Après cet entretien passé avec Savannah dans le salle de sport, j'entrepris de partir à nouveau à la recherche de cette fameuse salle de bain parce que j'avais tout simplement oublié de lui demander où est-ce qu'elle se trouvait. Cette pièce allait m'énerver si je ne la trouvais pas bientôt. Je descendis d'un étage et m'apprêtais à aller au rez-de-chaussée car j'avais déjà visité ici mais, par un rapide coup d'œil, je vis cette salle que je n'avais pas du apercevoir toute à l'heure. Peut-être que ... ? Je revins sur mes pas et eus le plaisir de découvrir enfin la salle de bain ! Quel plaisir, j'avais bien fait de ne pas courir pour aller en bas, je l'aurais sûrement loupée. J'étais à deux doigts de sauter au plafond mais je n'osai pas, quelqu'un était actuellement en train de se frotter le visage à un des lavabos, j'affichai donc un grand sourire en passant derrière lui, attendant qu'il ait fini pour ne pas le déranger, je restais ainsi à côté de lui, appuyée contre le lavabo le plus proche.

Je restais là, contre ce lavabo, sans rien dire ni bouger, juste à le regarder de temps à autres, il me parlerait quand il m'aurait remarquée. Je ne voulais pas le brusquer. J'attendais et mes yeux rivèrent un peu partout, si bien qu'ils descendirent un peu plus et qu'aperçus qu'il était vêtu d'un simple caleçon et rien d'autre. J'avais pourtant cru le contraire en entrant. Aurais-je besoin de lunettes dorénavant ? Je me sentis gênée et détournai mon regard quelques secondes plus tard. Tout à coup, le jeune homme sursauta faiblement mais ceci me fit quand même un peu peur, il m'avait surprise et apparemment il n'avait pas découvert non plus ma présence auparavant. J'essayais de ne pas faire de bruit en entrant dans les salles, de venir discrètement et pourtant, à chaque fois, je surprenais les gens. Savannah avait déjà raté son saut il y a moins d'une heure par ma faute quand j'avais débarqué dans la salle de sport. Je connaissais le jeune homme, nous étions entrés au même moment hier soir, devant faire un couple, avant que nous soyons finalement séparés pour nous mettre célibataires, comme le reste des candidats. Je savais qu'il s'appelait Kenneth. Ses joues tournèrent à son tour au rose, il avait sûrement aperçu qu'il était peu vêtu en présence d'une jeune femme.

Ohw... Je t'avais pas vu ! se justifia-t-il. Audrey, c'est ça ?

Moi, en tout cas, je l'avais de suite vu. Logique en même temps. Il me tendit aimablement sa main que je refusai poliment d'un geste de la main. Oui, c'était bien Audrey.

Oui, c'est ça, c'est Audrey, effectivement... approuvai-je. Et toi c'est Kenneth, je m'en souviens. On peut s'embrasser si tu n'y vois pas d'inconvénients ? déclarai-je limite timidement en réponse à la main qu'il m'avait tendue. Je trouve que le fait de serrer une main est froid.

Quelle horreur de serrer une main ! J'avais refusé cet acte à chaque fois que quelqu'un me l'avait proposé, que ce soit un garçon ou une fille. Heureusement, peu de gens m'avaient tendu leur main. Je parlais bien évidemment dans un contexte personnel, privé, parce que, professionnellement, je trouvais cela tout à fait normal et cela ne me choquait pas, j'étais même pour. C'était comme une forme de respect envers les supérieurs. Après, entre collègues, c'était une autre histoire. Ce que je n'aimais pas dans ce geste, était tout simplement le contact. Pour moi, cela donnait une certaine froideur alors que s'embrasser donnait une relation plus amicale, complice. C'était mon point de vue, chacun pensait ce qu'il voulait. Je proposai donc la bise à mon jeune ami Kenneth, chose qu'il accepta sans grommeler et tant mieux sinon je l'aurais mal pris. Me laissant faire, il embrassa chacune de mes joues en posant sa main sur une de mes épaules, puis, se retira pour me faire face.


C'est vrai que c'est plus sympa de t'embrasser. Je suis content de te voir.



C'est bien plus sympa pour commencer une journée. Moi aussi, je suis contente de voir, tu peux pas savoir.


Effectivement, c'était plus sympa, du moins je le pensais. Je ne m'étais pas embrassée pour savoir l'effet que ça faisait. J'étais aussi heureuse de le voir, je ne savais pas pourquoi mais je souriais, timidement certes, mais cela montrait ma bonne humeur. Je pense que j'avais été pressée de réellement pouvoir parler avec mon partenaire. Ou plutôt ex-partenaire.


Tu m'excuses mon air... complètement à côtés de mes pompes, j'ai pas beaucoup dormi, expliqua-t-il en me fixant à nouveau de ses yeux, orné d'un sourire.

Ton air, quel air ? questionnai-je sincèrement. Un peu fatigué ? Oh on est tous comme ça je pense... et c'est normal après tout, vu la soirée qu'on a passée. Moi non plus je n'ai pas beaucoup dormi, tu as du le remarquer... On dort ensemble. Arrête de me regarder comme ça, tu vas me troubler surtout avec le sourire que t'as.

(pour info, oui, malgré la séparation des couples, on dort quand même ensemble dans la suite Casanova )

Il était vrai, Kenneth n'arrêtait pas de me regarder droit dans les yeux et en plus il souriait à chacune de ces fois-là. Ceci avait le don de me déstabiliser parce qu'il ne fallait pas affirmer le contraire, il avait un joli sourire et j'essayais à chaque fois de porter mon regard autre part pour ne pas être troublée. Ce n'était pas de l'hypocrisie, juste de la gêne, cette gêne que je n'arrivais pas à dissimuler, d'autant qu'il était toujours peu vêtu. Ce n'était pas pour me déplaire, c'était exact. Il pouvait parler de son air complètement à côté mais le mien était beaucoup pire selon moi lorsque je me contemplai dans la glace située juste au-dessus du lavabo. Je me trouvais complètement endormie, cette soirée avait du marquer tout le monde, pas seulement moi en particulier. J'étais franchement pas réveillée même après une heure que j'errais dans le nid. Je n'hésitai d'ailleurs pas à me plaindre à mon tour auprès de lui.

Ma tronche... De quoi j'ai l'air sérieux ? Heureusement qu'on est qu'entre nous, tu me ferais pas de reproche toi.

Comment je pouvais le savoir ? Aucune idée, j'avais cette impression que c'était un mec sympa, cool et donc incapable de faire des remarques mauvaises. Les apparences étaient souvent trompeuses, certes, mais je ne voulais pas penser le contraire, le jeu venait de commencer. S'il avait quelque chose à dire à propos de ma tête du matin, il l'aurait déjà dit je pense, sauf s'il n'osait pas pour rester correct.

Alors pardonne moi. Ce n'est pas mon intention première, au contraire.

De quoi s'excusait-il ? me dis-je en examinant mon visage de plus près. C'était de moi que venait le problème, troublée pour pas grand chose mais il ne pouvait pas le savoir et je fus surprise qu'il s'excuse déjà. Je ne pensais pas qu'un mec pouvait s'excuser aussi facilement, après même pas un jour mais j'étais fière. J'étais consciente de ce que je pensais, il fallait dire que mes expériences m'avait un peu forcée à penser comme cela.

Oh, pas grave... Pas besoin de t'excuser, tu sais, je rougis pour rien par exemple... Suffit qu'il y ait quelqu'un de beau qui me parle et puis voilà... lui avouai-je sans m'éterniser là-dessus parce que je n'avais rien d'autre à ajouter

Alors... Puisqu'on est là, tous les deux, autant en profiter pour que tu m'en apprennes un peu plus sur toi. Tu ne crois pas ? Je suis curieux de savoir qui se cache derrière cette sculpturale silhouette.

Par quoi commencer ? Quittant la glace pour lui faire face et lui répondre, je réfléchis, il y avait bien évidemment des anecdotes à ne pas dire à cause de mon secret qui occupait une place importante dans ma vie ou à cause de leur inutilité. Je ne pouvais pas déballer toute ma vie non plus. Haussant les épaules, je dis finalement.

Euh... Oui, si tu veux. Enfin, bien sûr. Alors, je m'appelle Audrey, je suis irlandaise, née à Belfast en Irlande du Nord mais j'ai déménagé vers la capitale pour plus de facilités dans mon métier. Bah, je suis avocate ! J'aime bien mon métier et puis je gagne bien. Ce n'est peut-être pas quelque chose à dire, dans tous les cas, désolée. Je voulais avoir un emploi coûte que coûte, pas que je finisse à la rue ou que je doive embêter mon frère ou un ami pour vivre avec parce que j'ai pas les moyens d'un appart'... J'ai 27 ans, je vis seule donc. Je cherche quelqu'un qui pourrait partager ma vie, j'ai peu d'espoirs. J'ai vécu beaucoup de déceptions...

En quelques instants, j'avais globalement fait le tour de ma vie, je n'étais pas trop rentrée dans les détails, j'avais essayé de rester générale sur ma personne pour ne pas ennuyer tout simplement et parce que je n'allais pas parler pendant cent sept ans. S'il y avait d'autres aspects de ma vie à raconter, je le ferai certainement plus tard. Je lui avais parlé donc du plus important me concernant et, sans savoir exactement pourquoi, je finis par lui parler de mes déceptions amoureuses, choses que j'estimais importantes dans ma vie mais qui me rappelaient par la même occasion des souffrances, des histoires malheureuses qui s'étaient mal terminées.


Si tu me trouves déjà beau en étant aussi mal habillé et mal coiffé, tu risques fort de ne plus savoir quoi dire lorsque tu me verras propre en ordre.

Mal habillé... Plutôt pas habillé, ça aurait mieux convenu. Il n'avait toujours que son caleçon et cela ne rendait pas forcément moins beau, ça avait son charme aussi un mec en sous-vêtements. Quant à la coiffure, il y avait franchement pire, il n'avait pas non plus de trop longs cheveux qui partaient dans tous les sens. J'aimais bien en principe les mecs mal coiffés, ça donnait un style je trouvais. En fait, j'étais bizarre mais cela me plaisait. J'eus un petit rire à la fin de sa phrase, j'avais hâte alors de le voir habillée, d'autant plus en costard qui avait le don de mettre un homme en valeur, je trouvais.


Aussi mal habillé ? T'es presque nu, oui... C'est même plus habillé là avec un seul vêtement, rectifiai-je gentiment en souriant. Remarque ... Je marquai une pause. C'est pas plus mal comme ça étant donné qu'on va vivre ensemble. Oh et tu sais, j'attends que ça de te voir habillé, si c'est ça. Tu m'appelleras la première quand ça se fera, plaisantai-je un peu.

Merci pour le compliment, je dois dire que pour ma part, je n'ai pas à me plaindre non plus, poursuivit-il.

Je ne m'attendais pas à recevoir ce genre de compliments, du moins pas aussi vite, c'était vraiment sympathique de sa part si c'était honnête parce que je n'en savais rien mais j'avais envie d'y croire.


Oh tu sais, y a pas de quoi. C'est la vérité ; enfin ce que je pense en tout cas, après tout le monde ne partage pas mon avis.


Tout le monde n'avait pas les mêmes goûts et heureusement d'ailleurs, il y en aurait qui finalement seul toute leur vie autrement. Haussant à nouveau les épaules, je soupirai pendant un long moment, j'avais bien envie de prendre une douche maintenant. Je n'étais pas tout à fait éveillée.


Je suis vraiment désolé... Pour toutes ces déceptions. Si je peux faire quoi que ce soit, répondit-il finalement après la présentation que j'avais faite.

Désolé ? Il n'avait pas de quoi l'être, il n'y était strictement pour rien, ce n'était pas de sa faute mais je lui souris, essayant alors de faire croire que ce n'était pas grave même si ça l'était. Il me proposait son aide, je trouvais ça vraiment charmant de sa part, il ne pouvait rien faire, c'était ça le pire ou peut-être quelque chose finalement.


T'excuse pas ... Et puis, tu pouvais pas savoir. T'es pas responsable de ça aussi, c'est pas de ta faute si je suis tombé sur que des cons. Prends-moi dans tes bras, Kenneth... Fais ça pour moi.