w/@léo
Dès la fin du prime, Mylah a filé en direction du premier étage. Parce que le prime s’est terminé tard, trop tard à son goût, elle qui a pour habitude d’être couchée à minuit. Elle sait qu’elle n’aurait pas besoin de s’en tenir à son planning habituel ici, puisqu’elle ne doit pas travailler, elle doit juste vivre. Ça lui parait bizarre, dit ainsi. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle va tirer un trait sur sa façon de vivre, juste parce qu’elle le peut. Elle est habituée à tenir un certain rythme, elle ne peut guère s’empêcher de le suivre. Elle fait cependant une exception ce soir, pour se rendre d’abord à la salle de bain avant de rejoindre sa chambre. Elle doit se démaquiller, mais surtout se doucher, parce qu’elle n’a pas encore l’impression d’être totalement propre après sa semaine passée aux abysses. Autant dire qu’elle a besoin de se rafraichir pour la seconde fois de la journée. Une fois terminé, elle s’enveloppe dans un peignoir douillet avant de passer par le dressing pour se changer. Elle dort en nuisette, normalement, mais il est hors de question qu’elle mette une telle tenue si elle doit partager son lit. Alors elle opte pour un short et un t-shirt, classiques, mais loin d’être provocateurs. Elle se rend jusqu’à la chambre Marilyn, la sienne, et c’est surprise qu’elle découvre l’air qui lui chatouille ses jambes nues. Elle a un mouvement de recul, avant de faire quelques pas et de constater que le sol est interactif. Elle observe les murs, les lits et un sourire s’affiche sur son visage. Elle va être bien, dans cette chambre, c’est celle qui lui convient le mieux. Léo ne tarde pas à la rejoindre, volontairement ou non, elle s’en fiche. « Celui-ci. » Elle déclare, d’un ton décidé, en prenant place sur l’un des lits, celui qu’elle situe le plus loin de la porte d’entrée et ainsi des grilles d’aération au sol, celui qui est donc le moins susceptible d’être propice aux courants d’air. Elle sautille délicatement sur le lit pour tester celui-ci et il lui semble particulièrement confortable. Un bref sourire nait sur ses lèvres, elle va enfin pouvoir reposer son dos correctement. « Si tu avais pu utiliser ton ticket d’or, tu m’aurais remplacée par qui ? » Elle sait pertinemment qu’elle n’est pas sa partenaire de rêve, tout comme il n’est pas le sien. Pourtant, elle ne se fie qu’à sa première impression et à ce qu’elle a retenu du portrait présenté lors du prime, peut-être qu’ils se découvriront des points communs au fur et à mesure, mais elle en doute. Ce n’est pas ça qui va l’empêcher de – tenter – de faire équipe avec Léo, simplement elle sait d’avance que leur relation ne sera pas fusionnelle. Alors elle se doute bien qu’elle n’était pas son premier choix et que s’il avait eu la possibilité d’utiliser son ticket d’or, il ne s’en serait pas privé. Elle n’aurait pas été vexée si tel avait été le cas, raison pour laquelle elle se permet de lui poser la question maintenant.

J’suis exténué. Le prime m’a achevé, j’ai même pas eu le courage de faire chier deux trois personnes en arrivant tant le champagne m’a paru comme le seul moyen de m’aider à terminer la soirée les paupières ouvertes. Déjà qu’elles sont plus petites que la normales alorssi en plus je flanche j’y vois plus rien, on me voit plus non plus, et c’est foutu. Après une semaine de camping, des heures d’attentes et de préparation auxquelles je suis pas habituées, j’crois bien être un petit Némo qui a été baladé de mers et en océans jusqu’à arriver dans un aquarium luxueux auquel il pige rien. Bref tout ça pour dire que j’vais m’coucher. Un peu comme tout le monde au final et c’est en m’éloignant de la cohue pour aller vérifier que mes vêtements sont bien arrivés que, une dizaine de minutes plus tard après avoir fait le tour du locataire avec quelques-uns des candidats, je débarque dans ce qui est supposé être ma chambre. Parait-il. Mylah est là, déjà là donc oui, je crois que c’est la mienne. J’entre en analysant la pièce super chargée de décoration et j’ai l’impression que cet endroit est soudainement aéré sans qu’il y ait la moindre porte d’ouverte. Je focus sur le sol, ne comprenant rien à ce qui se passe mais j’ai pas le temps d’y penser puisqu’on m’interpelle déjà. « …. Ok. » Avec ma lenteur d’esprit j’comprends pas bien si elle m’impose le lit ou s’il y a déjà nos noms dessus. Après nous avoir traité comme des scouts on se fait chouchouter comme des stars alors pourquoi pas après tout. J’observe un instant Mylah qui a l’air de prendre son pied sur le lit et très vite je dérive vers les valises. J’ai deux trois trucs à récupérer avant de me coucher. « Nirvana. » La question n’est pas difficile, j’avais déjà mon idée lors du prime. Je l’avais trouvée drôle, tout ce que je cherchais en soit, donc je l’aurais choisie sauf que j’aime pas le planplan. Sur le coup je m’étais dis qu’une nouvelle personne à emmerder serait sûrement plus fun mais là j’crois pas non. Un sourire de satisfaction sur les lèvres, je sors mon chapelet en bois et me redresse, rejoignant Mylah sur le lit. « Ah qu’est-c qu’on est bien ! Attend juste… » Au cas où je soulève l’oreiller. « Ok c’est bon. Ce serait un peu dramatique sinon. Il me le pardonnerait pas. » Comment ça je parle tout seul ? Je lui désigne le plafond de l’index mais ma pensée s’élève vers les cieux, bien évidemment. « Tu pries ? » J’voudrais bien savoir si j’aurais l’occasion de partager ce moment privilégié avec ma partenaire ou non.

Mylah choisit le lit qui sera le leur, sans attendre l’approbation de celui qui est son partenaire. Elle pourrait, oui, mais l’idée ne lui a pas traversé l’esprit. Elle n’est pas dépendante des autres en général, c’est eux qui le sont d’elle, autant dire qu’elle n’est pas habituée à demander l’avis des autres. Et puis, elle est certaine de son choix, elle sait que ce lit-là, c’est le meilleur qu’ils puissent avoir. Alors, il n’a qu’à la suivre sur ce coup-là. Déjà qu’elle doit partager son lit, autant qu’elle puisse le choisir. Il semble docile, ne bronche pas, peut-être que le partenariat est possible, qui sait. Elle teste le confort du lit tout en lui demandant contre qui il l’aurait échangée et la réponse ne se fait pas attendre, signe qu’il avait bien une petite idée. « Et pourquoi tu ne l’as pas fait ? » Elle le questionne en déposant ses prunelles sur lui. Leurs chemins se sont rapidement séparés, elle-même n’a guère prêté attention à la fin de la soirée, tant elle était absorbée par le décor des lieux et le plaisir de ce luxe retrouvé. Peut-être qu’il s’agissait d’une décision purement réfléchie de la part de Léo, et si c’est le cas elle ne serait pas contre de plus amples explications, ou peut-être qu’il était trop occupé à squatter le buffet comme tant d’autres pour réellement prêter attention à ce qu’il se passait autour de lui. Elle l’observe sortir un chapelet en bois et elle reste neutre, bien qu’elle soit sceptique par ce geste. Il en vient même à s’adresser directement à Dieu, ce qui la surprend. Mais après tout, chacun fait bien comme il veut, ça ne la concerne pas plus que ça. « Non, pas vraiment. » Elle rétorque à sa question. Elle vient d’une famille croyante, mais elle-même s’est éloignée de la religion. Si, plus jeune, elle suivait ses parents à la messe, on ne peut pas dire que cela ait perduré à l’âge adulte. Parce qu’elle n’avait plus le temps, parce qu’elle n’avait plus l’envie ou parce que, sans mettre en doute l’existence d’un être supérieur, elle n’est pas convaincue par ses actions. « Désolée. » Elle s’excuse, parce que la religion est toujours un sujet sensible et qu’elle ne veut pas l’offenser. Elle ne sait pas à quel point il est croyant, visiblement beaucoup puisqu’il possède ce chapelet, mais peut-être qu’il voit mal le fait de ne pas l’être, après tout elle ne le connait pas du tout. « Comment ça se passe ? Il faut que je te laisse seul, ou tu … tu lui parles en silence ? » Elle demande, un peu maladroite, mais respectueuse. S’il compte faire une prière avant de dormir, il faut qu’elle le sache, afin qu’elle n’empiète pas sur son intimité. Si en d’autres circonstances elle s’en ficherait pas mal de s’imposer ou de déranger, là, c’est différent.

J’ai hésité, je ne vais pas mentir. C’était soit le choix d’une partenaire avec laquelle j’étais sûr de m’éclater soit l’accommodation d’une inconnue à l’air pincé qu’il serait plus drôle de titiller jusqu’à obtenir une réaction. Là honnêtement le prime m’a claqué à tel point que j’en deviens relativement calme. J’hausse les épaules dans une évidence toute trouvée, les pupilles posées sur la belle Mylah. « Parce que t’es plus sexy. » C’était une raison plus ou moins valable et tout à fait vraie d’ailleurs. Place aux choses sérieuses. Enfin… plus ou moins. J’ai rien à demander ce soir, c’est une prière de formalité, quelque chose que je fais pour que la prochaine fois qu’une connerie se passe je puisse demander pardon e étant sûr d’être pardonné. C’est un deal avec les cieux m’voyez. J’voudrais bien savoir si Mylah prie elle aussi de temps en temps, on pourrait le faire ensemble mais visiblement non c’est pas son dada. Oh j’comprends bien. Je check voir si elle a pas caché un truc dangereux sous l’oreiller, j’me vois mal prier quand y a de quoi blesser quelqu’un à côté de moi. J’suis méfiant oui mais quelque chose coince avec elle. Avec son air trop sérieux pour être vrai et son regard de glace ça inspire pas la confiance. « Pourquoi tu t’excuses ? Y a pas besoin. T’sais y a deux ans je lui disais encore d’aller se faire enculer donc c’est pas grave. Mais c’est une bonne chose comme ça si un jour tu t’y mets il y aura beaucoup moins à te pardonner. » J’en suis convaincu. Je serre l’objet entre mes mains « Pas du tout tu peux rester. » C’aurait été avec plaisir que je lui aurais demandé de s’en aller chaque soir le temps de ma prière juste pour emmerder le monde mais là ce soir je n’ai vraiment pas la foi. Sans mauvais jeu de mot. Ce que je remarque surtout c’est le peu de place à l’improvisation que laisse Mylah. Pourquoi ne pas juste en juger par elle-même ? J’ai déjà pu comprendre un peu la façon dont elle fonctionnait de manière indirecte mais en étant confrontée à elle physiquement je crois cerner la chose. « En fait non. Fais comme tu veux. » Je la regarde les yeux plissés. C’est un défi, oui. « Tu veux quoi ? » Et en plus je la presse sinon c’est chiant.

À sa réflexion, elle ne laisse échapper qu’un sourire au coin, satisfaite de la réponse de son partenaire, sans pour autant vouloir l’en remercier. Elle est habituée à ce genre de compliment, ça lui fait toujours autant plaisir, mais elle ne voit pas l’intérêt de remercier ceux qui s’adressent à elle en utilisant ces mots, puisqu’ils ne font que constater un fait, après tout. Nirvana est loin d’être désagréable à regarder, mais l’allure d’ancienne toxicomane qu’elle se trimballe n’est pas pour l’aider. Quand il sort son chapelet, Mylah n’affiche pas un air étonné. Elle est sceptique sur le principe et non pas par le geste du jeune homme. Elle l’observe vérifier sous l'oreiller, mais reste muette, elle lève simplement ses yeux au ciel. Non pas pour s’adresser à Dieu comme lui pourrait le faire, mais simplement par exaspération. La jeune femme ne prie pas, et elle en est désolée pour le jeune homme. Pas parce qu’elle ne partage pas sa croyance, mais parce qu’elle préfère s’assurer qu’il ne perçoit pas cela comme une insulte à la religion. Elle n’a rien dit de mal, mais puisqu’il s’agit d’un sujet particulièrement délicat en société, elle s’abstient toujours d’en parler. Il lui confirme qu’elle n’a pas besoin de s’excuser, d’autant plus qu’il n’y a pas si longtemps, il n’était pas encore du genre croyant comme il l’est maintenant. Elle esquisse un bref sourire à sa remarque, elle ne pense pas qu’elle ait quoi que ce soit à se faire pardonner, donc maintenant ou après, ça ne change rien pour elle. D’autant plus qu’elle n’a pas vraiment prévu de devenir croyante. « C’est un sujet sensible, je l’évite généralement. Et quand j’en parle, je ne veux vexer personne. » Qu’elle répond à sa question sans pour autant rebondir sur le fait que Dieu aura moins à lui pardonner. Autant s’abstenir de dire qu’elle ne ressent pas le besoin d’être pardonnée. Par la suite, elle fait preuve de curiosité, en lui demandant comme cela se passe. Si sa présence et souhaitée ou non, surtout, qu’elle le sache. En temps normal, elle ne s’arrangerait pas avec lui pour lui laisser un moment de répit si elle veut venir squatter la chambre quand il y est, mais compte tenu des circonstances elle comprendrait que son intimité demande à être respectée. Elle peut rester. Mylah espère simplement qu’il prie en silence dans son esprit, afin de ne pas entendre ses demandes. Ce serait gênant pour elle. Sauf que Léo ne tarde pas à reprendre la parole. Fais comme tu veux. L’incompréhension doit se lire dans son regard et avant même qu’elle puisse lui répondre qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut, il commence à la presser. Des sueurs froides, voilà la sensation qui l’enveloppe à cet instant précis. Son regard navigue entre le chapelet et la porte, passant parfois par le regard de son partenaire, tandis qu’elle sent son rythme cardiaque s’accélérer. « Je ne sais pas. » Elle ne sait vraiment pas. Elle ne peut pas quitter la pièce, elle est supposée dormir à cette heure-ci, elle ne peut pas prendre plus de retard sur son planning sans quoi elle se lèvera forcément plus tard et toute la journée de demain sera chamboulée. Pour autant, elle ne veut pas rester ici et assister à la prière de Léo, moment intime qui ne doit pas être partagé avec quiconque. Elle hésite, son esprit surchauffe et finalement, elle prend la décision de se lever et de quitter la pièce sans un mot pour son partenaire, un peu perdue. Il faut qu’elle prenne une douche de toute façon, ce stress a eu raison d’elle et elle se sent sale.