« J’ai faim. »
Allongé sur le lit, Adam était là depuis plusieurs heures à buller, quelque peu éteins - oui ça lui arrivait. Prenant toute la place sur le lit - Liee était loin à cette heure-là -, Adam était entre le sommeil et la conscience. Mais surtout, il avait faim.
« J’ai trop faim putain. Je vais crever de faim dans 10 min. Nan, dans 5 min. »
Oui, Adam se parlait tout seul. Ou alors il parlait pour les spectateurs. Ou juste pour les murs. Allez savoir. Il bougea un peu, mais n’arriva pas à se lever du premier coup. Il dut s’y reprendre à plusieurs fois. Mais finalement, au bout d’une bonne dizaine d’essais, il réussit. Tout fier de lui, il se dirigea vers la cuisine, chantonnant un air des Beatles.
Arrivé devant le frigo, il l’ouvrit.
« Putain, mais y’a rien là-dedans ! »
Le frigo était plein. Il y avait de tout. Mais Adam était du genre à vouloir toujours autre chose. S’asseyant sur le comptoir en face du frigo, il resta là à regarder l’intérieur du frigo, attendant sans doute que la nourriture sorte toute seule.
« COM’OOOON FOOOD ! »
L’espoir fait vivre.

Deuxième nuit, deuxième calvaire. Blyss devenait de plus en plus contraignante pour lui. Il n'avait personne à qui se plaindre, il maudissait la production et ce Cupidon à la noix qui lui avait d’ailleurs assigné un fardeau de malade. Loin de là, il se réveilla à une heure peu commode - 12h 48- lui qui d'habitude était le premier debout, fallait dire que les journées au sein du nid lui fessait dépenser une grande énergie. Rien que sa dernière visite au Spa déchargea la totalité de ses batteries. Maintenant qu'il était réveillé, il tomba de son lit, d'une manière à ce qu'il ait la puissance de se relever, il leva la tête vers ce denier et constata que sa conjointe était absente, elle avait quitté la chambre une heure ou deux plutôt. Il se releva à son tour pour ensuite enfiler un pantalon gris et un pull à capuche noir, toujours aussi soft, il se dirigea vers la cuisine américaine, là ou il aperçut un jeune, comme lui, qui avait du mal à cohabiter, à l’intérieur même de l'enfer, et non le paradis comme ils l'espéraient être. « Salut toi ! » puis d'une voix assez nonchalante, il balança « Passe moi la bouteille du jus de citron la-bas, y'a quoi comme truc à bouffer, j'ai vraiment envie de me recharger...ça craint le début ! »

Le pseudo-clown qui se tenait devant lui ne voulait pas bouger, ni obéir, c'était le stéréotype de ces sales garnements que redoutent fort les professeurs d'écoles ; surement à cause de leurs comportements de cancres et leurs imbécillités à vous couper le souffle. Ce genre d'ados qui se croient indépendants et libres comme l'air, alors qu'ils viennent d'avoir la totalité de leurs dents. Un peu ce genre de pti-merdeux qui vous pourrisse la vie avec une critique désobligeante, mais lui, il était plutôt sympathique. Concernant Roark, il ne voulait pas trop se prendre la tête avec, il laissa passé sous prétexte qu'il n'avait pas encore réveillé tous ses sens, en cette belle journée dominicale. Seul inconvénient, ce jeune là n'avait aucune idée de ce que notre jeune homme vivait au quotidien, il ne réfléchissait qu'aux femmes, un peu comme lui durant ses dix-sept ans, mais en moins vulgaire, un point en commun déjà. « Tu sais, je recherchais quelqu'un comme toi, genre un bouffon qui pourrait bien me faire un Show, me faire rire, et là, tu m'as redonné le sourire...» Ce jeunot n'avait bien sûr, pas la tête sur les épaules, il décida alors de l'aborder d'une autre manière et avec toute franchise « Je crois que tu m'connais, pas la peine de faire les présentations, je suis juste américain, Mmm... Tu sais, je t'aime bien au fond...» Puis il se déplaça pour prendre la carafe de jus que l'autre avait refusé de lui passer et, toujours aussi nonchalant qu'avant, il la vida dans un verre en plastique - il en restait juste pour une personne - et passa vers le frigo... Trop de choix, il ne savait pas quoi prendre, il hésitait encore...

Regardant attentivement le candidat, Adam attendait qu’il réponde à sa question. Était-ce donc un être humain normal, ou pas du tout ? Avec un peu de chance, ce serait un geek et non un teletubbies. Malheureusement, le candidat ne répondit pas à la question. Il se contenta de le traiter de bouffon tout en lui disant qu’il lui avait redonné le sourire. Et puis il se présenta. Ah non, même pas. C’était quoi ce type ? Adam éclata de rire.
« C’est toi le bouffon du roi mec. J’te connais absolument pas ! »
Ca, c’était fait. Il se reprit, le regardant un instant avant de descendre du comptoir. Il s’avança vers le frigo - toujours ouvert -, pris le premier truc qu’il trouva, puis referma le frigo et regarda ce qu’il avait en main: du fromage industriel La Vache qui rit.
« HAN JE KIFFE CA ! Ca n’a absolument pas le gout de fromage, mais j’adore le gout industriel que ça a ! »
Il alla se rassoir sur le comptoir, ouvrant la boite de fromage et en prenant un dans ses mains.
« Je m’appelle Adam. Ne me traites plus de bouffon. Et j’aimerais quand même bien connaître ton prénom. »
Un sourire, puis il mangea le fromage avec plaisir.

Roark décida finalement de prendre du lait et un peu de confiture qu'il allait étaler sur un toast ou deux. Après avoir choisi les bons aliments par ses soins, il retourna s'asseoir près du jeune 'enfant' qui dévorait à présent du fromage industriel, du faux fromage en autre. Laissant le petit un instant, il commença à appliquer sa marmelade de cerise sur sa tranche de pain grillé, puis il la dégusta, aussi croustillante qu'une biscotte de blé, buvant parfois le lait, parfois le jus, variant les saveurs de chaque mélange, il prenait du plaisir en savourant ce petit-déjeuner léger, même très léger. Il avait comme habitude de ne prendre que peu de la chose, il se contentait du fait qu'il donnait quelque chose à son ventre, il prenait soin de lui, de son hygiène, il n'en fessait pas trop, il gardait juste le strict minimum.

Après avoir clôturé sa séance avec les dernières gouttelettes du jus de citron qui lui restait, il tourna la tête vers Adam, il l'avait oublié pendant un moment, avant de revenir vers lui et répondre à sa question, il remarqua que le jeune homme s'impatientait, de ce fait, il lança avec simplicité « My name is Roark... Désolé de t'avoir fait attendre, j'étais à fond dans mon truc... Tu comprendras ! » Et puis, d'un geste assez abrégé, il se leva de la chaise, s'apprêtant finalement à sortir de la pièce, avant que d'autres candidats ne débarquent...

Adam mangeait tranquillement son fromage industriel, finissant même la boite entière, alors que l’autre candidat snobait complètement le jeune brun, s’occupant de manger sans répondre à sa question. Il l’exaspérait. Adam était rarement oublié comme ça pendant plusieurs minutes, sa présence étant tellement inévitable qu’il était difficile de ne pas le remarquer. Descendant du comptoir et se servant un jus de pomme, le candidat fit enfin attention à lui. Roark. C’était un prénom ça ? Adam leva un sourcil en l’entendant affirmer qu’il comprendrait, tout en commençant à quitter la pièce. Il eut un rire moqueur avant d’ouvrir un placard à la recherche de pâtes.
« Et la marmotte elle met le chocolat..dans le papier d'alu ! MAIS BIEN SUUUR !... »
Aucun rapport ? Pour Adam, si. Il trouva finalement un paquet de pâtes et sortit une casserole, puis se prépara à manger, ne faisant plus attention à l’autre imbécile trop étrange.