Punie, il me semble effectivement avoir été condamnée lors du prime à purger une peine qui aurait pu être bien plus sadique. Je m’estime donc heureuse, j’aurais largement préféré être massée par Lloyd-Snö que l’inverse mais puisque je dois faire amende honorable je suivrais les règles et offrirait donc un soin du visage au jeune garçon et un massage de sa petite tête qui doit avoir pris des centimètres maintenant qu’il a terminé second des plus beaux garçons, il ne doit plus se sentir pisser. Je dis cela uniquement parce que j’ai gardé une image stéréotypée de lui à cause des propos qu’il a tenu lors de notre clash au sujet de ma crème de nuit, il n’est surement pas aussi arrogant au quotidien, je l’espère en tout cas. On verra bien, je l’ai pris en filature il y a cinq minutes et il se dirige non loin du SPA, la parfaite occasion pour l’interrompre avant qu’il ne parte ailleurs. Je presse le pas et ne tarde pas à réduire la distance qui nous sépare. « Attends ! » Je tente de le prévenir, histoire qu’il ne me fasse pas courir comme une abrutie. « On va faire un tour au SPA ? Je te dois un massage et quelques soins… » Je ne suis pas esthéticienne, je n’ai pas non plus fait carrière dans le massage mais il devra se contenter de ce que j’ai à offrir. Je pourrais me la jouer geai moqueur et tenter une rébellion contre la production en ne faisant rien de ce qui m’a été demandé, ce n’est pas comme si j’avais des sous sur ma cagnotte, ils ne pourront pas me priver de grand-chose.

Quand Lloyd croise Greta dans une couloir et qu'elle l'interpelle il répond un « Oui ? » tiré de ses rêveries par la voix de sa camarade en s'arrêtant de marcher. Elle lui parle d'aller au spa et il met une seconde à tiquer. « Ah, ouais ! » Allen lui a maintenant donné raison à deux reprises. La première fois il était reconnaissant, que l'animateur prenne son parti voulait dire qu'il n'avait rien fait de mal sur le coup. Que Greta se retrouve punie à rebours pour sa réaction excessive, est, en revanche à ses yeux, un peu disproportionné. Mais Lloyd n'est pas du genre à aller contre l'autorité quand celle-ci est gracieuse envers sa petite personne. « Entre nous, j'ai pas soudoyé Allen pour qu'il te punisse hein ! » plaisante-t-il au cas où elle aurait eu des doutes. Peut-être que c'est simplement la solidarité masculine en action ou alors la scène qu'ils ont vécu tous les deux était encore plus moche à voir à la télé qu'à vivre. « Allez, juste un petit massage et je te laisse filer, y a pas de raison pour que tu te transformes en esthéticienne pour moi. » dit-il en entrant dans le spa. Habitué à donner des massages, à Khadija notamment, il doit bien avouer que l'idée d'être de l'autre côté de la table ne lui déplaît pas a priori. Pas très exigeant, tant que Greta ne tente pas de le lapider à coup de pierres chaudes ou de faire ses griffes sur son dos, il devrait apprécier l'attention.

Greta manifeste une foi en l'humanité, ou du moins en l'humanité d'Allen, que Lloyd n'aurait pas soupçonné. En partie parce qu'elle a assumé le pire en le voyant avec son pot de crème dans les mains, en partie parce qu'elle ne lui a jamais paru crédule ou profondément vocale à propos de sa conviction que le monde est beau. « Je sais pas... je t'avoue que dans mon métier on voit même des juges être soudoyés. Alors même si je pense pas qu'Allen soit corrompu, il n'a rien à y gagner, je crois qu'il pourrait l'être si quelqu'un essayait vraiment.  » En menaçant Mylah par exemple ou un truc du genre. Lloyd ne s'est jamais intéressé précisément aux raisons qui poussent les gens à accepter des pots-de-vin, mais il se doute qu'on a forcé la main à certains. Elle compliment sa peau, c'est le plus proche qu'il aura d'une excuse et ça lui suffit. Il a tiré un trait sur cette affaire, c'était il y a déjà plusieurs semaines. « C'est pas faute d'avoir eu des années difficiles pendant l'adolescence cela dit. » plaisante-t-il en repensant à son adolescence qui a été assez dramatique niveau skincare. Comme tous les jeunes il a vu apparaître les boutons et compagnie. Rien de bien réjouissant quand comme lui on avait deux ans d'avance et que ses camarades de classe étaient pour la plupart sortis de la phase la plus hardcore de l'adolescence. « L'option numéro 1. Ça sera plus facile pour discuter que si j'ai la tête coinéce dans l'appuie-tête. » choisit-il, parce qu'il adore les massages crâniens et qu'il prend moins de risque qu'en laissant quelqu'un dont il ne connaît pas les talents de masseur s'exercer sur son dos. Puis vient une question, un peu hors sujet, mais qui l'intrigue quand même :« Comment t'as fait pour que la roulette t'immunise ? Elle est plus facile à corrompre qu'Allen ? » Parce que lui jusque là il n'a pas trouvé le point faible de la maudite machine...

Elle critique un peu son côté pessimiste des choses et Lloyd hausse les épaules résigné. Snö sait bien que ce n'est pas vraiment le sujet le plus drôle qui soit pour lancer une soirée. « Réaliste, quand on voit ce que je vois au quotidien c'est difficile de penser qu'il reste des gens vraiment droits... » explique-t-il un peu attristé par la réalité de sa vision du monde, faut dire que lorsqu'on renvoie un gars derrière les barreaux pour la quatrième fois pour les mêmes raisons... on perd un peu foi. « Ah ouais je vois, la tienne elle est vachement plus positive ! Il y a un pour cent de gens biens quoi ! » rigole-t-il maintenant qu'elle a dressé un portrait aussi apocalyptique que la sienne ou presque. « Boutons, peau grasse et j'en passe. Heureusement ça n'a pas duré longtemps je l'aurais pas supporté. » énumère-t-il en référence à son adolescence avec un sourire alors qu'il s'allonge et qu'elle commence à masser ses tempes. Son visage se détend presque immédiatement. « T'as été immunisée pile au bon moment en plus. Il me semble qu'avec le prime des notes cette semaine on va connaître les premiers demi-finalistes, te suffira d'être dans les meilleures places pour éviter d'être nominée la semaine prochaine... » murmure-il en étant de plus à plus détendu. Il lui semble que la saison dernière c'est ce qui s'était passé pour Allen, Gigi et Lamine et les autres. C'est presque le Graal pour eux à ce niveau. Éviter la nomination à la fin du prime, être qualifié d'office pour la demi-finale alors que les autres passent par une nomination aux portes de la validation des cagnottes et compagnie. Pour ce qui est de la roulette... « C'est une histoire de karma tout ça. Dans une vie antérieure j'ai dû militer contre les Casinos ou être à la tête d'un peloton d'exécution. » L'un pour ses machines à sous l'autre parce que le baril des carabines visant à tuer était toujours plein. La roulette revancharde n'a probablement pas apprécié. C'est à Naveen qu'il devrait parler de vie antérieure, le cycle des réincarnations tout ça, ça doit connaître l'Indien là où lui dit sûrement des conneries plus grosses que lui. Se concentrant un instant sur le silence et sur les pressions qu'effectue Greta sur son crâne il murmure, appréciateur : « T'es vachement douée, c'est super agréable. » Faut dire ce qui est, elle a des doigts de fée. Les poumons d'un ogre quand elle est en colère, mais surtout des doigts de fée. Et au fond, quand il y pense, il retrouve la Greta qu'il a connue au début de l'aventure. Forte personnalité et tout le reste. Le massage est presque aussi agréable que de retrouver quelqu'un avec qui il a partagé de bons moments.

Greta lui demande ce qu'il fait dans la vie. Ça le surprend un peu, il pensait que tout le monde était au courant, ce n'est pas comme s'il s'en cachait. Certains de ses collègue de bureau ont un peu honte de dire qu'ils ne sont pas dans un cabinet privé, qu'ils ne se font pas une fortune en aidant des gens douteux à s'en sortir. Lui non. Il sait qu'un jour il finira par tourner sa veste et défendre des gens qu'il aurait normalement envoyés en taule. « Je suis avocat pour le Bureau du procureur du Comté de Cook. En gros je suis le vilain représentant de l'État de l'Illinois qui envoie les criminels en prison tout ça. » explique-t-il en plaisantant, précisant tout de même de quel côté il est parce que les gens ont tendance à croire qu'il enfile son costume d'apparat pour défendre un baron de la mafia ou un truc du genre. La vision du monde de ses contemporains est un peu trop dictée par ce que la télévision leur montre. Rien de bien réaliste. Elle tire une conclusion encore plus alarmiste qu'il ne s'y attendait et Lloyd veut essayer de lui remonter le moral. « Je dirais plutôt qu'on est tous imparfaits et qu'on est tous capable de faire les mauvais choix. Je suis pas toujours content d'envoyer les gens derrière les barreaux... des fois ce sont justes des gens bien qui ont pris la mauvaise décision au mauvais moment et se sont retrouvés entraînés dans une spirale descendante... Dura lex sed lex. » Okay, pour ce qui est de remonter le moral, il repassera mais au moins il y a un peu d'espoir. Tant qu'on ne fait pas les mauvais choix. Elle lui balance qu'elle était ado dans les années quatre-vingt et ça le fait rire. « Ouh. Tu dois avoir des photos avec des tenues plutôt marrantes à voir. » Du pantalon en jean taille haute avec des fleurs imprimées dessus aux hauts bariolés en passant par toute une collection de fringues qu'elle aurait honte de porter maintenant. « On va devoir se disputer la première place alors, parce que j'ai toujours été bon élève aussi. » fait-il en parlant des notes. Pas qu'il pense être capable de battre Naveen, Grey et autres Lawrence, Khadija et compagnie. Ce n'est pas dans ses habitudes de ne pas arriver premier mais il est réaliste. Stanford lui a au moins appris ça. Malgré deux ans d'avance, des résultats lui ayant permis d'entrer dans une école de l'Ivy League, la compétition une fois les bancs de la Law School atteints s'était avérée féroce. Une leçon d'humilité pour beaucoup. Pendant quelques secondes le silence se fait entre eux et Lloyd savoure le massage qu'elle lui prodigue. Lorsqu'elle l'interroge sur ce qu'il compte faire une fois qu'il aura quitté l'aventure il réfléchit une seconde avant de déclarer :« Je pense que mon mari prendra quelques jours de congé et qu'on passera du temps en famille, mais sinon oui. Le droit me manque. » Ça doit paraître bizarre parce que les gens ne voient pas toujours le droit comme un monde très vivant, ce qui n'est pas tout à fait faux en soi. Il passe la majeure partie de son temps derrière un bureau à passer des coups de fils et à préparer ses plaidoyers pour les moments plus rares mais aussi plus intenses -et donc plus appréciables- devant la cour. « J'ai cru comprendre que t'avais eu un fils jeune, ça t'a empêché de faire des études universitaires ? Ou être danseuse c'était ton but dès le départ ? » demande-t-il curieux de savoir pourquoi la première de la classe n'a pas repris ses études une fois son fils à l'école.