte de personnage dramatique qui aimait en rajouter, donc bon autant que je le laisse en rajouter si ça lui faisait plaisir. Puis bon c'était ça aussi la sophrologie, évacuer. Donc là il le faisait, mais sur moi. C'était une technique comme une autre, mais j'étais sur que s'il s'énervait contre moi ça allait lui faire un peu de bien. Mais bon je sais pas être méchant, mais être moi ça suffira surement à l'agacer. « Ah bon ? Pourtant t'as l'air d'aller bien tu sais. Enfin en tout cas tu as l'air de bien encaisser les violences. » dis-je en affichant un large sourire qui se voulait sympathique. Pas sur qu'il en veuille, mais au moins j'aurais essayé. « Et puis t'es pas obligé de venir. C'est vrai qu'un mec comme toi t'es tellement frêle et tu as encore le corps d'un enfant donc je veux vraiment pas te fragiliser ou te casser encore plus. » J'étais sérieux, c'était même pas dans le but de me moquer ou de l'inciter à faire quelque chose, je lui disais juste ce que je pensais sans aucune méchanceté, vraiment aucune. Mais bon c'est vrai que ça pouvait être perçu comme une remarque un peu méchante non ? « Puis tu sais après on s'y fait, ma poisse m'a même aidé à me rapporter de l'argent. Parce que tu vois ça fait rire, donc du coup après avec le temps tout s'est enclenché, donc tu vois. Même si bon j'avoue que parfois je voudrais être suivi par la chance ça serait plus cool tu penses pas ? » lui demandais-je. Bah quoi peut-être que lui préférait la malchance, les situations étranges, j'en savais rien moi je ne le connaissais pas. Mais il était surement gentil, quoiqu'un peu dramatique sur les bords c'est vrai. Bon je n'arrivais pas à me décider sur ce qu'il était et comment le définir. J'avoue que c'était un peu problématique c'est vrai.