gabrielle.

Je ne sais pas quelle mouche m’avait piqué ce matin, mais je me sentais d’humeur, comment dire, généreuse. Assez, en tout cas, pour que l’idée d’offrir le petit déjeuner au lit à un ou une chanceuse me passe par la tête. Le genre d’évènements qui n’arrivait qu’une fois tous les quatre ans, comme les années bissextiles. Et donc, un truc plutôt rare en soi. À peine neuf heures et j’étais depuis longtemps debout, dans la cuisine, à m’affairer à la tâche. Je m’incluais bien sûr dans ce repas matinal, sinon, où était tout le plaisir. Regardez manger l’autre en ayant l’estomac vide, l’entendre gronder alors qu’on a une faim de loup… non. Cette idée n’était même pas envisageable. Une fois me besogne terminée, je posais le tout sur un plateau et montait à l’étage, pénétrant dans la première chambre qui croisa la route, soit celle qui ne m’accueillait point la nuit. La chambre du clan ennemi. En fait, plutôt celle d’une jolie rousse qui semblait toujours complètement plongé dans les bras de Morphée. La place à ses côtés étant libre, j’y déposais le petit déjeuner et m’y assied en tailleur, avant de m’approcher de Gabrielle, posant ma main sur son bras dénudé. « Réveille-toi, ma jolie. » fis-je à son attention, doucement, pour ne pas la brusquer.

Gabrielle a un sommeil sans rêve, elle s'était affalée dans son lit, et avait trouvé la force de retirer ses vêtements, pour finir en sous-vetements sous la couette. Et deux secondes plus tard ses paupières se fermaient toutes seules et elle sombrait dans les bras si acueillants de Morphée. Sa nuit est calme, elle ne bouge presque pas, elle ne sent même pas Syssoï, qu'il ne soit là ou pas là, cela ne change rien pour la jeune française. Rien ne peut troubler son sommeil aujourd'hui.
Elle dort encore, il était neuf heures passée, c'est son record, ça ne lui ressemble pas, même elle était réellement fatiguée en ce moment. Elle sent quelquechose sur son bras, et entend une voix. La rousse emerge lentement, elle ne sait même pa à qui elle a affaire. Gabrielle fait un effort surhumain et ouvre ses jolis yeux bleus. « Evey ? » demande t-elle, parce qu'elle n'est pas sûre et qu'elle a la tête dans les nuages. La candidate baille longuement. « Mais qu'est-ce que tu fais là ? » lui demande t-elle d'une voix enrouée, car c'est le matin. Et le matin, c'est dur pour Gabrielle, demander à Franckie, il est témoin. Elle apperçoit le plateau de sa position assise. « Tu comptes manger sur mon lit ? » la questionne t-elle. Gabrielle ou madame je suis super lente le matin.

« Evey ? » Lentement, je sens que la rousse demoiselle émerge d’un sommeil bien profond. Hm, j’aurais peut-être mieux fait de m’abstenir. Mais bon, maintenant que c’est fait, trop tard pour regretter de l’avoir sorti de ces beaux rêves. Elle ne semble pas être vraiment conscience de ce qui se passe, encore dans la brume, son corps se faisant surement la guerre entre rester éveiller ou se rendormir. « Mais qu’est-ce que tu fais là ? » La pauvre, ça semble vraiment pénible, sortir de cette torpeur nocturne. J’espère que ma petite surprise lui fera au moins plaisir. « Je me suis invitée dans ton lit, ça te dérange ? » Je garde encore le suspense sur la véritable raison de ma présence dans sa chambre. Elle le découvrira bien assez tôt. D’ailleurs, tout juste, elle vient de réaliser que je ne suis pas venue seule, mais bel et bien accompagnée. « Tu comptes manger sur mon lit ? » Je lève pendant un moment les yeux au ciel devant l’absurdité de sa remarque. Bien sûr, j’aime aller m’installer avec un plateau-repas sur le lit des gens pour savourer mon petit déjeuner. Tout à fait. « J’crois que tu as besoin d’un bon café, toi. » fis-je, laissant entrevoir un léger sourire moqueur sur mes lèvres. Je lui tends d’ailleurs l’une des tasses que j’avais préparées à notre intention. Gracieuseté de la maison. « Petit déjeuner au lit. Tu as faim ? » annonçais-je finalement. Parce qu’avec la tête ensommeillée, je ne suis pas certaine qu’elle ait réellement capté ce qui se passe là, tout de suite. Un peu d’aide – et de pitié – de ma part pour la mettre sur la bonne voie, c’est pas chère donnée. Surtout après tous les efforts qu’il m’a fallu pour lui concocter ce splendide festin.