Je regardais en l’air, les étoiles défiler au-dessus de ma tête. Je serrais mes bras sur mon ventre pour me réchauffer ; ce petit vent frais toujours présent en Irlande refroidissait horriblement cet air hivernal. Quoique était-ce le vent qui me faisait si froid dans le dos, où le lieu dans lequel je me trouvais ? Baissant mon menton, je regardais les pierres tombales m’entourant. L’endroit était réellement lugubre, je devais bien l’avouer. Pourtant je continuais de m’enfoncer dans celui-ci, avec un œil curieux. Arrivant au pied d’une de ces pierres à terre, je me baissais pour essayer d’en lire les inscriptions. Dans le noir, c’était quasiment impossible ; les étoiles ne brillaient pas assez. Je reprenais mon exploration, passant derrière un arbre et m’asseyant sur le banc en pierre qui se trouvait à côté. Ma présence ici était totalement injustifiable. Rien ne m’avait poussé à être ici, ou peut-être tout de même l’adrénaline ; l’envie de me faire peur. La nuit était tellement calme, trop calme, que ça commençait à fonctionner. Une ombre se dessina au loin. Une forme que je percevais tant bien que mal, très loin derrière l’arbre. Je ne pouvais pas dire de qui il s’agissait. Tout ce dont j’étais sûr, c’est que ce ne devait pas être une bête ou un monstre, mais bien un candidat. Une fille ou un garçon, je n’en savais rien. Je me levais, restant derrière mon arbre, tout en l’observant secrètement. Quand la forme devenait de plus en plus dissociable pour moi, je me mis à courir comme une proie devant son chasseur. J’avais vu quelque part que si quelqu’un se mettait à courir, c’est instinctif : les autres le fond aussi. En courant, je regardais derrière moi la réaction de mon assaillant… qui semblait se mettre à courir lui aussi…

Trois heures moins dix du matin, je n'arrive pas à trouver le sommeil, j'observe Rory qui dort à point fermé mais ça m'énerve. Qu'on ne se méprenne pas, je n'ai rien contre ma partenaire que j'suis ravie d'avoir retrouvé, ce n'est pas ça. C'est juste que je trouve le temps long, en plus Ruben ronfle comme un porc c'est agaçant. Je me lève et enfile un pantalon, y'a rien à faire dans cette putain de baraque. Je soupire, et décide de prendre l'air. J'suis énervé et le pire c'est que j'ignore la raison de mon énervement. Avant de sortir, j'attrape ma veste en cuir que j'enfile sur mon torse nu, je n'ai aucune envie d'attraper une putain de pneumonie, ou encore la grippe, elle traîne par ici cette garce. J'allume ma cigarette, et la fume en moins de deux minutes, quand même la vache. Je marche dans le parc malgré la pénombre qui m'empêche de discerner quoi que ce soit. Et puis j'entends un bruit, ou du moins c'est ce que je crois; il semble provenir du cimetière, je m'approche pas méfiant pour un sou. Je ne crois pas aux fantômes qui hanteraient le cimetière, nos nombreuses tentatives de communication avec Tom ayant à chaque fois échoué, ne font que me prouver le contraire. Je n'arrive pas à reconnaître le ou la candidate, mais cette personne se met à courir. Putain mais qu'est-ce qu'elle fout ? Je ne cherche pas à comprendre, je me mets à courir à mon tour. C'était particulièrement pénible de courir à l'aveugle, une chance, je cours vite et j'arrive à rattraper ... Oona, puisqu'il s'agit d'elle. « Qu'est-ce qui t'arrive t'as vu un fantôme ? Je souffle doucement, alors qu'elle s'est arrêtée enfin, je ne manque pas de sourire, on est en plein milieu du cimetière en l'occurrence, l'endroit parfait. Et puis. Merde, ma tête me tourne. « J'crois que j'vais m'évanouir. » Et bam ! Je tombe littéralement, sur le dos, provoquant un bruit sourd qui résonne dans la nuit noir.

À l’instar de ma présence en ces lieux macabres, je n’avais pas de raison de courir. Il n’y avait pas d’horribles monstres, ni de mort vivant dans les parages. Seul un candidat qui se trouvait à quelques mètres de moi et qui s’était mis à courir comme je venais de le faire. C’était vrai alors, cette petite histoire. Sourire aux lèvres, je continuais de slalomer entre les pierres tombales, faisant bien attention de ne pas me casser la figure et de ne pas me retrouver à terre. « Qu'est-ce qui t'arrive t'as vu un fantôme ? » Le candidat était arrivé près de moi, ce qui me fit me stopper net. Après avoir repris ma respiration, je lui adressais un sourire amusé. « Non ! Mais je crois… » Commençais-je, en me rapprochant de Connor, que j’avais reconnu dans la peine ombre. « Je crois que y’a des zombies par ici ! » Lui avouais-je, parlant tout bas pour le mettre dans la confidence. On ne sait jamais, qu’un zombie roderait vraiment par là. J’abordais un sourire amusé sur mes lèvres, feignant l’inquiétude. « J'crois que j'vais m'évanouir. » Je continuais de sourire, croyant qu’il rigolait. Pourtant un gros bruit raisonna dans le noir. Je me retournais de nouveau vers lui… il n’était plus là. Dans le noir, il était impossible de se rendre compte de ce qu’il se passait autour de nous. J’avançais un pied, sentant une masse à terre. Il s’était réellement évanoui. Mon sourire, laissa place à une réelle inquiétude. Je me jetais à terre, essayant de le réveiller en le secouant follement. « Oh ! Hé ! Réveilles toi, oh ! » Je n’avais jamais été confronté à ce genre de situation et la panique commençait à se faire sentir dans ma voix et dans mes gestes. Je regardais autour de nous, mais je n’y voyais rien. Une seule solution pour le réveiller me venait à l'esprit; je m’apprêtais à lui foutre une énorme baffe...

Soit Oona est barge, soit elle a fumé quelque chose et ça m'intrigue. Puisqu'en se rapprochant de moi, elle m'affirme avoir vu des zombies, je sais bien qu'elle plaisante. Enfin mon fort intérieur l'espère, oui elle ne peut pas être aussi ravagé de toute évidence. Je m'approche, jouant le jeu, me baisse même pour qu'elle puisse atteindre sans difficultés mon oreille. J'écarquille les yeux, feignant la surprise. « Oh et tu en as vu un déjà ? C'était peut être Ruben, t'imagine même pas la tête qu'il a eu réveil ! » Je parlais doucement à mon tour, pour ne pas attirer un possible assaillant. On ne sait jamais, si le Ruben ici présent ne nous entendait, nous risquions d'attiser sa colère, surtout on ajoutait le fait qu'il ne portait pas Oona dans son coeur. Et puis je sens une chaleur m'envahir, mon sang affluer dans mon crâne, je tourne de l'oeil, j'ai tout de même le temps de prévenir la jeune femme et tombe. Aie. Je reviens à moi, j'ignore depuis combien de temps je suis allongé, pourtant je n'ouvre pas les yeux, Oona hurle, me secoue, j'ai envie de lui dire que ça va. Mais finalement me ravise. Stoîque, j'essaye de contrôler ma respiration, et puis alors que je la sens suffisamment proche de moi. Je bondis en criant. « AAAAh, Attention je vais te bouffer le cerveau. » Je ris aux éclats, et me mets à tousser. « Ca m'apprendra à dire des conneries tiens ! » Et merde. Je me relève doucement, et fais face à Oona, j'attends d'ailleurs à me prendre un sacré baffe de sa part, mais pour le coup, je l'aurais bien mérité celle là.

« Oh et tu en as vu un déjà ? C'était peut être Ruben, t'imagine même pas la tête qu'il a eu réveil ! » J’allais lui répondre que oui, effectivement, j’en avais croisé un récemment, mais il m’avait devancé. Je n’avais jamais vu le bonhomme au réveil et je m’en réjouissais bien. Je ne souhaitais nullement le voir, mais il pourrait faire effectivement un bon zombie. Bien que j’aurais plutôt comparé Ruben au légendaire Bigfoot, ou Sasquatch, vous savez, ce primate humanoïde. C’est tout lui ! En cet instant, j’avais envie de continuer à jouer avec Connor et les éventuelles bêtes habitant cet endroit du nid, pourtant, il ne m’en laissa pas la perspective. Cloué au sol, je ne parvenais pas à la réveiller. Mes secouements, mes hurlements n’en firent rien. Je m’emballais peut être un peu trop, mais il était tout de même évanoui, à terre. J’étais totalement impuissante face à lui. « AAAAh, Attention je vais te bouffer le cerveau. » Ma main avait failli voler dans sa figure, avant qu’il ne cris comme un cinglé, comme il venait de le faire. Ni une ni deux, je m’étais reculée, tombant sur mon cul. J’avais moi-même lâché un « aaaah » de peur, avant de me mordre les lèvres en le voyant se foutre de ma gueule. « Et t’es fier de toi ? » Lâchais-je, faussement vexée par ses rires incontrôlés. Je me levais, balayant avec mes mains, mon jean, sali par la poussière. « Ca m'apprendra à dire des conneries tiens ! » Je secouais la tête, affligée par ce qu’il venait de me faire. La plus grosse frayeur de ma vie, quand même. « Bien fait ! » Répondis-je dans mes dents, avec tout de même un petit sourire amusé. Il ne pouvait pas le voir, la nuit étant bien trop sombre pour ça. « Tu sais quoi ? J’allais te proposer de venir tuer les zombies avec moi un peu plus loin, mais je crois pas que tu feras l’affaire ! » Non, non, non, je n’avais pas fumé. Je ne fume jamais et ne bois que lorsque l’on est en soirée. J’étais totalement consciente et en possession de tout mes moyens. Je croisais les bras et m’éloignait de lui de quelques mètres. Je ne l’avais pas frappé, mais ça n’allait pas tarder. Je préférais le prendre par surprise, à un moment où il ne s’y attendrait pas…

Bon même si mon petit malaise n'est pas prévu, le résultat final est somptueux. Je me marre comme un tordu lorsque Oona se retrouve le cul par terre. A vrai dire, j'préfère faire semblait d'avoir voulu la faire flipper que d'expliquer que je me suis vraiment évanoui. J'ai eu vite fait de peser le pour et le contre entre devoir raconter ma vie et m'éclater dans le cimetière avec Oona. Bon une chance qu'elle ne soit pas cardiaque, j'pense que je l'aurais amèrement regretté sinon. Je souris face à sa réaction je me mets à tousser comme un dératé. Putain ça pique quand même. Je me relève enfin, époussetant mes fringues qui avaient pris la poussière. Je fais l'offusqué lorsqu'elle m'assure ne pas être en mesure de liquider les zombies. « Tu rigoles Alice, j'ai un passé de liquideur de zombie tu peux même pas test ! » Je la gratifie du prénom de la nana de Resident Evil avec une assurance déconcertante lorsque je lui balance mes faits d'armes. Je m'approche d'elle et lui attrape la main pour l'entrainer avec moi. « T'as vu comment t'as détalé quand tu m'as vu ? Tu tiens même pas deux minutes face à un zombie, allez bien par là, j'connais cette endroit comme ma poche. » Déterminé à tuer, j'sais pas moi, Caesar, oui d'ailleurs il est mort lui ou quoi ? Merde, si ç'trouve Baptiste est revenu pour le sacrifier et c'est le lui le zombie qu'Oona a vu. Classe !