J’avais trainé toute la journée et dieu que je me faisais sérieusement chier ici. Ou en tout cas de plus en plus. Il n’y avait presque plus rien à faire, comme si on avait fait le tour de tout ce qu’il y’avait ici et qu’il n’en restait plus rien à retirer. Pitoyable. En plus, nous n’avions pas le droit de sortir de cet hôtel, pour vous dire, c’était quelque chose. Vivre comme des reclus, des animaux en case, épiés H24 par des caméras pour amuser les téléspectateurs. Certes je savais à quoi je m’engageai en acceptant de participer…mais bon. Puis là, soudainement, j’avais envie d’une douche, au moins ca m’occuperai l’esprit, je me dirigeai vers la salle de bain, l’eau coulait déjà, je soupçonnai un habitant de squatter les douches aussi tardivement, en d’autres termes: venir me faire chier alors que je voulais les douches pour moi seule. Je soupirai et finissais par entrer. A l’odeur du shampoing, je suis qui était la squatteuse nocturne: Maia. Ce serait amusant, décrétai-je avant de voir un bout de tissu, son t-shirt, en lambeau jonchant le sol. Godness, un rat était passé par ici ou quoi. Je regardai un instant le tissu entre mes doigts avant d’esquisser un sourire amusée, et le déposai précautionneusement devant les douches. Au moins, ca épongerait l’eau qu’elle foutait partout. Je retournai devant le miroir, me détachai les cheveux, retirant mes chaussettes, avant d’attraper une brosse. C’est alors que la furie en eut fini de sa douche. « C'est pas grave Maia, tu vas pas te battre voyons... La violence c'est interdit... T'es trop bonne pour ça Maia... C'est juste une pet... JE VAIS M'LA FAIRE ! » tentait-elle de se convaincre après avoir découvert son ’t-shirt’ et avant de lever les yeux vers moi et que nos regards se croisent.

« Attend, tu vas sérieusement me sauter dessus pour accuser ta médiocrité, je dirais même ta nullité ? » lâchai-je d’une voix mélodieuse, absolument moqueuse et provocatrice, arborant un air angélique qui m’était propre. A situation désespérée, moyen désespéré. Mais oui j’étais douce, mais oui j’étais gentille, mais elle depuis notre toute première rencontre elle me cherchait. Et là, présentement, je n’avais pas envie d’effort, pas question, j’avais trop envie d’action pour ne serait-ce qu’essayer de calmer le jeu. Elle voulait hurler, on allait hurler. Ca ne fera les pieds comme ca. Et évitera de voir la saison 3 de Fake Lover se terminer sur une note misérable.

Je la regardai toujours impassible, amusée au fond, de la voir s’énerver ainsi. Je n’étais pas partisante des disputes, mais avec elle c’était funky. En fait, ca n’avait rien de drôle mais c’était divertissant. Et d’aussi loin que je me souvienne…non en fait je ne m’en souvenais pas de comment cette ‘hantise’ avait pu commencer. J'crois juste qu'il y'avait une blonde de trop dans le jeu, dans cet hôtel. Et ce n’était certainement pas moi. « Pourquoi ça fait des jours que tu me parles comme de la merde ? Hein, pourquoi ? Je t'ai fait quoi ? Tu te tiens fièrement comme si t'étais la reine du monde. Pourquoi ? Allez, pourquoi ? T'es lesbienne et je suis pas à ton goût c'est ça ? Si c'est le cas, tant mieux. » lâcha-t-elle ensuite, plutôt calme. Dis donc elle m’impressionnerait presque, comme quoi, j’étais un bonne exemple. J’étais, présentement, tiraillée entre l’envie de rire et l’exaspération. Mais non, j’entrai dans son petit jeu. « Ou alors, tu me considères comme reine du monde, tu estimes que je vaut mieux que toi et donc tu pètes ta crise… » fis-je pensive, volontairement lascive, en exagérant. Je savais que cette attitude là avait le dont d’énerver encore plus, d’exacerber. «  la jalousie est un vilain défaut » ajoutai-je alors mutine, un sourire narquois aux lèvres. Oui, j’étais mesquine quand je le voulais, qui l’eut cru. « Tu l’aurais été, si tu n’avais pas cette expression hargneuse au visage. Ca te vas si mal au teint. » lui lançai-je ensuite après m’être approchée d’elle (conservant néanmoins une certaine distance dite de sécurité), le soufflant aguicheuse à l’oreille, avant de braquer mes prunelles sur elle, la dévisageant en arborant un air plus que déstabilisant au visage, affichant un petit sourire carnassier.