On est déjà le dix-huit décembre, le temps passe beaucoup trop vite et beaucoup trop lentement à la fois. La période de Noël a toujours été sa préférée de l'année. Enfant parce que ça voulait dire voir ses cousins et cousines, manger du chocolat et recevoir des cadeaux. Maintenant qu'il est adulte c'est plus de voir le bonheur dans les yeux de sa fille et de ses neveux et nièces quand ils ouvrent les leurs et couinent de bonheur. Les repas de familles sont toujours autant sa tasse de thé et que ce soit le premier Noël qu'il risque de passer loin des siens lui pèse un peu. Mais il a choisi d'être ici et sa famille sera toujours là, à la sortie. Lawrence est en train de jouer à l'attrape-peluche et alors que Lloyd arrive à sa hauteur, l'autre brun persiffle ce qui fait sourire Snö. Les gens n'aiment pas perdre, hell ! Il déteste ça. Mais les machines de la foire ne sont pas faites pour que les gens gagnent c'est bien connu. « Tu visais une peluche en particulier ? » demande-t-il en enfilant son visage d'expert ès attrape-peluche. C'est qu'il serait presque convaincant si la propriétaire du stand ne s'étouffait pas de rire derrière lui, le faisait sortir du personnage. Lawrence demande s'il peut commettre un meurtre. L'avis de Lloyd sur la question est typique d'un avocat. Il peut le faire, rien ne l'en empêche physiquement. Est-ce qu'il doit ça, c'est une autre question. C'est surtout que ça coûte cher de tuer une connasse de nos jours. « Je sais pas... mais je serai obligé de témoigner devant une cour et il est pas question que je me parjure, je pourrais plus pratiquer le droit sinon. T'es sûr de vouloir tenter la prison pour... c'est quoi ton nom déjà ? » qu'il demande en se tournant vers la brune franchement pas belle. « Beibhinn, morveux ! » qu'elle grince des dents avec un sourire aussi crédible qu'un dentiste qui vous dit qu'il ne va pas vous faire mal en arrachant une dent. Retournant à sa conversation avec Lawrence qui est bien plus intéressante même maintenant que le brun a retrouvé ses vêtements -la vue de la semaine dernière était quand même vachement sympa-. « Ses parents devaient vraiment lui en vouloir. » dit-il conscient que pas mal de gens pensent la même chose de son prénom. C'est pour ça que lui peut se permettre de juger, parce que Lloyd-Snö est un prénom assez particulier pour qu'il ne passe pas pour un mec qui ne sait pas ce que c'est que d'être ridiculisé pour ça. « J'ai jamais été bon à cette attraction, ma sœur Althea par contre c'était une vraie pro ! » Althea a toujours tout réussi, tout ce qu'elle entreprend tourne bien, elle n'a aucune difficulté dans aucun domaine. C'en serait presque rageant s'il ne l'aimait pas autant.

Le choix de sa cible à l'attrape peluche compte presque autant que sa dextérité selon Althea. Elle dit toujours qu'il ne faut pas se focaliser sur une cible et négliger totalement ce qui l'entoure. Pour elle c'est un jeu de stratégie comme les autres, elle prend parfois trois coups pour sortir la peluche de son choix, mais ce ne sont pas deux coups gâchés. Au contraire ce sont des tirs faits pour faciliter la capture de sa cible. « Tu as développé une affection particulière pour les lapins ? » demande-t-il avec un sourire en le regardant faire. Il ne fait aucun doute qu'Althea secouerait la tête devant les tentatives de Lawrence, mais sa détermination à choper un lapin était touchante. La remarque sur son métier le faire sourire, Lloyd-Snö croit se souvenir que la mère de la fille de Lawrence est une avocate, ou peut-être est-ce son ex-femme ? Les détails de la vie sentimentale de Lawrence lui ont échappé, mais c'est parce qu'il n'a regardé qu'une ou deux fois la diffusion de son profil dans la salle de contrôle. « C'est un de nos nombreux défauts... faut dire que dans la culture populaire, on en a une quantité infinie. Je sais pas pourquoi d'ailleurs, on n'est pas plus des bâtards que les autres. » Ils sont probablement plus sournois ou peut-être plus malins de ceux qui manipulent les lois avec une dextérité sans nom. C'est pour ça qu'on les déteste souvent, qu'on les voit comme des requins qui piègent leur victime avant de les mordre. Le sujet de ses frères et sœurs le tire de sa petite contemplation, réflexion sur sa condition d'homme défendant la loi. « Je suis l'aîné, de quatre. Il y a Althea, qui a un an de moins que moi, puis Elliot vingt-ans et Uli dix-neuf ans. Et toi des frères et sœurs ? » Parler d'eux lui met du baume au cœur parce que ça lui donne toujours l'impression qu'ils sont sur le point de pointer le bout de leur nez. Il meurt d'envie qu'on lui dise qu'Uli, la pétillante benjamine ayant un jour décidé de se teindre les cheveux en rose bonbon pour que leur mère accepte qu'elle se teigne en blonde. La logique selon Uli revenait à faire un acte tellement fou devant lequel sa mère n'aurait d'autre choix que de l'autoriser à revenir à quelque chose de plus acceptable. Alors que Lawrence rate une nouvelle fois et lui laisse la place. Lloyd-Snö se sent obligé de l'avertir : « Je ne suis pas un garçon spécialement chanceux en général, mais je veux bien tenter. » Il se place devant, tente de se mettre dans la peau d'Althea et puis capte enfin pourquoi il veut un lapin rose. Ou vert. « Toi aussi t'as une fille non ? C'est pour elle le lapin ? » demande-t-il en faisant descendre le bras mécanique.