Pourquoi faire de l’insomnie ? C’est con. Ça devrait pas exister. Mon lit était si confortable en plus, y’avait pas de raison pour ne pas être capable de fermé l’oeil. Pourtant, c’était ce qui m’arrivait. J’aurais pu avoir des tracas en tête et penser à un million de trucs. Mais non. C’était la première fois dans le nid. Je sortis doucement des couvertures, ne voulant pas réveiller Cooper, qui lui, dormait comme un bébé. Le chanceux. Je sortis donc de la chambre sur la pointe des pieds, prenant au passage une veste qui appartenait à Cooper, pour ne pas avoir trop froid. Je me demandai un instant où est-ce que j’allais, laissant finalement mes pas me guider vers la cuisine. Personne. C’était plutôt évident, vu l’heure qu’il était. Bon, si j’étais pour rester debout pendant une bonne partie de la nuit, plutôt me rendre utile. J’ouvris le frigo, me demandant ce que je pourrais bien cuisiner. Puis, je décidai de faire une tarte. Ouais, je sais, il est tard pour faire une tarte. Mais c’est ce dont j’ai envie. Puis les autres habitants seront contents, demain, lorsqu’ils auront quelque chose à se mettre sous la dent. Je pris donc la peine de sortir tous les ingrédients nécessaire pour faire une bonne tarte aux sucres lorsque quelqu’un entra dans la pièce. C’était Milan. Je le connaissais de vu, mais c’était tout. Je lui fit un sourire bienveillant alors que je sortais les oeufs du frigo. «T’as fait des cauchemars ?» demandais-je, laissant échapper un petit rire. Peut-être qu’il faisait seulement de l’insomnie, lui aussi.

Milan émergea si brusquement du sommeil qu'il se demanda vaguement s'il rêvait. Ou s'il s'était tout simplement réellement endormi. Il ne comprit pas tout de suite ce qui l'avait tiré si brutalement du pays des songes, et il lui fallut plusieurs secondes avant de se rendre compte que le pied de sa compagne de lit était méchamment collé à son abdomen. Elle lui avait genre... shooté dedans ? Après un bâillement, il entreprit de déplacer précautionneusement l'appendice de la blonde, histoire de le remettre "de son côté du lit" comme elle avait tendance à dire. En grognant, il se retourna sur le ventre, la gueule dans l'oreiller, et grogna. ... ... Et il tourna, et retourna. Impossible de se rendormir. En soupirant, il repoussa doucement sa couverture, et quitta la chambre à tâtons. Aïe. Quelqu'un avait laissé la lumière du couloir allumée. Résultat, il se péta littéralement les yeux, et il ne put avancer tout de suite. S'étirant de tout son long, l'irlandais descendit au rez-de-chaussée. Maintenant qu'il y pensait, il avait un peu la dalle. À croire qu'il avait pas bouffé de la journée. Déboulant dans la cuisine, il faillit s'arrêter net en constatant qu'il y avait quelqu'un qui se tenait là. La fille avec la ganache de poupée. S'approchant, il redressa légèrement la tête lorsque sa voix s'adressa à lui. « J'aimerais bien, mais c'est Sixtine et ses attaques nocturnes. Je crois que c'est elle qui fait des cauchemars. » si tu caches du ruban adhésif extra fort et une camisole de force dans ton frigo, je suis preneur, faillit-il ajouter. Balayant le plan de travail du regard, il ne put s'empêcher de hausser les sourcils. « Tu prépares la prochaine bataille de pâte à crêpes ? » fit-il, un peu septique. C'était... une drôle d'activité, vu l'heure.

« J'aimerais bien, mais c'est Sixtine et ses attaques nocturnes. Je crois que c'est elle qui fait des cauchemars. » Je l’écoutai, accrochant mon regard au siens, puis je finis par laisser un rire fin s’échapper de mes lèvres. «Ah, les problèmes de couple !» répliquais-je, gardant le sourire. C’était tout de même spéciale, de dormir avec quelqu’un que l’on ne connait pas. Se faire imposer ça. Je commençais déjà à m’habituer à mon partenaire, même si au début, j’avais été gênée. Je me demandais si c’était la même chose pour tous les autres faux-couples de la maison. Le jeune homme me demanda d’une façon perplexe ce que je fabriquais dans la cuisine à cette heure. « C’est une bonne idée, mais je fais plutôt des tartes. Je sais, j’ai l’air idiote de faire ça cette nuit. Mais y’a pas vraiment une heure précise où l’on doit cuisiner. On peut faire ça à n’importe quelle heure !» dis-je en répondant à la question, commençant à me mettre les mains à la pâte. «En fait, je fais de l’insomnie. Première fois que ça m’arrive depuis que je suis arrivée ici !» ajoutais-je en relevant de nouveau la tête vers Milan. Je ne ressentais même pas la fatigue. C’était étrange. Je changerai peut-être de discourt demain, lorsque j’aurai de la difficulté à garder les deux yeux ouverts dans le milieu de l’après-midi.

Il faisait un peu froid dans la cuisine pour lui qui n'avait toujours que son pyjama sur lui. Enfin, pyjama. Un grand mot. Il avait juste un caleçon et un tee-shirt. Milan n'avait pas eu le réflexion d'attraper un truc à mettre par-dessus en passant. Boarf. C'était supportable. L'écoutant parler, il ne cessait d'observer tout le foutoir sur la table destiné à... faire une tarte. D'accord. Ne répondant pas tout de suite, il finit par s'approcher encore et s'assoir à la table, face à elle. « Quand on souffre d’insomnies, on n’est jamais vraiment endormi et on n’est jamais vraiment éveillé » cita-il machinalement, d'un air distrait. C'était la seule chose qui lui venait. Il ne pouvait vraiment témoigner de cette affirmation puisqu'il n'avait jamais été insomniaque lui-même. Peut-être était-elle vraie seulement pour les insomniaques véritables, récurrents, qui, chaque nuit, ne parvenaient à s'endormir. « Tout le monde devrait gérer ses insomnies comme toi. On vivrait peut-être dans un monde moins pourri. » Il bailla avec une légère amertume. Si tous les grands dictateurs ou connards de ces derniers siècles avaient canalisés leur rage ou leur soif de pouvoir en faisant des tartes lorsque le sommeil leur manquait, qui sait, le monde serait peut-être tout à fait différent de celui qu'ils connaissaient. Milan avait toujours été stupéfait du fait qu'un simple détail, une simple décision sans réelle importance à court terme, pouvait parfois tout changer et avoir des conséquences inimaginables. Levant alors les yeux vers Esther, il dit finalement « Je te proposerais bien mon aide, mais j'crois que je ferais plus de mal que de bien » avec un pauvre demi-sourire désolé. S'il se débrouillait en cuisine, il était en revanche peu doué pour tout ce qui allait au-delà du strict minimum.