milan.

Pourquoi avais-je daigné me rendre dans cette pièce en sachant que ce qui m’attendait, ce n’était que du vide ? Que même si le moindre indice venait à apparaître en ces lieux, je n’avais aucunement les moyens de faire quelconque buzz – faudrait-il encore que ce dit indice se rapporte à l’un de ses secrets qui cogitait dans ma petite tête blonde. Alors donc, les chances étaient plutôt nulles. Mais bon, qu’est-ce qu’on s’ennuyait dans le nid. Et l’ambiance générale de la pièce – lumière rouge sur mur noir - me fascinait. Assez en tout cas pour que je décide de m’y installer, à même le sol, les écouteurs de mon iPod bien enfoncé dans mes oreilles, me coupant de tout bruit ambiant. Dommage, je louperais surement un indice s’il s’avérait être sonore, mais tant pis. Je n’avais jamais vraiment eu l’intention de me prêter au jeu de la chasse aux secrets, de toute façon. Les yeux fermés, je ne me rendis même pas compte qu’on venait de s’introduire dans mon repère, sauf lorsque des pieds vinrent buter contre les miens. À croire que cette personne-là non plus ne m’avait pas remarqué. À moins qu’elle ne l’ait fait par exprès. Rouvrant les yeux et retirant l’un de mes écouteurs, je levais la tête pour apercevoir un revenant. Non, non, pas un esprit, pas un fantôme non plus. Milan n’était pas assez blême pour ça. « Hey, fait gaffe où tu mets les pieds. » Je n’avais fait qu’une simple remarque, je n’avais même pas haussé le ton. Trop la flemme.

Paraissait qu'il y avait une salle dans ce nid qui laissait parfois échapper des indices sur les différents secrets des candidats. Enfin, parfois. Quand l'envie lui disait. Ça devait être une putain de salle. Évidemment, Milan n'avait pas encore eut l'occasion de l'explorer plus en détails qu'un petit coucou de la tête à travers l'entrée. Du coup, curieux, il avait grimpé l'escalier et s'était discrètement introduit dans la pièce. Ouah. Il avait presque oublié l'allure un peu space de l'endroit et ses yeux eurent besoin de quelques secondes pour s'en remettre. N'attendant pas cependant, il s'avança un peu. Déçu. Alors c'était ça ? Juste ça ? Mais il n'y avait que dalle. Et donc ils balançaient des fois des trucs, comme ça, sans prévenir... Et si à ce moment, tu dormais, bouffais, te lavais, ou même n'était pas tout près, t'étais dans la merde et tu ratais tout. Cela dit, les trucs audios devaient s'entendre, quand même. De toute façon, il n'avait jusque là encore pas entendu parler d'un quelconque indice déjà découvert ici, y compris lorsqu'il observait le nid depuis sa cachette. En s'avançant encore un peu, il senti un truc contre ses chaussures. Détournant la tête au moment où une voix retentit, il eut du mal à reconnaître Evey. Ah tiens. Ça faisait longtemps. Ça faisait longtemps avec à peu près tout le monde, à vrai dire. Bah. Il ne se sentait pas d'humeur à l'envoyer chier. « Excuse-moi, boss » qu'il répondit avec désintérêt et sans même une once de sarcasme. Puis il se tut, se contentant d'observer comme il le pouvait la pièce. Il n'allait pas se faire chier à lui parler cette fois, d'autant plus qu'elle allait sans doute le rembarrer.

Milan, le mec jeté dehors après que la majorité des candidats ait décidé de voter contre lui. Je sais pas, mais à sa place, j’aurais été en beau diable contre cette bande d’abrutis. Le voir revenir aussi calme que ça me sidérait. M’enfin, je n’étais pas dans sa tête. Qui dit qu’il ne préparait pas un sale coup pour se venger. Hm, c’était peut-être ça, en fait. Il endormait notre méfiance, bien sûr, pour frapper quand ça ferait mal. Malin, le petit Milan. « Excuse-moi, boss. » fit-il simplement en m’apercevant, sans prendre cet air suffisant qui lui collait au visage, d’ordinaire. Du peu que je connaissais de lui, c’est toujours ainsi que je l’avais vu. Nous ne nous étions adresser la parole qu’une ou deux fois, et ce n’est certes pas notre rencontre au spa qui faisait office de discussion digne de ce nom. En fait, outre son nom, je ne connaissais strictement rien de lui. Bon, je me fichais bien de savoir sa couleur favorite ou le nom de son premier animal de compagnie, hein. Loin de moi l’idée de vouloir le compter parmi mes meilleurs amis. Mais quand même, la politesse voulait que je daigne ouvrir la bouche pour lui parler. Mon père m’avait franchement trop bien élevée. « Pas de quoi. » Wow, un semblant de discussion civilisé entre lui et moi, ça relevait presque du miracle. Attendez de voir la suite, ça allait vous faire tomber sur le cul, c’est moi qui vous le dit. « Alors le revenant, ça te fait quel effet d’être de retour parmi nous? Pas trop pénible? » Je ne faisais pas que m’adresser à lui, j’entretenais même une conversation! Faut croire que j’étais vraiment tombé sur la tête.

Vraiment, Milan s'était attendu à ce que la "conversation" s'arrête là, avec Evey, fallait pas espérer plus. Mais même pas. Et plus incroyable encore, c'était elle qui l'entretenait, s'entêtant à lui parler au lieu de le laisser gambader dans son morceau de salle aux milles et une merveilles. Peut-être était-elle devenu civilisée depuis la dernière fois qu'ils s'étaient parlés ? Il en était ravi pour elle, tiens. Bon, bien sûr, lui demander d'avoir l'air un peu sympa et de ne pas aborder un sujet chiant, c'était sans doute trop demander. Chaque chose en son temps. Bref, en l'entendant, Milan tourna la tête vers elle. « Tu veux que je te dise le pire ? C'est que j'reviens parmi des gens qui m'ont foutu dehors une fois, et qui par la même occasion, ont bien failli le faire une seconde fois, puis de se dire que si je m'étais retrouvé célibataire à la place de Baptiste, j'aurais certainement sauté encore la semaine prochaine. » Ah, tu voulais savoir ? Ça t'intéresse, vraiment ? Toujours ce ton neutre dans la voix. Il devait pas être en forme. Et parler de la dent que semblait avoir les autres contre lui, ou peut-être la totale indifférence, ce qui ne changeait pas grand chose pour lui de toute façon, ne semblait pas l'attrister ni le révolté. Pourtant, au début, ça l'avait fait chier, ouais. Vraiment. Il avait faillit l'envoyer chier, le Cupidon, avec sa pièce secrète à deux balles, et les candidats avec. Mais finalement, il se disait que c'était le jeu, tout simplement, et son envie de meurtre était partie comme elle était venue. Après tout, c'est ce qu'il aurait dit à quelqu'un qui aurait été dans la même situation que lui. C'était le jeu, un point c'est tout. « Mais en vrai, je m'en fous. » Un sourire barra alors ses lèvres. Ouais, au fond, plaire aux autres gosses de ce château, ce n'était pas son but, tout comme il se fichait pas mal de l'avis qu'on pouvait avoir de lui dans la vie de tous les jours.

« Tu veux que je te dise le pire ? C’est que j’reviens parmi des gens qui m’ont foutu dehors une fois, et qui par la même occasion, ont bien failli le faire une seconde fois, puis de se dire que si je m’étais retrouvé célibataire à la place de Baptiste, j’aurais certainement sauté encore la semaine prochaine. » Je n’allais pas lui mentir en lui mentionnant que je n’avais pas voté pour lui : ça aurait été complètement hypocrite de ma part, puisque j’avais bel et bien agit de la sorte, ne souhaitant point son retour dans le Nid. Mais quand même, il n’avait pas été du lot de ceux que j’aurais évincé dans les premiers, non, lors de ce prime où on l’avait sauvagement jeté dehors. Me débarrasser de la rousse peste, voilà ce qui m’aurait fait plaisir à l’époque. Quand on y pensait bien, j’en étais quand même venu à ce point, lui ayant volé sa place dans l’aventure lors du dernier prime. Et je dois avouer que ça faisait du bien à mon orgueil. Le public m’avait préféré à elle, que dire de plus! Bref. « Mais en vrai, je m’en fous. » Et c’est ainsi qu’il conclua sur la question, un sourire venant illuminé son visage sans émotion. « Tant mieux pour toi. » me sentis-je presque obligé d’affirmer. S’il s’en fichait et qu’il avait l’âme en paix, grand bien lui fasse. Rancunière comme je l’étais, impossible que ce soit mon cas. J’en voulais à Sixtine, car la décision finale lui était revenue. Je tenais tout de même à clarifier un petit détail avec lui. « C’était ton idée, ou la sienne. Ma nomination, j’veux dire. » Ne me fait pas de cadeau, mon joli. Je suis prête à tout entendre.

Ouais, finalement, ça allait très certainement se terminer comme la dernière fois. Autrement dit, avec rien. De toute façon, prétendre que ça le déranger ou l'attristait aurait été un blasphème. Savoir qu'il ne partagerait jamais le diner du dimanche soir avec elle lui faisait autant de peine que de savoir que sa mère avait tapé à la poubelle la vieille teille d'oreiller qui l'accompagnait partout dans sa petite enfance. « Je suppose que ça ne devrait pas m'étonner que vous me le demandiez tous. » Bon, tous, il exagérait. Mais il s'attendait presque à voir débarquer un des petits soldats de Lukas sur ses talons pour exiger une explication sur le choix qu'ils avaient fait dans la pièce secrète, avec son ancienne partenaire. Zut. Fallait bien choisir quelqu'un, non ? Il n'en avait pas fait toute une histoire, lui, quand Rory l'avait nominé sans raison particulière. Néanmoins, il consentit à répondre. Ô généreux qu'il était. « Sixtine l'a proposé, et j'étais d'accord. » Encore une fois, pas la peine de mentir. De toute façon, s'il ne savait pas trop quel rapport elle entretenait avec Sixtine, elle ne pouvait ignorer que ce n'était certainement pas lui qui allait défendre sa place bec et ongle. Après tout, ils se saquaient difficilement, à la base. « C'est bon, tu te sens mieux ? » railla-t-il gentiment. Après tout, ça allait l'avancer à quoi de savoir ? Bon, allez, par curiosité. Mais ils avaient tous accepter les conditions du jeu avant de s'engager non ?

« Je suppose que ça ne devrait pas m’étonner que vous me le demandiez tous. » Logique, qu’on se questionne. Nous n’étions pas là lorsqu’ils avaient prit cette fameuse décision. Et comme je n’avais ni accès à ses pensées ou celle de Sixtine, le seul chemin possible restait de le lui demander de vive voix. Ceci dit, rien ne l’obligeais à me répondre si ma question lui était si insupportable que ça. « Sixtine l’a proposé, et j’étais d’accord. » Je m’en étais doutée : l’idée venait de Sixtine. Il n’avait fait qu’approuver la chose. De toute façon, s’il m’avait raconté s’être débattu pour ma personne, j’aurai eu toutes les misères du monde à le croire. Je préférais encore cette vérité-là qu’un mensonge. Au moins, il n’y avait pas de non-dit entre nous. C’était clair et net : c’est pas demain la veille que nous serions copains. « C’est bon, tu te sens mieux ? » lança-t-il sur un ton faussement gentil. Voilà qu’il me taquinait, quelle évolution depuis notre dernière rencontre. À croire qu’on faisait des progrès. J’en étais la première surprise. « T’as pas idée. Quel soulagement de savoir qu’on a comploté contre moi. » Parce que c’était quand même, ça. Sixtine me voulait dehors, elle avait cherché à mettre contre moi des gens plus fort, afin de m’évincer. Sans compter l’intervention de Cooper – qui a bien failli tout gâcher, elle aurait sûrement réussi. Mais pour l’instant, j’étais toujours là, et je comptais bien y rester le plus longtemps possible. « Tu sais qu’on a quand même un point commun… Ce prime là à bien failli être notre dernier. Sympa, tu trouves pas. » Si lui avait déjà vécu l'expérience, personnellement, je n'étais pas prête à décamper d'ici.

Tandis qu'ils discutaient un peu, Milan déambulait lentement dans la pièce, se gardant bien de se précipiter pour être sûr d'avoir le temps de tout voir, tout entendre. Puisqu'il n'y avait rien. De toute façon, il n'avait pas à rester totalement concentré sur la conversation, puisqu'il avait eu presque la même la veille avec Cooper. D'ailleurs, ses paroles avaient été pratiquement les mêmes. « Si on avait vraiment voulu comploter contre toi, on t'aurait plutôt mise contre Syssoï, Artie et Moore, tu crois pas ? » fit-il, mi-moqueur mi-septique. Non mais franchement, c'était possible d'être aussi égocentrique ? Elle s'imaginait quoi, qu'ils l'avait mise sur la sellette parce qu'elle était une sorte d'élue ou un truc du genre, qu'elle était la plus belle, la plus forte, et qu'ils voulaient l'évincer ? Milan se garda bien de lui préciser que la seule raison pour laquelle elle avait été nominée, c'était simplement que Sixtine avait choisis entre autre des personnes avec qui elle n'avait pas plus d'affinités que ça, et c'était le cas d'Evey ici présente. Il aurait eu peur d'abattre sa petite tour d'ivoire, et l'idée de se battre encore avec elle l'ennuyait d'avance. « Au moins, ça change des "on a les mêmes goûts musicaux" ou "on a tous les deux perdus nos parents". » Ouais, en effet, ils avaient tous les deux été à deux doigts de quitter l'aventure au dernier prime. Ça aurait été dommage. Cela dit, qu'il reste et qu'elle parte ne l'aurait pas particulièrement dérangé. Mais bon, puisqu'elle semblait finalement capable de tenir une discussion un minimum courtoise, c'était peut-être pas si mal qu'elle reste.

« Si on avait vraiment voulu comploter contre toi, on t’aurait plutôt mise contre Syssoï, Artie et Moore, tu crois pas? » J’hochais la tête de droite à gauche en levant les yeux au ciel. S’il voulait tout savoir, je m’étais déjà faite cette réflexion. « Et courir le risque que l’un d’eux sorte? Non. J’crois pas que vous auriez pris cette chance. » J’avais franchement l’air confiante, mais en fait, ce n’était qu’une constatation. Certes, j’imaginais bien que Sixtine y était allée selon ses affinités. C’était tout à fait logique qu’elle agisse de la sorte – c’est probablement aussi ce que j’aurais fait. Mais voilà, que Cooper et moi nous retrouvions sur la sellette au même moment, ce n’était pas que du hasard. Y’avait de la stratégie là-dessous, j’en étais certaine. Et je ne crois pas qu’elle s’était attendue à ce qu’il change ainsi de place avec une autre, encore moins à ce que je défasse Lukas lors de l’élimination – Melissa, elle, pouvait bien bruler en enfer, je m’en fichais. Elle était mieux dehors, là où elle ne nous emmerdait plus. « Au moins, ça change des ‘on a les mêmes goûts musicaux’ ou ‘on a tous les deux perdus nos parents’. » J’esquissais un léger sourire face à sa remarque. Quoi, c’est vrai. Ici, les gens cherchaient par tous les moyens à se comparer les uns aux autres, à faire connaître leur tragique histoire et au final, se rendre compte qu’il n’était pas les seuls au monde à passer par là. J’avais justement eu ce genre de conversation avec Moore, ce qui, de toute évidence, relevait encore du miracle. Moi qui était persuadée que cette fille faisait trop de bruits pour rien, voilà que depuis cette conversation, je la voyais d’un œil différent. Ironique, non. Ne venais-je pas de justement dénigrer ces comportements? J’suis pas parfaite, ne soyez pas surpris. Il m’arrive aussi de faire des erreurs. « Trop commun. Mais on peut toujours se questionner sur le sujet. Tant qu’à se faire chier, aussi bien le faire jusqu'au bout, à moins que t’es un truc plus intéressant à proposer. » Non, parce que soyons francs, qu’est-ce qu’on s’ennuyait dans ce vieux château.

Hm? Les sourcils de Milan se haussèrent légèrement tandis que la jeune femme balayait son argument d'un mouvement de la tête. Elle semblait persuadée qu'elle était capable d'évincer l'une des grosses têtes du jeu. Ma foi, il ne détenait pas les clés de la vérité entre ses mains, mais d'après ce qu'il savait, les trois noms qu'il avait cité représentaient le top trois des candidats préférés, selon le sondage du présentateur en tout cas, alors qu'elle-même n'était pas forcément directement à la suite. « T'es bien sûre de toi, Milieu-de-classement... Cela dit, ils font tous les trois plus ou moins partie du même clan et leurs votes auraient pu être divisés, donc t'as peut-être pas tord. » Ouais, c'était pas faux non plus, vu sous cet angle... Enfin de toute façon, il n'avait pas envie d'essayer de percer les mystères des votes, car il savait c'était perdu d'avance. Rien n'était jamais joué dans ce genre de jeu. Presque rien. Roulant des billes dans sa direction, il la considéra un instant. « Oui, j'suis sûr que tu crèves d'envie de m'entendre raconter la palpitante de papa et maman » qu'il fit d'un ton léger et ironique à la fois. Allons bon. Qu'est-ce qu'on s'en foutait de monsieur et madame Milan senior. Et encore plus de ses goûts musicaux. Enfin, en l'occurrence, c'était un truc super important pour lui, mais dans ce contexte-ci, il n'en avait rien à caler. Puis elle avait qu'à lui taxer trente secondes son iPod pour être fixée. C'était pas comme si ce genre de choses ne se faisaient pas, ici. « Dire que j'peux même plus t'interroger sur ton secret. » Un vague regret nuança sa voix. Parce que ouais, on le lui avait déjà sucré plus tôt dans l'aventure, et le fait qu'ils soient tous deux dans une pièce où des indices étaient supposés - ouais, supposés - apparaître de temps en temps, le lui rappelait.