JACKSON et ruben ?

« Tulututu tulututu tatantan ! » faisant un mouvement raté du moonwalk je continuais ma chorégraphie seul, dans le confessionnal. « Ah ah ah ah stayin' alive, stayin' alive ! Ah ah ah ah stayin' aliiiiive » tour sur sois-même, regard qui tue, déhanché piètrement ridicule, mouvement du robot, second tour sur sois-même, perte d'équilibre, cri, fesses à même le sol. Me grattant de la paume mon oeil droit, un sourire amusé s'était dessiné sur mes lèvres. C'était cool le confessionnal en fait, jamais personne ne venait buzzer et donc cela permettait qu'il devienne un lieu de détente, de relaxation. Comment ça y'avait le spa aussi ? Non mais moi j'aimais pas quand il faisait trop chaud... ni trop froid... ni trop humide. J'étais un peu chiant en fait. Me soulevant à l'aide de mes mains, je posais mon délicat fessier sur la banquette tout en m'étirant de tout mon long avant que quelqu'un -ou quelque chose, on n'est jamais à l'abris de rien ici- cogne à la porte. On se croirait aux WC, limite il fallait attendre son tour vous voyez. Bon, j'allais pas lui répondre que j'en avais plus pour longtemps, ou même qu'il n'y avait plus de papier, ce serait totalement ridicule... quoi que... « Attends ! Y'a plus de papier ! » oh ouais elle était drôle celle la, j'étais fier de moi pour le coup ! Un sourire enfantin se dessina sur mon visage. Vous savez, le genre de sourire malsain que fait un gamin lorsqu'il vient de faire ou dire une bêtise. Je me mis alors à pouffer en silence, ou du moins aussi silencieusement que je le pouvais, ce qui n'était bien entendu pas des plus muets au monde.

Se plaindre. Jackson était venu se plaindre. De qui ? De quoi ? Doh, ça paraissait pourtant évident. Il était venu se plaindre du cas social auquel il était menotté depuis déjà quelques jours. Parce qu'il n'en pouvait plus, voilà. Il lui tapait sur le système, si bien qu'il s'en chopait des migraines effroyables. Et comme en plus il n'avait aucun moyen de le calmer en le tabassant bien comme il faut, il était genre coincé. Ainsi donc, la situation ne pouvait pas continuer comme ça. Voilà pourquoi, en fin de journée, Jackson s'était rendu à la cabane en bois, toujours accompagné de son fichu camarade, qui n'avait visiblement pas eu la brillante idée de décéder entre temps. Bref, ils se rendirent tous les deux à la cabane en bois, car c'était ici que Jackson pourrait très certainement faire ses réclamations. Il allait tout simplement demander à Cupidon de le débarrasser de ce vieux crasseux pubescent. Parce qu'il avait fait un effort, pendant plusieurs jours, mais là c'était trop. Ruben était si ... Comment vous dire ? Si tout, en fait. Au point que le grand blond en avais ras-le-bol de lui. Bien décidé à se faire entendre, Jackson s'approcha de la porte de la cabane. Mais tandis qu'il s'apprêtait à entrer - toujours avec l'autre poilu à ses cotés - une voix s'y fit entendre. Quelqu'un était visiblement en train de chanter, ou plutôt de massacrer, un tube des Bee Gees. Alors, quelque peu craintif d'aller à la rencontre d'un spécimen des plus étranges, Jackson préféra frapper à la porte. Mais quand il entendit un abruti lui sortir « Attends ! Y'a plus de papier ! » puis se mettre à rire comme un mongole, il comprit qu'il valait mieux entrer. Ainsi, c'est ce qu'il fit. Et là, il aperçut le petit Franckie. Très con, il parait. M'enfin, qui ne l'était pas ici, hein ? « On t'a déjà dit que tu chantais comme une merde ? » Façon plus ou moins délicate de lui signifier qu'il avait eu le malheur - oh oui, le malheur - de l'avoir entendu chanter, et qu'il ne s'en remettrait probablement jamais. « T'étais quand même pas en train de te soulager sur cette pauvre banquette ? » l'interrogea-t-il. Non, probablement que Franckie avait simplement voulu faire de l'humour. Essayé, du moins. Mais bon, autant en avoir le cœur net. Subitement, Jackson tourna la tête vers Ruben qui, hélas, était toujours bel et bien menotté à son poignet. « Je me demande si je n'ai pas trouvé pire que toi dans le genre con » lui fit-il, sans même chercher à être discret. Croyez bien qu'il fallait être sacrément atteint pour arriver à la cheville de Ruben ou, mieux encore, le détrôner. Mais peut être Franckie avait-il l'étoffe d'un roi, justement ?

« Ah ah ah ah stayin' alive, stayin' alive ! Ah ah ah ah stayin' aliiiiive » Voilà ce qui pouvait se laisser entendre de la cabane en bois, où mon acolyte blondinet et moi-même nous rendions pour que monsieur puisse se plaindre à la production. J'étais persuadé qu'il craquerait le premier. Il restait encore quelques jours à supporter ce menottes et ma compagnie qui, très honnêtement n'était pas pire si même mieux que la sienne, mais monsieur semblait vouloir jeter l'éponge. Ah celui là alors, on ne pouvait pas lui confier une mission pour qu'il s'y tienne jusqu'au bout. Moi non plus je n'étais pas ravi de devoir me retrouver menotté à ce gamin prétentieux pendant une semaine, mais je faisais avec. C'est à ça que l'on reconnait les grands joueurs des petits amateurs venus pour se la péter et passer à la télé. Non, moi j'avais un secret à défendre... et quelques choses à découvrir sur moi. La chanson que nous pûmes entendre était vraiment très, très mal chantée. A tel point que j'eus du mal à en reconnaitre la version originale. La voix de crécelle qui venait tout droit de la cabane en bois me rappelait vaguement quelque chose. Jackson frappa à la porte. D'un coup, plus de chant, mais une bonne voix d'abruti que je reconnus de suite. « Attends ! Y'a plus de papier ! » Oh bordel, c'était l'autre idiot de Franckie. Pas fute-fute pour trois sous et une certaine tendance à venir foutre la merde dans des endroits où il n'est même pas convié. Jackson décida d'entrer, et je n'eus de tout manière pas d'autre choix que d'entrer aussi. « On t'a déjà dit que tu chantais comme une merde ? » s'exclama alors Jackson. Sur ce coup et bien que je détestais lui reconnaitre raison, on pouvait difficilement nier le fait que Franckie chantait comme une casserole. « T'étais quand même pas en train de te soulager sur cette pauvre banquette ? » reprit le blond, visiblement perplexe face à Franckie, assis sur un banc. Le jeune homme venait de faire une blague assez pouilleuse, mais ça Jackson semblait avoir du mal à le capter. « Hmm non je pense pas. Pas d'odeur suspecte, pas de vue immonde. A part la face de Franckie bien sur » lui répondis-je alors. Ce Franckie, qu'est ce qu'il pouvait être con. A ce moment précis, j'avais vraiment l'impression d'être en face de deux gamins. « Je me demande si je n'ai pas trouvé pire que toi dans le genre con ». Jackson voulait sans doute me complimenter, à sa manière. Ou juste me faire comprendre que, finalement, je n'étais pas le dernier des crétins puisque ça, en l'occurrence, c'était Franckie. « Je prends ça pour un compliment. » P'tit con, va. Dans le genre con il se posait là, lui aussi. « Nan mais je crois que notre petit Franckie a des problèmes neurologiques. D'où sa stupidité, sa puérilité, son manque de confiance en lui, sa tendance à faire chier tout le monde, le fait qu'il ne soit pas drôle... heu... je continue ou je m'arrête ? » La liste était encore longue. Je n'avais connu Franckie que lors de deux interventions de ce dernier lorsque je me trouvais pénard avec Moore, mais cela m'avait amplement suffi pour cerner son personnage, son caractère et sa personnalité.