Lors du dernier prime, Cupidon avait proposé un dilemme différent à chacun des habitants du nid. Et comme par hasard, le silence faisait parti du miens. Il y a toujours un bavard ou une bavarde que l'on prive de paroles pour une durée plus ou moins longue, et ça m'était donc tombé dessus et ce n'était pas une mince affaire. Je tentais tant bien que mal de me persuadée que j'étais muette, ce qui me faciliterait la tâche, mais ça n'était apparemment pas la bonne façon de faire. Malheureusement, je savais que si je ne trouvais pas un moyen qui me permettrait de ne pas oublier mon voeux de silence, j'allais finir par ouvrir la bouche. Et certainement pour raconter des conneries, en prime. Le fait d'être privée de mes cordes vocales me poussait donc à m'éloigner un peu des autres, pas que j'avais besoin d'être seule ou quoi, juste que, loin d'eux, je ne risquais pas de me mettre à parler d'un moment à l'autre en zappant totalement le défi que l'on m'avait lancé. J'avais rejoins le toit, accompagnée d'un calepin et d'un stylo que j'avais trouvé dans le cellier en prenant mon petit-déjeuner ce matin et je regardais, encore et toujours le paysage qui bordait l'hôtel. Avec le soleil, c'était particulièrement beau à voir, plus que si j'avais fait ça la semaine passée par exemple. J'étais donc assise, jouant avec mon stylo quand une blondinette débarqua. Andrea arriva, armée de tout ce qui allait probablement constituer son petit-déjeuner à elle et me salua. En guise de réponse, elle n'eut droit qu'à un grand sourire de ma part, mais, comme les autres, elle savait bien que je ne pouvais pas lui parler, pas de manière orale tout du moins. Je la regardais se verser un verre de jus avant de me demander si j'avais besoin de quelque chose. J'actionnais le stylo et usais de mes talents d'écrivaine pour écrire sur mon petit calepin. Non, je n'ai besoin de rien, je te remercie. Je fis glisser les pages de papier jusqu'à la demoiselle et lui souriais. On ne se connaissait pas bien toutes les deux, a par quelques compliments par-ci par-là lors de soirées, ou les bonjour/bonsoir nous n'avions jamais vraiment eu une véritable discussion. Et même si je pense que cette semaine n'était pas franchement la meilleure pour apprendre à connaître les autres, sachant que je n'avais rien le droit de dire, ça allait sûrement se faire très vite.