La semaine dans la maison passait relativement lentement, je suppose qu’avant que le temps passe vite il fallait s’habituer à vivre avec tous ces gens et donc, finalement, faire connaissance, lié des liens plus forts avec les uns etc. Mais aujourd’hui j’avais envie de lire tranquillement, c’est pourquoi j’avais été cherché un livre dans la bibliothèque et l’avais emmené dans la chambre où je logeais. Je m’installai sur le lit, les chevilles croisées et commençai la lecture. C’est à peu près à ce moment-là qu’une chevelure blonde attira mon attention, je tournai légèrement la tête et vis, ô joie, Evey. Je ne dis rien et me contentai de me plonger plus assidument encore dans la lecture de Pride and Prejudice.

J’avais, par un moyen trop peu frauduleux, réussir à choper quelques cigarettes ici et là, assez en tout cas pour m’en faire une petite réserve. De quoi me permettre de tenir la route jusqu’à la prochaine crise. Parce qu’il y en aurait, c’est évident. Avec l’ambiance générale qui régnait ici, cette drogue allait sûrement être mon seul support moral. Je rentrais d’ailleurs de l’extérieur, où j’y avais pris ma dose de nicotine quotidienne. Maintenant, j’allais devoir me débarrasser de mes précieuses petites choses blanches, et par débarrasser, je voulais plutôt dire cacher. Pas question qu’on me pique ma réserve, à moi. Contrairement à d’autres. Et le meilleur endroit pour ça restait ma valise. Personne n’oserait me faire l’affront d’y fouiller. Montant en quatrième vitesse les marches du hall, j’entrais comme un coup de vent dans la chambre, mon manteau toujours sur les épaules. Et je m’arrêtais nette. Il y avait là une présence indésirable. Zhara, la petite sainte-nitouche du cimetière. Elle remarqua ma présence, mais préféra se taire. Tant mieux, je l’aimais mieux quand elle évitait de parler, celle-là. Me faufilant jusqu’à mon lit, à l’autre bout de la pièce, je m’agenouillais à même le sol, et fouillait sous celui-ci pour en sortir mon bagage. De ce faire, je lui avais tourné le dos. Je me fichais bien qu’elle soit là, elle n’était pas tellement une menace de toute manière.

Je vis du coin de l’œil la jeune femme s’approcher de son lit et ouvrir sa valise, bien, elle ne semblait pas me prêter attention ce qui était en soit une très bonne chose, je continuai alors ma lecture tranquillement. Du moins, je tentai, mais son arrivé dans la pièce avait également amené une odeur de clope incroyable dégoutante, oui je détestais cette odeur et déjà que mon partenaire en était constamment parfumé, c’était bon comme ça dirons nous. Je me levai alors et ouvrit une fenêtre avant de retourner dans le lit où je me glissai sous la couette pour ne pas geler et repris enfin la lecture de mon livre. Toujours en ignorant la garce.

Comment aurais-je pu passer à côté d’elle, alors qu’elle m’avait si gentiment fusillé du regard dès mon entrée dans la pièce. Désinvolte, elle avait d’ailleurs fait fit de ma présence, retournant à sa passionnante lecture – et ce n’était en rien d’ironique, la p’tite, elle avait quand même bon goût de ce côté, étonnant. M’occupant de ma petite besogne, je ne me rendis pas compte tout de suite qu’elle s’était levé. Ce n’est que lorsque le vent froid se fit sentir dans la pièce que je me retournais, juste à temps pour la voir se réfugier bien au chaud sous les couvertures. Haussant les épaules, je terminais ce que j’étais venu faire là, rangeait le tout bien profondément sous mon lit, puis me levant, retirant mon manteau que je lançais paresseusement sur mon lit. Ah, la flemme d’aller le remettre à sa place. Ça attendrait. Profitant du fait qu’elle se fichait totalement de ma présence, j’allais me poser carrément sur son lit à ses côtés, m’installant avec aise. Rien qu’à voir sa réaction, je su que ça ne lui plaisait pas. « Oh, mais fais pas cette tête, j’le sais que tu m’aimes bien au fond. » Je n’avais pas envie de bouger, maintenant que j’étais confortable. Elle allait devoir s’y faire. L’embêter, ça m’amusait, j’en aurait même fait ma spécialité si ce n’était du regard assassin qu’elle me lançait. On dormait dans la même chambre : des idées pour qu’elle vienne me tuer pendant mon sommeil. Et je n’y tenais pas vraiment. « Alors, alors, tu dois bien avoir des trucs intéressants à dire sur toi, non? » Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me réponde. En fait, ça aurait relevé du miracle si elle avait agis de la sorte. Elle se complaisait dans son silence, et moi, je souriais bêtement. « Au fait, j’ai décidé que j’te laissais pas tranquille tant que j’en sais pas un peu plus sur toi. » que je lui dis. « Tu es prévenue, au moins. »

« Oh, mais fais pas cette tête, j’le sais que tu m’aimes bien au fond. » dit-elle alors qu’elle venait de s’installer sur mon lit à la place où mon partenaire dormait normalement. Je lui lançai un regard aussi noir que je pouvais et repris ma lecture sans lui adresser le moindre mot. « Alors, alors, tu dois bien avoir des trucs intéressants à dire sur toi, non? » Des trucs intéressants ? Surement oui. A elle ? Non. Je ne répondis toujours pas me disant qu’a force elle allait me laisser tranquille mais elle se chargea bien vite de me prévenir que non, elle n’allait pas me laisser tranquille. « Au fait, j’ai décidé que j’te laissais pas tranquille tant que j’en sais pas un peu plus sur toi. » je soupirai et tournai enfin la tête vers elle, fermant mon livre d’un coup sec. « Tu es prévenue, au moins. » « Bon sang, tu peux me dire pourquoi tu me colles comme ça ? » demandais-je en arquant un sourcil, interrogative. « Je te fascine ? C’est quoi hein ? » elle était vraiment insupportable !

« Bon sang, tu peux me dire pourquoi tu me colles comme ça ? » Oh, ma petite furie favorite venait de se réveiller pour de bon. Ce pauvre livre qui en avait souffert, une victime innocente de plus dans ce bas monde. « Je te fascine ? C’est quoi hein ? » Elle n’avait pas tout à fait tord, la gamine. Tout ce qui ne m’était pas familier m’intriguait, me fascinait. Et bon sens, Zhara était en tout point mon opposé. Comment ne pas chercher à en savoir plus sur elle, sur son fonctionnement. Car sa petite cervelle d’oiseau ne devait sûrement pas fonctionner comme la mienne. Cependant, lui avouer qu’elle me fascinait était bien sûr hors de question. Ma curiosité l’emportait, certes, sur tout le reste, mais pas mon intégrité. « Du calme, chaton. » lui dis-je alors – ce qui, forcément, l’irriterait d’avantage, mais tant pis. Ce diminutif lui convenait d’ailleurs très bien : qu’y avait-il au monde de moins menaçant qu’un chaton. « Tu vas pas me repousser parce que j’essais d’être gentille, quand même? » Car il était vrai qu’en dehors de mon acharnement à en savoir plus sur elle, j’avais presque été un modèle d’amabilité aujourd’hui. D’une délicatesse, même. « J’voulais simplement faire connaissance, tu sais, Faire comme les autres r… candidats. » J’avais presque traités nos camarades de ratées devant elle, oh l’affront. Ce n’est pas parce que moi, je le pensais, qu’elle était obligée de savoir. De toute façon, je doutais qu’elle soit de ceux qui partageaient mon avis. Jackson, lui, aurait sûrement apprécié. « Et puis t’as du caractère. Ça me plait bien. » Qui aurait pu croire ça d’elle, d’ailleurs.

« Du calme, chaton. » ok c’était la deuxième fois qu’on me surnommait comme ça, Franckie encore, passait, (parce que bon, il aurait bien pu être surnommé comme ça aussi, soyons honnête) mais elle ? Non, je le cautionnais pas « Zhara, c’est Zhara mon prénom et tu l’utilises. » exigeais-je. Je m’étais présentée dans cette émission comme était agréable, gentille et douce mais toute une facette de ma personnalité avait été volontairement occultée. J’avais du caractère, du aux gênes surement et je ne le cachais pas face à Evey. « Tu vas pas me repousser parce que j’essais d’être gentille, quand même? » je plissai les yeux et dis « Gentille ? Ah bon ? C’est possible ? » un brin sarcastique. « J’voulais simplement faire connaissance, tu sais, Faire comme les autres r… candidats. » je m’adoucis un peu, bien, si elle voulait apprendre à me connaitre, du moment qu’elle ne se montrait pas infecte comme lors de notre entrevue au cimetière, ça irait. « Et puis t’as du caractère. Ça me plait bien. » je haussai un sourcil et m’installai assise, en tailleur, sur le lit, mais toujours sous la couette. « Ok, dans ce cas, qu’est-ce que tu veux savoir ? » demandais-je en haussant les épaules.