Cela faisait déjà quelques jours que nous étions dans la maison, enfin seulement deux mais soit, quelques veut bien dire plus d’un non ? Soit. J’avais alors eu dans l’envie de rester un peu tranquillement installé dans le salon. J’avais pris un livre dans la bibliothèque et était ensuite venu le lire dans le salon, le fait qu’il y ai des gens ne me gênait pas pour lire, j’avais l’habitude de lire dans le train lorsque je sortais de Bruxelles et, aux heures de pointes, il est bourré de monde. J’étais confortablement installé lorsque je vis une jeune blonde s’asseoir à mes coté, je refermai un peu mon livre et levai les yeux sur elle « Ta tête me dis quelque chose. » déclarais-je en la dévisageant. « Joanee c’est ça ? » complétais-je alors rapidement, accompagné d’un petit sourire en coin victorieux.

Levée depuis une heure à peine, ses cheveux blonds attachés à la va-vite, Joanee errait en jean et t-shirt dans la maison, paquet de céréales à la main, dans lequel elle piochait de temps en temps. Elle était allée courir à huit heures près de la plage, puis s'était recouchée et avait terminé sa nuit comme un bébé. Les gens étaient affalés un peu partout, certains garçons au QI relativement inquiétant faisaient semblant de se muscler dans la salle de sport, des filles se coiffaient – je vous jure – devant le grand miroir de la baie vitrée. Elle s'ennuyait, et aperçut alors un garçon en train de lire, oui, de lire un livre sans image. Elle écarquilla les yeux, se dirigeant vers lui sans se presser. Elle s'assit d'abord à ses côtés, « ta tête me dis quelque chose. Joanee c’est ça ? » ouais... Elle lui adressa un bref sourire avec un signe de tête affirmatif. « Bravo. » Déjà lassée de cette position – elle venait de se lever ! – elle se releva et se plaça derrière le canapé, s'appuyant sur le rebord, son visage au-dessus de celui d'Anael, dont elle avait retenu le nom, maintenant qu'elle y pensait. « Mon Dieu, les candidats de Fake Lover savent donc lire? » demanda-t-elle à voix basse d'un air moqueur, accompagné d'un sourire qui, lui, n'avait rien de hautain, plutôt taquin, à choisir.

Elle me félicita sans grande conviction d’avoir retenu son prénom (j’étais plutôt physionomiste alors ce n’était pas bien compliqué pour moi) et se leva déjà pour aller se placer derrière le divan, je levai les yeux sur elle, qui avait sa tête juste au dessus de la mienne et haussai les épaules. « Ne te fais pas d’illusions, je suis un spécimen unique. » déclarais-je. Bon ce n’était sans doute pas vrai mais il est vrai que j’avais vu plusieurs personnes s’adonner à des occupations qui relevaient plus de la bêtise et de la superficialité que de l’intellectuel à proprement parlé. Mais du sport, j’en faisais aussi, et me laver, me raser etc aussi. Finalement on avait pas grand-chose à faire dans cette maison, mais on finirait bien par trouver, non ? Je me décalai légèrement sur la gauche et me tournai vers elle, assis en tailleur sur ce divan trop grand, fasse au dossier ce qui fait que j’aurais très bien pu tomber en arrière mais je n’étais pas un imbécile, je savais rester stable sur mes fesses.

Joan posa ses deux mains contre son visage, accoudée au rebord du canapé, ses yeux bleus amusés posés sur Anael. Il avait l'air sûr de lui, voire un peu prétentieux, et ça lui plaisait, elle se sentait dans son élément. Elle devait aussi avouer que c'était la première fois qu'elle voyait un garçon lire un livre dans la maison, mais après tout, il ne lisait pas Kant non plus. Elle sourit en coin, moqueuse sans méchanceté. « Et à part savoir lire, qu'est-ce que tu sais faire d'autre de si extraordinaire, superman? » murmura-t-elle avec une ironie dissimulée par son regard rieur. Elle n'y pouvait rien, elle adorait les prétentieux. Si elle avait du réfléchir à l'éventualité d'avoir un enfant, elle aurait prié pour avoir un garçon, ayant bien trop de mal à comprendre et s'entendre avec les filles. Mais Anael n'avait rien du véritable prétentieux, plus d'un gentil joueur. Elle observa le spécimen unique se retourner face à elle, et réalisa qu'il tomberait en arrière sur le dos, les pattes en l'air, à la moindre légère pression sur son torse. Horrible tentation, évidemment.