Je dormais depuis un bon moment déjà. Je passais même une excellente nuit en apparence. Extérieurement, je pouvais paraître normal, tout bonnement en train de dormir. Mais intérieurement, tout se bousculait. Je me réveillais alors en sursaut avec ce sentiment nauséeux que me recouvrait entièrement. Je me tournais vers ma partenaire. « Oona,,réveilles-toi, vite ! Emmènes-moi le plus rapidement aux toilettes ! je vais...Je vais...Vomir... » Lui criais-je à moitié en la secouant dans tous les sens. Il fallait vite qu'elle se réveille pour que je puisse vite m'allonger au pied de la cuvette des toilettes. Une indigestion. C'était le pire qu'il pouvait m'arriver ici.

Je n’étais pas couchée depuis longtemps, pourtant, j’avais l’impression d’avoir dormi déjà depuis quelques heures. Pour tout dire, je dormais comme un vrai bébé, dans les jolis bras de Morphée. Rien n’aurait pu interrompre ce sommeil que je croyais profond. Croyait, oui, parce qu’il ne l’était pas tant que ça finalement. J’entendais des paroles, presque inaudible à mes oreilles, tandis qu’une main me secoua sans ménagement. Je maugréais dans mon oreiller, bougeant simplement mon épaule pour me libérer de cette main. J’étais prête à m’énerver, parce que ce n’était pas la peine de me réveiller comme ça si j’avais trop dormi… jusqu’à ce que mes oreilles parviennent à entendre la fin de la phrase. «… Je vais...Je vais...Vomir... » J’ouvris immédiatement les yeux, me rendant compte que l’on était en pleine nuit. La voix était celle de Lukas, qui avait visiblement besoin de moi. Si j’étais normale, j’aurai immédiatement sauté hors du lit et l’aurais emmené directement aux toilettes sans me poser de question. Mais je ne suis pas normale. La température de la pièce augmenta d’un seul coup et je sentais mon cœur battre un peu trop vite qu’habituellement. Je restais allongée sans bouger, mais la main de Lukas me rappelait qu’il comptait sur moi. Je réussis tant bien que mal à me lever. « Viens » Lâchais-je avec une petite voix, en lui attrapant la main. Je l’emmenais jusqu’aux toilettes, mais pas aussi vite que je l’aurai pu, des vertiges m'empêchant de me dépêcher. Une fois là-bas, je le lâchais rapidement, pour me plaquer contre le mur d’à côté. Ma respiration devenait difficile et j’avais l’impression que mon cœur allait céder.

Je ne me sentais vraiment pas bien. Quelque chose n'allait pas. Je ne digérais pas un aliment du dîner. Je ne savais pas quoi. C'était la première fois que je réagissais de la sorte dans le château. Une indigestion. C'était horrible. Surtout si je devais aller rapidement aux toilettes. je secouais donc Oona pour la réveiller. Elle eut du mal à réagir mais je la secouer encore. « Viens » Elle m'attrapa alors la main. Me lever avait était une mauvaise idée. Je sentais encore plus que j'allais vomir, que le dernier repas me remontais dans l'estomac. Nous arrivions alors aux toilettes. Ma partenaire me lâcha la main et je me ruais sur la cuvette des toilettes. Une seconde de retard et je ne l'aurais pas atteint. On avait eu de la chance. Je m'installais alors à côté de la cuvette et je tirais la chasse d'eau. « Merci... » Réussis-je à lui dire avant de pencher à nouveau ma tête sur la cuvette. La nuit allait être longue.

Être partenaire, c’est aussi s’aider dans des moments difficiles, quand ça va pas ou comme celui-ci, quand on ne se sent pas bien. Cette aide était décuplée avec Lukas, mais je ne m’en plaignais pas. Je savais qu’il n’aimait pas être assisté, mais qu’il pouvait toujours compter sur moi. Toujours ? Lukas ne pouvait pas s’en rendre compte, mais j’étais complètement tétanisée contre le mur d’à côté et j’étais bien incapable de me décoller de celui-ci. J’essayais de faire le vide dans ma tête et de ne pas l’écouter vomir, mais c’était bien trop pour moi. Ma respiration commençait à devenir de plus en plus difficile, de plus en plus bruyante et de plus en plus douloureuse dans ma poitrine. Je portais une main à mon cœur, croyant que cela l’apaiserait. « Merci... ». Je ne lui répondais pas, totalement incapable de le faire. J’avais l’impression que ma bouche se remplissait de trop de salive et que mes jambes allaient flancher sous mon corps. Ce que je risquais le plus dans la maison était en train de m’arriver. Je faisais une crise de panique ou d'angoisse. Et pendant ce temps, je ne pouvais aider Lukas qui semblait vraiment malade.

Franchement, qui aimait ce genre de situation ? Qui aime se retrouvait à quatre pattes au pied des toilettes ? Pas moi. Mais j'étais si malade que je n'avais plus le force de me relever. Je vomissais. Une indigestion n'était jamais agréable mais la crise commençait à se calmer. Maintenant que mon dernier repas était ressortit. J'étais tranquille, n'est-ce pas. Je retirais alors la chasse d'eau après m'être essuyer la bouche avec du papier toilette. Je soupirais et me retournais alors vers Oona qui semblait complètement paniquer. « Ca va ? » Lui demandais-je finalement.

« Ca va ? » Absolument pas. J’étais en pleine crise et malheureusement, Lukas ne pouvait pas faire grand-chose pour moi. Il est aveugle et j’étais aphone pour un bon moment. Seule ma respiration difficile pouvait lui montrer qu’il m’arrivait quelque chose et c’est peut-être pour ça qu’il venait de me demander comment ça allait. Une soudaine bouffée de chaleur monta dans mon corps et me fit perdre presque perdre totalement le contrôle de mon corps. Je me sentais tomber à terre d’un seul coup, mais je su me retenir à la poignée de la porte. Une deuxième, puis une troisième bouffée de chaleur me faisait transpirer. Lukas avait pourtant fini de vomir, mais mes crises pouvaient durer quelques secondes, quelques minutes voire quelques heures. Je ne pouvais pas dire jusqu’à quand celle-ci allait durer, mais j’avais besoin d’aide. Je réussissais, dans un effort extraordinaire, à décoller du mur, l’une de mes mains tremblantes, pour la poser sur le bras de Lukas. J’étais normalement là pour l’aider, mais finalement, c’était moi qui avais besoin d’aide. « Mes…mes… médica… » Je bégayais, m’empêchant de finir convenablement ma phrase. La seule solution pour me calmer était de m’apporter mes antidépresseurs, mais ça allait être compliqué avec Lukas.