♦ Pour Andrea

Minuit n'allait pas tarder en cette deuxième soirée dans le nid d'amour. Cependant, j'avais une petite faim et je savais que je devrais mange un morceau pour pouvoir dormir paisiblement. Je me suis donc rendu au cellier dans l'espoir de pouvoir trouver des biscuits ou autres. C'était un vrai paradis cet endroit. Il y avait de tout. J'y mettais les pieds pour la première fois et je ne regrettais pas d'avoir attendu que la faim se manifeste pour y aller. Je trouvais finalement mon bonheur dans un paquet de biscuit non-entamé. Je l'ouvris et menais directement l'un d'eux vers ma bouche pour en manger un. Je tournais le dos à la porte et mangeais ces biscuits seule dans le cellier à presque minuit. Il fallait être folle ou affamée pour agir comme moi mais je m'en foutais. je profitais de la vie et donc si un petit creux me prenait, j'assouvissais ce désir. Mais, soudain, la porte s'ouvrit. En voulant me tourner pour voir qui entrait, je ne pus m'empêcher de faire un geste trop grand et de faire tomber quelques ingrédients. J'avais tenté de les rattraper. Mais ce fut en vain. « Je sais, le spectacle est pitoyable. Tu pourrais, au moins, applaudir ma maladresse. » Je riais légèrement en ramassant mes bêtises.

Andy avait beau être couché depuis déjà une heure, elle se trouvait incapable de s’endormir. Elle ne savait pas si c’était du aux incessants allers et retours de sa camarade dans la chambre ou simplement parce qu’elle prenait un nouveau rythme de vie. Toujours est-il qu’elle en avait marre de tourner et retourner dans son lit et décida de le quitter au moins pour quelques minutes. Ayant la flemme de s’habiller, elle quitta son lit avec son short et son tee-shirt de nuit et se dirigea vers la cuisine, bien décidée à reproduire le lait que sa mère lui faisait lorsqu’elle avait des difficultés à dormir étant plus jeune. Elle s’équipa d’une tasse qu’elle remplie de lait avant de la mettre au micro ondes. Après vérification faite de tous les placards, il n’y avait pas de miel. Espérant qu’il se cachait quelque part dans le cellier, elle y entra, sa tasse à la main et se figea lorsque la porte se referma derrière elle. Un sourire aux lèvres, elle observait Robyn, si tel était son prénom- en train de vider la réserve de gâteau à elle toute seule. Elle posa sa tasse sur une étagère et se baissa pour l’aider à ramasser ce qui était tombé. « Ne t’inquiètes pas, j’ai déjà fait pire alors je ne ferai aucun commentaire ! » Une fois le plus gros des miettes évacuées, elle se releva et attrapa le miel afin de s’en servir. « Et puis tu peux largement te permettre une rasia sur les gâteaux. De là à ce que tu ressembles à Manny le Mammouth il y a de la marge ! » C’était censé être un compliment, bien qu’il n’était pas réellement sorti comme elle l’aurait voulu. Ne sachant pas vraiment si Robyn avait comprit, elle se concentra sur sa tasse qu’elle amena à ses lèvres pour gouter le breuvage.

Je me sentis d'un seul coup moins maladroite lorsque Andrea me révéla avoir déjà fait pire. Mais encore une fois, ce n'était pas arrivé à elle mais à moi et j'en assumais les conséquences. Si quelqu'un venait chercher des gâteaux, il serait surpris de constater que la plupart avait disparu par ma faute. Je souris à la jeune femme. Nous avions échangé quelques mots lors de notre entrée et je me souvenais d'elle et de Caleb. « Manny le Mammouth ? » Je connaissais pas cette... Chose au nom si étrange. Mais j'étais à peu près sûre qu'il devait être gros et couvert de poil comme un mammouth. « Je ne le connaissais pas avant celui-là. J'espère que tu me le présenteras. Je n'aimerais pas louper une occasion de connaître Manny le Mammouth. » Je rigolais en ramassant les derniers dégâts de ma maladresse. Je me redressais et me plaçait face à la jeune femme. « Qu'est-ce que tu fais là à une heure pareil ? Tu n'arrivais pas à dormir ? Certains de ces messieurs ont le ronflement trop prononcé lorsqu'ils ont les yeux fermés ? » Je riais à nouveau avant de manger un nouveau gâteau.

Heureusement, Robyn ne le prit absolument pas mal ce qui soulagea instantanément Andrea. Elle ne disait que rarement du mal d’une autre personne ayant longtemps souffert d’être la cible de moqueries intempestives. Mais malgré elle, cela arrivait de sortir un compliment qui ressemblait très pour trait à une insulte. Cela ne sortait pas toujours comme elle désirait, comme ce compliment impliquant la présence d’un mammouth. Même si Manny était attachant au possible, l’idée de se voir affilié à ce genre de bête n’avait rien de plaisant. « Manny le Mammouth est un être des plus charmants, bien que légèrement enrobé ! » Elle mêla son rire à celui de Robyn avant d’expliciter un peu plus. « C’est un personnage de l’Age de Glace, le dessin animé. Et donc Manny est un Mammouth, presque le dernier de son espèce. Et donc il est gros. Ce que tu n’es pas du tout. Du moins c’est ce que j’essayais de te dire. » Comment s’emmêler les pédales en une leçon. A vouloir trop explicité elle s’était surement un peu plus enfoncée. « Effectivement certaines personnes de la gente masculine ont le ronflement un peu facile ! Mais malgré cela je n’arrivais pas à dormir et je me suis rappelé ce que ma mère faisait lorsque j’étais plus jeune. Du lait chaud et du miel. Mais je ne dirai pas non à un petit gâteau. » Elle lui adressa un grand sourire en portant une nouvelle fois la tasse à ses lèvres. « Et toi qu’est ce que tu fais ici ? Tu te caches pour pouvoir accuser quelqu’un d’autre d’avoir terminé les réserves ?! »

Le personnage de L’Âge de glace. Évidemment. Maintenant qu'Andrea en parlait, je me souvenais l'avoir regardé avec ma fille aînée. C'est vrai qu'il y avait un mammouth et il s'appelait Manny. En cet instant tout me revenait en tête. Je rigolais lorsqu'il affirma que certains hommes de sa chambre ronflaient plus ou moins forts. Je la comprenais parfaitement quant à son envie de dormir. Ce soir, j'étais dans le même état sauf que je n'avais même pas essayé de dormir. « Tiens, prends-en si tu veux. On accusera l'un des garçons d'avoir tout mangé cette nuit. » Je lui souris et replaçais le boîte à leur place. Je reportais mon regard sur la jeune femme et acquiesçais d'un signe de tête lorsqu'elle m'accusait de vouloir faire porter le chapeau à une personne que moi. C'était, bien sûr, de l'humour et puis je n'allais pas descendre toute la réserve en une seule nuit à moi toute seule. « Je n'arrivais pas non plus à dormir et une petite faim est survenue entre temps. » Je pris un nouveau gâteau et posais la boîte sur l'une des étagères. « Tu penses qu'on pourrait accuser lequel de nos camarades masculins ? Je verrais bien le petit blond là. Justin, je crois... Ou alors Aidan et Samuel, ils auraient le parfait profil pour faire ce que nous sommes justement en train de faire. » Je riais une nouvelle fois. Ce n'était pas contre ces messieurs que je disais cela, mais je trouvais la situation plutôt amusante.

Sa tasse à la main, elle tendit l’autre pour accepter la généreuse offre de Robyn. Dire qu’elle l’avait un peu poussée à lui en proposer un était exact mais après tout, qui dit lait implique évidemment gâteau à tremper dedans, c’était évident. Et puis se goinfrer seul c’est triste, à deux ça passe déjà mieux, en général on se sent moins coupable dans ces cas là. Pour un homme, cela devait sans doute paraitre stupide comme théorie, un peu comme le mythe des filles qui ne vont que par paire aux toilettes. Même si les films véhiculent cette image, elle n’avait jamais tenté de s’introduire à deux dans une petite cloison refermant un seul toilette. Cela paraissait très peu confortable et pas spécialement hygiénique. « Je dirai Samuel. Ce n’est pas de sa faute mais avec sa carrure il fait un peu ogre. Ça lui va très bien soit dit en passant. Enfin ce n’est pas pour être méchante ni rien hein. » S’empourprant légèrement, elle arrêta d’essayer de se justifier voyant que cela ne menait à rien et reprit ses esprits. « Enfin je crois que Samuel ferait un très bon suspect. On pourrait toujours lancer un cluedo géant ! » Il n’y avait certes pas grand-chose à faire dans la maison mais elle n’était pas certaine que cette idée fasse fureur.