Non je n'aime pas particulièrement lire, mais ici, quand il faut combler le temps on prend ce qu'il y a. C'est pour cela que je m'étais rabattue sur la bibliothèque en ce milieu d'après-midi. J'avais opté pour un livre conseillé par ma soeur, elle avait prit soin de m'en noter quelques titres sur un petit bout de papier qu'elle avait laisser dans ma valise. Ça, c'était de l'attention. Un geste qui fait plaisir quoi qu'on en dise. Couchée depuis une bonne heure sur l'un des canapés, le livre tenant suspendu au dessus de ma tête, tenu par mes deux mains. Je ne fis pas plus attention que ça à la présence des autres candidats présent dans la pièce, d'ailleurs je remarquais ceux-ci au seul moment où je déposais soigneusement le livre. J'en avais assez lu pour aujourd'hui et décidais de garder la fin de cette histoire pour demain. Je me levais d'un bond et m'approchais de la porte de sortie. Mais ... merde. Pourquoi ça s'ouvre pas !? Qui est le petit plaisantin que ça amuse ce genre de connerie ? Je me retourne vers Syssoï et Cooper qui ne semblent même pas remarquer ce qu'il se passe. Je grimace. « On est coincé ... Quelqu'un nous a enfermé... » Je cru même entendre quelqu'un rire de l'autre côté de la porte. Je sais pas qui est cet imbécile, mais il va avoir à faire face à mes deux petits points inoffensifs. Désespérée, je pose mon regard bleuté sur les deux candidats. L'acharnement ne serre à rien, cette porte ne s'ouvrira pas.

FT COOPER & SYSSOÏ

N’en déplaise à certain qui trouveront que j’ajoute une corde à l’arc de ma perfection, j’aime lire. Plus que ça, j’aime les livres, l’odeur de la couverture, le touché de leurs pages, le bruissement des feuilles. J’aime ça. C’est calme, reposant, et cela permet de voyager sans quitter une pièce, un luxe et rare et vital lorsqu’on vit en huis clos avec une trentaine de personnes sans évasion possible. J’avais découvert cette pièce très récemment, n’ayant pas eu l’idée que la production ait pu mettre à disposition de candidats souvent réputé pour leur illettrisme, une salle pleine à craquer d’oeuvre en tout genre. Je relis Tolstoï. Guerre et Paix. En anglais. Je ne l’ai jamais lu dans cette langue. J’aime assez. Confortablement installé dans un divan, je ne prends pas conscience du temps qui passe, mais je sais exactement qui se trouve avec moi. Cooper était déjà là lorsque je suis entré, et Céleste est arrivée après. Ils sont aussi silencieux que moi, et putain ça fait un bien fou. Je sens presque un genre de complicité passer entre nous. Presque. Aussi, lorsque la jeune femme se lève pour rejoindre la sortie, je lève nez, quelque peu déçu qu’elle mette fin si rapidement à notre entente silencieuse. Elle tire sur la poignée et rien ne se passe. Je retourne à ma lecture. Elle tire encore et encore. J’hausse un sourcil, et relève la tête. Elle nous fait face, expliquant calmement que nous sommes enfermé, que quelqu’un nous a enfermé. Ai-je précisé que sans être claustrophobe, l’enfermement est quelque chose que je redoute ? Merde ! Panique pas, Syssy ! Je prends sur moi. Je repose Léon sur la tranche, histoire de conserver ma page, et je m’approche de la porte le plus calmement possible. Je tire une fois, deux fois, à la troisième fois, je suis plus du tout calme, limite j’arracherais bien la porte de ses gonds avant de taper du poing sur mes pec façon king kong. « On est coincé... » j’annonce, comme si cette conclusion n’avait pas été déjà effectué quelques minutes plus tôt par Céleste. Sauf que moi, j’ai du mal a l'énoncer calmement. Je joue le calme, mais ma voix et mes muscles sont légèrement tendus. Faudrait pas que ça dure trop longtemps cette connerie.

La bibliothèque. Lieu encore mystérieux pour moi, après plusieurs semaines d'aventure pourtant. Personne ne sera étonné en apprenant que la lecture ne faisait pas parti de mes loisirs préférés. Je ne lisais principalement que pour passer le temps. Et il fut une époque de ma vie, où malheureusement, je n'avais quasiment que ça à faire. Poussé par une curiosité soudaine de visiter les lieux, c'est ainsi que je pénétrai dans la bibliothèque. Il fallait l'avouer, la pièce était plutôt impressionnante, avec une collection énorme de bouquins. Tout le monde devait y trouver son compte. Je flânais dans les rayons, avant d'attraper un livre un peu au hasard. Fahrenheit 451, de Bradbury. Ouais, bon pourquoi pas. Oui oui, prévenez les médias, j'allais lire. Je me posai dans sur un des canapés, et commençai ma lecture. Peu de temps après, Terminator, comme je ne sais plus qui l'appelait ainsi, débarqua et s’installa tranquillement dans un coin. Dieu merci il resta silencieux. Je ne me préoccupai pas de lui, continuant ma lecture. Enfin...disons qu'arrivé à la page 42, je m'assoupis sans même m'en rendre compte. Si bien, que c'est la voix d'une jeune femme qui me tira de mes songes. Tiens donc, je ne l'avais même pas vu arriver celle là. Coincés ? Très drôle. Je posai mon bouquin sur le canapé, et me levai à mon tour. Le russe tenta d'ouvrir la porte, en vain. Ouais ouais, genre ils me faisaient une blague là. Ne leur faisant pas confiance, je décidai de tenter ma chance. Avec aussi peu de brillôt, bien évidemment. Je m'acharnai légèrement sur la porte, comme un bourrin. « P'tain, si je chope le petit malin qui trouve ça drôle, il va regretter d'être né !!! » lançais je fort, à travers la porte, pour qui que ce soit qui s'amusait ainsi l'entende. De guère las, j'arrêtais de m'acharner sur cette pauvre porte, qui n'avait rien demandé à personne. Je me retournai vers mes deux camarades. « Quelqu'un a pensé à se tatouer le plan de sortie sur le dos ? » Malgré tout, cela ne m'empêchait pas de garder mon humour.

Le tout était de ne pas paniqué. Surtout ne pas paniqué. Inspiré, expiré. Je restais calme, la tête froide. Après tout, je ne risquais pas grand chose ? Les deux hommes n'allaient pas me manger, t'façon y a rien après moi et quelqu'un finirait bien par nous trouver. Pensant qu'ils y arriveraient sans doute mieux que moi, les deux hommes tentèrent à leur tour d'ouvrir la porte, leurs muscles de dieux grecs n'y firent rien du tout. J'haussais les épaules, l'air de rien. Une façon pour moi de leur dire "je vous l'avais dit ". Cooper fût le dernier à tenter d'ouvrir la porte qui nous privait de notre liberté. « Quelqu'un a pensé à se tatouer le plan de sortie sur le dos ? » Sa petite question me fit rire, j'avais bien entendu cerné la petite référence à la série américaine prison break. Michael Scofield n'était clairement pas mon type d'homme, par contre son voisin de cellule, totalement à mon gout. Son frère ou son neveu aussi d'ailleurs. D'un geste rapide, je relève mes deux manches montrant mes avant bras à mes deux camarades de galère. « Pas de dessin pour moi. Syssoï, t'as rien caché sous tes muscles toi ? » Que le désespoir m'emporte, je décide de faire le tour de la pièce, cherchant la moindre petite issues possible. J'suis pas bien grosse, j'pourrais passer par un trou de souris ou pas une bouche d'aération ! Oh tiens, une bouche d'aération, j'ai tellement vu ça dans les films que l'idée m'emballe comme une petite fille qui attend pour recevoir un cadeau. « Ptêtre que je pourrais passer par une bouche d'aération. » C'était une idée lancée comme ça. Mes yeux continuaient d'ailleurs de chercher cette fameuse bouche d'aération. Ou peut-être que les garçons auraient une meilleure idée aussi. A voir.

Ce qu’il y a bien dans ce genre de cas, c’est que tout le monde estime justifié de vérifier que le précédent ayant testé la porte n’est pas simplement un demeuré dépourvue de ce qui fait la différence entre les primates et les autres, à savoir le phénomène de pouce opposé, qui permettrait d’ouvrir une porte correctement. Bon, j’critique pas, j’ai fait la même. Mais Céleste semble fluette et pourvue d’une force de mouche à l’agonie, elle peut tout à fait avoir quelque difficulté avec une porte mal graissée. Mais moi ? Sérieux, comment l’autre peut penser qu’il est plus apte à ouvrir une porte que moi ? Je suis vexé. Mais trop occupé à juguler ma panique pour lui chier un cake à base de «c’est pas toi l’plus fort, c’est moi d’abord.» et puis, j’ai passé l’âge. Faut que je sorte ! Je ne supporte pas l’idée d’enfermement, ce qui est plutôt ironique lorsqu’on sait que je me trouve enfermé dans une télé-réalité. En plus, il n’y a aucune fenêtre, rien que des rayonnages de livres à perte de vue, et cette foutue porte coincée. Ils sont entrain de comparer leurs tatouages - enfin je crois - quand je recule jusqu’au fond de la pièce pour prendre mon élan. Ils sont entrain de parler de bouche d’aération ou je ne sais pas trop quoi lorsque je me jette sur la porte, épaule en avant, dans un immense cri de guerre scandinave ou viking, peut être bien guatémaltèque, qu’est-ce que j’en sais, j’ai vu ça dans Braveheart. Sauf que mon cri de guerre se mue en gémissement de douleur, tandis que la porte me contemple de toute sa putain de hauteur. Elle n’a même pas tressaillît. Je lâche un juron en cyrillique, tout en me frottant l’épaule. « Ils ont du coller un meuble derrière. » Je grogne, de mauvaise foi, pour expliquer mon impuissance face à cette stupide plaque de bois vernie. Je recule à mon tour, conscient que notre sortie ne se fera pas par la porte. On doit trouver autre chose. Je cherche, comme les autres, promenant mon regard un peu partout. Des livres, des livres, des livres, des caméras qui suivent nos mouvements, et puis ce truc, là, tout là-haut... C’est quoi, ça ? Je tends un index impérieux dans sa direction. « Là ! » Ce serait pas la fameuse bouche d’aération dont parlait Céleste ? Il suffirait d’utiliser une des grandes échelles des rayonnages pour aller jeter un coup d’oeil, mais quelque chose me dit que ce ne sera pas si simple.

La jeune femme me monta ses avants bras, comme pour me prouver que nop, elle n'avait pas de tatouages cachés pouvant nous aider. Elle n'avait pas eu de mal à saisir ma petite référence à Prison Break. Celeste se mit apparemment à chercher une bouche d'aération. Sérieusement ? Pendant ce temps, le mastodonte se recula de quelques pas...pour courir et essayer de défoncer la porte. Et bien, il n y allait pas par 4 chemins celui là. Bien sur résultat des courses, il s'explosa l'épaule, mais mis à part, on était pas plus avancé. Et là, pouf, tout à coup, il désigna ce qui ressemblait à l'aération. Mais c'est qu'ils y pensaient vraiment.  « Les gars, je crois que vous avez regardé trop de films. Vous ne pensez réellement pas à vous échapper par une bouche d'aération ? C'est ridicule » Déjà elle n'aurait probablement pas la place de passer. Ensuite on ne savait pas ou ça menait. Et franchement elle aurait bien l'air conne si elle venait à rester coincée.  « Je propose qu'on attende simplement qu'un des candidats nous libère. Ça arrivera tôt ou tard. » Plus crédible quand même, non ?

Je restais intimement persuadée que cette idée de bouche d'aération était bonne. Ils le faisaient dans plein de films, c'est que c'était un peu possible non ? Pourquoi nous faire croire ça sinon ? Et puis je me voyais bien jouant dans mission impossible avec mes deux camarades, il ne nous manquait que la musique cool en fond sonore pour ajouter un petit effet de suspens. Syssoï, trouva finalement ce qu'il nous fallait mais Cooper me stoppa net dans mon élan lorsqu'il me fit remarquer que mon idée était ridicule. Non mais, elle l'est pas. J'ai raison, il a tord. Je veux testé la chose, si bien que je me retournais directement vers Syssoï faisant comme si je n'avais pas entendu ce que Cooper venait de me dire. « Tu m'aides à amener un truc pour que je puisse monter ? J'suis frêle, je dois bien savoir passer dans ce genre de truc. » regardez-moi une seconde, j'suis pas plus épaisse qu'un câble de frein alors je pense pouvoir le faire. La voix de Cooper résonna encore une fois, celui-ci nous suggérant de simplement attendre que quelqu'un vienne nous aider. « Mais on va se faire chier, alors que la bouche d'aération, c'est tellement drôle. Tu veux pas être James Bond un seul jour dans ta vie ? » Avais-je alors répondu au tac au tac avec une tête de gosse émerveillée. Faut pas me chercher,si il résiste je lui ferai le regard du chat potté. Je me retourne en direction de Syssoï, attendant de voir ce qu'il en pensait et de quel côté il se rangerait.

Quelque chose me dit que Cooper a du mal avec notre idée de fuite à l’américaine. Il prétend qu’on ferait mieux d’attendre que quelqu’un songe a venir nous libérer… Mais faudrait déjà que quelqu’un se rende compte de notre absence, et dans un château rempli d’une trentaine d’individu nombrilo-centrés, ça peut prendre un certain temps, peut être qu’au prime ils finiront par se rendre compte qu’il manque un nominé, mais je n’ai pas l’intention d’attendre jusque là pour vérifier ma théorie. Moi je vote carrément pour l’idée de Céleste, au moins ça m’occupera et ça m’évitera de me lancer dans le calcul de la densité atmosphérique de la pièce en mètre cube et le temps qu’il nous reste avant qu’on vienne a manquer d’oxygène. Céleste m’a demandé mon aide, je m’empresse de passer en action pendant qu’elle tente de convaincre Cooper de se rallier à notre cause. J’attrape une échelle que je défais de son rayonnage, puis entreprends de la caler juste sous la bouche d’aération. Je l’adosse au mur, puis teste sa stabilité en sautillant sur les premiers barreaux. Finalement satisfait, je me tourne vers le duo du centre de la pièce. « Tu peux grimper. » dis-je a Céleste, avant de me tourner vers Cooper. « Il s’agit juste de jeter un œil, ça n’engage à rien. Par contre, si tu pouvais venir m’aider à maintenir l’échelle, ça éviterait un drame. » C’est pas que je sous-estime ma force, mais l’échelle est vraiment haute, et pas très stable.

La demoiselle fit semblant de ne pas m'entendre, continuant dans son délire, demandant à Syssoï de lui apporter quelque chose pour qu'elle puisse grimper. Ma proposition d'attendre bien sagement qu'on vienne nous délivrer ne plut à personne. Déjà, je savais que mon absence serait remarquée par ma partenaire. Et quand bien même, quelqu'un allait bien se rendre à la bibliothèque, et quand il verrait le meuble devant, il comprendrait. Et puis il restait la prod' aussi, qui n'allait pas nous laisser coincer ici indéfiniment. Sérieusement moi ça ne m'emmerdait pas d'attendre. Je continuerais ma petite sieste et puis voilà tout. Mais mes camarades voulaient se la jouer James Bond. Céleste semblait si excitée par la chose, que c'était difficile de lui refuser. Je vous jure, on dirait une gosse.  « Très bien...Mais si tu te casses la gueule, tu t'en prends qu'à toi. » Trop aimable je sais. Je me calai alors de l'autre côté de l'échelle, pour la tenir fermement. Vu qu'avec ou sans mon avis ils étaient décidé à le faire, autant prêter main forte.  « Alors Mata Hari...Tu vois quoi ? » Ouais, pardonnez moi la référence, mais c'était la seule espionne célèbre que je connaissais.

Comme je le lui avais demandé, Syssoï me trouva une échelle afin de pouvoir grimper jusqu'à la bouche d'aération que nous avions vu. Le candidat s'assura que celle-ci était bien positionné et m'indiqua que je pouvais désormais monter. Comme je l'espérais, Cooper décida finalement de me laisser faire, même si celui-ci n'oublia pas de me faire remarquer que si je tombais, ce serait ma faute et uniquement ma faute. J'étais ra-vie. Complètement RAVIE de la situation. Je posais mon pied sur le premier échelon et grimpais alors doucement à l'échelle pour arriver jusqu'en haut. Je ne craignais pas de tomber, faisant confiance aux deux hommes qui tenaient fermement l'échelle sur laquelle j'étais perchée. Je veillais cependant à ne pas regarder en bas. Positionnée face à la bouche, je grimaçais lorsque Cooper me demanda ce que je voyais. « Elle est vissée, y a pas moyen de l'enlever sans outils. Merde. » J'étais déçue de ne pas pouvoir jouer à la grande évasion aujourd'hui. Tellement déçue. Je jetais un rapide coup d'oeil en direction de mes camarades. « Va falloir qu'on trouve autre chose je crois. » Je descendais alors prudemment les échelons. Affichant une mine plus que déçue. « Si l'un de vous veut aller jeter un oeil, je vous en prie. »