Gio a la gerbe comme il n'a pas eu la gerbe depuis longtemps. C'est le pire prime de son aventure et il avait déjà pensé ça de celui de la semaine dernière mais celui de cette semaine bat tous les records. Non seulement il y était entré en tant que nominé, mais il a dû avouer son crush pour Sid et ensuite il a dû jouer les bourreaux tout-puissants pour couper la tête de Joaquim. Il n'a qu'une envie là, tout de suite, c'est d'une clope, d'un verre et d'une bonne nuit de sommeil. C'est ce moment que choisit la personne qu'il a peut-être le moins envie de voir pour venir lui parler. Et c'est pas qu'il a quelque chose contre @Golshifteh, mais il n'a juste pas la tête à accepter la gratitude de la jeune femme. « De rien. » dit-il d'un ton plat. « Faut que tu saches que j'ai vraiment pas aimé être dans la position de te sauver, j'suis content que tu sois encore là, mais pas que ce soit grâce à moi. » explique-t-il parce que c'est vrai. Y'a pas à tortiller, il peut pas mentir, il aurait préféré voir Golshifteh sortir que d'avoir à la sauver. Il aurait préféré toute situation plutôt que de se voir confier un pouvoir qu'il juge complètement disproportionné pour un candidat. « Tu me dois rien, au fond. » lâche-t-il en haussant les épaules sans avoir la conviction de relancer la conversation plus en avant. Il est juste vidé d'énergie et son estomac lui fait la java. Faut vraiment qu'il trouve une poubelle.

@Golshifteh fait un commentaire sur sa pâleur, il ne veut même pas imaginer la gueule qu'il doit avoir là tout de suite, parce que si l'extérieur matche comment il se sent à l'extérieur il doit faire peur à voir. Elle le guide vers une chaise et il s'y laisse tomber sans aucune résistance. Lorsqu'elle lui tend un verre d'eau, il l'attrape au vol. Avoir quelque chose dans les mains le distrait et il fait passer ses doigts sur la surface ondulée du gobelet avant de la remercier. « Merci. » fait-il en souriant faiblement et en ingurgitant le verre d'eau comme s'il n'avait pas bu depuis des jours. La sensation de l'eau qui lui tombe sur l'estomac n'apaise pas sa sensation d'être sur le point de vomir, l'eau est fraîche et ça le fait frissonner de tout son long. Pour se distraire et ne pas penser à la java qui prend place dans son estomac, Gio écoute Golshifteh qui comprend pourquoi sa position n'était pas enviable. « C'est pas vraiment une question de surpasser ça, j'devrais pas avoir à le faire, j'aurais pas dû avoir à choisir. » dit-il avant de s'emballer un peu : « Si ça s'trouve, son secret c'était un truc super important et il avait vraiment besoin de l'argent que pouvait lui rapporter l'émission. Pour faire un choix j'aurais dû avoir toute les cartes en main, pas juste une préférence amicale. » Il a pas fini de dire ça qu'il se précipite vers la poubelle la plus proche et dégobille le peu de nourriture qu'il avait réussi à ingérer plus tôt dans la soirée. Les larmes lui montent aux yeux, parce que bon sang, il déteste cette sensation qui lui était un peu trop familière quand il s'entraînait encore pour devenir pro. « Eurk. » fait-il en s'essuyant la bouche avec un mouchoir non loin de là sur une table utilisée par les candidats pour faire une dernière retouche make-up avant d'entrer sur le plateau. « Vaut mieux que ce soit dehors que dedans, j'imagine. » dit-il en grimaçant et en lançant un regard accusateur en direction de la poubelle.

@Golshifteh n'a pas tort quand elle rappelle à Gio que le jeu impose parfois d'eux qu'ils fassent des choix cornéliens. Ce n'est pas tant qu'il n'a pas conscience des possibilités, c'est plus le sentiment que le sort -ou la production- s'acharne sur lui que Gio a du mal à gérer.  « J'm'étais juste pas préparé à ce que tout m'arrive à moi... parce que bon ça fait deux trois primes que c'est merde, sur merde pour ma gueule. » Parce qu'entre le prime dernier où on lui a volé du fric et des indices sur son secret, cette semaine alors qu'il est nominé on le force à éliminer quelqu'un... c'est à se demander ce qu'ils peuvent encore lui faire. Quelques instants plus tard, il est en train de vomir et alors qu'il a fini de rendre le contenu de son estomac et qu'il retourne s'asseoir, Golshifteh lui demande si ça va mieux. La question part d'une bonne intention mais Gio ne sait pas trop quoi répondre. « On peut dire ça. » fait-il alors en haussant les épaules, parce qu'à vrai dire, il ne se sent pas vraiment mieux, juste plus léger mais avec une sensation désagréable d'avoir la gorge irritée. Golshifteh lui demande ce qu'il attendais de l'émission, mais d'abord elle commente sur le fait qu'il prenne le jeu très à cœur, ce qui n'est pas complètement faux. « J'prends plus l'injustice à cœur que le jeu en vrai. » explique-t-il cependant parce que la nuance a son importance. Le jeu est tel qu'il est mais ce n'est pas pour autant que Gio doit dire Amen à tout et trouver que c'est fantastique.  « J'attendais rien de particulier, rencontrer des gens de tous les horizons, occuper quelques semaines ou mois de ma vie pendant que j'ai pris une année sabbatique de la fac avant d'entamer mon master et ensuite ma vie d'adulte... » dit-il avec un sourire. Ça va lui faire tellement bizarre de ne plus passer son temps entre son ordinateur à la maison, tranquille, la poissonnerie où il bosse au contact des gens et les voyages avec sa bande d'amis. Tout ça au profit d'un dernier cycle universitaire avant de se trouver un « vrai » travail parce que ce qu'il fait en ce moment n'est pas vu par la société comme quelque chose ayant une véritable valeur intrinsèque.  « J'peux te demander comment on devient prof de sexe ? C'est bien ça ton métier non ? Ça consiste en quoi ? » questionne-t-il finalement, parce que ça l'intrigue vachement cette histoire et qu'il s'est au départ demandé si Golshifteh avait fait une blague ou si c'était un vrai métier, en apprenant à la connaître un peu, son engagement pour la cause féminine et compagnie, il a compris que ce n'était pas une plaisanterie, mais il n'a toujours pas idée de ce qui se cache dans la description du job.