Je pénètre dans mon nouveau chez moi, pas tout à fait rassurée étant donné le chemin que j’ai du emprunter. Je me demande ce qu’il me prépare, il est plutôt flippant le Cupidon quand il s’y met. Je me sens un peu mal par rapport aux candidats que j’ai laissés à l’intérieur du château, et qui pensent que j’ai quitté l’aventure comme une voleuse. Les pauvres, je n’ai pas envie qu’ils se fassent du mouron pour rien, mais je ne suis pas vraiment responsable de ce qui m’arrive. Le coupable, c’est jolies fesses ! Décidément celui-là, il ne rate pas une occasion de faire des boulettes. Je détaille maisonnette du regard, et heureusement, je ne suis pas claustrophobe. Je découvre une pièce assez petite, mais suffisamment grande pour y passer quatre jours. Du matériel de surveillance, un grand lit. Ce qui me laisse penser que je ne serais pas seule. Je lance mes maigres affaires sur le sol, m’installant sur la couverture. Je fixe les néons avec perplexité, ne trouvant pas cela très rassurant. L’angelot fait alors entendre sa voix, rien que pour moi, je m’en sentirais presque honorée. OH MON DIEU ! Milan va revenir, c’est pas trop de la balle ça ? Je me disais aussi, que cette histoire était bizarre. Je saute aussitôt du lit, les yeux écarquillés, un sourire jusqu’aux oreilles. « Ok ok j’ai compris, envoie-le moi Cupidon ! » Je m’impatiente, il commence à m’emmerder. Je commence à crier bêtement le prénom de mon ancien partenaire, certaine qu’il va m’entendre alors qu’il est peut-être encore dans une voiture qui le conduit au château. Puisqu'il ne répond pas je décide de passer directement aux choses sérieuses, allumant l'écran de télévision qui filme le prime. Punaise, ça devient une vraie tuerie. J'ai l'impression de débarquer au milieu d'une guerre et de me prendre une giclée de sang sur le visage. Je ne peux cependant m'empêcher de ricaner en observant Moore remballer ce gros dindon de Mélissa.

Ola. Qu'est-ce qu'il veut le Cupidon ? Il veut qu'on lui apprenne à compter deux par deux et à lasser ses chaussures ? Pourquoi il venait déranger les pauvres candidats qu'il avait déjà exclu du jeu ? Enfin, qu'il avait laissé être exclu du jeu, en tout cas. Il avait fait un truc de mal, peut-être ? Genre lâcher une info qu'il ne fallait pas a grand public ? Milan ne s'en souvenait pas pourtant. Alors pourquoi monsieur s'était-il permis de le rappeler après une fucking longue semaine, comme ça, mine de rien, pour lui dire que "et mec ! rebelote pour toi, pièce secrète, allez, tout de suite !" Une pièce secrète ? Alors c'était ça le plan ? N'empêche qu'il était content. Et super dégouté à la fois mais content quand même. D'abord il retournait dans le jeu, ce qui était pas mal - bien qu'il soit toujours un peu vexé de s'être fait gercler par les autres - et en plus, il avait le privilège de passer quasiment toute une semaine dans une pièce secrète. Avec Sixtine en plus. Ça, c'était une bonne nouvelle, parce que s'il s'était retrouvé avec genre l'autre blond là, Jackson, putain, il n'aurait pas donné cher de sa peau. Mais non, là, c'était cool. Avec un peu de chance, il allait peut-être pouvoir niquer au moins secret. Donc il était là, quelque part sous la terre à attendre que le mec à côté de lui fasse un geste, lui dise "fonce" enfin, un truc comme ça. Finalement, il l'entraîna dans des couloirs, encore et encore, avant de tomber devant une porte. En le poussant à moitié, le mec propulsa Milan à l'intérieur de la petite pièce qui se trouvait juste derrière. Bon. Il allait vite en avoir plein le cul de cette pièce, il le sentait. Il remit son inspection approfondie des lieux pour plus tard car il aperçut Sixtine juste face à lui. « Toujours le mot pour rire ce Cupidon. » Il lui adresse un sourire, sans doute le sourire le plus vrai et le plus large qu'il ait jamais fait depuis le début du jeu, d'ailleurs. En s'approchant, il la prit par l'épaule et lui tapa un gros bisou sur la joue. « Alors quoi de neuf ? Tu vas bien ? Et tu leur as fait la misère pendant une semaine, j'espère ? » Naan, c'était pas vrai, enfin, il ne savait pas trop ce qui s'était passé depuis son élimination à vrai, il n'avait plus trop fait attention au jeu.

J’observe attentivement le prime qui vire au cauchemar, un gâteau dans la bouche, soutenant Moore comme une supporter devant son équipe de rugby favorite. « Va-y ma Moore, flanque lui une tarte à cette grognasse ! » J’ai le regard qui scintille dangereusement de l’éclat du sadisme, les mains frottant frénétiquement mes cuisses. Ca me fait sacrément chier quand même, pour tous les candidats qui m’imaginent partie pour de bon. Si ça continue la brune risque de se faire sanctionner, déjà qu’elle a perdu 5 000 euros par ma faute. Même Connor y va de ses commentaires désobligeants, et Syssoï ressemble à un type à qui on vient d’apprendre que sa famille a été pulvérisée dans une attaque à la bombe. J’ai un léger pincement au cœur en contemplant ces images, une moue boudeuse se dessinant sur mes lèvres. Quand je vous disais que cette foutue aventure avait le don d’exacerber les émotions. Une voix me tire de mon spectacle, une voix que je connais bien. Je me lève d’un bond, me mettant à rire bêtement devant Milan. Tu m’étonnes qu’il a le mot pour rire, mais ce n’est pas toujours un rire franc et honnête. Non, ce soir j’avais plutôt envie de lui arracher ses jolies petites ailes d’angelot en lui montrant mes belles dents blanches. Le jeune homme m’embrasse la joue, aussi j’en profite pour passer mes bras autour de son cou en l’enlaçant comme deux bons vieux copains. Bon, je n’ai pas eu le loisir d’approfondir beaucoup mes connaissances le concernant, mais il a quand même partagé mon lit et mes journées pendant plusieurs semaines, même si nos discussions n’étaient pas toujours très profondes. « Tu me connais, on me démonte pas le moral aussi facilement. Et toi, pas trop assailli par tes fans ? » Je laisse échapper un rire franc, m’écartant de sa silhouette pour le laisser respirer. Je ne peux pas ravaler ce sourire qui démange mes lèvres, et je le détaille sans retenue. Il a l’air en forme le Milan. « Bah, j’ai fait le doigt d’honneur à toutes les caméras que je pensais apercevoir, pendant quelques jours. » Et dieu sait qu’une plante ou deux a du se demander pourquoi je les insultais en agitant mon doigt fièrement, parce que je ne suis pas certaine d’être parvenue à identifier l’œil invisible de manière infaillible. La télévision annonce maintenant les candidats qui vont réellement quitter l’aventure, et je m’avance un peu dans la pièce afin de l’accueillir comme il se doit, embrassant notre petit chez nous d’un grand geste du bras. « Je crois qu’ils ont repéré nos talents d’enquêteurs, t’as vu le matos. » Si avec ça on ne trouve pas un secret ou deux, c’est qu’on est vraiment des brêles.