Comme tout être humain, il m'arrivait d'avoir faim en ^plein milieu de la nuit. Seul dans mon lit, j'attrapais alors ma couette que je plaçais sur mon dos et je descendis en caleçon cherchait un petit quelque chose dans le cellier que je pourrais ensuite remonter. J'entrais alors dans la pièce. Je n'avais pas pris ma canne. Je commençais véritablement à me repérer dans le château et c'était pas plus mal. Je touchais les étagères, trouvant des petits gâteaux qui me rempliraient bien l'estomac. J'ouvris de suite la paquet pour en manger un sans attendre. Je retournais alors sur mes pas et lorsque je voulus ouvrir la porte du cellier la poignée me resta dans les mains. Paniqué, je poussais fortement sur la porte pour sortir d'ici. Je me disais que j'aurais peut-être la même force que Zhara mais rien n'arriva et je restais bêtement coincé ici à huler pour que quelqu'un vienne m'aider. Je baissais alors les bras, m'installant à terre avec ma couette autour de moi. J'étais prêt à passer la nuit ici, seule. Cependant, j'entendis quelques pas au rez-de-chaussée. « Y'a quelqu'un ? Eh oh, par ici ! » Dis-je à voix haute pour que le candidat m'entende. Il ouvrit alors la porte et tandis que je me relevais pour sortir d'ici la porte se referma derrière lui et je lui tombais dessus par maladresse. Nous avons fini tous les deux à terre.

Cette nuit j’étais décidément résigné à ne pas dormir. Je m’étais pourtant couché comme tout le monde aux environs des une heure du matin, m’endormant étonnamment vite, mais voilà… J’avais une soif d’enfer, la gorge tellement sèche qu’il m’était bien impossible de me rendormir. Décidé à prendre un bon verre de coca pour bien me réhydrater je me levais donc de mon lit, discrètement pour ne pas réveiller Madeleine, j’étais en couple avec cette dernière depuis le début de l’aventure, et cette semaine, nous avions tirés les mauvais numéros. Tout le monde avait changé de partenaire sauf nous. Perdu dans mes pensées je mettais un coup de pied dans une paire d’escarpins, rah ces femmes… Jamais elles n’apprendront à ranger leurs godasses. Soupirant, je rejoignais la salle de bain pour constater à quel point je n’avais pas l’air d’avoir la tête dans le cul. Cool, j’avais au moins une apparence potable pour défiler devant les caméras cette nuit. Débarquant lentement et simplement vêtu de mon boxer rose fluo un doigt provoquant je me rapprochais du sellier et entendait quelque chose, je reconnaissais tout de suite la voix de Lukas. « Y'a quelqu'un ? Eh oh, par ici ! » Je pouvais presque sentir une pointe de détresse dans sa voix, j’accélérais donc le pas, ouvrant la porte d’un grand coup ce qui la faisait claquer contre le mur et repartir bien plus vite qu’à la normale, elle s’était déjà fermée lorsque j’avais compris ce qu’il se passait. Lukas me sautait dessus, nous tombions donc tous les deux au sol, ma tête contre la sienne. « Tu vas bien ? » Je lui souriais, gêné avant de reculer, me relevant en gardant sa main dans la mienne pour qu’il puisse en faire autant. « Putain… Combien de fois faudra dire à la prod pour cette poignée de merde ! » J’évitais pour le moment de parler du prime, il avait été terriblement distant à mon goût, mais ce n’était pas le moment.

Sans réellement savoir qui était mon sauveur, je m'étais rué sur lui alors que la seule sortie s'ouvrait enfin à moi. Mais malheureusement, la porte se referma et je m'écroulais sur le candidat, cognant ma tête contre la sienne. J'étais légèrement sonné mais il n'y avait rien de bien méchant. « Tu vas bien ? » J'étais surpris d'entendre Baptiste que je ne savais quoi répondre à sa question. « Heu, je...Oui. » Il se releva tout en gardant ma main dans la sienne. Je le suivais. Soudainement, je réalisais que j'avais bien eu un certain instinct pour descendre avec ma couette sur le dos. Au moins, nous n'allions pas mourir de froid. « Putain… Combien de fois faudra dire à la prod pour cette poignée de merde ! » Je restais silencieux, m'installant en même temps dans un coin avec ma couette. Je laissais une place à Baptiste et lui fis signe de venir me rejoindre car je commençais un peu à avoir froid en simple caleçon. « Au pire, on passera la nuit ici mais on ne mourra pas de faim. » Je souris, attendant impatiemment qu'il vienne à mes côtés pour que je rabatte la couette sur nous. « J'espère que je t'ai pas fait trop mal non plus. » Lui demandais-je gentillement.

Mais pourquoi est-ce que je n’avais pas choisi de boire de l’eau au robinet de la cuisine ? Non, il fallait que je me laisse tenter par les bulles du coca, forcément… Tout ça pour dire, que cette nuit allait être longue, j’étais enfermé dans le cellier. Le seul point positif que j’y trouvais c’était la compagnie de Lukas, je l’appréciais énormément et puis, au moins je pourrais mettre les points sur les i, je savais qu’il était embêté par quelque chose, j’étais trop franc pour laisser planer le doute, je mettrais les pieds dans le plat comme d’habitude. Après être entré en collision avec le bel Apollon je m’étais relevé, m’assurant qu’il allait bien avant de pester contre la production, si mes souvenirs étaient exacts quelqu’un avait déjà signalé ce problème de poignée. « Au pire, on passera la nuit ici mais on ne mourra pas de faim. » Je tournais la tête vers Lukas, un petit sourire sur le visage. Il trouvait quand même quelque chose de positif dans cette situation et franchement… Je n’aurais pas trouvé mieux. « Ouai… On a même à boire. » Je ne parlais pas d’alcool même s’il y en avait, non, il y avait de quoi faire de ce côté-là. « J'espère que je t'ai pas fait trop mal non plus. » Je m’approchais de lui, me laissant tomber contre le mur après avoir récupérer ma bouteille de coca. « Non ça va, c’est pas grand-chose… J’ai eu pire lorsque j’ai tenté de faire de la boxe. » Quelques semaines de ma vie que je préférais oublier. Ouvrant la bouteille, laissant retentir un petit bruit, le gaz s’échappant de la bouteille, je prenais une gorgée. Tendant la bouteille à mon camarade. « Tu en veux ? » Il avait des frissons, par chance j’avais toujours eu la peau chaude, il était bien rare que je ressente une quelconque sensation de froid. Passant ma main contre son torse je constatais qu’il était gelé. « Tu as froid ? Attends. » J’avais entendu dire qu’il suffisait d’un petit contact entre deux corps pour que la température remonte de quelques degrés, je m’approchais donc de lui, me collant à lui.

Dans le cellier, nous étions sûr de ne pas manquer. Entre les petit gâteau et les boissons gazeuses, nous avions de quoi faire pour la nuit. Même si j'aurais préféré ne pas être coincé dans le cellier, j'étais tout de même heureux de passer un moment avec Baptiste malgré mes appréhensions et mes doutes à son sujet. Il s'installa à mes côtés et je nous entourais de cette couette que j'avais gentillement apporté par hasard. « Non ça va, c’est pas grand-chose… J’ai eu pire lorsque j’ai tenté de faire de la boxe. » Je riais légèrement. Je l'imaginais bien en boxeur et je devais bien avouer que cela m'amusait. Il ouvrit alors sa bouteille, me demandant à la même occasion si j'en voulais. Je fis un signe de tête négatif avant de lui montrer mon trésor que j'avais posé au sol : des biscuits. Je frissonnais et le jeune homme le constata rapidement. Il déposa alors sa main sur mon torse, nu, puisque je n'étais qu'en caleçon. « Tu as froid ? Attends. » « Un peu, oui. » Le jeune homme se rapprocha alors de moi, se collant même à moi. Je sentais déjà la chaleur de son corps m'envahir et c'était une sensation bien plus qu'agréable. « Merci. » Lui dis-je d'une petite voix en déposant ma tête sur son épaule. « Ça te dérange pas, j'espère... » Lui demandais-je en me couvrant de ma couette. J'étais bien.

Ce petit air frais qui me parcourait l’ensemble du corps depuis quelques minutes m’était fort agréable, j’étais surement fou, mais je détestais le chaud. Les quarante degrés d’été ne me plaisaient guère, cette sensation de mourir sous ses vêtements était bien désagréable, pour autant, je n’étais pas non plus un fan des moins vingt degrés… Oui, j’étais un chieur, qui voulait juste trouver un juste milieu pour vivre correctement, soit une courte période entre mars et juin en gros. A présent, j’étais blotti contre Lukas, son odeur venait s’imprégner sur mon corps, j’aimais son parfum. Je dirais même que j’étais prêt à le mordre juste pour le ressentir encore quelques minutes, réfrénant cette montée de cannibalisme je passais ma main contre le paquet de biscuit, jetant un coup d’œil aux ingrédients. Je n’avais pas très faim de toute manière, je reposais donc le paquet, préférant boire un coup. Remarquant qu’il était complètement gelé, je venais me blottir d’une manière plus insistante contre lui. « Merci. » Je souriais, passant ma main contre son bras. « Tout le plaisir est pour moi. » Il déposait sa tête sur mon épaule, je le regardais un moment, souriant une nouvelle fois. Raah, ce que je pouvais être niais parfois. « Ça te dérange pas, j'espère... » Je frôlais son bras, du bout des doigts. « Non, t’inquiètes pas, au contraire… » Bon, j’allais casser l’ambiance alors que j’étais au mieux ici… Mais il le fallait. « Dis… Lukas… J’ai besoin de savoir… Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal cette fin de semaine ? »

Tenu bien au chaud par Baptiste et ma couette, j'étais bien. J'étais serein et surtout, je n'avais plus froid. Je ne frissonnais plus. J'étais à la bonne température. Le soudain rapprochement du jeune homme m'était bénéfique et je n'osais lui avouer. C'était nouveau pour moi et je ne savais pas vraiment comment faire. J'avais peur. Peur de mal m'y prendre et de ne pas être compris. Donc je ne disais rien. « Non, t’inquiètes pas, au contraire… » Pour une deuxième, j'avais senti sa main contre mon bras. Cette sensation était également nouvelle. C'était plaisant et d'une certaine manière, je voulais qu'il continu. J'étais si bien, là, maintenant, avec lui, que j'aurais très bien pu m'endormir contre lui. « Dis… Lukas… J’ai besoin de savoir… Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal cette fin de semaine ? » Je redressais mon visage. Il avait donc bien remarqué qu'il se passait quelque chose, même s'il avait tout faux pour le moment. Je me repliais sur moi-même, ramenant mes genoux contre ma poitrine. « Je, heu...Non. Mais... Non. Enfin, peut-être. » Je soupirais. Je n'étais pas clair. J'étais de nouveau mal à l'aise. Mais je lui devais bien la vérité. « C'est juste que, heu, je sais pas...Heu, comment être avec toi. » Il fallait que je m'explique mais c'était assez difficile. Je n'avais pas l'habitude. « C'est que...Heu, tu te rapproches et, après, y'a tous ces commentaires sur les blogs et...Et...J'ai l'impression que... » Je me tus durant quelques secondes. Je n'étais pas bien et j'aurais préféré que cette conversation ne commence jamais. « Tu joues avec moi ? »

Cette nuit, enfermé dans le cellier aurait pu me paraitre terrible si je ne m’étais pas retrouvé avec Lukas dans cette pièce. Je n’avais jamais été si proche de lui, d’une manière complètement anodine, tout était si… Naturel, je m’étais rapproché pour lui tenir chaud, je ne voulais surtout pas qu’il tombe malade à cause de moi et de cette fichue porte. Bien au contraire, je laissais mes doigts se balader contre le bras de ce garçon qui parvenait à me faire baisser les yeux sans même pouvoir me regarder, il était même bien étrange de remarquer à quel point son regard sur mes faits me semblait fondamental. Je n’avais pas l’habitude de réagir comme ça, j’étais trop indépendant pour prêter attention aux avis des autres, pourtant, ce soir j’étais prêt à me remettre en question car quelque chose ne tournait plus très rond entre nous. Est-ce que c’était la faute de cet épisode dans la salle de musique ? Après tout, voilà déjà deux fois que je l’embrassais sans sa permission, je ne parlais pas non plus de celui imposé par Cupidon lorsque l’une des chansons pendant lesquelles il fallait s’embrasser avait été mise en route juste pendant le karaoké. Bref, j’étais de nature à toujours jouer cartes sur table, je lui demandais donc directement si j’avais fait quelque chose de mal, sa réponse ne tardait pas. « Je, heu...Non. Mais... Non. Enfin, peut-être. » Il marquait une pause, je me doutais bien qu’il était difficile de me parler d’une manière aussi franche. « C'est juste que, heu, je sais pas...Heu, comment être avec toi. » Je commençais à comprendre, je me taisais néanmoins pour qu’il puisse aller jusqu’au bout de sa réflexion. « C'est que...Heu, tu te rapproches et, après, y'a tous ces commentaires sur les blogs et...Et...J'ai l'impression que... » Il s’arrêtait, me laissant presque sur ma faim. Je voulais l’entendre de sa bouche même s’il fallait reconnaitre que savoir qu’il pensait ça de moi me faisait bizarre. « Tu joues avec moi ? » Je tournais la tête vers lui… Il était peut-être temps que je m’explique moi aussi. « Je tiens à ce que tu saches que je ne joue pas avec toi… J’ai vraiment l’impression de m’attacher à toi et… C’est la première fois que ça m’arrive donc je sais pas comment me comporter… Et… C’est une plaisanterie pour les commentaires, surtout maintenant après ce qu’il s’est passé au prime avec Ruben. » Mes explications étaient pourries, je savais juste pas quoi dire d’autres.

Baptiste avait été franc avec moi et je devais désormais l'être avec lui. Je m'y étais mal pris. Je le savais. Entre mes bégaiements et mes hésitations, je doutais d'avoir été clair mais j'avais dis ce que j'avais à dire et je n'étais pas sûr de pouvoir recommencer si le jeune homme n'avait pas compris. « Je tiens à ce que tu saches que je ne joue pas avec toi… J’ai vraiment l’impression de m’attacher à toi et… C’est la première fois que ça m’arrive donc je sais pas comment me comporter… Et… C’est une plaisanterie pour les commentaires, surtout maintenant après ce qu’il s’est passé au prime avec Ruben. » J'étais soulagé. J'en avais connu des personnes qui jouaient avec moi. Des anciens camarades m'avaient déjà fais le coup et, en fin de semaine dernière, j'avais à nouveau eu cette sensation de la part de Baptiste. Mais ce n'était pas le cas et j'en étais soulagé. « D'accord... » Dis-je de manière douce. Je me recollais à Baptiste et reposais ma tête sur son épaule. J'étais une nouvelle fois au chaud contre lui. « Moi aussi je t'aime bien... » C'était le principal. Maintenant que mes doutes s'étaient envolés, je pouvais lui dire ce que je pensais de lui.

Lukas et moi, je n’avais pas l’habitude de parler comme ça, mais je me sentais tellement bien avec lui que ça me paraissait normal. Il avait quelque chose qui me plaisait, une manière de voir les choses, de ne pas vouloir qu’on s’occupe de son handicap, sa force, son courage pour participer à cette émission et… Aussi, le fait qu’il soit si chaste. J’étais en quelque sorte égoïste en pensant cela, mais personne n’allait me le voler. J’espérais en tout cas que ça n’arriverait pas. J’étais un poil possessif à mes heures, je m’en rendais compte ici. Je m’expliquais donc du mieux possible, surtout à cette heure tardive sur mes intentions, je voulais qu’il soit rassuré et le résultat était là. Il se rapprochait de moi, je pouvais sentir son corps collé contre le mien. « Moi aussi je t'aime bien... » Je souriais, niaisement presque heureux qu’il ne puisse pas me voir dans un tel état. J’étais content qu’il m’apprécie. « On est deux… » Je baissais la tête pour m’appuyer contre la sienne.