LYLOU

Mardi. Jour des nominations. Mon couple étant immunisé je ne me sentais pas le moins du monde concerné. Mis à part qu’il fallait que je donne le nom d’une personne à mettre sur la sellette, mais ce n’était pas bien compliqué. Levé tôt, comme à mon habitude, aux alentours de 8h, je fis ma séance de sport quotidienne. Quoi de mieux qu’un peu d’exercice matinal pour bien commencer la journée. Une douche plus tard, un peu de détente à la bibliothèque et c’était déjà l’heure de manger, comme l’annonçait mon ventre qui criait famine. Lylou se trouvait déjà dans la cuisine, apparemment en train de se faire un plat. Des spaghettis bolognaises. « Hmm ça à l’air bon. » dis je innocemment en m’approchant. Pour ma part je comptais me faire réchauffer des restes de la veille. « Alors…comment tu vis tes premiers jours d’esclavage ? » Petite discussion destinée à détourner son attention. Alors qu’elle avait le dos tourné, j’avais subtilisé discrètement une bouteille de saute piquante, pour en verser dans la casserole où se trouver la sauce bolognaise. Etant de la même couleur, elle n’y verrait que du feu. Petite vengeance personnelle.

Ce jour là, j'avais faim. Non pas que j'étais du genre à bouffer trois tonnes de spaghettis dès que l'occasion se présentait, mais une bonne petite fournée de temps à autres de faisait pas de mal. J'avais donc opté pour me préparer ce plat aux délices culinaires reconnus. Je n'étais cependant pas réellement forte en cuisine, d'ailleurs rien que l'idée de me retrouver derrière les fourneaux avait le don de m'agacer, mais soit, personne n'allait la faire pour moi de toute façon, je n'avais donc pas le choix. J'avais donc versé les pattes dans de l'eau bouillante et avais préparé la sauce à part. « Hmm ça à l’air bon. » déclara une voix que j'aurais pu reconnaitre entre milles. Zayne. « Alors…comment tu vis tes premiers jours d’esclavage ? » Lors du dernier prime, j'avais embarqué le jeune homme dans un de mes dilemmes, rien que pour m'amuser, que voulez-vous, j'étais trop généreuse. (a) « Oh bien tu sais, ça peut aller, disons que je n'ai pas l'habitude de me plier aux exigences des autres, alors pour une fois, ça change. » et Dieu sait que je n'aimais pas ça. Puis me servant une première assiette de pattes, je remarquais bien vite qu'il y en avait trop. Je décidais donc d'en sortir une deuxième voyant que le jeune homme allait se nourrir des restes de la veille, chose peu ragoutante. Versant la sauce au dessus de chaque assiette je finis par lui sourire en lui tendant celle ci « Tiens. Tu vas pas manger les restes ! Puis maintenant que je t'ai servi si tu le manges pas je vais être dans l'obligation de jeter les restes, c'est pas bon froid. » parfois, ma générosité me surprenait. (a)

« Oh bien tu sais, ça peut aller, disons que je n'ai pas l'habitude de me plier aux exigences des autres, alors pour une fois, ça change. » Tu m’étonnes, en petite rebelle qu’elle était. Remarquez cette mission ne pouvait lui faire que du bien. Ce qui était quand même dommage c’est qu’elle ne soit pas mon esclave, là je m’en serais donné à cœur joie (a). « Au fait, je suis vraiment touché par ta générosité, d’avoir voulu partager ton dilemme avec moi. Un grand cœur que tu as l’as » dis je évidemment sur un ton plus qu’ironique. En parlant de générosité, voilà que Lylou voulait partager son repas, la garce. Ce n’était pas le moment de faire preuve de tant de bonté. J’étais sur le point de m’inventer une allergie à la tomate quand je me rendis compte que ça ne serait pas crédible. Elle m’avait déjà vu plusieurs fois en manger, du coup ça tombait à l’eau. Je lui souriais « Je te remercie. Tant de générosité, vraiment je ne te reconnais plus ! » Je commençai alors à manger quelques spaghettis qui avaient réussis à être épargnés par la sauce.

« Au fait, je suis vraiment touché par ta générosité, d’avoir voulu partager ton dilemme avec moi. Un grand cœur que tu as l’as » « Et oui, tu sais c'est tout moi ça, offrir sans compter ! » dis-je en faisant notamment référence au dilemme mais également au fait qu'il ait pu rencontrer Andrea lors de notre supposé pseudo mariage. Ce qui ne savait pas, c'est que j'étais tout de même parti à contre cœur. Bien entendu je n'allais pas lui dire, ne voulant clairement pas faire culpabiliser le jeune homme, j'étais adulte et j'avais fait mon choix que je comptais bien respecter jusqu'au bout, quitte à lui cacher certaines choses. C'était un jeu basé sur les secrets non ? « Je te remercie. Tant de générosité, vraiment je ne te reconnais plus ! » d'ailleurs je ne savais pas ce qu'il me prenait, je devais sérieusement repenser à une prochaine torture pour le jeune homme, lui offrir un repas, c'était bien trop sympa. « Inutile de continuer à me complimenter, je suis unique, je le sais pas besoin de me le répéter... quoi que, dis le encore. » dis-je en faisant un geste capillaire totalement exagéré. Puis, je décidais de me lancer, enfourchant une pleine fourchette de spaghettis avant de la porter à mes lèvres, avalant par la suite le tout « C'est... » aussitôt je me mis à tousser « Piquu.... » me tapotant la poitrine pour faire passer le tout, je finis par me verser un verre d'eau et le boire d'une traite avant de poser les yeux sur le jeune homme qui semblait amusé. « Toi ! » lâchais-je alors en le fusillant du regard, me levant d'un bond, je m'avançais vers lui, assiette en main et lui renversais le tout sur la tête... avant de rire. Si ce n'était pas lui... et bien tant pis. (a)

« Et oui, tu sais c'est tout moi ça, offrir sans compter ! » Plus sérieusement il est vrai qu’elle pouvait se montrer généreuse, comme elle l’avait prouvé lors de la soirée ‘mariage’. Même si je ne pouvais vraiment apprécier à sa juste valeur son geste, pensant que d’un côté ça l’avait bien arrangé d’échapper à la soirée. Sachant qu’elle n’aimait pas s’habiller à de tels accoutrements, ou qu’elle ne s’était pas vraiment investie aux soirées précédentes. N’arrivant pas encore à lire dans les pensées, si elle ne me disait pas réellement son ressenti, je ne pouvais pas le savoir. « On devrait te rebaptiser Sainte Lylou » dis je un sourire aux lèvres avant que Lylou ne me fasse un geste théâtrale de remuage de cheveux, digne d’une pub pour L’oréal. En attendant tout ce que je désirais c’est qu’elle daigne enfin gouter à ses pâtes pour qu’elle découvre la bonne surprise. Je fus plus que ravi en constatant qu’elle n’y alla de bon cœur pour sa première bouchée. Elle vira tout de suite très rouge, ayant la bouche en feu. Evidemment moi je ne pouvais m’empêcher d’afficher une mine amusée et ravie. Jusqu’à ce qu’elle me désigne d’un doigt accusateur et s’approche dangereusement de moi avec son assiette en main. « Non tu n’oserais pas… » Et si. En peu de temps pour le dire, me voilà avec un shampoing à base de sauce tomate et de spaghettis. Je sentais la sauce dégoulinait dans mon dos, eurk. « Tu sais que ce n’est pas bien de jouer avec la nourriture ! » Voilà pourquoi en toute logique, d’une main je bloquai Lylou pour la retenir, et de l’autre lui versait à mon tour le contenu de mon assiette sur la tête. « Attends je crois que ça manque de quelque chose… » Je pris le sel qui se trouvait sur la table, et en versant sur les pates qui se trouvaient sur ses cheveux. « Voilà c’est beaucoup mieux. » Les têtes qu’on devait avoir…pas très joli joli.

« On devrait te rebaptiser Sainte Lylou » Le vieil homme arbora alors un air des plus surpris, alors qu'une patte glissait joyeusement sur son visage, traçant une ligne rouge que l'on aurait pu prendre pour du sang si elle n'avait pas dégagé une telle odeur. « Tu sais que ce n’est pas bien de jouer avec la nourriture ! » « Sainte Lylou a tous les droits, sache-le » lâchais-je fièrement, tout en restant pourtant près de lui, ce qui fut une grave erreur. En effet, je ne tardais pas à me retrouver de la sauce partout dans mes longs cheveux -soyeux- ouvrant les lèvres pour crier protestation le jeune homme fut plus rapide « Attends je crois que ça manque de quelque chose… » il me versa alors quelque peu de sel alors que je prenais un air quelque peu blasé « Voilà c’est beaucoup mieux. » secouant mes cheveux dans un premier temps, quelques pattes giclèrent sur les habits du jeune homme, avant de prendre une pleine poignée de pattes, ainsi que de sauce, lui écrasant le tout en plein milieu du visage, avant de glisser délicatement ma main sur sa mâchoire, passant par son cou avant d'arriver sur son tee-shirt qui avait l'air de virer à un dégradé bordeaux peu agréable à la vue « Sache qu'on ne provoque pas sainte Lylou sans en payer les conséquences. »

Lylou n’avait apparemment pas dit son dernier mot, puisqu’elle me colla tout en pleine figure. Pâtes et surtout sauce y comprit. La garce. Je m’en étais pris dans les yeux, et autant dire que ça brulait, surtout avec de la sauve piquante en plus. D’autant qu’instinctivement j’avais aussi léché celle qui se trouvait tours de mes lèvres, du coup j’avais aussi la gorge en feu. « Pu… » Je me retins de dire la suite du mot n’aimant pas les vulgarités. « J’espère que t’as fait tes adieux dans cette maison, car tu vas très bientôt regagner les tiens Sainte Lylou » Mais pas tout de suite. Pour l’heure j’étais à moitié aveugle, et je me dirigeais tant bien que mal vers l’évier pour me débarbouiller. Je me passai la tête sous l’eau, pour enlever le plus gros dans mes cheveux, mais surtout sur mon visage, me rinçant les yeux. « Je t’accorde cette victoire mais crois moi ce n’est pas fini » J’avais décidé d’abandonner la partie pour l’heure. D’ailleurs j’y voyais encore légèrement flou, et ça me piquait toujours, je devais avoir les yeux rouges. J’otai ensuite mon Tshirt qui était complètement dégueulasse, il était passé de blanc, à rouge bordeaux.

« J’espère que t’as fait tes adieux dans cette maison, car tu vas très bientôt regagner les tiens Sainte Lylou » un rire s'échappa de mes lèvres alors que le jeune homme commençait à se gratter frénétiquement les yeux. Ok mon intention n'avait jamais été de lui faire mal mais cela était tellement bon... « Je t’accorde cette victoire mais crois moi ce n’est pas fini » capitula t-il en se dirigeant vers le lavabo pour se rincer, avant de retirer son tee shirt « Sympa ces nouvelles lentilles, elles te donnent les yeux rouge » osais-je l’embêter, un halo lumineux couronnant ma tête. J'avais gagné, comme d'habitude la femme était la plus forte et l'homme s'écrasait héhé. Cependant il allait prendre sa revanche, j'en étais certaine, mais quitte à se venger, il fallait faire ça bien. Toujours est-il que maintenant j'avais le dessus. M'avançant vers lui alors qu'il essayait de retrouver une vue à peu près correcte, je déposais une main sur son torse avant que nos lèvres ne se rencontrent. Pourquoi ? C'était pourtant tellement simple à deviner « Voilà, maintenant tu me dois encore un baiser. » lui murmurais-je en reculant mon visage, avant de lâcher un rire presque enfantin. Pour les autres habitants l'amour était un jeu, auquel je ne souhaitais et ne pouvais pas m'adonner de si tôt.