❝ It's a small crime and I've got no excuse. ❞
avec Riley.

Cassidy n'était pas du genre rancunier. Non, vraiment, il laissait vite couler les petites rancœurs, parce que ça ne valait jamais le coup de se gueuler dessus pour rien ou d'en vouloir à quelqu'un pour si peu. Cependant, depuis le prime, il n'arrivait pas à décolérer, bien qu'il le cachait très bien. Il venait de passer une nuit agitée, n'arrivant pas à trouver le sommeil ou du moins, très vaguement. Il était donc de mauvaise humeur, bien que son visage n'affichait que la fatigue. Bien entendu, tout n'allait pas en s'arrangeant, puisque c'est toujours quand vous n'avez pas envie de parler ou de voir quelqu'un, que ce quelqu'un débarque. Lorsque Riley entra dans la pièce, il se fit un plaisir de l'ignorer royalement. C'était puéril, certes, cependant, c'était ainsi depuis la rupture, ils se parlaient à peine. Il se servit une tasse de café bien chaude, se promettant de ne pas parler et de ne pas lui sortir un discours à la sauce des séries américaines pour adolescent, genre « tu m'as trahi! Comment tu peux me faire ça? A moi? », même si c'était tout simplement ce qu'il ressentait. Il se retint encore une seconde. Et une autre et... trop tard, il ouvrait la bouche. « Donc, notre relation n'était qu'un bon moyen pour augmenter ta popularité? » demanda-t-il calmement, l'air de rien. « Tu m'as fait dire tant de choses à mon sujet, sur ma vie, tu m'as fait ressentir des sentiments que je m'étais toujours interdit... Tu m'as même buzzé en pensant que j'étais un traitre alors que tu en étais une.» fit-il remarquer, toujours aussi calme. Impressionnant, n'est-ce pas? Cette capacité à rester calme. « Si je t'ai déçu durant l'aventure, tu viens clairement de me rattraper.» sourit-il. Ouais, ouais, c'était con de dire ça parce que c'était le jeu et blabla bla. Il s'était longuement imaginé un secret qu'il ne pourrait pas supporter, un truc horrible, n'importe quoi. Mais non, cette jeune femme douce, gentille et adorable n'était qu'une traitre. « Je ne sais même pas qui tu es, Riley. » C'était la pure vérité. Si lui, il lui avait confié quelques petites choses sur sa vie, elle ne s'était pas donnée ce mal. Il ne la connaissait pas. « Est-ce au moins ton vrai prénom ou c'est ton pseudonyme d'agent secret? » D'accord, il devenait sarcastique. Un sourire on ne peut plus ironique se dessina d'ailleurs sur ses lèvres alors qu'il avala une gorgée de café. « Tu sais, pendant longtemps, je me suis demandé si mon secret allait te blesser, et j'espérais vraiment que non, mais maintenant, j'espère sincèrement que tu vas te sentir aussi conne que je me sens con, là. Mais, bravo, tu m'as bien eu. » Pas sûr qu'il y ait matière à cela, mais s'il pouvait lui faire comprendre qu'une façon ou d'une autre qu'il se sentait trahi... Mais c'était tout le but, n'est-ce pas? Cela étant dit, elle aurait pu faire en sorte que les choses aillent moins loin. Ne serait-ce que durant la semaine précédente, elle aurait pu lui lancer une absurdité pour arrêter toute relation, mais non, elle avait continué son petit manège. Alors, oui, il lui en voulait.

Cassidy en vint à se demander s'il avait le droit d'être vexé. Et c'était stupide de se demander une telle chose: depuis quand quelqu'un a besoin d'une autorisation pour se sentir trahi? Depuis la veille, il se demandait comment il avait pu être aussi aveugle. C'est vrai, il avait passé la plupart de son temps avec elle, sans jamais se rendre compte de rien du tout. Cela aurait dû lui sauter aux yeux. C'est peut-être pour cela qu'il se sentait ainsi, parce qu'il avait été dupé. Pourtant, il était loin d'être mauvais joueur... Allez chercher à comprendre. Toujours est-il que cela avait été plus fort que lui et qu'il lui avait sorti tout un petit discours en tâchant de rester calme, mais elle avait visiblement capté qu'il était plus ou moins énervé malgré tout. Peu importe. Quant à cette histoire de popularité? Du peu d'images qu'il avait vu, et c'était peut-être quelque chose de totalement sorti de son contexte ou reformulé, et même si cela n'avait même pas été dit par la blonde, il comprenait la chose comme si elle s'était prise au jeu et qu'elle s'était accrochée à lui, rien que pour pouvoir rester le plus longtemps possible, se servant de leur histoire et des disputes avec Ambrosia pour faire le buzz. C'était sans doute un bon moyen de lui en vouloir sur ses propres sentiments, un moyen de se dire que ce n'était qu'un mensonge, tout comme il espérait que ce qu'il pouvait ressentir l'était. Il resta silencieux, buvant tranquillement son café avant de ponctuer la conversation d'un: « Ça n'a pas grande importance, au fond. Le jeu est quasiment fini, tout le monde va retourner à sa petite vie, pas besoin de ressasser une énième histoire inutile. » C'est vrai que ça ne servait pas à grand chose. A rien du tout. Pas la peine de s'énerver, de se sentir vexé, ce n'était qu'un jeu. Tout cela, ce n'était qu'un jeu. Vraiment pas de quoi devenir susceptible. Il se déplaça jusqu'au frigo, ouvrant grand la porte, cherchant de quoi se mettre sous la dent.

Non, pas de dispute. Parce qu'il ne voulait pas montrer qu'il tenait toujours à elle, même s'il ne le devrait pas. Être vexé, c'était clairement prouver qu'il l'appréciait toujours. Trop, bien entendu. N'était-elle pas quelque chose comme son premier amour ou un truc du genre? Elle était la première personne avec qui une relation voulait réellement dire quelque chose. Cela dit, c'était fini entre eux. C'était fait, c'était clair et net et la meilleure chose pour elle était de toute façon que ça reste ainsi. C'est bien pour cela qu'il allait se contenir et la jouer indifférent. Le silence se fit une place et Riley le brisa quelques instants plus tard, relançant cette histoire de popularité. Bon, au moins, elle voyait juste. Il referma la porte du frigo alors qu'il se tourna vers elle. « Tu es sûre? » fit-il en arquant un sourcil. Peut-être que leur histoire avait tout de même été un plus de ce côté-là? Peut-être que l'idée lui avait traversé l'esprit, qui sait? « Pourquoi tu m'as choisi, moi? Tu savais que je ne voulais pas ressentir l'amour et pourtant, tu t'es accrochée, malgré mon histoire avec Ambrosia, malgré les disputes et tout ce qui s'est passé... Je me demande comment on est arrivé là. » D'accord il lui en voulait rien qu'un tout petit peu d'avoir débarqué dans sa vie et d'avoir changé cette partie de lui, même si maintenant, il pouvait comprendre tout un tas de choses, au fond, il lui en voulait rien qu'un tout petit peu. Elle lui demanda ensuite son secret. Il croisa les bras, un fin sourire aux lèvres. « Tu n'avais pas quelques pistes en tête? Je serais curieux de savoir. » répliqua-t-il. Pas qu'il ne souhaitait pas le lui confier, il voulait juste la laisser ramer un peu avant.

Il avait réussi à la faire se sentir si spéciale qu'elle en était tombée amoureuse. Comment avait-il fait cela? Bonne question. Peut-être qu'elle avait semblé différente des filles qu'il connaissait. Peut-être parce qu'elle lui avait semblé spéciale. Peut-être que... ça faisait beaucoup de « peut-être ». Toujours est-il que, peu importe comment ils en étaient arrivés là, ils y étaient bien. Là, dans cette cuisine, tôt le matin, à se faire encore un peu plus de mal en parlant à nouveau de toute cette histoire. Ils allaient devoir tourner la page, de toute façon. Et il ne savait pas si la rupture était dû à cette semaine sans elle. Peut-être que si, puisqu'il avait pu réfléchir sur la nature de ses sentiments, c'est vrai. Mieux valait qu'il s'en rende compte maintenant, non? Avant qu'ils n'aillent trop loin et qu'il la blesse encore plus. Mieux valait tout arrêter à ce moment-là.
Si jusque-là, il était resté silencieux, il ressentit soudainement le besoin de l'ouvrir. « On a beaucoup parlé de ce que je ressentais pour toi, mais pas de ce que je ressentais pour Ambre. Elle n'a jamais vraiment quitté ma tête, tu sais. » Pas sûr que ce soit réellement la chose à dire dans une telle situation, cependant, il tentait d'être honnête. C'est vrai que la relation entre Riley et l'anglais avait fait jaser et ce qu'il avait avec Ambrosia était resté sous silence. Pas que c'était plus mal, hein, mais ce n'est pas parce qu'on en avait moins parlé que ça signifiait moins. « Je t'apprécie vraiment, Riley. Je sais que je t'ai blessée, mais je t'apprécie vraiment, je n'ai pas menti sur ça. Mais je ne t'apprécie pas assez, justement. Pas assez pour rester et trop pour ne pas partir. » C'était cette fine ligne. Celle qui faisait qu'il ne pouvait ni rester avec elle, parce qu'il ressentait trop de choses pour elle et ni avoir envie de la garder près de lui justement parce qu'il ne ressentait pas assez . Et puis, c'était la meilleure chose à faire, elle trouverait quelqu'un de mieux que lui, c'était certain.
Ils en venaient alors à parler du secret de Cassidy. Il resta un instant sans rien dire, se demandant ce qu'il pouvait bien répondre. S'il avait été plutôt agacé quelques minutes plus tôt et qu'il avait bêtement lancé qu'il espérait qu'elle serait blessée à cause de son secret, en la voyant maintenant, comme ça, il regrettait ses paroles. Oui, il était lunatique, visiblement. « Tu comprends que je ne peux pas t'en faire part seul, dans ce cas. » fit-il alors qu'il voyait la tristesse s'installer sur son visage. Il ne pouvait s'empêcher de culpabiliser. Il ne faisait vraiment que la blesser, quel idiot. « Tu m'oublieras vite, Riley. » lança-t-il comme pour la rassurer. Non, il n'avait pas réussi à trouver mieux. Mais c'était bien connu: il n'était pas doué avec les mots. Il esquissa un sourire désolé et quitta la pièce, pensant qu'il en avait assez fait jusqu'à maintenant et qu'il devait lui laisser de l'espace, du temps.