♦ Pour ROARK

Je n'avais jamais mis véritablement les pieds dans cette pièce et c'était l'occasion où jamais d'y aller puisque j'étais susceptible de quitter le nid en fin de semaine prochaine. Je ne le voulais pas, mais grâce à Keziah, j'étais sur la sellette. Rien que de penser à lui, j'avais des envies de meurtres. j'aurais tant aimé qu'il soit à ma place. Peut-être y arriverais-je dans les semaines suivantes si je restais dans la compétition. Même Roark était passé au second plan. Je ne me faisais plus aucun soucis pour lui puisque toute mon attention était tourné sur le seul fautif de mon statut de nominés à l'heure actuelle. J'attrapais une guitare et commençais à jouer quelques notes bien connues pour certains. Je me mis même à chanter quelques paroles avant d'être interrompu par la porte qui s'ouvrait. Roark apparut. J'aurais préféré en voir un autre mais je repris tout de même ce que je faisais. Sans prêter attention au jeune homme.

N'ayant plus rien à faire en ce mercredi soir, Roark décida d'une manière ou d'une autre de trouver un quelconque amusement. Sachant que c'était un pilier à présent de cette demeure, il se permettait de vagabonder librement dans chaque pièce, de s'attirer les foudres de certains candidats, cherchant quelque chose à dire ou à faire, juste pour le plaisir. En général, ce qu'il disait n'avait rien de si important, c'était la plupart du temps des paroles juste comme ça, dans l'air... Rien de si captivant ! Toujours dans sa recherche, il entendit une musique provenant de la salle adjacente, il s'approcha un peu plus de la porte, qui s'avérait être une salle de musique -il ne la connaisais même pas, l'existence de cette pièce- puis se décida finalement d'y entrer pour voir qui, avait l'air si triste pour oser reproduire une musique si monotone... Hermès ! Il faillit rire en regardant l'homme dans cette position, guitare à la main, non ce n'était pas la position qui faillit le faire rire, mais bien au contraire l'affreux sacrifice qu'il avait reçu durant le prime dernier... Keziah l'avait sauvagement nominé « Hop, une autre victime...Bienvenue au club ! » lança il d'une manière à ce que le vétéran puisse l'entendre. Il fallait dire qu'Hermès traversait en ces moments difficiles ce que Roark traversa durant la seconde semaine, bref, au lieu de le réconforter ce qui s'avérait quasi impossible à reproduire, il enfonça encore plus le bouchon « Tu sais, Keziah m'aurait facilité la tâche si vendredi soir tu rentres chez toi... ! » Dansant comme un idiot autour du jeune homme, non autour des mélodies qu'il produisait à l'aide de sa guitare, il se voyait être très provocateur, au moins il pourrait s'amuser un peu avec lui, se défouler et le jauger : Hermès était il si interessant que ça ? Réponse dans quelques instants...

Je repris le morceau que je jouais, entendant alors les paroles de Roark. Il semblait particulièrement heureux que je sois déjà sur la sellette. Le concernant, cela ne me surprenait guère. Je l'avais provoqué la semaine dernière durant la première épreuve et il me rendait simplement la monnaie de ma pièce comme je m'y étais attendu. D'où mon discours lors de cette épreuve en question. Il m'attaqua encore à nouveau mais je continuais tout de même à jouer jusqu'à ce qu'il se mette à danser autour de moi. Je ne croyais pas mes yeux. J'arrêtais donc d'effleurer mes doigts face aux cordes de la guitare et relevais la tête vers le jeune homme. Un sourire espiègle se dessina sur mon visage. « Tu pourrais arrêter de danser et faire ta gazelle autour de moi. Ça devient désespérant voire pathétique. » Je me levais de ma place et me plaçait face à lui. J'étais plus grand comme avec tous les habitants, excepté Harvey. Je me collais presque à cet homme afin de lui montrer ma supériorité. « Au moins d'où je viens, on m'a appris à reconnaître un trans' quand j'en voyais un... Et crois-moi, cette danse y est pour beaucoup dans mon analyse, mon chou. » J'effleurais alors sa joue avec mon index, le provoquant à son tour comme j'aimais le faire.

Lancé dans une danse frénétique et ennuyante, Hermès céda finalement à la provocation et se leva, venant engloutir implicitement le jeune Américain, se tenant comme une statue devant lui. Il l'arrêta, bloquant ainsi le jeune homme qui stoppa subitement ses pirouettes. Cette forteresse de muscle n'arriva nullement à l'intimider, il lâcha au contraire un rire moqueur en direction du vétéran « Ahh Booon.... Je ne savais pas qu'on avait un Rambo dans cette maison... Montrer ta supériorité physique est une signature digne d'un animal tu sais, je préférais que tu regagnes ta place et que tu me montres ce que tu peux faire avec un cerveau... Si tu en a un déjà ! » Toujours fixant le viel homme du regard, ils restèrent presque plusieurs minutes à se regarder mutuellement, il ne voulait rien faire paraître sur son visage, Roark voulait montrer sa solidité, même avec son corps mou, prouver d'une manière ou d'une autre qu'il pouvait rivaliser avec l'autre « Alors l'animal, on redevient humain ou pas ? Et t'avises plus de m'toucher vermisseau, tu risques de payer grave sur ce coup... » Reculant d'un pas en arrière et lâchant une nouvelle fois un micro sourire rayé par l'amusement, il ne savait pas qui des deux était le vermisseau de l'histoire, surement lui, en vu de sa taille, c'est vrai il ne donnait pas d'importance à son enveloppe charnelle, mais quand même, il était doué pour abattre mentalement les hommes les plus coriaces...

Debout face à Roark, je lui étais supérieur en taille. Ce qui bien évidemment pouvait déjà le rabaisser sans que je n'ai à dire un seul mot. Être grand avait certain avantage que j'utilisais à bon escient en certaines occasions. Ce soir, c'en était une et je n'avais pas hésité un seul instant pour me mettre face au jeune homme. Il me considérait comme un animal. Soit... Il pensait ce qu'il voulait je connaissais mes forces et mes faiblesses. Ce n'était pas sa remarque qui me ferait changer. Lorsque le mot "vermisseau" sortit de sa bouche, je ne pus m'empêcher de rire. C'était tellement ironique et abusé que je n'avais pu m'empêcher. Il reculait même d'un pas à la suite. Lui faisais-je si peur ? Pauvre bichon, je ne voulais pas l'effrayer autant. « Animal ou non. Humain ou non. Je n'ai pas besoin de savoir qui je suis car je le sais déjà. Tu es peut-être trop jeune pour comprendre car, après tout, ça fait quoi...4 semaines que t'es sorti des jupes de ta maman chérie. Donc tu ne peux pas assimiler ce que je tente de te dire. » Je me rapprochais de lui à nouveau et tapotais sa tête avec ma main. « Il va rester mignon, le petit Roark, et il va me foutre la paix bien gentillement en retournant comme un fou joué avec sa poupée. » Je me retournais finalement après l'avoir gratifié d'un sourire malicieux et sournois. Je me réinstallais sur l'un des fauteuils.