► Le 6 mars, 19h37, en compagnie de Sonny.
Tout le monde allait finir par croire que Síomha était une voleuse et pour tout dire, c'était assez vrai. Elle appréciait beaucoup de piquer les fringues des autres candidates. Pourquoi ? Pas parce qu'elle était jalouse de tout ce qu'elles possédaient, mais bien parce que la blonde n'avait pas cinquante milles tenues différentes et qu'elle devait s'habiller. Ça ne la dérangerait pas de se promener nue à longueur de journée mais tout de même il faut bien garder un peu de mystère, n'est-ce pas? Toujours est-il que n'ayant pas de maillot de bain, elle en piqua un dans la première valise qu'elle trouva et se changea rapidement, se retrouvant donc habillée d'un maillot de bain noir tout simple, elle attrapa ensuite un t-shirt et un short qui lui appartenaient et les enfila. Elle se dirigea alors vers la piscine. Non, elle ne savait toujours pas nager, mais elle avait envie de profiter un peu de l'eau. Elle foula le sol de la pièce, se rendant jusqu'à un transat où elle posa son short et débardeur une fois qu'elle en fut débarrassée. Elle alla alors s'asseoir au bord de la piscine, laissant ses pieds se balancer dans l'eau. Bien entendu, elle savait pertinemment qu'elle était pas seule et cela depuis le début puisqu'elle avait repéré Sonny dans l'eau. Il allait sans doute en avoir marre d'elle, si ce n'était pas déjà le cas, mais la haine qu'il semblait éprouver à son égard la rendrait presque curieuse. Presque seulement, parce qu'il ne faut pas abuser non plus hein. « Je ne sais pas nager. » qu'elle l'informa. C'était important de le savoir, non? Non, c'est vrai, on s'en fout. « Tu m'apprends? » Pousser le bouchon, vous dites? Pff, pas du tout. Après tout, il savait nager, elle ne savait pas nager, pourquoi ne pas lui apprendre, hm?

Le soleil se couche. Je ne suis même pas au bon endroit pour m’en rendre compte. Me voilà, m’éclatant dans la piscine depuis une bonne demi-heure. Je suis comme un poisson dans l’eau et je n’ai pas tout de suite l’intention d’en sortir. Alternant entre longueurs, apnée sous-marine, exercices aquatiques, je ne laisse vraiment pas de place à l’ennuie. Au contraire. J’ai même croisé un ou deux candidats. Je ne sais même plus. Je confonds peut-être, car je m’y rends souvent à la piscine. C’est comme mon deuxième lit. J’y dormirai presque. En attendant, voilà que la catin Siomha débarque. Fuck. Je n’adresse aucun regard à la jeune femme. Elle n’en vaut clairement pas la peine. Sa simple présence ici me dégoûte. D’ailleurs, je décide de renoncer à la piscine en sortant de l’eau comme s’il s’agissait d’un territoire dont je lui faisais offrande. Mais voilà qu’elle me cause. Putain ! Elle déclare ne pas savoir nager avant de me demander de l’aide. Je ne peux m’empêcher de rire. Et en plus, elle me prend pour un con ! Trop c’est trop ! « Avec plaisir ! » Je cours immédiatement à toute vitesse derrière la candidate pour la pousser dans l’eau. Et hop ! Une Siomha trempée. Ah ah. Elle n’a rien vu venir. Et toc ! Je ne peux m’empêcher de rire, ne me doutant nullement que la blonde disait vrai sur son incapacité à nager. « Ça c’est pour m’avoir fait perdre cinq mille euros ! » Finalement, je suis assez rancunier, même si je ne veux pas le reconnaître. En tous les cas, ma haine envers Siomha est loin d’être passée. A la simple vue de la blonde, j’ai envie de gerber.

Waouh. La présence de Síomha le dérangeait donc au point qu'il préfèrait s'en aller plutôt que d'avoir à converser avec elle l'espace de trente secondes. Pas mal. Elle mériterait presque des applaudissements, à vrai dire. Puisqu'elle savait que certains ne l'appréciaient pas, tout ça. Mais à ce point-là ? Non, vraiment Síomha mériterait un oscar ou une connerie du genre. Surtout qu'elle était adorable. Elle venait en paix, vous voyez ? Et donc, gentiment, elle lui avait demandé quelques cours de natation. Après tout, cela ne lui couterait rien et elle promettait d'être une bonne élève, qui n'essayerait pas de profiter de son professeur... Quoique, non, elle ne pouvait pas promettre une chose pareille. Toujours est-il que son accord sembla étrange. Est-ce qu'on pousse quelqu'un qui ne sait pas nager dans l'eau ? Hm. A méditer. Et la blonde disait vrai: elle ne savait pas nager. Vraiment. Elle n'avait jamais eu l'occasion d'être dans une piscine et personne ne lui avait jamais appris une chose pareille. Si bien qu'elle tenta ridiculement, mais calmement de nager dans l'eau, agitant ses bras au même titre que ses jambes, mais cela eut pour seul effet de la faire couler davantage. Hm. Intéressant. Toujours est-il qu'elle se couvrait de ridicule et que le pays entier allait avoir pitié d'elle, de la voir patauger comme ça. Heureusement que cela ne l'atteignait pas et qu'elle faisait des choses bien plus honteuses que se noyer. Oh tiens, elle venait de boire la tasse. Ça s'annonçait mal, cette histoire. Tss. S'il comptait la laisser ainsi, juste parce qu'elle avait eu le malheur de soustraire cinq milles euros de sa cagnotte, eh bien soit. Mais peut-être avait-elle plutôt penser qu'ainsi, il se débarrassait d'elle et se retrouvait avec une nouvelle partenaire adorable, sans aucun doute. Non, d'accord, ce n'était pas crédible.

Même pas besoin d’aller chercher Siomha pour me venger. Elle se livre à moi toute seule et me tends une énorme perche en se plaçant au bord de la piscine. Facile ! Comment ne pas résister à la tentation en l’expulsant non poliment dans l’eau ? Ah ah ! Fier de mon coup et de ma vengeance, je l’observe patauger dans le liquide telle une baleine dopée. J’estompe mes rires au fur et à mesure de la situation. La jeune femme disait donc vrai en déclarant ne pas savoir nager. Tsss. Nul ! Je reste assez zen et ne panique pas. Je me dis que les salopes ne meurent jamais dans les films et donc quelque part que Siomha est invincible, allez savoir pourquoi ! En attendant je me tâte presque à vouloir aider la jeune femme. Elle déclare vouloir apprendre à nager, là au moins, c’est le bon moment, non ? Bon ok, la candidate boit la tasse et là l’inquiétude commence légèrement à apparaître sur mon visage. Si la tentation de sortir des pop-corns et de l’observer s’user à petit feu est bien grande, je me précipite dans l’espèce de grand placard pour attraper la grande épuisette. Je reviens devant la piscine pour observer la candidate. Elle n’est pas morte ! Quelle aubaine ! Je lui balance aussitôt le long manche côté filet. Tiens, voilà la pêche du jour. Une Siomha presque morte ! Ah ah. « Accroches-toi à l’épuisette si tu tiens à la vie. » Ma bonté et ma conscience ont vaincu la haine que je porte envers la blonde. Quoi que mon sadisme est encore bien présent. Ma vengeance n’est pas tout à fait terminée d'ailleurs. En attendant, je prends soin de bien reculer du bord pour ne pas que la blonde me fasse tomber. De toute façon, ma force est bien trop grande face à la sienne en ce moment même.

Putain, qu'il est con. Elle lui dit ne pas savoir nager et il la balance à l'eau. Faut quand même pas avoir grand chose dans le crâne pour faire un truc pareil, non ? Tss. Et donc, inévitablement et malgré ses efforts, elle ne parvenait pas à rester à la surface de l'eau et en venait à boire rapidement la tasse. Chose qui la fit doucement toussoter alors qu'elle continuait, inlassable, ses mouvements qui ne servaient à rien. Ou peut-être seulement à l'enfoncer un peu plus dans l'eau. Oups. Et alors qu'elle luttait très fort pour rester à la surface – genre – voilà qu'il se ramenait avec son épuisette. Sérieusement. Ça lui trouait tellement le cul de devoir l'aider qu'il n'arrivait même pas à entrer dans le bassin pour la ramener au bord ? Non, il préférait lui balancer le truc à la gueule, comme si elle n'était qu'une pauvre étoile de mer qu'il allait faire sécher sur le rebord d'une fenêtre ? Connard. Il l'avait poussée dans l'eau, alors il assumait et il ramenait son cul dans cette putain d'eau. Rien que pour faire chier, elle fit semblant de ne pas réussir à attraper l'épuisette avant d'inspirer discrètement et de se laisser couler, tout en feignant d'essayer de remonter, bien sûr. Là, soit c'était un énorme connard qui n'aurait aucun regret à la laisser crever et elle n'aurait qu'à se démerder. Soit il serait assez raisonnable pour ne pas finir en taule pour non assistance à personne en danger. A lui de voir. En attendant, elle n'avait pas beaucoup d'air alors s'il pouvait magner son cul de choisir, ça serait sympa.

Alors que je savoure avec un sadisme inégalable ma vengeance, voilà que la bougresse se noie dans la piscine. Putain ! Elle ne sait donc vraiment pas nager ? Quelle naze ! Je ne m’affole pas trop quant à lui venir en aide jusqu’à ce qu’elle commence à absorber de l’eau. La situation devient légèrement inquiétante. Je lui en viens en aide ? Oui ? Non ? Qu’est-ce que je risque après tout si la jeune femme meurt ? Ah ouai, non assistante à personne en danger quand même ! Fuck ! Je m’empresse donc de lui envoyer l’épuisette que je suis allé chercher dans le placard qui contient les accessoires de la piscine. J’ai pris le premier objet me venant sous la main. Je n’ai, en effet, nullement envie de replonger dans l’eau pour venir en aide à la blonde. Ça serait trop facile. Elle pourrait très bien vouloir se venger en me noyant à mon tour. Non, pas envie de me mouiller pour elle. Elle n’a qu’à attraper le long manche que je lui tends. Mais non, son intelligence ne dépassant pas le QI d’une huitre en ressort. Elle n’y parvient pas. « Mais accroches toi banane ! » Non, vraiment, je commence à croire qu’elle le fait exprès. Même un bébé de trois mois arriverait à attraper le fameux manche. Bon, puisqu’il en est ainsi, je décide d’employer les grands moyens. Je réajuste la position de l’épuisette en la plaçant face à la candidate, sous l’eau. Là, elle n’a plus d’autre choix que de l’attraper. Elle touche même le manche et le filet avec ses bras.

Putain. Quand même quoi. A ce point-là. Elle pourrait être réellement en train de crever qu'il ne se casserait même pas le cul pour venir l'aider. Non, mais c'est grave, là. Parce qu'il peut lui porter une haine incroyable, la détester, vouloir lui arracher les cheveux et lui couper la langue tant elle peut être insupportable, mais la détester au point de préférer la voir crever ? Putain, quand même. Mais soit. Malgré qu'elle appréciait assez de mettre sa vie en danger, elle comprit qu'il ne se bougerait pas plus le cul et n'étant pas une professionnelle de l'apnée, elle attrapa l'épuisette – mais espèce de gros connard ! - et refit rapidement surface, jusqu'à atteindre le bord de la piscine, gentiment guidée par l'épuisette. Tss. Elle se hissa hors du bassin et s'assit sur le bord, comme précédemment, juste le temps de rendre sa respiration plus agréable et facile. Eh bien oui, boire la tasse, ce n'était pas très plaisant, qu'on se le dise. Passant une main sur son visage afin d'écarter les cheveux blonds qui étaient venus se coller sur sa peau, elle se leva finalement et fit quelques pas en direction de Sonny. Qu'est-ce qu'il pouvait être agaçant, celui-là. Tss. « D'accord. Soyons sincère l'espace de cinq minutes. Pourquoi tu me détestes autant ? » qu'elle lui demanda d'une voix calme et plate. Elle arqua un sourcil, soutint son regard. Ouais tiens hein. Pourquoi est-ce qu'il lui vouait une telle haine ? Elle aimerait bien le savoir. Qu'il profite, ce n'était pas souvent qu'elle posait des questions. Encore moins une question dont la réponse l'intéressait.

A la pêche aux moules moules moules. Me voilà, repêchant le corps presque inanimé de Siomha dans la piscine avec mon épuisette. J’aurais très bien pu aider la candidate d’une manière plus simple en plongeant dans l’eau et en lui faisant du bouche à bouche, mais non ! J’avais choisi un moyen bien plus.. drôle pour la sauver. J’avais tout simplement écouté mon instinct qui m’interdisait de sauter à l’eau pour offrir ce que la candidate attendait de moi. Si elle tenait réellement à la vie, elle n’avait qu’à se raccrocher à l’épuisette. Point. C’est ce qu’elle fit d’ailleurs, assez tardivement. C’est bien. Je ramène le long manche et ce qu’il s’en suit vers le bord de la piscine et j’observe en simple spectateur la candidate s’asseoir au bord et reprendre difficilement sa respiration usuelle. Voilà qu’elle s’approche de moi, tel un zombie venant de se faire foudroyer. « Je te... » Je me coupe net pour soupirer. Si, elle a raison, je la déteste. Pourquoi ? Euh.. je ne sais même plus. Putain, ça y est, je me fais avoir par le coup du chat potté de la blonde. Non, non et non. Maintenant c’est moi qui passe pour le méchant. Ce n’est absolument pas juste ! « En quoi ça t’intéresse ? Tu fais tout pour te faire détester après tout. » J’esquive sa question sans même m’en apercevoir. En tous les cas, je marque un point. A moins que.. non ! La candidate ne se verrait pas réellement offusquée par le fait que je ne lui porte aucun intérêt ? Elle prétend être insensible à tout, dénuée de sentiments. Et pourtant j’ai bien du mal à y croire. C’est juste une manière de se protéger selon moi. Un peu comme Moore à ses débuts dans l’aventure, sauf que la blonde est bien plus forte psychologiquement. Elle n’a visiblement aucune faiblesse ou du moins ne les laisse pas transparaître. Mais au fond, je suis sûr qu’elle souffre du fait qu’aucune attention ne lui soit apportée. Ça doit l’irriter que je la repousse sans arrêt et que je la haïsse au point de ne pas me jeter à l’eau pour la sauver.

Síomha n'était pas conne. Et elle pouvait facilement différencier les gens qui la détestaient légèrement à ceux qui lui vouaient une haine sans faille. Sonny faisait partie de la deuxième catégorie, à coup sûr. Quelque chose faisait qu'il ne pouvait pas la supporter, ou semblait ne pas pouvoir la supporter sans qu'elle sache exactement ce que s'était. Était-ce dû à son comportement ? A son caractère ? A la façon dont elle parlait ? Elle ne savait pas. Habituellement, c'était simple. On l'ignorait. Personne ne faisait attention à elle et cela lui convenait très bien. Avec Sonny, c'était visiblement différent, puisqu'il la détestait. Et qu'il ne dise pas le contraire, ça serait trop gros. Soupir. Et voilà qu'il déclarait qu'elle ne devait pas en avoir grand chose à faire puisqu'elle faisait tout pour se faire détester. LOL. La blague. Ils n'avaient rien compris. Mais alors vraiment, ils n'avaient rien capter à la personne qu'elle était. Depuis le début, elle espérait pouvoir être tranquille dans son coin, sans personne pour la faire chier. C'était la seule chose qu'elle voulait. Et à part ces derniers jours, où, c'est vrai elle s'était amusée à être plus emmerdante qu'elle ne l'est habituellement, en espérant tromper l'ennui qui la guettait constamment, elle n'avait jamais rien fait pour se faire détester. Elle s'était contentée d'être elle-même. Malgré tout, elle ne répliqua rien, gardant cet air dur et froid sur son minois. « Pourquoi tu me détestes autant ? » répéta-t-elle. Elle n'avait pas envie de lâcher l'affaire, non. Pas avant qu'il ne donne une raison valable quant à cette haine qu'il éprouvait à son égard. Ouais, elle voulait savoir. Alors soit il n'avait aucune raison, soit il n'avait tout simplement pas envie de lui en faire part. Elle s'en foutait. Quand elle voulait quelque chose, elle l'obtenait. Peu importe la difficulté de la chose, elle obtenait ce qu'elle souhaitait. Et elle aurait sa réponse quoi qu'il en soit. Point.

Opération sauvetage de pétasse terminée. Ma conscience m’a ordonné de sauver Siomha de la noyade. Foutu conscience ! Si je n’en avais pas, j’aurais probablement laissé crever la blonde avec un certain sadisme. Mais voilà, je suis loin d’être un monstre. Je ne souhaite la mort de personne, même pas de mes pires ennemies. Quoi qu’il en soit, la blonde a décidé de venir à l’attaque, après avoir récupéré un peu d’énergie pour m’harceler telle une petite fille ne comprenant pas les misères du monde. D’ailleurs cela évoque en moi l’innocence de Pandora, dans la mythologie Grecque, qui ouvrit par curiosité la boite qu’il lui fut confié. Ce qui engendra la délivrance de tous les maux de l’humanité incluant vieillesse, maladie, guerre, famine, misère, folie, vice, tromperie. Bref. « De ta naissance jusqu’à ta mort probablement tout le monde t’auras détesté. Alors ne vas pas me faire croire qu’une personne de plus sur la liste ça te troue le cul ! » Mes propos sont très crus, j’en ai conscience. En même temps, le fait que la jeune femme insiste sur sa question m’embête un peu. J’ai pas envie de lui répondre, point. Elle aura beau la répéter une centaine de fois, elle n’en connaitra jamais la réponse. « En fait ce qui t’embête c’est que d’habitude personne ne te porte un aussi grand intérêt que moi. Enfin non tu ne m’intéresses pas mais ce que je veux dire par là c’est que je suis le seul à te rejeter et à essayer de comprendre pourquoi t’agis comme ça. » Non, définitivement la jeune femme n’auras pas sa réponse. J’ai vraiment pas envie de lui dire pourquoi je la déteste autant. Je ne le sais pas tellement moi-même. Ou si, mais ce n’est pas chose facile à avouer.