MYLES

J’ai l’impression que la vie dans ce Nid risque d’être plutôt mouvementée, à voir le caractère bien trempé de certains. Ce n’est qu’une impression, me direz-vous, car cela ne fait même pas vingt-quatre heures que nous sommes enfermés dans ce dôme, mais j’ai comme un sixième sens pour ce genre de choses, alors j’ai assurément raison. De toute évidence. D’ailleurs, en parlant de dôme… j’ai beau levé les yeux bien hauts, j’ai bien du mal à le distinguer. Au final, c’est peut-être une bonne chose. Le voir me donnerait seulement ce sentiment encore plus humiliant d’être emprisonné comme les personnages d’une boule enneigée, vous savez, celle qu’on secoue pour faire tomber la neige. Tout en beauté, n’est-ce pas… Ouais, je ne trouve pas, moi. On dirait une mauvaise métaphore pour notre situation actuelle. Moins joli, du coup. Ça me gâche presque mon plaisir de sortir ‘prendre l’air’ – est-ce que ça s’applique toujours dans notre cas? Je veux dire, on est coincé là-dessous, qu’est-ce qui vous dit que l’air ne l’est pas aussi, hein! Je secoue légèrement la tête en chassant ces réflexions inutiles, et avise le jacuzzi pas très loin. C’est là que je voulais me rendre, c’était même tout à fait planifier. À voir les prévisions météo de la semaine, c’est bien la seule journée potable pour ce genre de loisir. Vingt degrés, c’est presque un luxe, et je ne veux pas rater ça. Je suis presque excitée comme une gamine, ça se voit sur mon visage… ou pas. Non, pas du tout. Posé au côté du bassin d’eau, j’active quelques jets, puis entreprends de retirer mes vêtements que je dépose sur le transat non loin. J’ai pris la précaution d’enfiler mon maillot dessous. Le fond de l’air est quand même frisquet malgré ces degrés au-dessus de la vingtaine, et je ne me fais pas prier pour me glisser dans l’eau. Maintenant, je me demande combien de temps il faudra avant qu’une chaleureuse âme ne vienne se joindre à moi. Car c’est inévitable, ici, peu importe où l’on se trouve, il y a toujours quelqu’un pour nous tenir compagnie. Je suis encore partagée à savoir si je trouve ça fatigant… ou carrément énervant. Mes yeux se ferment, et je commence doucement à compter à voix base. Mon compte à rebours personnel. « Un, deux, trois… »

Première journée au sein de l’aventure. Cela m’avait fait tellement bizarre de me réveiller ce matin dans un autre lit que le mien, aux côtés d’une parfaite inconnue. Et de me rendre compte que tout ceci n’était pas un rêve (ou un cauchemar selon le point de vue), mais bel et bien la réalité. C’était une chose de savoir qu’on allait participer au jeu, une autre d’y être réellement. Plus de retour en arrière possible. Oh bien sur je pouvais toujours abandonner l’émission, mais ce n’était pas mon genre. Puis ça le faisait moyen de se barrer et cracher sur l’opportunité qui nous était donné, quand des milliers d’autres gens donneraient tout pour être à ma place. Puis il était possible que cette expérience sera beaucoup moins pénible que je ne me l’imaginais. En tout cas c’était le cas jusqu’à présent. Déjà j’avais hérité d’une partenaire potable. De mon âge. Avec qui je pourrais bien m’entendre. Bon d’accord cette nuit on s’est un peu fighté et je l’ai possiblement envoyé valser du lit, m’enfin mis à part ça. Bref. L’un des points positifs à être dans ce jeu, c’était le luxe dans lequel nous baignons. Avec mon salaire de misère, autant dire que je n’étais pas habitué à tout ce déballage de frics. J’allais pouvoir expérimenter des choses que je n’avais jamais faites auparavant. Comme skier. Ou présentement me détendre dans un jacuzzi. J’avais enfilé un short de bain, par-dessous mes vêtements, et m’y rendit. Une fille se trouvait déjà là, en train de compter je ne sais quoi. « Tu peux arrêter ton décompte chérie, me voilà. » dis je en plaisantant. Comme si c’était moi qu’elle attendait. J’otai mes vêtements superflus et la rejoignis dans le bain à bulle. « Je m’incruste » Qu’elle le veuille ou non. Je n’allais pas me refuser le plaisir de tester le jacuzzi parce qu’une candidate se trouvait déjà là. Puis y avait largement la place pour 7 ou 8 personnes. « Myles. » ajoutais je pour me présenter. Je ne sais pas elle, mais je préférais pouvoir mettre un prénom sur un visage.

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