☼ WINIFRED

Pour un début d’après-midi, je me fais chier comme un rat mort. J’ai aucune inspiration quand à une éventuelle occupation, et j’en ai marre de lire ou d’aller à la piscine. Je préfère donc errer dans le parc. Il y a quelques rayons de soleil alors autant en profiter, même si la température doit avoisiner les 3 degrés. De toute façon, je suis bien couvert. Je me suis récemment acheté une doudoune en fourrure de Coyote, venant directement du Canada. Qu’on ne me fasse pas la morale parce que je porte une pauvre bête sur moi. C’est la dure loi de la vie. Et puis je chasse et je suis boucher donc les petits animaux n’ont qu’à bien se tenir. En parlant d’animaux, en voilà une, galopant telle une tigresse dans le parc. Winifreud, ou ‘fred, je sais plus trop. J’ai l’habitude de l’appeler Wini. Elle fait je-ne-sais-quoi, pas loin d’un arbre. Suspect. Je décide de l’accoster. « Salut. On baise ? » Je la scrute avec un sourire en coin. Je fais bien sûr référence à notre précédente conversation sur le fait que mes fabuleux spermatozoïdes devraient rencontrer ses magnifiques ovules. Bien entendu, je plaisante. Remarque, un petit coup rapide avec la blonde ne serait pas de refus. Elle est plutôt sexy. J'ai bien aimé d'ailleurs l'image de la prod' où elle arbore un masque de tigre au-dessus des chiottes.

Il faisait froid aujourd'hui. Froid, du genre vraiment froid. Le genre de froid qui vous fait trembler inconsciemment, qui vous fait le nez rouge et qui vous détruit gentiment les doigts au fur et à mesure du temps que vous passez dehors. J'aurais pu rester à l'intérieur et me contenter de supporter les autres, mais non, je voulais sortir, pneumonie en prévision ou non. J'avançais alors dans la froideur hivernale, marchant de manière hasardeuse vers je ne sais trop où...puis, soudain, en traversant le parc, je me plantais là, près d'un arbre. Pourquoi, excellente question. En tout cas je su y rester longtemps sans être enquiquiner de nouveau par la présence d'un autre candidat. Je me retournais, soupirant avant de finalement me retrouver face à Sonny, le donneur de sperm. « Balances pas des propositions que tu ne tiendrais pas, bébé. » Je lui fis un sourire puis observais ses fringues. Que faire d'autre, de toutes façons. Je tirais de gros yeux en scrutant son manteau. « La vache, tes spz ont visité combien de chatières pour que tu puisses te faire manteau si...touffu ? » Je ne portais aucuns jugements sur sa tenue. En fait, je m'en foutais, c'était juste un moyen comme un autre de l'attaquer sur quelque chose. Remarque, quelques années auparavant, quand je me la jouais encore ado rebelle, j'aurais pu lui prendre le chou sur le fait que son manteau provenait de peaux de bêtes. Ouais, j'étais comme ça avant, pseudo militante pour les animaux, une grande végétarienne du dimanche. Je n'étais pas la dernière à partir jeter des oeufs aux friquées qui portaient ce genre d'accoutrement. Puis, j'ai grandi et j'ai laissé tomber. Je veux dire, on ne changera pas l'avis des gens sur ce sujet, s'ils trouvent ça bien, soit, qu'ils le fassent, cela dit je ne me rangerai pour aucunes raisons de leur côté, c'était certain.

Aucune raison de me trouver dans le parc à une heure pareil de l’après-midi et pourtant j’y suis. Je meurs de froid, il n’y a strictement rien à faire. Juste un brin de soleil. A croire que je suis en manque. En fait, simple envie de prendre l’air, quitte à attraper la crève. Voilà que je rencontre Wini, une autre belle plante. Je lui fais alors une proposition indécente histoire d’entamer la conversation. Elle réplique. « Tu ne sais pas de quoi je suis capable, honey. » Un petit clin d’œil en guise de provocation et un petit surnom adapté à son prénom d’ours. Wini l’ourson – miel, comprenez. En parlant de prédateur, la candidate me fait un commentaire sur ma fourrure en poil de coyote. Je ne pige d’ailleurs pas grand-chose. Parler de manière compréhensible, ça serait trop demander ?! « Avoues tu rêves de toucher. Poil de coyote. Tu ne trouveras rien de plus doux. C’est moi qui ai chassé la pauvre bête. » Bon, il va de soit que je plaisante sur ce dernier point. Je chasse que du petit gibier et des coyotes je suppose qu’il n’y en a pas des masses en Irlande. La blonde tire une drôle de tête. Je ferai peut-être bien de changer de sujet avant qu’elle ne se mette à gerber ses tripes. « Et sinon, t’as pris ton pied avec l’autre enfoiré ? » Je remets le sujet sur le tapis. En même temps je ne sais pas tellement quoi dire d’autre. Je me contre-fou d’ores et déjà de sa réponse, qu’elle ait baisé avec Baptiste ou non. C’est pourquoi je sors mon paquet de clopes et mon briquet de ma poche. Fumer, ça réchauffe il paraît. Je tends une cigarette à la candidate en arquant un sourcil. Elle a une tête de toxico donc je suppose qu’elle ne refusera pas.