Si d’habitude il avait ouvert les yeux à six heures du matin, il eut vite fait de les refermer pour profiter de cette matinée pour dormir un peu. La veille, il avait fini par quitter la soirée sur la plage pour trouver un peu de calme dans la maison, du moins telle était son intention. Malheureusement, la fête avait fini par se déplacer et tous étaient plus ou moins rentrés, écourtant sa nuit de nombreuses et douloureuses minutes. Le sommeil plus que léger, Harvey était réveillé par un rien, comme par exemple lorsqu’une main se posa sur son torse. Ouvrant les yeux d’un coup d’un seul, il se redressa en quelques secondes et constata avec effroi qu’il n’était plus seul dans le lit qu’il avait choisi la veille. Une demoiselle brune avait décidé, peut-être par défaut de se joindre à lui et c’était donc sa main qui s’était introduite en toute illégalité sur son corps. Il la déplaça avec le plus de délicatesse possible mais cela suffit à la réveiller puisqu’elle ouvrit un œil. « Je ne voulais pas te réveiller, tu peux te rendormir. » Il détestait dormir nu, bien heureusement et avait passé un pantalon de pyjama la veille, laissant son torse à l’air. Si ses souvenirs étaient bon, le prénom de la demoiselle était court mais rien ne lui vint à l’esprit. Il lui demanderait lorsqu’elle serait en état de parler. Souhaitant qu’elle se rendorme, il préféra ne pas la bousculer en quittant le lit et s’allongea de nouveau, fixant le plafond de la chambre sans grand intérêt.

S'il y avait bien une chose dont je ne pouvais difficilement me passer c'était de dormir, c'était essentiel. Un besoin vital pour tout le monde mais pour moi c'était bien plus que cela, c'état un moment que je pouvais pas me permettre de négliger quitte à corrompre mon humeur pour la journée. La vieille, peu soucieuse de la répartition des lits, et surtout incapable de distinguer quoi que ce soit dans le noir profond dont été baigné la chambre, j'avais élu domicile dans un lit. Le premier lit qui s'était imposé à moi et qui ne semblait occupé que d'une personne. Parfait. Sans chercher à comprendre, je m'étais étendue dans celui-ci, et avais rapidement trouvé le sommeil. Un sommeil fragilisé par le mouvement incessant des candidats, si bien que sans cela, je n'aurais certainement pas ouvert les yeux après avoir senti ma main se mouvoir, seule. Ou du moins c'était l'impression que j'avais ressenti, si bien que j'avais ouvert l'oeil, découvrant un homme que j'avais croisé rapidement la vieille. Visiblement, j'avais largement pris mes aises au point de l'étaler sur lui. Trop dans le brouillard pour éprouver une quelque conque gêne, j'appréciais néanmoins la douceur de l'homme. Jusqu'à ce que dans un élan soudain, je mette à inspecter ma tenue. Un soupire de soulagement avant de reporter mon regard sur l'homme réalisant que je n'avais toujours pas ouvert la bouche. « Oh ! C'est rien, j'suis navrée si je t'ai embarrassé. » Légèrement gênée à mon tour, je me mordillais l'intérieur de la joue pas tout à fait éveillé si bien que je me contentais de m'accrocher aux draps.

La jeune femme semblait un peu plus âgée que la plupart des candidats, il avait parfois l’impression d’être à l’université en les voyant tous ensemble. Pour les drames notamment mais aussi et simplement pour leurs âges, il devait faire parti d’une petite communauté à être plus proche des trente ans que des vingt. Cela ne faisait qu’ajouter un nouveau fossé entre lui et les autres mais il lui faudrait forcément le franchir à un moment ou un autre, même s’il doutait de pouvoir être, d’une quelconque façon, proche d’eux. C’était presque une génération différente, des manières différentes, une éducation presque radicalement opposée. Il ne savait comment gérer cela mais se devait d’apprendre, c’était aussi un bon entrainement pour la vie à l’extérieur, lui qui ne savait pas toujours comment se comporter avec ces nouveaux jeunes. Du coin de l’œil, il aperçu la brune jeter un coup d’œil sous la couette et ne pu retenir un léger rire, comme si elle avait eu peur qu’il l’ait violé pendant la nuit peut-être. Ou elle y avait été un peu fort avec l’alcool peut-être, ou simplement pour vérifier qu’elle s’était habillée avant de rejoindre le lit d’un parfait inconnu. En tous les cas, c’était drôle, et charmant, de voir qu’elle s’inquiétait de ce genre de détails. Mais il ne se serait surement pas permit de la toucher sans son autorisation, surement même avec, il ne savait même pas son prénom. « Ce n’est rien, je prends beaucoup de place. » C’était l’inconvénient de partager son lit avec une autre personne, enfin un des inconvénients, il prenait effectivement une place considérable. Les lits n’avaient pas été conçus pour grande taille vraisemblablement et il s’était même demandé s’il ne ferait pas mieux de dormir sur le canapé pour permettre à sa camarade de pouvoir bouger sans peur, il en ferait part à Billie prochainement. « J’aime bien savoir le prénom des filles avec qui je dors. » Premier principe, il ne couchait pas avec n’importe qui, jamais. Se redressant à nouveau, il s’appuya le dos au mur et évita de regarder la jeune femme qui paraissait gênée.

Hier, à un moment, j'avais perdu le contrôle sur mes actes, et étrangement ce n'était pas dû à l'alcool que j'avais bu modérément. J'ignorais comment mais une partie de la soirée demeurait floue dans mon esprit, est-ce parce que encore endormi mon cerveau n'avait pas récupéré toutes les facultés qui lui étaient propres. Je ne saurais le dire, et pour être honnête ça m'importait peu, quoi que je puisse avoir fait, l'important était de savoir si je n'avais fait subir aucune torture à cet homme d'apparence charmante et visiblement assez respectueux pour se soucier de mon sommeil. Non, ce qui me perturbait d'avantage c'est ce que j'aurais pu lui faire. Encore qu'avec la masse musculaire que je pouvais apercevoir, je n'aurais pas donné chère de ma peau face à lui. Ma petite interrogation vestimentaire, eut le mérite de le faire sourire. Ce qui déclencha une sorte de rictus indéfinissable, un sourire niais à souhait qui devait plus s'apparenter à une grimace qu'autre chose. D'ailleurs, il n'avait pas tardé à s'excuser de prendre la place. « Il m'avait pourtant semblé que je m'étais installée sur toi et non l'inverse. Et puis de toute façon c'est légitime, t'as besoin de plus de place. » Une nouvelle grimace cette fois plus prononcé modifia mes traits. « Enfin, je ne sous entends que tu as un problème de poids, tu es même très bien comme tu es, t'es juste plus, imposant que moi. » Reed, ou l'air et la manière de s'enfoncer à chaque phrase un peu plus encore. Pourtant, cette fois, un sourire avait remplacé la précédente grimace, j'avais haussé les épaules à la place. Il me demanda ensuite mon prénom, c'est vrai que c'était plus pratique, d'ailleurs, il ne me regardait plus, ce qui ne fit qu'accentuer ma gêne paradoxalement. Me dressant à mon tour, je m'installais en tailleur tout en prenant soin de remonter le draps sur moi même. « Reed, squatteuse de lit professionnelle et miss catastrophe à ses heures perdues, et tu es ? » J'avais tendu ma main en sa direction, souriant plus franchement, soudainement plus éveillé.

Quelque chose dans le regard de l'homme qui n'était pas aussi jeune que les autres habitants du nid, peut être plus que moi-même, m'intimidait. Il inspirait tellement de choses qu'il m'intriguait plus de raisons. Si j'avais agis aussi abruptement c'était à cause de la surprise, si je ne m'étais pas attendue à m'être allongée aux côtés de Placide, j'ignorais que je me trouvais aux côtés d'un autre homme. C'était stupide et assez étrange en ce qui me concernait, actuellement, j'avais l'impression d'être revenue à l'état d'un enfant qui n'avait pas clairement pas lieu d'être. Je n'étais pas effrayé, non c'était une toute autre chose, peut être que quelque part, j'avais simplement envie de faire une bonne impression et c'était sûrement corrompu par mes balbutiements étranges et ma tignasse en bataille mais peu importe. Monologue qui ne manquait pas de faire sourire l'homme en question, de ce fait, un sourire timide remplaça la moue étrange qui s'était installé là plus tôt. Préférant ne pas m'enfoncer j'étais restée silencieuse jusqu'à ce qu'il me demande mon prénom que je m'étais empressé de lui donner. Ce fut son tour de me dévoiler son prénom, Harvey, il m'avait semblé l'avoir entendu lorsque j'étais arrivé mais une confirmation en personne était bien mieux. « J'suis sûr que tu es bien plus qu'un homme imposant en réalité. » Il se moquait c'était certain, mais sa remarque m'avait bien plus fait rire qu'autre chose, l'autre par contre, me fit me rendre compte que c'était inutile de s’accrocher ainsi. « J'suis visible ça va, mais si tu préfères que je m'habille, je peux aussi le faire. » J'avais lâché les draps aussitôt, dévoilant mon débardeur récupéré d'une manière qui m'était inconnu un peu plus tôt dans la nuit. « Tu m'intrigues, Harvey, tu n'as pas idée comme tu m'intrigues. » Plus à l'aise, j'avais laissé cette phrase en suspend comme si je me parlais plus à moi même qu'à lui en réalité.