Pouah, après une longue journée à faire du sport je m’étais rendu très vite à la salle de bain. J’avais transpiré, et, n’étant pas un grand fan de cette odeur hideuse que dégageaient les corps humides après ce genre d’efforts intenses j’espérais prendre une douche. J’avais eu de la chance, il n’y avait personne et l’eau était chaude, étrange par rapport à l’heure mais je ne m’en plaindrais pas promis. Prenant le temps nécessaire pour m’appliquer du gel douche partout sur le corps, galérant pour me laver les parties intimes à cause du boxer que je gardais pour ne pas choquer le public je finissais par me rendre compte que j’étais propre comme un sou neuf. Aillant déjà changer de boxer, j’entendais la porte s’ouvrir, Winifred apparaissait. Je me mettais à rire, je n’oubliais pas ce qu’elle avait fait pendant le prime, au contraire. Je n’étais peut-être pas rancunier, mais il ne fallait pas rêver, je préparais ma vengeance et elle serait terrible. La laissant se déshabiller sans rien dire je quittais la pièce. Il y a quelques heures, avant de commencer ma séance de sport intensive je m’étais attardé à verser quelques pots de chocolat liquide dans un bidon. L’ouvrant, je me ramenais discrètement dans la salle de bain, restant en boxer noir, Winifred était déjà en train de se laver, les yeux fermés. J’en profitais pour lancer le contenu entier de mon bidon sur elle. « Oh… Je suis désolé pour la surprise, j’ai cru entendre que tu voulais être noire le temps de quelques heures… C’est fait. » Je lui souriais d’une manière ironique.

Mardi, nous étions donc mardi. Enfin, pas n'importe quel mardi non plus étant donné que nous étions le 14 février, soit la Saint Valentin. Je n'apportais pas le moindre intérêt à cette célébration, que je trouvais inutile, juste un bon moyen commercial de se remplir les fouilles quand on tient un commerce quelconque en décorations de papier ou une location de costumes. Je n'ai jamais fêté ce jour-là, jamais. Et dans tous les cas ça ne me manquait pas. Cette édition ne me changerait probablement que peu de mon quotidien. La seule chose qui différait réellement finalement, était le fait que je partage ces vingt-quatre heures avec Franckie. Le reste comptait peu. Soit, il était dix-sept heure, mais je me décidais à aller prendre une douche. Dans la salle de bain, je croisais Baptiste. Je soupirais, levant les yeux au ciel en lui passant à côté. Sa présence ici ne changeait en rien mes projets. Je n'étais pas de celles qui fuyaient les personnes avec qui elles étaient en conflit, et sur ce point non plus, Saint Valentin ou non, je ne prévoyais pas de changer non plus. Son rire, ignoble et moqueur à la fois me passait dessus comme un coup de vent aurait pu souffler sur un tronc d'arbre, et je restais complètement impassible face à cette réaction on ne peut plus con que Baptiste venait d'avoir. Comment réfléchissait-il ? Est-ce que le verre qu'il avait reçu lors du prime ne lui avait pas suffit ? Moi aussi, dans le fond, j'avais de quoi rire. Pauvre abruti, je venais tout juste de dire à Ruben que j'avais été à deux doigts de lui faire sentir la froideur du verre en pleine figure et il avait fallu qu'il la ramène. Bref, passons. Je me déchargeais de mes vêtements, avant de sauter sous la douche, succédant l'autre idiot. Etonnement, oui, l'eau se faisait chaude, ce que je n'avais même pas espéré en constatant l'heure tardive à laquelle j'avais décidé d'aller me doucher. Je lavais même mes cheveux, qui pourtant n'en avaient pas particulièrement besoin, mais j'avais tellement la flemme de batailler avec le jet d'eau afin d'éviter de les mouiller que je me contentais bêtement d'ignorer le fait qu'ils étaient toujours un peu près propres. J'y passais d'ailleurs mes doigts, la tête en arrière et les yeux fermés, lorsque je reçus un liquide flasque, collant...et noir, sur le corps. Pas la peine de décrire l'expression qui me tenait lorsque je me vis recouverte de chocolat. De toutes façons, ce n'est pas un détail sur lequel je m'accordais débat, en revanche, le délinquant qui venait de me pousser de nouveau en guerre, lui, était ma principale occupation. Je risquais de glisser, mouillée et chocolatée, mais tant pis. Baptiste, c'était lui, comment ne pas en être plus certaine alors qu'il se tenait sur ses deux jambes, juste devant moi. Je poussais un cri, avant de lui sauter dessus. Un peu barbare comme approche, et je regrettais pleinement le fait de ne pas faire six cent kilos, rien que pour le plaisir qu'aurait pu me procurer l'image de lui en train de tomber sous mon poids. Malheureusement, aussi légère qu'une plume, je ne fis que m'agripper à son dos, frottant mes bras noir contre son visage, mon corps contre son dos, et lâchant des grognements grotesques mais qui donnaient parfaitement le ton sur l'énervement qui me submergeait en cet instant précis.

Je n’aimais pas la Saint Valentin, je détestais même ce jour parce qu’il me rappelait à quel point j’étais célibataire, mais aussi le degré de connerie des gens qui m’entouraient. Tout le monde courait les magasins, les fleuristes pour éviter une crise dans son couple, mais merde… A mes yeux, la Saint Valentin était un jour comme les autres, s’il fallait acheter quelque chose à la personne qu’on appréciait ce n’était surtout pas ce jour-là, je voulais de l’originalité merde… Pour la peine, je n’aurais juste pas de pitié pour mes autres camarades, Winifred la première. Je n’étais pas du genre à m’énerver comme je l’avais fait au prime, j’étais plutôt calme de nature, c’est ça qui déplaisait aux autres d’ailleurs. Mais voilà, ici j’étais d’humeur à faire ma Moore, ma vengeance serait donc terrible et, cette petite douche de chocolat collant était là pour lui montrer que je n’étais pas décidé à me laisser faire. Bien sûr, le petit effet que je m’attendais à recevoir de sa part ne tardait pas à apparaitre. Telle une furie, elle me sautait dessus, je me retrouvais sous la douche, manquant de glisser plusieurs fois. Mort de rire, remarquant qu’elle n’était franchement pas douée, j’avançais, la laissant s’accrocher à moi comme un wagonnet. Tiens, du dentifrice. J’ouvrais le tube, le vidant dans ma main, j’en profitais c’était le sien en plus. « J’ai un remède de grand-mère pour les poufs aux cheveux aussi moches que les tiens. » Je me retournais, évitant une baffe de justesse avant de lui exploser le contenu de ma main sur les cheveux, frottant volontairement pour qu’elle ne puisse pas y enlever facilement. Je me retrouvais trempé, du chocolat sur le visage et sur mon torse nu, si elle croyait qu’elle allait s’en sortir comme ça, Winifreud se foutait le doigt dans l’œil.

Bordel quoi. Au moins je pouvais toujours espérer que le chocolat puisse avoir une quelconque vertu une fois appliqué sur la peau. Dans ce cas, Baptiste lui-même n'aurait plus qu'à me remercier également, étant donné que je partageais ce qu'il m'avait étalé sur le corps avec lui. Franchement mec, une chance considérable que je ne sois pas la cousine germaine d'un dictateur Texan ou je ne sais quelle autre connerie du type. La chaise électrique, je la lui aurais bien fait goûter moi. Tss. De toutes façons, je me promettais de devenir tortionnaire rien que pour me venger de lui. Rien que pour pouvoir le voir implorer ma pitié. Rien que pour lui faire mal. Le voir pleurer. Rah mon Dieu, s'il savait ce que je rêvais de lui faire, en ce moment même. Peu stable, il nous faisait revisiter l'intégralité de la salle de bain, se rapprochant parfois un peu trop près des murs ou d'autres meubles. Et, le coup du dentifrice, je devais avouer que je ne l'avais pas venu venir. Plus le fait qu'il me l'étale dans les cheveux, j'allais le massacrer, j'allais le faire. Mieux encore, j'allais le mordre ! « Ouh putain de merde ! Baptiste, JE VAIS TE NIQUER ! » Oui, oui, je criais assez fort pour qu'au moins les trois quart du pays m'entende. Alors que je m'étais contenté de me frotter à lui, et de lui mettre mes mains dans la figure, je décidais de passer à un degré supérieur. Puisque j'étais dans ses bras, ou sur son dos, enfin peu importe, puisqu'il me portait en soit, je décidais de lui donner des coups de pieds, au moins le temps de le décider à lâcher mes cheveux. Je me ferais un réel plaisir de lui laisser quelques bleus, franchement. A mon tour de lui faire la misère, je tâtais autour de moi, sur le bord d'une étagère, en tentant d'agripper quelques choses. Oh, un tube ! De l'auto-bronzant en plus, vraiment, ça c'était pas de chance. Je retirais le bouchon, passais à mon tour mes mains pleines de chocolat dans les cheveux du candidat avant d'aller lui étaler l'entièreté du produit orange sur la figure. « Alors maintenant que tu es orange chéri... » lâchais-je entre deux mouvements qu'il offrait. « ...je dois t'avouer que l'auto-bronzant, à l'inverse du fond de teint, met un temps inestimable à s'en aller. Le seul moyen que tu aurais de te sortir de ce pétrin serait d'aller te passer le visage sous l'eau maintenant. Et inutile de vouloir aller t'en débarrasser tout de suite, je t'y empêcherai même si je dois te coincer la tête entre mes seins, tu n'iras pas ! » Je te déteste, Baptiste. Je te déteste.

Au début de l’aventure, il m’aurait été difficile de porter un jugement aussi négatif sur Winifred, pourtant, aussi loin que je me souvenais, nous avions eu une première entrevue à priori négative, elle avait été très désagréable, moi de même. Puis, je ne sais pas pourquoi, nous avions finis à moitié nus à se bécoter dans le hammam… Jusqu’à ce que je l’abandonne à son triste sort dans ce dernier. Oui, j’avais peut-être l’air d’être un mec plutôt facile, mais je restais sage. N’étais-je pas encore vierge dans cette émission ? Je n’avais couché avec personne alors que le nid se transformait lentement en boite échangiste. Je ne disais pas qu’il ne m’arrivait jamais de consommer ici, en toute honnêteté il y avait beaucoup trop de tentations pour que ce soit possible, mais j’avais le temps et surtout… Pas mal de choses à faire avant, ma vengeance sur la blondasse qui avait manqué de me noyer avec son verre de vodka durant le prime par exemple. Florence Foresti disait que lorsqu’on était bourrés nous étions poètes, je dirais maintenant que la vengeance donnait pas mal d’idées. Ce petit bain de chocolat en était le fruit, la suite arrivait. Nous étions maintenant tous les deux trempés, la peau noircie par le chocolat fondu, elle s’accrochait, pas au point de me résister. Je lui appliquais généreusement du dentifrice, m’assurant bien que le tube se vide entièrement dans ses cheveux. « Ouh putain de merde ! Baptiste, JE VAIS TE NIQUER ! » Je me mettais à rire, franchement elle était bien comique la Winifreud. « Mais oui Winnie L’Ourson… Viens me niquer j’attends ça depuis si longtemps. » Alors que nous étions en train de nous chamailler une nouvelle arme entrait en jeu, de l’autobronzant. Il me fallait quelques dizaines de secondes pour comprendre que j’allais finir orange. Doux jésus, je me devais de réagir au plus vite. « Alors maintenant que tu es orange chéri... » Nous sommes toujours en train de nous bagarrer, que vais-je faire pour enlever rapidement ce putain d’autobronzant ? « ...je dois t'avouer que l'auto-bronzant, à l'inverse du fond de teint, met un temps inestimable à s'en aller. Le seul moyen que tu aurais de te sortir de ce pétrin serait d'aller te passer le visage sous l'eau maintenant. Et inutile de vouloir aller t'en débarrasser tout de suite, je t'y empêcherai même si je dois te coincer la tête entre mes seins, tu n'iras pas ! » Alors là… Je lui prenais le bras, l’obligeant à perdre l’équilibre, je la prenais comme un sac à patates courant le plus vite possible vers la douche, j’y arrivais avec beaucoup de mal, même dans mes bras elle s’énervait, j’avais la peau du dos en sang, elle griffait la connasse. Heureusement pour mon visage, je parvenais à enlever la plupart du produit. « Je m’en fou, je te boufferais les seins s’il le faut, moi, orange… JAMAIIIS. » Je la posais sur le sol, courant dans la cuisine, foutant de l’eau partout sur mon passage. Une idée de génie me venait en tête, je revenais donc dans la salle de bain. Deux œufs dans la main. « Puisque tu aimes les produits qui collent… Goutes un peu ça espèce de zombie botoxé. » Je lui éclatais le premier œuf dans les cheveux, le second venait se plaquer dans son dos histoire que le jaune d’œuf, comme le blanc d’ailleurs, puisse couler jusque dans sa petite culotte.