Je me faisais chier comme jamais. La plupart des candidats m'énervaient. Les autres me rendaient indifférents. Certains tout de même me plaisaient. J'étais dans un mauvais jour. Un jour où je n'avais envie de parler à personne. Un jour où je voulais juste m'enfermer à double tour dans une pièce seul avec ma guitare pour jouer pendant des heures. Mais c'était impossible. Il n'y avait pas de clés au nid d'amour, on ne savait rien verrouiller, malheureusement. M'installant sur un canapé un jeu de cartes en main, je me mis à jouer seul. Cela pouvait paraître assez pitoyable mais j'avais toujours adoré faire des réussites depuis mon plus jeune age. Et vu que je m'ennuyais, l'occasion était parfaite. Je me foutais complètement de ce que les autres allaient penser. J'avais envie de faire mon asocial pendant quelques minutes, pourquoi pas quelques heures. Continuant de jouer, j'entendis quelqu'un entrer dans la pièce, je levai les yeux pour découvrir Emrys, la magnifique chanteuse qui m'avait accompagnée à la soirée cabaret. Bien que je ne lui avais que très peu parlé, je devais avouer qu'elle m'intriguait et que j'avais envie d'en savoir plus. Néanmoins je baissai à nouveau les yeux vers mon jeu, pas encore prêt à parler à quelqu'un.

Contrairement à la semaine précédente, les journées maintenant me paraissaient de plus en plus longues. Depuis le dernier prime, je n'osais même plus m'aventurer vers les autres.. sait-on jamais si, une fois encore, on décidait de m'envoyer voir ailleurs. Enfin, je ne pouvais pas espérer continuer le jeu longtemps si jamais je me coupais des autres candidats, bien malheureusement. Après tout, tant que j'étais capable d'éviter Castiell.. Je traversais quelques pièces, l'intérieur du nid était désert, comme si tout le monde s'était rué vers l'extérieur. En même temps, avec le temps qu'il fait ici, je ne sais pas si l'on pouvait réellement trouver ça étonnant. Je fis alors irruption dans le salon, là où un candidat se trouvait déjà. Je reconnaissais alors Placide, mon musicien d'un soir, comme j'aimais le surnommer. Sans un mot, j'avançais vers là où il était installé. Je me posais à ses côtés, sur le canapé. Je l'observais jouer, rien ne semblait pouvoir lui faire lever le nez de ses cartes. Puis, alors qu'il ne s'y attendait pas, j'imagine, j'attrapais une carte et donnais l'avantage à son adversaire fictif, s'il était mauvais joueur, j'allais certainement m'en prendre plein la figure. De toutes façons, au point où j'en étais.. un de plus, un de moins.. quelle différence ?