Un seul mot servait à décrire cette soirée: folie. Il faut dire que la production n'avait pas lésiné en matière de rebondissements, et que mes rencontres avec les divers candidats avaient toutes été comme... comme s'il s'était agi d'un rêve, comme si je n'avais pas été réellement présente. Lorsque tout avait été finalement terminé, je m'étais précipitée vers mes valises pour troquer ma longue robe souillée de champagne contre un simple pantalon cigarette et un chandail de laine confortable. Ma tête était encore trop bourdonnante pour que je saute au lit, ce qui me poussa à aller explorer la grande maison qui nous était offerte. Toujours juchée sur les escarpins aux talons très hauts que je portais plus tôt, j'ai gravi plusieurs escaliers avant de parvenir sur le toit, où une vision magistrale de la ville m'attendait. « Wow. » Ma voix n'était qu'un murmure, mais elle résonna longuement dans le silence de la nuit. Les lumières des bâtiments environnants scintillaient dans le noir, et les allers et retours des centaines de voitures parcourant les rues me donnaient le vertige. Je me suis accotée contre la rambarde, observant le sol avec un immense sourire. Voilà, ça y était. J'étais participante à cette émission génialissime qu'était Fake Lover, prête à m'amuser le plus possible.

Des bruits de pas retentirent derrière moi, et je me suis retournée lentement, reconnaissant la fille qui avait cassé sa coupe de champagne un peu plus tôt. Je lui ai souri, puis ai fait un geste de la main pour l'inviter à se rapprocher. « As-tu déjà vu un spectacle aussi... grand, aussi beau? C'est étourdissant, la ville. Et on ne s'en rend pas compte lorsque l'on est en plein centre... Au fait, moi c'est Briséis. » Mes paroles étaient peut-être un peu trop poussées pour ce stade relativement avancé de la nuit. C'était sans doute l'effet de la fatigue renforcée par le stress qui retombait: une douce euphorie que l'on pouvait confondre avec une folie certaine...

LULLABY & BRISÉIS