LHOAS

Mon regard s'était perdu dans toute cette noirceur. Adepte de la lumière je n'avais jamais réellement osé dormir sans veilleuse, peut-être parce que je ne m'y sentais pas à l'aise, peut-être parce que Satan en dessous de mon lit n'attendait que de me dévorer les chevilles, douce image qui berçait un peu plus mes nuits pleines d’allégresses et de légèretés. Recroqueviller au bord du lit pour ne pas empêcher mon partenaire de s'étaler, je manquais parfois de dévalait du lit et de m'écrouler par terre, mais cela ne me dérangeait pas vraiment. Sa chaleur n'était pas quelque chose qui m'insupportait, je pouvais même être satisfait du fait qu'il ne semblait pas être un ronfleur, bien que les apparences pouvaient en procurer l'effet inverse. « J'ai pas peur du noir. » murmurais-je d'une voix inaudible en fermant les yeux du plus fort qu'il m'était possible de faire, comme pour que cette idée s’insère dans mon crane « J'ai pas peur du noir, j'ai pas peur du noir, j'ai pas peur du noir... » sans que je ne m'en rende réellement compte, ma voix augmentait peu à peu son volume jusqu'à en venir à une voix presque tout à fait normale. Me retournant d'un bon dans mon lit pour observer le visage de mon partenaire, mes grand yeux bleus s’écarquillèrent et mes deux mains se placèrent devant mes lèvres comme un enfant venant de remarquer sa bêtise. Il n'allait pas être content, je le sentais, mais je n'y pouvais rien, je n'arrivais pas à dormir. Alors, pour m’innocenter, je m'amusais à faire le mort, comme si tout ceci n'avait été qu'un rêve dans sa tête et qu'il n'avait fait qu'entendre des voix. Bien qu'un sourire innocent me trahissait.

Quelques nuits avaient passé et dormir dans le même lit qu'un autre candidat masculin n'avait pas vraiment bouleversé Lhoas qui n'était pas à cela prêt. Il n'était pas à cela prêt, enfin presque. Il tenait tout de même à avoir ses heures de sommeil, chose à laquelle il était habitué et qu'il trouvait important et nécessaire pour pouvoir passer de bonnes journées. Le franco-irlandais était dans une phase de sommeil bien profonde et il rêvait de choses superficielles et totalement impossibles. Quelques mimiques parcouraient son visage lorsque un événement saisissant ou important se passait dans le rêve. Mais bientôt dans son rêve s'immiscèrent de petits cris plaintifs, cela parlait.. d'ombre, de noir. Quelques fois de peur. Qu'étaient-ce donc pour des cris, que cela venait-il faire dans son rêve? Bientôt il fut sorti des bras de Morphée par des gémissements de plus en plus audibles et cela commença à lui taper sur les nerfs. Déjà armé d'un coussin, il s'apprêtait à le balancer sur le crâne de son acolyte de lit, mais lorsqu'il ouvrit les yeux il le vit calme et serein, endormi. Puis le flou de son regard s'étant dissipé après avoir longuement regardé en direction de son partenaire, il distingua un sourire qui n'avait rien à faire là. Ce fut alors à son tour de sourire, amusé par la malice de son colocataire. Mais il n'allait pas s'en tirer comme ça celui-là. Tout doucement, il approcha son bras du visage de Franckie, et d'un coup lui pinca le nez de façon à ce qu'il ne sache plus respirer. Amusé et sans même un mot qu'il jugeait inutile, il regarda la scène se dérouler. Inutile de dire que Franckie se débattant pour savoir respirer était une scène jouissive pour Lhoas qui pleurait de rire.

Calme, j'essayais pourtant de ne laisser aucune émotion traverser mon visage, ce qui était bien entendu raté puisque j'étais totalement incapable de mentir, ou même de prétendre pouvoir faire autre chose que la vérité. Cela se lisait clairement. Quelque chose m'attrapa alors le nez, sans que je ne comprenne réellement pourquoi ni même ce que cela pouvait être. Relevant avec hâte mes paupières, je laissais mes yeux longer le bras de mon bourreau jusqu'à atterrir à son visage, hilare. Je n'arrivais plus à respirer. Agitant les bras dans sa direction, je plaquais mes mains sur son torse pour essayer de le repousser, mais rien à faire, il avait les bras bien plus longs que moi. Dans la panique, l'idée de respirer par la bouche ne m'était même pas venue. Alors je me mis à gigoter dans le lit, essayant tant bien que je le pouvais de le faire lâcher prise, sans réel succès « Arrêde d'es méchant ! » tentais-je à vois basse les yeux plissés et une grimace enfantine trônant sur mon visage. Bon j'allais éviter le "je n'ai rien fait" car il devait bien se douter du contraire pour agir de la sorte, certes. Alors je me mis enfin à respirer par la bouche. Toussotant dans un premier temps avant d'avaler une bouffée d'air. Finalement il lâcha prise et je pus enfin contre attaquer. Grimpant avec agilité sur son corps, je relevais le buste fier, comme les pauses de super héros avec la cape dans le vent avant de lui asséner diverses chatouilles sur les côtes. J'étais méchant, très vilain et il allait souffrir !

De suite le sourire malsain disparut sur le visage du petit comique de première. Peu à peu il ouvrit els yeux et se rendit compte que sa respiraiton était bloquée. Il commença à se débattre dans tous les sens comme un petit marsupial affolé qui avait perdu sa banane. Lhoas, naturellement, riait aux éclats tout en maintenant sa pression sur le nez de son colocataire. Il essaya alors de formuler un supplice, mais il eut un peu de mal, même si Lhoas avait compris l'essentiel de l'idée, qu'il refusait d'appliquer, ô non il n'allait pas lâcher. Enfin, Franckiechou eut la bonne idée de respirer par la bouche, et bientôt commença à repousser de ses mains le torse nu de Lhoas pour que ses mains n'atteignent plus son visage. Confiant, il commença à grimper sur Lhoas dans le lit, en commençant à le chatouiller pour essayer de lui infliger pareil supplice. Malheureusement pour le petit jeunot, Lhoas n'était pas chatouilleur. Manque de bol, dira-t-on. Franckie eut beau s'y essayer à plusieurs endroits - tout en sachant que Lhoas dormait en boxer - rien n'y faisait. Lhoas se laissait palper de tous les cotés sans émettre le moindre rire de chatouillis ou de gémissement quelconque, seul Franckie s’attelait à la tache en faisant du bruit qui aurait pu réveiller leurs colocs. Lhoas, bientôt lassé des petits chatouillis inutiles de son coloc qui lui était monté dessus alors qu'il était presque nu, le regarda avec un regard soutenu. « Alors là, si tu fais pause sur la scène qu'on est en train de jouer, je pense qu'on a officiellement l'air d'un couple gay » soutint Lhoas, pince-sans-rire, la mine sérieuse, le regard pensif. « En espérant que les préliminaires des homosexuels soient plus fructueux que ça » rigola Lhoas en mentionnant les intulies chatouilles que lui proférait Franckie. Puis Lhoas parut réfléchir en fronçant ses longs sourcils, tout en regardant son colocataire tout sérieusement. « T'as pas la mi-molle au moins ? » demanda Lhoas à son acolyte alors qu'il le surplombait toujours, chevauché sur son torse.

J'essayais de le faire réagir mais rien, il ne semblait pas craindre les chatouilles. Finalement je croisais les bras sur ma poitrine boudeur le surplombant quelques instants avant qu'il n'inverse les rôles, me retrouvant alors sous lui. A ce moment là, il marqua une pause. « Alors là, si tu fais pause sur la scène qu'on est en train de jouer, je pense qu'on a officiellement l'air d'un couple gay » dit-il d'un regard tout à fait pensif « En espérant que les préliminaires des homosexuels soient plus fructueux que ça » finalement il se mit à rire, alors pour ne pas le vexé, je l'imitais même si je ne savais pas trop ce qu'étaient les préliminaires de ces gens là. « T'as pas la mi-molle au moins ? » mon sourcil droit s'arqua. La mi-molle ? Mais qu'est ce que cela voulait bien dire... « Comment ça ? » les pensées se bousculaient alors dans ma tête, créant une confusion totale. La mi-molle est ce qu'il parlait de... non. Tout de même pas. Finalement un léger rire s'échappa de mes lèvres « J'sais pas, c'est toi qui es sur moi, tu devrais le savoir. » une expression amusée s'était dessinée sur mon visage. Comme à mon habitude, je ne portais qu'un bas de pyjama n'arrivant pas à dormir vêtu seulement d'un boxer. Je ne savais trop pourquoi, peut-être par habitude. Peut-être qu'à ses yeux cette scène semblait plus que déplacée, mais aux miens, tout ceci n'était qu'un jeu. Vous savez, le genre de gamins qui se battent à mes le sol, se roulant dans la terre. « Alors, je l'ai ? » osais-je en un rire enfantin tout en soulevant mon buste à l'aide de mes coudes, les appuyant contre mon oreiller. Il était grand tout de même, mon partenaire.