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Fière guerrière, des traces de farine sur les joues et du chocolat au coin des lèvres, j'avais passé ma matinée en cuisine à essayer de réaliser des muffins pour toute la maisonnée. Postée, droite comme un i et le pied martelant le sol à un rythme régulier, face au four de la pièce, j'attendais avec une certaine impatience de pouvoir goûter aux petites merveilles que j'avais concocté, priant pour que celles-ci soient réussies. Le glig de l'appareil ne fit tourner mon sang que dans un tour et je sautais aussitôt sur la porte de ce dernier pour en extirper mes petits trésors avec le plus grand soin, humant avec délice l'odeur qui s'en dégageait, délicieusement chocolatée. Incapable de résister plus longtemps, je posai aussitôt le plat brûlant sur le comptoir de la cuisine avant de saisir l'un des gâteaux, m'empressant de l'enfourner dans ma bouche.... Mamma mia. C'était tellement bon que je me demandais si j'allais réellement partager. Peut-être qu'en m'isolant dans ma chambre avec un bon livre je pourrais échapper au plus gourmand. Me dirigeant vers la porte le plat en main, mon regard sondant le grand salon minutieusement, je fis avancer mon pied en dehors de la pièce jusqu'à ce qu'un imbécile brun ne débarque dans mon champ de vision. Ni une ni deux, je fis demi tour, me précipitant sans la moindre discrétion à l'autre bout de la cuisine avant de sentir mes jambes se dérober dans ma course. Me rétamant sur le dos comme il n'était pas permis de le faire dans un grand bruit de ferraille, je fis approximativement valser tout ce que je tenais dans les mains sur le sol, ne pouvant retenir hurlement de consternation qui s'échappa de ma gorge.

Levé aux aurores, j'avais profité de la quiétude matin dans le nid pour effectuer quelques longueurs dans la piscine. Le nid était incroyablement calme en ce dimanche matin. Si bien que la tranquillité était toujours de mise dans les alentours de dix heures trente. J'avais rejoins la bibliothèque afin d'y prendre un livre. Je n'avais jamais été féru de littérature, néanmoins j'aimais de temps en temps me plonger dans un bon livre. J'avais passé plusieurs minutes à choisir le livre qui allait m'occuper, une bonne partie de la matinée. Alors que je descendais les escaliers, mes lunettes sur le nez et mon livre fermement tenu dans la main droite j'aperçus Ismaëlle. Elle semblait cacher quelque chose, tenant quelque chose dans les mains, un plateau sur lequel elle avait déposé certaines chose que je n'arrivais pas à distinguer de là où je me trouvais. J'aurais continué mon chemin vers le salon si un bruit sourd provenant de la cuisine si bien qu'alerté je m'étais dirigé vers ce lieu. Lorsque j'avais franchi le seuil, ma partenaire se mit à hurler, elle était sur le sol, le plateau dans les mains et des muffins gisant sur le sol. Je ne pus m'empêcher de rire, amusé de ce que j'avais sous les yeux. Appuyé contre l'embrasure de la porte je regardais la jeune femme, un sourire malicieusement dessiné aux coins des lèvres. « Maudit karma ... » lançais-je railleur alors que je lui tendis tout de même la main afin de l'aider à se relever sans cesser de sourire.

Je m'étais fais horriblement mal, et le pire dans tout ça, c'est que j'entendais non loin de moi mon partenaire se fendre la poire plutôt que de m'aider. Constatant que celui-ci ne se bousculait même pas pour me secourir, je pris le dernier muffin que j'avais parvenu à sauver de ma chute, tout droit tombé entre mes seins, dans la main avant de m'aider de l'autre en m'agrippant à la poignet d'un tiroir. Résultat catastrophique, je ne pouvais nier plus longtemps la main que me tendait ENFIN Soren, je pris celle-ci avant de me relever avec le peu de grâce et de dignité qu'il me restait, me retenant à son épaule sans me rendre compte que je le collais, époussetant mon jean. C'était une véritable catastrophe. Tendant le muffin à mon partenaire pour le remercier, je lui fis un clin d'œil avant de me pencher pour ramasser un autre gâteau, soufflant délicatement sur celui-ci. Il n'allait tout de même pas me laisser le manger, en gentleman qu'il était, n'est-ce pas? Je le toisais.

Et dire que dans ma grande bonté j'avais prévu de te les apporter au lit comme une partenaire modèle, quel doooommage.

J'étais tellement occupé à me moquer gentiment d'Ismaelle que j'en avais oublié mes bonnes manières. Si bien qu'elle dû se débrouiller presque seule. Il fallait avouer que la voir sortir un muffin de son décolleté n'avait certainement pas arrangé les choses. D'ailleurs plus les jours passaient et plus mon affection pour la jeune femme ne cessait d'évoluer. Ce n'était pas sans compter sur ses gestes parfois équivoques ou ses allusions sûrement innocentes certes mais qui me laissaient tout de même parfois rêveur. Une fois encore, elle ne manquait de me coller d'un peu trop près pour le laisser indifférent lorsqu'elle se relevait. Essayant de chasser les images plus que douteuses qui me venaient à l'esprit, j'acceptais volontiers la gourmandise qu'elle me tendait. Prêt à y planter mes crocs, je me ravisais à temps alors qu'elle se penchait pour ramasser une gourmandise. D'abord plus concentré sur son postérieur que sur le gâteau, je secouais la tête priant qu'elle n''est rien remarquer pour me reprendre. Je commençais sérieusement à me poser des questions, bref. Sa prise de parole on ne peut plus fausse, me rappela à l'ordre. « Bien entendu, c'est pour cette raison que tu as filé dans la cuisine dès que ton regard a croisé le mien. » Levant les yeux en ciel faussement vexé, je ne pus m'empêcher de rire néanmoins. « Bon tiens mange le mien. Tu vas pas prendre ce truc qui sait depuis combien de temps ce sol n'a pas été lavé. Je culpabiliserais que tu attrapes une maladie incurable par ma faute. » Je lui tendis son muffin, appuyant mes propos par une moue à laquelle elle ne pouvait décemment pas résister. Savant mélange entre le regard mielleux du chat botté et d'un enfant de cinq ans qui venait tout juste de faire une bêtise et chercherait à se faire pardonner par tous les moyens.

Si il y avait bien une chose que je constatais au fil de mes journées passées dans la maison, c'est que ma famille comme mon petit ami ne me manquaient pas pour un sous. C'était triste à avouer, ou peut-être justement était-ce la preuve que j'avais rencontré des gens ici qui parvenaient à me faire oublier ce manque, mais je ne ressentais pas le besoin vitale de les revoir absolument. Peut-être aussi était-ce mon caractère naturellement solitaire et indépendant qui faisait pencher la balance, dans tous les cas je ne rencontrais pas les mêmes soucis que semblaient le rencontrer la plupart des candidats. Soren avait-il une part de causalité dans tout cela? Sûrement oui, le jeune homme occupait la plupart de mes journées et représentait à mes yeux un véritable soutient dans la maison. Le seul soutient que j'avais d'ailleurs, rares étaient les habitants avec qui je m'entendais réellement. Si cela changerait un jour? J'en doutais, je me rendais bien compte de temps en temps, lorsque je subissais mes habituelles crises d'insomnies, que je me montrais parfois trop entreprenante avec le jeune homme. Le fait étant que ma vision des relations humaines se révélait être quelque peu immature, je n'avais tout simplement pas conscience de ce que je faisais parfois. Bref. Je fus ravie de constater que le jeune homme s'avérait être un parfait gentleman, décidément il ne cessait de me charmer chaque jour. Le remerciant dans un sourire enfantin, je sectionnai le gâteau en deux part, me gardant bien entendu le plus petit bout avant de donner le plus gros à mon ogre de partenaire, caressant son ventre comme l'aurait fait une mère à son enfant, un accent campagnard abominable au bout de la langue.

Il faut bien nourrir son grand garçon hein, pour qu'il ait plein plein de force!

Éclatant de rire, j'engouffrai sans respirer mon bout de muffin entre mes lèvres, l'avalant tout rond, les yeux comme des soucoupes. J'avais sous-estimé la taille du colosse.

Plus j'observais Ismaëlle et plus j'avais cette fâcheuse tendance à me poser des questions à son sujet. J'étais quasiment sûr que ses gestes n'étaient pas prémédités. A mes yeux, elle n'avait rien de l'allumeuse qui se complaît à attirer les hommes vulnérables comme moi dans ses filets. Et à vrai dire j'étais sûre de mon coup à ce sujet. Non elle était tout ce que j'appréciais chez une femme, elle me plaisait, plus que je le voulais d'ailleurs. J'aimais particulièrement notre relation telle qu'elle était, nos joutes verbales, nos moments plus légers comme celui-ci et même nos nuits l'un contre l'autre. Notre relation était particulièrement déroutante à bien y repenser, seulement tenter le diable était une chance - ou une malchance dans notre cas, de tout gâcher. Préférant ne pas penser à ce genre de choses, je me concentrais sur la jeune femme, son sourire plus précisément. Alors que je m'attendais à ce qu'elle le mange, ce qui bien entendu ne m'aurait gêné pour le moins du monde, elle le partageait en deux. J'attrapai le morceau qu'elle me tendait avec plaisir, la gratifiant d'un sourire bien plus appuyé que le précédent. Je la fixais alors qu'elle me traitait comme un enfant, les yeux plissé pas très convaincu par son interprétation de la maman poule. « huum, laisse moi te montrer comment font les vrais goinfres dans mon genre ... » Déclarais-je alors qu'elle peinait à avaler son morceau bien trop gros pour sa fine bouche. Avalant sans la moindre difficulté mon morceau, je pavanais fièrement bombant le torse plutôt satisfait. Puis finalement rattrapé par ma gentillesse déconcertante face à la jeune femme, je lui caressais la joue du bout des doigts dans un geste tendre et protecteur. « Ca va ? Tu veux boire quelque chose ? Ça passera mieux ma belle. . »

Roulant des yeux au plafond face à son petit numéro de coq ambulant, je sentis mon souffle se couper lorsque ses doigts vinrent tendrement effleurer ma joue. Les yeux ronds, aussi surprise que mal à l'aise, je ne trouvais même pas le courage de lui demander de retirer sa main ou quoi que ce soit d'autre car bien que je l'aurais nié à voix haute, ce geste s'avérait plus agréable que je l'aurais souhaité. Je secouai finalement la tête de haut en bas, trouvant dans ce subterfuge un moyen de me dégager de son emprise avant de poser ma main sur ma gorge, sentant le morceau colossale de muffin glisser à travers celle-ci. Retrouvant ainsi l'usage de la parole, je fis un léger sourire quelque peu gêné au jeune homme avant de tourner les talons pour me diriger vers le placard. S'éloigner, vite. Je pris un verre, remplissant celui-ci de l'eau du robinet avant d'en avaler le contenu d'une traite. Si je ne m'étais pas tracassée avec certaines questions quelque minute plutôt, j'aurais sûrement gratifié mon partenaire d'un baiser sur le nez ou même la joue, mais ce petit dérapage me forçait à me remettre en question. A remettre en question mon comportant qui ne laissait visiblement pas indifférent Soren. Ou alors était-ce dans son tempérament de se montrer aussi affectueux, je devais sûrement me monter des films toute seule par pure égocentrisme. Ce devait être ça oui. Je me tournai ainsi vers lui, m'installant sur le comptoir avant de croiser les jambes, mon pied nu se balançant au bout de l'une d'elle.

Tu as eu beaucoup de femmes dans ta vie Soren? Tu ne me parles pas beaucoup de toi au final.

Question purement innocente.

Dès lors que j'avais posé ma main sur son visage, j'avais senti Ismaelle se raidir sous mes doigts. Pourtant malgré le malaise, je n'arrivais pas à ôter mes doigts de sa joue. Sa peau était si douce qu'il glissait contre celle-ci, mes iris plongées dans les siennes, je la regardais avec une tendresse que je n'aurais pas soupçonné. Bien sûr j'en étais capable, là n'était pas la question, l'accumulation de ce genre de gestes avec ma partenaire me semblait quant à elle plus étrange. Ma main se détachait d'elle même alors qu'elle secouait la tête, confirmant qu'elle souhaitait effectivement de l'eau. Seulement, je n'eus pas le temps de bouger pour le lui donner qu'elle sauter presque déjà sur le placard pour y sortir un verre. Mes yeux ne quittait pas la jeune femme d'une seconde, souriant continuellement, je m'approchai de l'un des tabourets pour m'y installer alors qu'elle me posait une question qui me surpris sur le moment. Une question qui me laissait presque songeur quant à les tournures des évènements. Je levais les yeux vers le plafond grimaçant légèrement comme si la réponse y était miraculeusement gravée. « Tout dépends ce que tu entends par beaucoup... Mais oui j'ai eu de nombreuses relations mais rien qui ne mérite que j'y accorde beaucoup de temps. » J'osais un regard dans sa direction, soit elle allait me prendre pour une tombeur collectionnant les femmes, soit pour un raté incapable de trouver la perle rare. Et dans les deux cas ce n'était que peu flatteur.

J'écoutais avec attention la réponse du jeune homme à ma question peut-être un peu trop indiscrète. Je ne savais sur quel pied danser avec Soren, j'avais besoin d'éclairer certains de mes doutes et peut-être qu'en apprenant à le connaitre plus intimement, j'aurais l'occasion de faire le point sur mes propres troubles. Balançant mon pied distraitement, je ne sus que conclure de cette tirade lorsque celle-ci s'acheva. Coureur du jupon ou célibataire endurci? Les deux allaient de paire et même si je n'étais pas spécialement étonnée de découvrir cette nature du tempérament de mon partenaire, je n'en étais pas moins quelque peu perplexe. Me contentant d'hocher la tête dans un "d'accord" évasif, je descendis finalement de mon perchoir, ne sachant pas à vrai dire pourquoi étant donné que je ne savais pas où aller. Je fis le tour de la cuisine en m'étirant avant de m'asseoir de nouveau sur un comptoir, cette fois à côté du jeune homme, ma main venait effleurer la sienne avant de se poser sur ma cuisse.

Et alors, une candidate fait-elle actuellement battre le coeur de notre cher petit casanova?

Taquine, je lui pinçai le bout du nez avant de laisser s'échapper un léger éclat de rire, me mordant la lèvre en attendant avec patience sa réponse.

Bon visiblement ma réponse laissait Ismaelle perplexe comme je m'y attendais. D'ailleurs, j'arquai un sourcil particulièrement étonné qu'elle se lève de son perchoir. J'avais cru pendant une poignée de secondes qu'elle allait finir par quitter la pièce sauf qu'elle contentait de se rapprocher. Légèrement soulagé, je me déridais légèrement, respirant plus sereinement. Je ne savais par contre pas comment interpréter son geste peut être purement anodin. Sauf qu'avec toutes les questions qui s'entassaient dans ma tête, c'était d'autant plus compliqué d’interpréter les signaux. Sa question suivante eut le don d’amplifier mes doutes si bien que je mis plusieurs secondes avant de réagir. Légèrement perturbé, je me redressais néanmoins afin de me retrouver à sa hauteur, ma main vint dégager une mèche de ses cheveux obstruant son visage, tandis que je déposai tendrement mes lèvres contre les siennes, dans un baiser qui se voulait particulièrement tendre mais relativement court. Dégageant mon visage du sien, j'appréhendais pourtant sa réaction. « Je pense que tu as eu ta réponse ou tu veux que je développe. » Demandais-je sereinement sans détacher mon regard du sien.