@leon

Petite, je me souviens que j'aimais lorsque mon père me conduisait jusqu'aux frontières canadiennes, pour bientôt observer ces magnifiques paysages verts qui n'étaient pas si fréquents en Amérique. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, lorsque nous avions été amené à rejoindre la Chine, ça n'était pas tant le fait de quitter l'Amérique qui m'avait chagriné, mais plutôt celui d'abandonner la tradition de nos étés. Je n'avais jamais revu le Canada depuis, et quelque part, je crois que ça me manquait. Pourtant, je restais persuadée que le destin m'appelait là bas, dans ce pays qui me ressemblait. Ou du moins, c'était l'image que j'en avais. Là, assise au bord de la rivière, j'en venais à faire quelques ricochets. Je réfléchissais au fait de n'avoir jamais réellement eu la main mise sur ma propre vie, comme si tout ce que je faisais était constamment pesé d'une manière ou d'une autre. Comme si quelqu'un tirait les ficelles et m'empêchait totalement de me libérer. Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais pris mon sac à dos et je serais partie. Non. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je ne serais jamais partie des Etats-Unis. Je n'aurais jamais abandonné les vacances en famille. Aujourd'hui tout me semblait légèrement plus vide, moins coloré. Mais j'essayais de ne pas laisser ces murmures devenir trop bruyants, parce que je n'avais pas forcément le droit de me répéter tout ça. Une présence attira finalement mon attention, et bientôt, je voyais Leon se poser à mes côtés. Je restais un moment silencieuse, mes pensées se vidant un court instant. « Dis moi, qu'est ce que tu te répètes le matin pour arriver à être heureux... Satisfait de toi même ? » parfois, la vie avait l'air quelque peu étrange. Comme si l'on sentait que quelque chose n'était pas tout à fait juste, pas tout à fait à sa place.