it's just us and a chocolate bar
ft. Elfie & Maxence

Je savais bien que j'aurais du me forcer à déjeuner, ce matin. C'était pas mon truc de déjeuner d'habitude, je ne le faisais presque jamais d'ailleurs, je me contentais d'un bol de café ... Mais l'ennui ouvrait l'appétit et il se trouve que je m'ennuyais profondément, actuellement. Pas étonnant puisque une fois son propre entretien terminé il fallait attendre qu'il en soit de même pour tout le monde, et vu le paquet de personnes présentes autant dire que nous n'étions pas encore sortis. Et du coup j'avais faim, voilà. Assez pour partir à la recherche de quelques pièces de monnaie qui pourraient éventuellement traîner dans les poches de mon jean, avant et arrière, celles de mon blouson, intérieures et extérieures, et même éventuellement dans mon portefeuille ... Non, à vrai dire ironiquement mon portefeuille était le seul endroit où je n'avais pas trouvé le moindre centime abandonné, mais à force de fouiller dans mes poches j'avais tout de même réussi à débusquer deux euros, en pièces de vingt centimes. Un trésor, ou presque. Juste de quoi m'acheter un truc au distributeur et justement c'était ce que j'avais l'intention de faire, m'y rendant et m'arrêtant derrière la jeune femme déjà en train de faire son choix. Ça aurait pu en rester là, plus ou moins, si elle n'avait pas commis l'affront de prendre le dernier kinder bueno. Comme ça, sous mon nez, comme dans la publicité ... et d'ailleurs « On partage ? » Bah oui, qui ne tente rien n'a rien comme on dit, et si ça fonctionnait dans la publicité je me disais que y'avait pas de raison que ça ne marche pas là ... Et je le voulais vraiment, ce kinder bueno. « Je m'appelle peut-être pas Jo-Wilfreid mais si vous partagez ça avec moi je veux bien partager ... » et la lâchant un instant des yeux j'avais regardé dans la vitrine du distributeur avant d'arrêter mon choix sur autre chose « ... ma canette de Nestea ? » Bah oui, parce que je n'avais pas seulement faim à vrai dire, j'avais soif aussi. Et avec un peu de chance elle aussi, assez pour que ma proposition de faire moitié-moitié lui semble intéressante, hm.

J'avais hâte de savoir les résultats de cette partie du casting. Je m'étais donnée à fond, je m'étais foutu une pression monstre, même si au finale, je m'en fichais pas mal, mais j'avoue que ce serait plutôt cool d'être sélectionnée. Ca pourrait vraiment être drôle de rentrer dans cette aventure. Je veux dire, les quelques personnes que j'avais rencontré étaient vraiment sympa, et ça serait fun de tous se retrouver dans le nid. Enfin bref, pour ça, il fallait attendre que le jury est vu et entendu tout le monde, et ça prenait vraiment, vraiment beaucoup de temps. Je m'ennuyais, je faisais les quatre cents pas depuis plus d'une heure, et ça me gavait. J'avais parlé à quelques personnes, mais c'était pas folichon. Et puis crotte, j'avais la dalle en plus de ça. Il y avait heureusement une machine à manger et à boire dans la salle d'attente, et du coup, après voir récupérer deux-trois pièces dans mon petit sac, je m'y dirigeais. En plus, il n'y avait personne, pas besoin de faire la queue, c'était parfait ! Alors, qu'est-ce que j'allais prendre... Mars, Lion, oh ! Kinder Bueno ! Mes préférés ! Il en restait qu'un, mais YOLO ! Il était à moi ! Rien ni personne ne changerait ça. J’insérais donc les quelques pièces qui me permettaient d'obtenir ce "délicieux" repas qui allait directement retombé dans mes hanches, mais tant pis. « On partage ? » Une voix retentit derrière moi, ce qui me surpris puisque je n'avais entendu personne arriver pour faire la queue. Je me retournais pour faire face à... « Woahou... » Un dieu. Un véritable dieu. Il était grand, musclé, avec une barbe de trois jours bien soigné, et avec des yeux, mais des yeux... Oh la vache ! « Je m'appelle peut-être pas Jo-Wilfreid mais si vous partagez ça avec moi je veux bien partager ... » Je riais un peu, même très naïvement à sa blague sur le tennisman et la pub, avant qu'il ne finisse sa phrase. « ... ma canette de Nestea ? » Directement, je lui tendais le Kinder Bueno. « Tiens ! T'as qu'à le prendre ! Je vais... Euh... Je vais prendre autre chose, c'est pas grave ! » lui dis-je en souriant avant de remettre quelque pièce qui me restait dans la machine pour prendre un Mars. « Et t'inquiète pas pour le Nestea. Je suis pas fan, même si ça me dérangerait pas du tout de le partager, surtout avec toi ! » lui dis-je en souriant. Puis, j'ajoutais, parce que j'avais vraiment envie de poursuivre cette discussion, et parce que laisser partir un mec comme ça, je m'en voudrais beaucoup. « Et donc, si tu n'es pas Jo-Wilfried, tu es... ? »

Bon, bien évidemment que je n'avais pas besoin de ce kinder bueno, je veux dire, je n'allais pas tomber raide mort sur le carrelage si elle me disait non, le grand garçon que j'étais s'en remettrai rapidement. Mais bon, ce n'était pas une raison pour ne pas tenter ma chance après tout, surtout que je n'avais pas mangé de kinder bueno depuis ... Longtemps. De barre chocolatée en général, d'ailleurs, c'était pas le truc que l'on trouvait en priorité là où je traînais ces derniers mois. Ce n'était pas une priorité tout court, d'ailleurs. Alors disons que, de retour dans notre si précieuse - ironie, bonjour - société de consommation je rattrapais un peu. « Woahou ... » Je ne savais pas trop ce que signifait ce "woahou" mais j'avais l'impression que c'était de bon augure pour moi, et pour mon estomac, à en juger par l'expression affichée sur le visage de la demoiselle. Ou alors elle s'apprêtait à me dire d'aller me faire mettre, mais avec le sourire et la politesse ... Y'en avait, comme ça. J'avais donc tenté de plaider ma cause, malgré mon peu de ressemblance avec le célèbre joueur de tennis dont il était question. « Tiens ! T'as qu'à le prendre ! Je vais... Euh... Je vais prendre autre chose, c'est pas grave ! » Hein ? Non, j'en demandais pas tant ... J'avais l'impression de la racketter, maintenant. De racketter une ado en plus de ça, sérieux, elle avait quel âge ? Peut-être pas l'âge d'être ma fille, mais quand même. D'ailleurs, je n'avais même pas eu le temps de protester qu'elle avait déjà pris un Mars. « Et t'inquiète pas pour le Nestea. Je suis pas fan, même si ça me dérangerait pas du tout de le partager, surtout avec toi ! » Surtout avec moi ? « Surtout avec un type qui vient de te racketter ton kinder bueno ? T'es pas rancunière, toi. » Non mais pourquoi pas, hein. Bon, ceci dit maintenant que je l'avais, mon kinder bueno, j'étais bien décidé à le garder ... C'était un peu le Graal de la confiserie, ce truc. Mais pas sans compensation, question de principe, aussi abandonnant l'idée du Nestea j'avais finalement mis ma monnaie dans la machine et y avait choisi quelque chose de plus classique. « Alors disons plutôt une bouteille d'eau ? Tout le monde aime l'eau, normalement. » Enfin je supposais ... Et puis, dire qu'on n'aimait pas l'eau ça faisait un peu picolo sur les bords, tout de même. De toute façon maintenant il était trop tard, j'avais déjà la bouteille d'eau minérale à la main, et ce n'était ni repris ni échangé. L'unique désavantage du distributeur automatique. « Et donc, si tu n'es pas Jo-Wilfried, tu es ... ? » C'est vrai, à force de ne penser qu'avec mon estomac j'en avais totalement oublié qu'il était normalement plus civilisé de commencer d'abord par se présenter. « Ah oui, pardon. Maxence. Et toi ? » Pas Maria Sharapova de toute évidence, pour continuer dans la métaphore du tennis.

Je me retrouvais donc face à face avec ce mec mais... Il était juste trop canon, c'était impressionnant ! Il était ni trop grand, ni trop petit, un peu baraqué sans l'être de trop, et avec des yeux, mais des yeux ! Ils étaient bleus... Bleus canons quoi ! Si je m'écoutais, je lui sauterai dessus, mais comme, même si j'y croyais pas trop avec la chance que j'avais, je risquais de le revoir si j'étais prise dans le nid, il était préférable de garder un peu ses distances, pour le moment au moins. Ou du moins, il ne fallait pas qu'il me voit comme la fille qui lui avait sauté au cou la première fois qu'on s'était vu. Sans aucune hésitation, je lui avais donné ma barre de Bueno, je veux dire, ça ne m'était pas vitale, mais pour qu'il en vienne à demander à une inconnue de partager, il devait vraiment en avoir envie... Je suppose. Et puis, sa canette de Nestea, il pouvait la garder, je n'avais pas plus soif que ça de toute façon, et le Nestea, c'était pas mon truc. « Surtout avec un type qui vient de te racketter ton kinder bueno ? T'es pas rancunière, toi. » Je souriais. Il avait le sens de l'humour en plus, awww je craque ! Bref, reprends toi Elfie ! « Ahah enfin du racket... Ca se comprend ! En cas de crise, je pourrais tuer pour du sucre ! » Il me regarde avec un air. Ouais, ok, j'y allais peut être un peu fort, parce que bon, tuer quelqu'un pour manger du sucré, j'étais teigneuse, mais quand même pas à ce point ! « Non mais je rigole hein ! Me prends pas pour une folle non plus ! Je ferai à peine du mal à une mouche... Enfin, pas parce que je suis trop gentille, mais je suis juste pas très douée avec une tapette à mouches en fait... » lui dis-je en souriant. Et il souriait aussi, c'était une première victoire ! « Alors disons plutôt une bouteille d'eau ? Tout le monde aime l'eau, normalement. » Il était vraiment trop gentil. Et il voulait vraiment que je boive dans sa bouteille, ou dans sa canette, ce qui, dit comme ça, était assez tendancieux... Bref ! « Bon d'accord... Mais tu sais, t'es vraiment pas obligé. Enfin, j'ai pas si soif que ça donc bon... Je vais pas te piquer de l'eau juste pour t'en prendre... » Et de toute façon, il avait déjà acheter la bouteille. Je lui demandais alors comment est-ce qu'il s'appelait. « Ah oui, pardon. Maxence. Et toi ? » « Elfie. » lui répondis-je. C'était un joli prénom Maxence. Ca sonnait français en plus. Oui, très français d'ailleurs. « Tu viens de France toi aussi ? » lui demandais-je alors en m'appuyant contre la machine à boisson. Ca faisait très gamine des films d'ados appuyer aux casiers à discuter avec le beau quater-back. Je l'imaginais assez bien en tenue de footbaleur américain et moi en cheerleader... Ouais, non, arrête ton imagination ici ma cocotte... « Ca te dit pas de t'asseoir ? Avec ses chaussures, mes pieds sont en train de mourir ! » lui demandais-je pour couper immédiatement libre cours à mon imagination, tout en désignant une table un peu plus loin.

N'empêche que je l'aurais eu finalement, mon kinder bueno. Pas de façon très fair-play ceci dit, et même si ce n'était pas dans mes habitudes, à la guerre comme à la guerre comme on dit ... Quoi que non, tout de même pas, ce n'était pas comme si je n'avais pas mangé depuis dix jours, non plus. Je n'avais juste pas déjeuner au fond, et pour cela je ne pouvais en plus m'en prendre qu'à moi-même. « Ahah enfin du racket ... Ça se comprend ! En cas de crise, je pourrais tuer pour du sucre ! » Ouais donc au pire, j'avais toujours trouvé un cas pire que le mien ... Enfin, j'espérais pour elle qu'elle plaisantait, hein. Mais je doutais sincèrement qu'avec son gabarit elle soit vraiment capable de tuer quelqu'un, je veux dire même physiquement parlant elle risquait d'avoir du mal à avoir le dessus ... Sur moi par exemple, sans me vanter, à la regarder on ne pouvait pas franchement dire qu'elle m'apparaisse comme une menace. « Non mais je rigole hein ! Me prends pas pour une folle non plus ! Je ferai à peine du mal à une mouche ... Enfin, pas parce que je suis trop gentille, mais je suis juste pas très douée avec une tapette à mouches en fait ... » Je vois, je vois. En tout cas elle avait au moins le mérite de me faire rire, ce qui après le fait qu'elle venait de me céder le dernier kinder bueno du distributeur lui faisait déjà marquer un certain nombre de points. Points fictifs puisqu'il n'y avait pas la moindre raison de tenir des comptes, mais je me comprenais, quoi. « Je ne sais plus trop si je dois être rassuré ou avoir peur, du coup. » avais-je simplement répondu d'un ton amusé. Reste que j'avais en tout cas opté pour une bouteille d'eau, parce que c'était le truc basique qui pouvait se partager, et que justement, je comptais partager ... Enfin, si elle avait soif, quoi, j'allais pas non plus lui forcer l'eau dans le gosier contre sa volonté. Au lieu de ça j'avais préféré lui dire mon prénom, se présenter c'était le genre de chose qui se faisait entre gens civilisés. « Elfie. Tu viens de France toi aussi ? » Je me demandais s'il s'agissait d'un surnom ou bien de son véritable prénom. Pas que je juge quoi que ce soit, c'était mignon Elfie, mais ça semblait une mode ici de ne se présenter que par un surnom ou un diminutif ... Comme si certains avaient peur d'être surveillés par le Mossad ou la NSA. « Tout juste. Où ça en France ? » Paris sans doute, j'allais miser sur Paris. Parce que le peu de français ayant ramené leur fraise ici semblaient tous débarquer de cette ville, telle une société secrète. Ceci dit, j'étais persuadé que dans pas mal de pays on ne connaissait rien d'autre que Paris concernant la France, ceci dit. La voyant en tout cas s'appuyer contre le distributeur et me disant que nous gênerions peut-être rapidement le passage, j'allais lui proposer de bouger lorsqu'elle me devança « Ça te dit pas de t'asseoir ? Avec ces chaussures, mes pieds sont en train de mourir ! » Machinalement j'avais baissé les yeux un instant vers les chaussures qu'elle portait aux pieds ; Quelle idée de porter des talons aussi haut, aussi. Parfois je me demandais comment les nanas réussissaient à marcher avec de tels instruments de torture aux pieds ... Mais ouais, après je me souvenais aussi que c'était tout sauf désagréable à regarder, la démarche d'une nana en talons hauts. « Il faut souffrir pour être belle, c'est pas ce que vous dites tout le temps ? » Mais soit, j'étais finalement allé m'installer avec elle à la table qu'elle avait désigné juste avant. La dernière encore libre à vrai dire, c'est fou comme cette salle semblait maintenant se remplir à vue d'oeil, de personnes à l'air stressées et visiblement pas encore passées dans la salle d'à côté, fatiguées peut-être pour une question de décalage horaire, ou profondément ennuyées parce que l'attente ne faisaient pas partie de leurs compétences ... J'étais un peu dans cette dernière catégorie, à vrai dire. Même si je m'ennuyais déjà un peu moins depuis ces cinq dernières minutes. « Alors, tu es déjà passée ou tu attends ton tour ? » avais-je fini par demander tout en tirant sur l'emballage de mon kinder pour l'ouvrir.

Au moins, je me trouvais en bonne compagnie, et ça faisait du bien après avoir passé cette phase de casting qui au final, s'était quand même avérée assez éprouvante. Mais c'était une bonne chose de faite, et maintenant, je pouvais profiter de mon temps libre. Je discutais donc avec ce bel homme, qui était vraiment à mon goût, et qui était aussi apparemment bien plus âgé que moi, mais c'est ce que j'aime, moi, chez les hommes, leurs maturités ! Il avait l'air de sourire à ce que je lui disais, ce qui était plutôt agréable, on allait bien s'entendre je pense, on avait à peu près le même humour, ce qui était agréable pour tenir une conversation. On parlait de tout et de rien, et après avoir appris qu'il s'appelait Maxence, je lui confiais que je m'appelais Elfie et lui demandais s'il venait de France, son prénom ayant une connotation très Frenchie.  « Tout juste. Où ça en France ? » Ahah, j'avais marqué un point. C'était un des premiers français que je rencontrais, enfin, du moins, une des premières personnes que je rencontrais et qui m'intéressait assez pour que je lui demande d'où elle venait. « Paris. Enfin, je suis originaire de Nice mais je travaille et je vis à Paris depuis un moment maintenant. Et toi ? Tu as une tête à venir du Sud, je me trompe ? » lui demandais-je. Si j'avais raison, il allait probablement me prendre pour une voyant ou un truc bizarre du genre. Bref, sinon, mes chaussures commençaient vraiment à me tuer les pieds, et j'avais terriblement envie de m'assoir, et donc, je lui proposais cette solution, et puis en plus, ça allait nous obliger à passer un moment ensemble, ce qui ne me déplaisait pas. « Il faut souffrir pour être belle, c'est pas ce que vous dites tout le temps ? » Je souriais avant de le suivre pour aller m'asseoir, et une fois installée, je lui confiais. « Si seulement c'était pour être belle ! Mais dans mon cas, je pense que t'as deviné que c'est plus pour arriver à utiliser le distributeur de barres chocolatées ! » dis-je en ouvrant le Mars que j'avais acheté quelques instants auparavant. On était donc tous les deux assis à cette table. « Alors, tu es déjà passée ou tu attends ton tour ? » Je posais ma barre chocolatée de laquelle j'avais pris une bouchée. « Yeap ! Je suis passée dans les premières. J'aurais jamais cru que ça pouvait être aussi éprouvant un casting ! » lui dis-je. « Mais au moins maintenant, je peux manger tout ce que je veux sans avoir peur de tâcher ma robe, donc c'est un bon point ! » je souriais avant de reprendre une bouchée de Mars. « Et toi, tu es passé déjà ? »

Spoiler:

Une française, soit, mais j'avouais être encore assez curieux pour vouloir des précisions à ce sujet. Pas pour une raison en particulier, juste par curiosité, et parce que cela faisait la conversation après tout. « Paris. Enfin, je suis originaire de Nice mais je travaille et je vis à Paris depuis un moment maintenant. Et toi ? Tu as une tête à venir du Sud, je me trompe ? » J'avais une tête à venir du sud ? C'était bien la première fois que l'on me disait ça ; D'ailleurs je ne sais pas, les sudistes et les nordistes avaient un physique particulier ? Un accent, à la limite, quoi que je n'en possédais pas particulièrement me semblait-il. Et puis, c'était censé être un reproche, d'avoir une tête à venir du sud ? Quoi que si elle-même venait de Nice, c'était peu probable. Quoi qu'il en soit j'avais donc fini par répondre « Tout dépend où commence le sud pour toi. Briançon. » Pas si éloigné de Nice, quand on y pensait. Kilométriquement parlant du moins, parce qu'en terme d'altitude en revanche c'était une autre paire de manches. « Mais je monte souvent à Paris pour le boulot, alors on est plus ou moins à égalité. » Mais je mentirais un peu si je disais que je me sentais chez moi à Paris, parce que c'était tout sauf le cas ... Trop de monde, trop de bagnoles, pas assez de neige et des montagnes bien trop loin à mon goût pour qu'il y fasse bon vivre, à vrai dire. J'avais mordu dans ma barre chocolatée, tandis qu'elle reposait ses pieds ; Mais je soutenais que porter des talons relevait dans un certain sens du masochisme. « Si seulement c'était pour être belle ! Mais dans mon cas, je pense que t'as deviné que c'est plus pour arriver à utiliser le distributeur de barres chocolatées ! » Adoptant un air faussement dubitatif j'avais alors demandé « Parce que le distributeur n'obéis qu'aux personnes qui portent des chaussures ? J'ai bien fait de ne pas venir pieds nus. » C'est bon, je plaisantais, je n'étais pas non plus crétin. J'avais juste faim, et d'ailleurs j'avais avalé un nouveau morceau de chocolat, tout en me disant qu'en fin de compte cela ne ferait que m'ouvrir l'appétit un peu plus et que j'aurais sans doute encore plus faim qu'avant ... Je faisais vraiment n'importe quoi, en somme. Changeant en tout cas de sujet j'avais fini par lui demander si elle avait déjà passé son casting « Yeap ! Je suis passée dans les premières. J'aurais jamais cru que ça pouvait être aussi éprouvant un casting ! Mais au moins maintenant, je peux manger tout ce que je veux sans avoir peur de tâcher ma robe, donc c'est un bon point ! » Je laisse échapper un léger rire tout en la gratifiant d'un signe de de tête, signifiant qu'elle marquait effectivement un point. Quoi que je doute qu'une tâche de chocolat fasse toute la différence dans un casting, ou du oins j'osais l'espérer ... C'était assez subjectif et très ridicule comme critère de sélection, non ? « Et toi, tu es passé déjà ? » Dieu merci oui. « Y'a une bonne heure oui. Mais j'ai pas trouvé ça sorcier en fait, je crois que j'avais juste hâte de passer parce que l'attente c'est vraiment pas mon truc. » Et j'étais au final très avancé puisqu'une fois passé j'avais, comme les autres, recommencé à attendre. A la différence près que nous ne savions plus trop ce que nous attendions, autrement dit c'était même pire que tout à l'heure.