La clope, son seul remède contre les émotions contradictoires qui l'animent en permanence. Partagée entre l'euphorie et la nostalgie en permanence, elle se dit qu'elle est certainement la cliente parfaite pour l'industrie du tabac. Elle est bien consciente que le petit tube qu'elle tient entre les doigts lui consume les poumons mais elle est bien trop encline à l'auto-destruction pour faire machine arrière. Alors elle continue, sans jamais s'arrêter jusqu'à s'en défoncer la gorge. Elle n'a pas trouvé de meilleur remède pour calmer ses réactions parfois démesurées. Aujourd'hui elle seulement besoin de calmer ses inquiétudes concernant le prime de ce soir, incapable de prédire ce que la production allait leur réserver ni quels candidats allaient quitter le nid seulement quelques jours après Noël. Sa précieuse se consume entre ses lèvres beaucoup trop vite si bien qu'elle est obligée d'en fumer une deuxième pour apaiser ce noeud qu'elle a au niveau du ventre. Consciente que le temps est long en attendant le prime, elle prend le chemin de la pièce secrète espérant secrètement qu'il y aurait de quoi la divertir pendant une petite heure. Entrant discrètement elle aperçoit une petite tête blonde occupée à regarder les écrans. « Prise la main dans le sac » . Elle claironne alors qu'un large sourire se dessine sur son visage. Ses pas la mènent près de Salomée fixant d'un air distrait les différents écrans. « Alors c'est lequel ton amoureux ? » . Elle demande ironiquement puisqu'il est bien connu que Salomée n'est pas une fille niaise prête à tomber amoureuse d'un gars au bout de deux semaines.

La salle de contrôle est un lieu très stratégique du nid. Seulement je pense que pour pouvoir exploiter pleinement son potentiel il faut avoir la chance de tomber au bon moment, ou bien se repasser le prime en boucle en espérant déceler des détails percutants mais de manière générale tout le monde est trop occupé pour penser à son secret dans des moments pareils. Du coup je me suis dit que plutôt que de m’engouffrer dans le canapé à regarder Les Razmoket Le Film -que je me réserve pour après les fêtes en guise de cadeau de noël- j’allais en profiter pour aller jeter un œil tel Big Brother sur mes camarades de jeu. ‘Fin camarades… on se comprend. Ça fait à peu près une demi-heure que je suis installée sur le fauteuil à tenter de débusquer un faux pas ou un indice mais rien d’intéressant ne surgit. Enfin si, Enola. Elle me surprend et je me retourne par réflexe pour constater qu’il s’agit bien d’elle. J’esquisse un sourire amusé pour réponse tandis qu’elle se rapproche, mon attention retournant aux écrans. « Grey bien sûr. Comme nous toutes. » J’hausse les épaules en appuyant sur le ton de l’ironie puisque Grey est incontestablement le beau gosse de la saison qui, en prime, se prend pour le beau gosse de la saison. Je parie qu’il est celui qui a le plus gros fanclub à l’extérieur. Après Salvador. Ou Lorena mais elle devait compter plus de fans masculins que féminins donc ça ne compte pas. « T’es venue surveiller quelqu’un en particulier ? Parce que si c’est Lawrence que tu cherches, il est encore fourré avec Jade. » Simple constatation. En fait je me rends compte que mes paroles sont assez maladroites. « Enfin j’en sais rien en fait, tu l’aimes bien ou je suis à côté de la plaque ? » J’ai l’impression de débarquer tout à coup. J’aurais dû venir plus souvent squatter cette pièce finalement.

 La salle de contrôle n'est pas une mauvaise option après tout, au moins regarder ses camarades vivre leur petite vie l'empêchera de caler une nouvelle clope entre ses lèvres. Enola ne profite pas assez du pouvoir que lui confère cette salle de contrôle pour la chasse au secret, c'est regrettable surtout que c'est à elle de se bouger pour découvrir ce que cachent ses petits camarades. De sa démarche aérienne, la jeune femme se dirige vers la salle de contrôle prête à observer les moindres faits et gestes des habitants du nid espérant dénicher un quelconque indice ou un comportement suspect qui aurait le don de la mettre sur une piste. Lorsqu'elle pousse la porte, elle est obligée de constater qu'elle n'est pas que seule et que le jeune et jolie Salomée semble avoir eu la même idée que la salvadorienne. Son entrée discrète fait sursauter la petite tête blonde qui est obligée de se retourner pour mettre un visage sur la voix l'ayant sorti de sa torpeur. Taquine, la salvadorienne chercher à savoir si sa camarade s'était trouvée un amoureux à admirer à travers les écrans de la salle de contrôle. La salvadorienne sourit à l'évocation de Grey, elle ignorait que la jeune femme en pinçait pour le barbu. « Toi aussi ? ». Elle demande surprise, décidément le barbu avait la côte auprès des filles du nid mais aussi des garçons sans qu'elle ne puisse se l'expliquer. « C'est le fantasme de l'uniforme, ça vous rend tous fous ». Elle ajoute alors que l'ombre d'un sourire narquois nait sur ses lèvres. C'est la seule explication possible, tout le monde savait que les uniformes avaient le don de charmer les foules. « J'ai toujours cru que ton amoureux secret c'était Colin, tu brises mes rêves ». Elle poursuit ironique prenant un air faussement contrarié à l'idée de savoir que les deux plus jeunes du nid n'allaient pas finir ensemble. Salomée, elle, s'interroge sur la venue de la salvadorienne dans la salle de contrôle se demandant même si elle ne cherche pas Lawrence. Dubitative, elle fronce les sourcils, elle ne comprend pas où sa camarade veut en venir « Qu'est ce que tu insinues ? » demande-t-elle à sa camarade alors qu'elle quitte des yeux l'écran quelques secondes pour poser son regard sur le visage enfantin de la blonde qui semblait avoir une idée bien arrêtée sur la relation qui unissait le barbu et la salvadorienne.

Enola est crédule et ça me fait sourire. Grey est mignon mais certainement pas pour moi. Je préfère les hommes un peu plus… simples dirons-nous. Des personnes qui ne se prennent pas la tête. Il est adorable mais c’est un personnage dans son genre. « A fond. » J’ajoute l’air distrait pour enfoncer le clou. Je fais ma maline là mais, bien que je ne pense pas qu’Enola soit une fille penchée ragots, si jamais elle va le répéter à tous les candidats j’aurais un peu les boules, clairement. Je laisse échapper un rire face à sa constatation sur les uniformes. Pour le coup elle a raison, en tout cas moi j’aime bien. Ce qui est tout à fait contradictoire avec ce que je viens de dire mais pour ma défense on a jamais vu le barbu en uniforme. « C’est diablement sexy. Ne me dis pas que tu y es insensible. Un petit pompier, hm ? » Ou un éboueur aussi tiens. Non sérieusement je doute que quelqu’un puisse y être insensible, c’est dans notre subconscient, ça renvoi l’image d’une personne avec le pouvoir de nous protéger. Enfin j’imagine, ce n’est qu’une analyse faite sur le tas. Enola évoque, avec ironie je crois, la possibilité que je puisse avoir le béguin pour Colin. J’étouffe un rire parce que sinon je vais perdre toute crédibilité. « Non il m’a traité comme une merde du coup c’est fini maintenant. » On tient une conversation de cour de maternelle et c’est plutôt marrant. Mais assez rigolé sur mon cas, passons à celui de la brunette. A évoquer Salvador j’ai obtenu toute son attention. Mes prunelles espiègles virent des écrans vers les siennes tandis que j’ondule doucement sur ma chaise dans un roulement d’épaules maîtrisé. Sourire sur les lèvres, air sensuel, je chantonne.  « Ca kiss kiss ça bang bang ça boom boom. » Je fais durer le manège quelques secondes puis finis par me stopper, redevenant brusquement plus sérieuse. « Non j’en sais rien, j’ai juste vu que vous vous entendiez bien rien de plus. Y a plus ? » Pour obtenir une vraie réponse je vais droit au but.