Belle semaine de merde. Je n’avais le morale depuis dimanche. On dit que ça arrive, qu’il y a des semaines comme ça. Et bien moi, c’était cette semaine. Pratiquement rien n’avait réussit à me redonner le sourire, à l’exception de la fameuse surprise de Connor pour mon anniversaire. Il m’avait réellement fait plaisir, et je lui en étais reconnaissante. Mais aujourd’hui, jeudi, j’ai à nouveau perdue mon sourire. Pas de là à pleurer, simplement, je me sens solitaire. Je n’ai pas trop envie d’être en compagnie des candidats du nid. Je m’isole donc dans la salle de musique. Je cherche de la musique, quelque chose qui me fera du bien. Ou pas. Je trouve enfin, affichant un léger sourire, satisfaite. Laissant la pièce être envie par cette musique, je décide non pas de m’asseoir sur le canapé, mais bien de me coucher par terre, les yeux rivés au plafond, me laissant envahir par la douce mélodie d’un de mes artistes préférés. Paisible et calme, je ferme les yeux, essayant de rechercher un certain confort. J’avais envie de m’évader, de ne plus avoir l’impression d’être prisonnière de ces quatre murs. La musique est si forte, et moi je suis tant dans un état de trans que je n’entend même pas la porte ouvrir, laissant entrer quelqu’un dans mon havre de paix. La solitude n’aura été que de courte durée, comme toujours en ces lieux.

Cette semaine avait peut-être un charme immense, peut-être parce que j’étais encore là. Et oui, à l’issu du prime je m’étais rendu compte que le public avait voté pour moi et qu’il désirait que je poursuive l’aventure pour au moins une semaine. J’étais vraiment heureux de ce résultat, j’étais remotivé et prêt à mettre un peu d’ambiance comme je le faisais de manière inconsciente depuis le début de l’aventure. Le seul bémol à tout mon bonheur c’était peut-être un manque, j’étais en manque de ma partenaire initiale. Madeleine… Elle avait été éliminée cette semaine et j’en étais très touché. Passer la plupart de ses nuits à discuter avec une fille en or comme elle l’était ne pouvait que rapprocher. Je n’avais pas la même relation avec Melissa, j’allais pourtant faire un effort parce qu’elle n’y était pour rien. Pour combler ce mal-être je me disais qu’une bonne thérapie musicale serait peut-être parfaite, je pourrais jouer des chansons et évacuer ma tristesse pour le reste de la journée. Me levant de mon lit, déjà habillé puisque je m’étais débourré aux aurores afin de pratiquer un peu de sport avant que la salle soit envahie par une foule sans fin, je me rendais à la salle de musique. En ouvrant la musique je remarquais Esther, je m’approchais, un petit sourire, j’étais heureux qu’elle soit là. Nous n’étions pas plus proches que ça, mais le départ de la petite blonde nous avait en quelque sorte rapprochée. « Saluut. » Je venais m’asseoir à côté d’elle.

Je sursautai en entendant une voix juste à mes côtés. Et moi qui était tant perdue dans mes pensées que je ne l’avais même pas entendu entrer. Je finis par sourire en me rendant compte que c’était Baptiste qui venait de s’asseoir à mes côtés. « Hey mon chou ! Comment tu vas ? » dis-je en souriant, relevant un peu la tête pour le regardai. Je décidai, tout naturellement de déposer ma tête sur ses genoux, en profitant pour rester étendu sur le sol dans ma position initiale. Je n’étais la personne la plus proche du jeune homme, pourtant, je me sentis bien à l’aise, pas gênée comme à notre première rencontre. Il faut dire aussi que nous nous étions rapproché cette semaine après le départ de Maddie. Elle me manquait beaucoup la française et j’avais l’impression que s’en était de même pour son ancien partenaire. « J’étais en moment zen. J’étais presque sur le point de m’endormir si tu n’étais pas entrer ! » avouais-je, n’étant pas non plus déçue qu’il soit venu à ma rencontre tout de même. « Cette musique m’apaise... » ajoutais-je dans un soupire de bien-être.

Je n’avais pas eu l’occasion de beaucoup discuter avec Esther jusqu’à maintenant, à vrai dire nous nous étions rapidement parlés pendant la première semaine de l’aventure lorsqu’elle s’était coupée le doigt en cuisinant. Depuis nous échangions parfois quelques mots, mais rien de plus. Le départ de Madeleine nous avait pourtant sacrément rapprochés, je l’appréciais beaucoup. « Hey mon chou ! Comment tu vas ? » Je lui souriais, elle était allongée par terre je venais donc la rejoindre m’asseyant contre le mur. Elle posait sa tête sur mes genoux, je passais lentement ma main dans ses cheveux pour lui remettre une mèche qui lui cachait le visage. « Oh… Beh écoute ça va et toi ma biche ? » Je lui adressais un nouveau sourire, elle était vraiment gentille et j’en venais à regretter de ne pas être revenu vers elle plus tôt. « J’étais en moment zen. J’étais presque sur le point de m’endormir si tu n’étais pas entrer ! » Je rigolais, s’endormir sur un sol aussi dur relevait de l’exploit. « Désolé d’avoir dérangé ta petite sieste mamie. » Je lui tirais la langue, elle devait le savoir, j’étais très taquin. « Cette musique m’apaise... » Je tendais l’oreille pour écouter la musique de plus prêt. « Elle est apaisante en même temps… Elle est calme. »

J’appréciai sa main dans mes cheveux, démontrant de la nouvelle proximité qui était née entre nous. « Oh… Beh écoute ça va et toi ma biche ? » Ma biche, drôle de surnom, tout de même. « Je vais bien. Je m’ennuie de Maddie. » Et c’était vraie, je m’ennuyais beaucoup de la française. Je fermai les yeux un moment, l’écoutant me dire qu’il était totalement désolé d’avoir dérangée ma sieste. Je rigolai aussi puisque au fond, je n’avais pas vraiment l’intention de dormir, alors ce n’était pas plus grave que ça. J’écoutai encore un moment la chanson, qui se terminait pour laisser place à un autre morceau du même artiste. « Elle est apaisante en même temps… Elle est calme. » J’hochai la tête à sa remarque, restant silencieuse un moment, profitant de ce simple instant de calme. Je réfléchis de tout et de rien, laissant mes pensées vagabonder comme bon me semble. « À quoi tu rêves le plus ? Quel est le rêve dont t’aimerais le plus qu’il se réalise ? » demandais-je les yeux toujours clos. Oui, cette question sortait totalement de nulle part. Mais j’étais curieuse, et je voulais aussi apprendre à le connaître un peu plus. Parce qu’au fond, je ne savais pas grand chose sur lui.

La semaine passée je n’aurais pas osé faire ce que j’étais en train de lui faire, passer ma main dans ses cheveux me paraissait tellement anodin entre nous mais c’était surtout parce qu’on s’était subitement rapprochés après le départ de Madeleine de qui nous étions tous les deux très proches dans cette aventure. « Je vais bien. Je m’ennuie de Maddie. » Je la regardais, depuis le début de la semaine je ressentais souvent ce sentiment d’ennui, elle me manquait et je me rendais compte qu’elle était encore plus importante à mes yeux que ce que j’aurais cru. Dans une aventure comme celle-ci nous étions très vite attachés les uns aux autres, je n’y croyais pas jusqu’à maintenant mais cette fois je le vivais. « Moi aussi… Sa présence me manque énormément. » Nous écoutions la musique en silence, je fermais un instant les yeux pour apprécier au maximum le moment, ce soir les nominés allaient être annoncés et peut-être que l’un de nous se retrouverait nominé. « À quoi tu rêves le plus ? Quel est le rêve dont t’aimerais le plus qu’il se réalise ? » Je la regardais, réfléchissant. Je ne m’étais jamais réellement penché sur la question, surtout depuis que j’avais volontairement fait une croix sur mes rêves de carrière après l’université pour prendre un job dans un McDonald. « Mon rêve… Je pense que ça serait de mettre ma grand-mère ainsi que ma sœur à l’abri du besoin pour le reste de leur vie, de tout plaquer pour un road trip et peut-être même composer pour des grands musiciens… Et toi ? » J’étais très talentueux musicalement parlant, je savais jouer du piano, de la guitare, du violon et il m’arrivait de chanter, il paraissait que ma voix n’était pas dégueulasse.

« Mon rêve… Je pense que ça serait de mettre ma grand-mère ainsi que ma sœur à l’abri du besoin pour le reste de leur vie, de tout plaquer pour un road trip et peut-être même composer pour des grands musiciens… Et toi ? » J’ouvris les yeux pour plonger mon regard dans le siens, lui offrant un sourire. Ça c’était un beau rêve. Pas un rêve superficiel. Je ne connaissais pas son histoire, mais sa grand-mère et sa soeur devait avoir une place très spéciale dans sa vie, s’il pensait ainsi. Je me posais à présent beaucoup de question sur lui. La curiosité l’emportait toujours sur moi. « Tu es proche d’elles ? Ta grand-mère et ta soeur ? Oh et tu es musicien ? Je ne le savais même pas. » demandais-je, toujours en le fixant. Je réfléchis par la suite à quel serait mon plus grand rêve. C’était difficile, j’en avais tant. Je ne pourrais bien entendu pas tous les réalisés, mais j’aimais croire que cela pourrait être possible. « Hum... Tout d’abord, je veux devenir infirmière. Déjà, si j’y arrive, ce qui devrait être le cas, je pourrai dire que j’ai réussit ma vie. Que j’ai fait quelque chose de celle-ci. Ensuite... Ça peut paraître con, mais j’aimerais beaucoup avoir des enfants. Avec un mari, évidemment. Je veux une jolie maison, modeste, mais je veux une maison. Et je veux simplement pouvoir élever mes enfants dans l’amour. Rien de plus. » C’était un rêve simple, surement pour plusieurs. Mais pour moi, c’était énorme. Arriver à avoir une telle vie, serait évidemment le plus grand acheminement possible pour moi. Juste y penser, j’en avais les yeux pleins d’eau. Ça c’était pathétique. Pourquoi pleurer, pour un rêve. J’essuyai automatiquement mes larmes, ne voulant pas que Baptiste me voit dans cette état. Mais il était malheureusement trop tard. Je lui souris, voulant le convainque que tout allait bien. « Désolé... Je, enfin. Je ne sais pas pourquoi je suis si émotive. » J’avais maintenant honte de m’être autant laissé emporté. Je ne devais pas montrer ma faiblesse.

Je débutais à présent ma première conversation vraiment profonde avec la jeune fille et il n’y avait pas à dire, j’étais à l’aise avec elle. Moi, qui pourtant étais bien incapable de parler de moi sans omettre des détails volontairement. Oui, je n’étais pas du tout à l’aise lorsqu’on me posait des questions parce que ma vie était complètement nulle, je ne voulais pas afficher mes problèmes et recevoir la pitié des autres même s’il fallait reconnaitre que ça pouvait réchauffer le cœur en quelques secondes. « Tu es proche d’elles ? Ta grand-mère et ta soeur ? Oh et tu es musicien ? Je ne le savais même pas. » Je souriais, passant une nouvelle fois ma main sur son visage que je caressais lentement mais de manière régulière. Penser à ma famille me faisait du bien et du mal à la fois, ils me manquaient tous terriblement. « Je suis énormément proche d’elles, c’est ma grand-mère qui m’a éduqué… Ma mère est morte en me donnant la vie et mon père l’a suivie de prêt. » Je marquais une pause même si je n’étais plus en train de faire pleurer dans les chaumières par rapport à ça, je n’avais aucun souvenirs d’eux après tout. « Et non… Je ne suis pas musicien, je le suis seulement à mes heures. Je suis officiellement employé au McDonald du coin. » Je lui souriais, cette situation me faisait un peu honte et c’est d’ailleurs pour ça que je déviais son regard, je n’étais pas à l’aise financièrement dans la vie de tous les jours, cette émission représentait également un enjeu économique important pour moi. « Hum... Tout d’abord, je veux devenir infirmière. Déjà, si j’y arrive, ce qui devrait être le cas, je pourrai dire que j’ai réussit ma vie. Que j’ai fait quelque chose de celle-ci. Ensuite... Ça peut paraître con, mais j’aimerais beaucoup avoir des enfants. Avec un mari, évidemment. Je veux une jolie maison, modeste, mais je veux une maison. Et je veux simplement pouvoir élever mes enfants dans l’amour. Rien de plus. » Cette discussion que nous avions me touchait énormément, son rêve me faisait quelque chose que je n’avais pas l’habitude de ressentir. Mes yeux se remplissaient d’eau sans même que je ne puisse comprendre pourquoi. Elle avait envie de quelque chose de si simple, un rêve commun à tous que j’en étais très touché également. « Désolé... Je, enfin. Je ne sais pas pourquoi je suis si émotive. » Je lui essuie une larme, faisant pareil pour moi. Roh, je n’aimais pas être dans de tels états et ça m’arrivait tellement peu souvent. « Tu vas me faire pleurer avec tes rêves… T’es la première qui me soutire une larme dans cette aventure. »