pour emrys

Castiell marchait sur la propriété, sans trop savoir où aller. Perdu dans ses songes, il évitait ça et là, des habitants qui se dressaient sur son chemin. Il ne préférait pas les percuter, histoire d’éviter que des embrouilles ne se créer. Il continuait sa route avant d’atterir vers l’unique piscine qu’offrait la villa. La vue d’ici était encore plus splendide que celle qu’il avait eu des rochers, lorsqu’il s’y trouvait tout à l’heure. On avait l’impression que l’eau du bassin se fondait avec l’Océan à perte de vue. Décidément, tout ici était sujet au luxe. Bien que personne profitait à cet instant de l’eau, il y avait néanmoins un visage familier qui se trouvait là. En effet, l’anglais ne manqua pas de remarquer Emrys, la jeune femme avec qui il avait brièvement parler l’autre jour. Ce souvenir lui revint en mémoire. Il s’était défilé, comme l’idiot qu’il était, alors qu’elle prenait le temps de s’interesser à lui. Depuis, l’un comme l’autre, ils s’étaient évités comme jamais. Castiell en avait assez de cette distance, et il décida de prendre son courage à deux mains et de marcher jusqu’à elle.

Hum, salut Emrys, je.. je voudrais m’excuser pour l’autre fois.. commença le trentenaire après s’être posté à ses côtés.

Il craignait de l'avoir blessé en s'enfuyant comme il l'avait fait, et voulait corriger le tir.

Dans ce magnifique et luxueux nid duquel Cupidon nous gardait se trouvait une bibliothèque, elle était certainement l'une des plus petites pièces de la villa, et pourtant, elle était, sans grosses difficultés, beaucoup plus grande que celle qui prenait place dans un coin de mon appartement. D'ailleurs, j'avais beau avoir un semblant de bibliothèque chez moi, ce n'était pas pour ça que je lisais, ne serait-ce que deux pages de temps à autres. Par chance, en allant donc visiter les étagères de livres du nid, je tombai sur un roman qui me tenta, le temps d'un instant du moins, celui d'Oliver Twist. Je saisissais alors le bouquin l'embarquant avec moi à la recherche d'un endroit calme, ou rien n'arriverait à occuper mes pensées tandis que je me mettrais à dévorer les lignes de ce livre. Je visais immédiatement l'extérieur, et voyant que la piscine n'était pas occupée, je décidais d'aller m'y installer. Je m'asseyais sagement sur le bord, laissant mes pieds tomber dans l'eau qui m'avait l'air plutôt bonne, puis commençais à lire. Quelques minutes passèrent, et je m'étais déjà enfilé les trois premiers chapitres, sans interruptions. Oui trois chapitres, et j'étais fière. Je posais alors le livre à côté de moi, levant le nez vers le ciel, fermant mes yeux. Le soleil était présent aujourd'hui, et je le laissais avec joie chauffée tranquillement mes joues, me tenant grâce à mes bras qui maintenait mon dos. Quand je rouvrais les yeux, je n'étais plus seule. Castiell se posait à côté de moi. J'étais hésitante quant à la réaction que je devais adopter face à lui. Depuis notre dernière entrevue, nous ne nous étions plus adressé ne serait-ce que quelques mots. Je l'observais, ses yeux, que j'avais déjà trouvé particulièrement beaux, l'étaient d'autant plus avec la lumière du jour qui en plus de ça, l'illuminait de façon remarquable, me laissant l'admirer de nouveau. Il fut d'ailleurs le premier à parler. « C'est rien, Castiell.. vraiment. » répondais-je au candidat, lui adressant un sourire. « Si je ne t'avais pas mitraillé de questions ça ne ce serait certainement pas passé comme.. ça. C'est plutôt à moi de m'excuser.. en fin de compte.. » Je soupirais puis regardais mes pieds, noyés sous l'eau. Je ne le montrais peut-être pas assez explicitement, mais pourtant j'étais réellement heureuse que l'anglais soit venu ici, pour remettre les choses à plats, en quelques sortes.

Comment lui expliquer ce qu’il avait ressenti lorsqu’ils s’étaient parlés? Cette crainte qui lui avait tiraillé les entrailles, de peur qu’il dise quelque chose de mal. La confusion qu’il avait eu... Il voulait se justifier auprès de Emrys. Il voulait la rassurer qu’en aucun cas, ce n’était de sa faute. L’anglais s’installa en tailleur, et couvrait discrètement - du moins, il l’espérait - du regard la jeune femme. Au soleil, ses cheveux semblaient briller de milles feux et son visage n’en est que plus beau. Il s’en voulait d’avoir amené la petite mine triste dans son regard.

Crois-moi, tu n’as rien à te reprocher. C’est moi qui suis... Il hésita sur le mot à employer. Bizarre.

Castiell se mura dans le silence après cette confession. Depuis le début du jeu, la plupart des candidats avec qui il avait parlé semblaient plus détendus, et moins prises de têtes que lui. En somme, moins étranges. Etait-il le seul garçon un peu complexe de la maison? Un soupire lasse s’echappa de ses lèvres alors qu’il se penchait sur le bord du bassin, pour plonger ses doigts dans l’eau.

J’ai 29 ans. Je vis de ma musique. Je joue dans des bars des fois. Ca ne fait pas de moi un homme riche, mais pour le moment, ça me convient... confia le trentenaire en jouant distraitement avec les remous de l’eau. Si je tente Fake Lover, c’est pour trouver quelqu’un qui m’aime pour ce que je suis. C’est-à-dire, un mec bizarre.

Il avait fini ses mots sur un petit rire buté. Il avait répondu en moins de deux minutes, aux questions que lui avait posé Emrys l’autre jour. Bien que ses réponses avaient été travaillés et ressassées, Castiell se disait que s’il parlait un peu de lui, cela rendrait les choses plus faciles entre eux.

Bizarre.. c'était loin de l'idée que je me faisais de lui. Il était, certes, curieux mais jamais je n'avais pensé de lui qu'il était bizarre. Eh ! Tu n'as rien de si bizarre que tu le prétends. Pour moi, en tout cas, tu ne l'es pas. Et je ne dis pas ça pour te faire plaisir, je le pense. J'essayais d'attirer son regard vers moi, qu'il voit que j'étais sincère. Réellement. Je le lâchais du regard, observant le paysage qui s'offrait à nous, de là où nous étions installés. Je ne savais trop quoi ajouter, ne voulant pas risquer de faire fuir l'anglais une seconde fois. Et, je fus soudainement surprise de ce Castiell m'avoua. Il avait mémorisé chacune des questions que je lui avais posées précédemment, et il se retrouvait à répondre a chacunes d'entre elles. Pour mon plus grand étonnement, et ma plus grande joie, aussi. Je me tournais pour lui adresser un sourire. Arrêtes de te dire que tu es bizarre, je soutiens que ce n'est pas le cas. Et j'espère vraiment que tu sauras ressortir de cette émission en ayant obtenu ce qui t'a emmené ici. J'étais contente, de nouveau, qu'il ose finalement me parler de lui. Car, à force de songer à cette rencontre près de la porte interdite, j'avais cerner que parler de lui n'était pas ce qu'il préférait faire. Je réponds à mon tour à ces questions, il n'y a pas de raisons que j'en sache plus sur toi que tu n'en saches sur moi. Je jouais avec mes pieds dans le bassin avant de reprendre. Moi j'ai 25 ans, je suis Allemande, mais je vis en France depuis que je suis toute petite. J'etais en Bretagne avant, et comme je te l'ai dit la dernière fois, je suis à Fontainebleau maintenant. Je suis coiffeuse. Et si je suis ici c'est principalement pour l'argent. L'amour, tout ça.. J'ai toujours eu du mal.. J'esperais maintenant que le fait que je me sois présentée à lui également le rassurerait, en quelques sortes, l'aiderait à apprendre à me connaitre aussi, et peut-être à commencer à m'offrir un peu de sa confiance, peut-être..

C’est gentil, répondit-il à l’attention de la joueuse, par rapport à son souhait qu’il trouve la chose qu’il est venu chercher ici. En l'occurrence, l’amour.

Emrys sembla heureuse que Castiell ait accepté de parler un peu plus de lui. Ce n’était pas l’activité qu’il préférait. D’habitude, c’était plus les autres qui parlaient d’eux, de leurs histoires, et tout ça. Il était souvent l’oreille attentive à ses personnes. C’était venu naturellement chez lui et il n’avait jamais essayé de changer ce trait de son caractère. Il était fait pour écouter. Et il adora écouter la belle se présenter un peu plus à son tour. Mais a entendre sa dernière phrase, Emrys semblait ne pas avoir confiance en l’amour. Il respectait cela. De plus, la plupart - pour ne pas dire tous - des habitants s’étaient présentés avec la ferme intention de gagner. La victoire importait peu à Castiell. Ses motivations étaient plus importantes.

Ca a dû te faire bizarre de quitter la France pour ici.. dit-il sur le ton de la conversation.

Étrangement, il ne souhaitait pas voir cet échange s’écourter comme la dernière fois. La compagnie d’Emrys était plus qu’agréable, et il sentait qu’il pouvait avoir confiance en elle. Elle faisait tout pour qu’il se sente à l’aise à ses côtés, et l’anglais fut touché par cela. Taquin, Castiell qui jouait toujours avec les vaguelettes de la piscine, s’amusa à plonger sa main dans l’eau pour en envoyer sur la blondinette.

Oups, j’ai pas fais exprès.

Le ton de sa voix aurait pu convaincre si un sourire narquois n’avait pas pris possession de ses lèvres. Il ferait tout pour que l’ambiance s’allège encore et encore.

Les minutes passaient et j'essayais de virer les souvenirs de l'autre soir de mon esprit. Me "concentrant" sur l'instant présent, dirais-je. Castiell était différent, mais pas dans le mauvais sens du terme, au contraire, il me semblait plus.. à l'aise, tout bêtement. Ca me faisait plaisir, oui. Je ne m'en cachais pas. « Honnêtement ? Pas tellement. Enfin, il est clair que passer de mon appartement à.. cette villa, me change complétement, mais.. je sais pas.. ça faisait un moment que je voulais voir autre chose que ce que je croise tous les jours, en temps normal. » Il n'y avait rien de comparable avec là où je vivais, en France, et là où nous nous trouvions actuellement. Et, même si je me faisais plutôt bien au changement depuis mon arrivé, je me demandais quel type de réaction j'adopterai en rentrant chez moi. Bien qu'en aucuns cas je ne voulais rentrer chez moi maintenant, au contraire, j'espérais rester ici le plus longtemps possible. Enfin.. Je ne fis pas attention au fait que Castiell venait de plonger ses bras dans l'eau, du moins, pas avant qu'il ne m'éclabousse. Ca ne me mouillait pas, ce n'était que de simples gouttes venant s'échouer sur mon visage, et ça n'était pas tant désagréable que ça. « Recommence. Ca m'offrira une excellente excuse pour user de ma force de moineau pour te faire tomber à l'eau ! » répliquais-je en lui souriant. Il aurait beau retenter le coup, je doutais fortement de mes capacités en ce qui concernait le fait de réussir à le pousser dans la piscine. Mais qu'importe, maintenant que je l'avais dit, je tenterai, quoiqu'il arrive, et ça, c'était certain.

Castiell observait le plus discrètement qu’il pouvait Emrys alors qu’elle lui parlait de ses intentions une fois dans le jeu. C’était évident que l’entrée dans le nid d’amour bousculait le quotidien. On y rencontrait de nouvelles personnes, toutes très différentes les une des autres, et on apprend à vivre en communauté avec eux. De plus, dans une villa luxueuse, digne des plus grands palaces. Un air innocent sur le visage, comme si il était la sainteté incarnée, l’anglais faisait mine d’avoir peur des menaces de la candidate. Une lueur de défi brillait dans ses yeux.

Une force de moineau? Laisse-moi t’aider alors ! Dit-il en riant.

Sans plus attendre, le trentenaire sauta sur ses pieds et passa ses bras sous les jambes fines d’Emrys, qu’il saisit aussi vite qu’il put. Il fit en sorte de prendre de l’élan avant de plonger tout habillé dans la piscine, en gardant la belle serré contre lui. Lorsque le jeune homme la relâcha, ils remontèrent à la surface de l’eau pour reprendre leur respiration. Castiell laissa échapper un rire en voyant la mine dépitée de l’allemande.

C’était trop tentant.

L’aveux sortit tout seul, alors qu’il s’éloignait d’elle, se fichant comme une guigne que son polo et sa paire de jeans soient collés à lui.

Une force de moineau oui, parfaitement. J'étais toute fine et peu musclée, malheureusement, ce qui ne m'aidait pas pour me mesurer à Castiell, c'était une évidence. Lorsqu'il annonça m'offrir un coup de main, je n'imaginais pas une seule seconde qu'il allait de jeter à l'eau, et encore moins qu'il m'attraperait au vol pour que je l'accompagne dans la piscine. Tout se passa plutôt rapidement puisque je ne l'avais pas soupçonné un seul instant de vouloir me faire ce coup-ci. Dans le bassin, il me lâcha, et nous retrouvions tous deux la surface. En guise de premier réflexe, j'emplissais mes poumons d'air, avant de plaquer mes cheveux blonds maintenant mouillés dans mon dos et de placer mon regard sur le jeune anglais. J'étais, comme qui dirait, bouche-bée, mais en l'entendant rire, ainsi qu'en le voyant, je ne su m'empêcher de me joindre à lui, riant également. Il m'avait bien eue, il fallait l'avouer, mais c'était plus amusant qu'autre chose, en fait. Ma robe se barrant clairement, je la retirais, me retrouvant alors en simples sous-vêtements dans l'eau, jetant le linge que je portais précédemment à l'extérieur du bassin. Je cherchais alors un moyen de me venger, et ne trouvais pas plus originale que tenter de le couler. Je repassais alors sous l'eau nageant en sa direction avant de ressortir dans son dos en plaçant rapidement mes mains sur ses épaules, forçant sur mes bras en espérant lui faire profiter de la température de l'eau encore quelques secondes de plus. Vilain, vas ! lançais-je en souriant.

Emrys rigola en compagnie de Castiell. Au moins, la bêtise qu'il venait d'accomplir passait bien. Beaucoup d’autres se seraient mis en boule et il est vrai qu’il n’avait pas songé aux conséquences de son geste, avant de le faire. Agir sans réfléchir n’était pas dans son style, en réalité. Mais le beau temps et la température un peu élevée l’y avait insisté, ainsi que les menaces peut concluantes de la jeune femme. L’anglais l’observa se dépêtrer de sa robe pour pouvoir nager plus librement, ce qui le gêna quelque peu. Il tenta de placer son regard ailleurs, respectant le fait qu’elle ne veuille pas être regardée, si c’était le cas. Quant à lui, il préféra garder ses affaires et rester dans l’état où il est. Emrys se glissa sous l’eau pour venir s’appuyer sur ses épaules. L’anglais sentit le sol se dérober sur ses pieds, cependant, il fit en sorte d’emporter avec lui la candidate, ne se laissant pas couler impunément.

Bien tenté, gamine ! lança-t-il une fois qu’ils furent remonter àa la surface.

La gardant prisonnière de ses bras, le trentenaire admira Emrys, un sourire moqueur aux lèvres. Distraitement, comme si cela semblait naturel, il dégagea une mèche trempée de son visage pour venir la placer derrière son oreille.

Tu me plais bien, Emrys.

Cette confession était sortie toute seule, et il se rendit compte de ce qu’il venait de dire, trop tard.

J'avalais la tasse, ne m'attendant, une fois de plus, pas à accompagner Castiell sous l'eau, qui pourtant avait su m'attraper au bon moment pour m'emmener avec lui. A croire que je n'étais pas encore assez maligne, aussi, pour réussir à le piéger sans me prendre les pieds dedans aussi. « Eh ! mais.. » Je terminais de tousser, avant de pouvoir enfin me plaindre. « ..je suis pas une gamine ! N'importe quoi ! » Je frappais mes mains dans l'eau en direction de l'anglais, l'éclaboussant gentiment avant qu'il ne remette une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je m'autorisais alors à poser mes yeux sur lui, le regardant sourire. Et il eut cette phrase, qui m'étonna encore un peu plus, et me fit plaisir, bien évidemment. « Bouh, c'est vrai ce mensonge ? » répondais-je en souriant, nageant autour de lui. Je sentais mes joues rougir, et je ne su également pas m'empêcher de sourire, flattée. Je fis quelques tours en plus en encerclant le jeune homme puis me plaçais dans son dos, passant mes bras autour de lui, sans l'étrangler non plus, en posant ma tête sur l'une de ses épaules. « Je t'apprécie vraiment Castiell, tu sais. » Je trouvais ce que je venais de dire totalement inutile et absolument stupide, vraiment.. et j'avais peur de la réaction qu'allait pouvoir avoir le candidat..