Faire la grasse matinée ce n’est pas vraiment son truc à Tifenn. En plus il y a pas mal de gens, tout autour d’elle, qui font des choses étranges pendant leur sommeil. Certains parlent. D’autres poussent des petits cris ou encore ronflent comme des bucherons. Rien n’est propice au sommeil dans cette maison. Surtout pas dans la chambre de la brunette. Presque personne n’est debout. Il n’y a pas grand-chose à faire. Tourner en rond elle n’aime pas ça l’allemande. Elle ne peut pas rester sans rien faire. Elle déambule dans les couloirs. Dans le dressing. Dans la salle de bain. Jusqu’à ce perdre dans la forêt. Elle n’a pas fait un effort surhumain pour s’habiller. A son image, la belle est tout à fait normale. Sur un petit sentier fait de gravier elle avance tranquillement, mais surement. Ses pas ne sont pas trop rapides. Ils ne sont pas trop lents non plus. Elle a un rythme régulier. Son souffle est un tout peu saccadé. Après tout elle est en train de marcher, pas de se promener. Elle grimpe un petit peu partout. Elle observe tout ce qui lui passe sous la main. La fauve. La flore. On dirait une gamine en train de découvrir la nature. Elle s’écorche le genou. Rien de bien grave. Un petit peu de désinfectant en rentrant et ce sera terminé. Enfin, ça pique un petit peu quand même. Elle serre les dents. Après tout ce n’est pas une hémorragie qu’elle est en train de faire. Continuant son petit parcours de santé de l’année, Tifenn rencontre l’une de ses camarades. Elle aperçoit une chevelure brune un petit peu plus loin. Elle la reconnait de visage, mais n’arrive plus à mettre un prénom sur elle. Mince. C’est embêtant. Tant pis. Elle fera au feeling. Tout pourrait bien se passer si la brune au loin ne se serait pas écrouler sur le sol. L’allemande ne sait pas trop quoi faire. Elle regarde à droite, puis à gauche avant de courir dans la direction de sa camarade pour venir s’agenouiller à côté d’elle. Instinctivement elle pose l’une de ses mains sur le bras de son interlocutrice. « T-tu ne t’es pas fait mal ? » qu’elle demande timidement. Son petit côté maternel ressort soudainement. Elle fait moins gamine là. Bon d’accord, on dirait une mère adolescente en fait. En tout cas c’est l’intention qui compte. Fouillant dans son sac à dos, elle sort une bouteille d’eau qu’elle lui tend en souriant. « Tiens. » Ça devrait lui faire du bien.

Bon sang, une nana, au loin sur le sentier, vient de s’écraser sur le sol. On dirait bien qu’elle vient de faire un malaise ou un truc dans l’genre. Heureusement que Tifenn est là. Enfin, elle n’est pas sûre d’être d’une grande aide pour la victime, mais au moins elle ne sera pas toute seule. Ce n’est pas dit que l’allemande parle beaucoup, mais elle aura au moins quelqu’un sur qui se reposer durant le trajet du retour. Parce que oui, même avec sa petite silhouette toute fluette Tifenn peut supporter le poids de quelqu’un d’autre. Peut-être pas la porter, mais au moins la soutenir. La brunette vient s’accroupir tour près d’elle. Elle lui demande si tout va bien. Si elle ne s’est pas fait mal. Elle se redresse pour s’asseoir. « Non... je crois pas. » Tant mieux. La pauvre malheureuse est toute tremblante. Elle n’a vraiment pas l’air dans son assiette. Fouillant dans son à dos, Tifenn en sort une bouteille d’eau qu’elle lui donne. Il faut qu’elle reprenne des forces et il faut commencer par s’hydrater. Un peu d’eau ne lui fera pas de mal vu son visage tout rouge. Elle boit plusieurs gorgées pendant que l’étudiante vient poser l’une de ses mains sur son front. C’est un geste plutôt maternel. Le soleil cogne déjà. Ce ne serait pas étonnant qu’une insolation soit sous cette chute. « T'aurais pas... un truc sucré dans ton sac magique ? » Très bonne question. Tifenn farfouille à l’intérieur. Il y a tout un tas de trucs complètement inutiles. Du fil. Une boîte. Des pansements. Des pâtes de fruits. Tiens, c’est assez sucrée ça. Elle en attrape une et tout en souriant la donne à sa camarade. Elle doit remarquer que la brunette la scrute en se demandant ce qui a bien pu lui arriver. Alors elle lui répond. « Rien de grave, j'ai trouvé ça intelligent de partir courir avec rien dans le bide. » Ceci explique tout. Ce n’est pas très intelligent tout ça. Heureusement qu’elle avait envie de se promener dans la foret la petite Tifenn parce que sinon elle aurait très bien pu crever toute seule sur le sentier. La demoiselle vient s’asseoir sur le sentier. Juste à côté de sa camarade. « Hors de question que tu retournes à ton footing alors que tu viens de chuter. » Oui, Tifenn vient de donner un ordre à quelqu’un. « C’est trop dangereux. » C’est surtout complètement inconscient. Elle la couve du regard un instant. Son visage lui dit clairement quelque chose. Seulement elle a honte de lui demander son prénom. Ce serait un peu trop étrange. Alors elle reste muette la brunette. Elle s’amuse avec le peu d’herbe qui traîne sur le bord de la route. On dirait une gamine. Enfin, c’est surtout un toc pour éviter de devoir trop regarder les autres quand elle sent la timidité bien trop présente. Elle ne dit plus rien. Elle cherche. Elle cherche le prénom de sa camarade. Le temps passe. « Jasmine ? » qu’elle tente d’une toute petite voix. « Tu es Jasmine, c’est ça ? » Elle la confondait tout le temps avec Dior. Allez savoir pourquoi.

Spoiler:

C’est assez impressionnant de voir quelqu’un faire un malaise. Bon d’accord Jasmine n’a pas perdu connaissance, mais ses jambes se sont dérobées sous son petit corps de crevette. Et c’est impressionnant. Surtout de loin. Tifenn s’est demandée ce qui était en train de se passer et sans prendre le temps de réfléchir, voilà que la belle avait couru vers sa camarade pour lui porter secours. Pour voir si tout allait bien. Apparemment ce n’était qu’une petite baisse de régime. Une petite baisse de régime qui a tout de même fait flancher Jasmine. L’allemande s’occupe d’elle comme une véritable mère poule. Elle la couve du regard et lui offre à boire, à manger. Elle lui interdit même de recommencer son petit marathon. De la marche sans aucun soucis, mais pas de course. Ce serait étonnant qu’elle l’écoute, mais la jeune femme aurait au moins essayé. « C'est rien ça m'est arrivé un tas de fois, je peux retourner courir je peux même courir un marathon. » Parce qu’en plus ce n’est pas la première fois que cela lui arrive. C’est la cerise sur le gâteau. Tifenn la regarde avec un sourire idiot sur les lèvres. « Comme dirait Marty, c'est pas un petit étourdissement qui va m'empêcher d'atteindre le sommet. » C’est qui ça, Marty ? Un homme ou bien une femme ? « Je pense que Marty a tort. » Elle doit être artiste ou athlète pour parler d’atteindre le sommet. Oui parce que pour Tifenn, le sommet c’est la gloire pour les artistes et un titre de champion olympique pour les sportifs. « Tu as le droit de te reposer si tu ne te sens pas bien. Imagine qu’un jour tu sois forcé de rester au lit durant plusieurs semaines. » Elle marque une pause. « Je ne te le souhaite pas, bien entendu, mais cela n’arrive pas qu’aux autres. » La brunette hausse les épaules et lui adresse un sourire. C’est là qu’elle se souvient de sa camarade, de son prénom. « Oui c'est moi. » Cool. Il n’y a pas d’erreur sur la personne. « Je te confonds souvent avec ta partenaire. » qu’elle vient lui expliquer un petit peu honteuse. Elle se ressemble. Brune toutes les deux. Jolies toutes les deux. C’est normal qu’on ne s’y retrouve pas. « Merci au faite. » Mais de rien. Tifenn lui réponds pas un sourire et un regard amical. « Tu cours avec moi ? » Courir ? Pas vraiment. Ce n’est pas sa tasse de thé à la brunette. Elle refuse d’un signe de la tête. « Tu ne préfères pas marcher plutôt ? » Disons que c’est plus à la porter de l’allemande.