feat Baptiste

Samedi 17 mars. Saint Patrick, ma fête préféré entre toutes, parce que c'était la fête nationale, et que la bière coule à flot. Et que merde, j'suis Irlandais, j'ai pas besoin d'excuse. Je me suis trimbalé toute la journée avec un tee-shirt que j'adore particulièrement. Et en réalité, même si j'suis pas dans le mood et que j'suis dans un état apocalyptique niveau sentiment, pas aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, on peut se bourrer la tronche en toute impunité, parce que c'est la Saint-Patrick et qu'aucun Irlandais digne de ce nom ne devrait être devant sa télé. Ah, la parade de Dublin me manque, à un point. Faut pas que j'déprime. J'suis dans la cuisine, entrain de me ravitailler lorsque Baptiste passe. « Tom ! Ramène toi. » Bon ça fait une éternité que je l'ai pas appelé comme ça, mais, bon. Au moins il sait qui l'interpelle. J'suis un peu éméché, alors de toute façon, j'suis loin d'être super cohérent. « Lá Fhéile Pádraig Sona Duit » Bonsoir, je m'appelle Connor, et j'viens de parler Gaélique à un français, normal en somme. Bref, je lui souris et lui tend une Guiness, parce que la Guiness c'est le pieds, c'est fort et c'est Irlandais. Patriotique le petit Connor. Je contourne la table non sans difficulté et je pose mon bras autour du cou du petit français. « Je t'explique, c'est la Saint Patrick aujourd'hui, c'est un peu comme votre 14 juillet en plus cool. T'en es ? » Guiness : 1. Connor : 0.

La Saint Patrick une fête qui m’était totalement égale, pas parce que je n’aimais pas ce genre de journées pendant lesquelles tu te mettais minable juste pour le plaisir de le faire avec tes potes jusqu’à ce que le réveil du lendemain soit misérable et que tu te promettes de ne plus jamais recommencer… Avant l’année prochaine, non c’est juste qu’il n’y avait jamais personne pour me suivre et généralement je travaillais au McDonald comme tous les samedis du coup je n’avais vraiment pas le temps pour savourer une soirée vraiment portée sous le signe de l’alcool et de la fête. Pourtant, je me souvenais de cette fête aujourd’hui et même si j’en avais parlé à personne parce qu’on ne m’avait pas abordé sur ce sujet je prévoyais tout de même de me prendre une bière ou deux pour fêter le truc de mon côté même si je ne finirais pas ivre mort à la fin de la nuit. Débarquant dans la cuisine je tombais nez à nez avec Connor qui semblait… Comment dire… Frais comme la bouteille de rosé de la veille et non comme la rosée du matin. « Tom ! Ramène toi. » Je souris, même si ce surnom est légèrement nul je me suis attaché à lui. « Tiens tu te souviens que j’existe vilain ! » On ne peut pas dire qu’on avait eu le loisir de partager beaucoup de moments ensemble ces trois dernières semaines. « Lá Fhéile Pádraig Sona Duit » J’ai envie de rigoler mais je me retiens. « Ouai fais pas le malin moi je sais parler le mandchou… » Je lui tire la langue avec un petit sourire amusé approchant pour sentir immédiatement l’alcool présente dans son haleine… Ouh la bibine était encore ancrée dans ses lèvres. Il s’approche de moi et me dépose un bras autour du cou. « Je t'explique, c'est la Saint Patrick aujourd'hui, c'est un peu comme votre 14 juillet en plus cool. T'en es ? » Je laisse durer le suspense et le regarde dans les yeux pour lui apporter une réponse digne de ce nom. « S’il y a des mélanges j’en suis ! »

J'crois ne pas me tromper si j'dis que j'ai bu un peu trop aujourd'hui. La bière, j'arrive à gérer, mais la bière à outrance, sans avaler quoi que ce soit, un peu moins. Et puis j'crois que j'bois de la Guiness depuis le levé du soleil alors arrivé à un moment donné, où j'raconte un peu n'importe quoi. Sauf qu'à la différence de lundi, je ne bois pas pour oublié, j'bois parce que j'dois boire, c'est une tradition en somme. Oui c'est ça, c'est normal d'être pinté à la Saint-Patrick. Bref, Tom se ramène, bah oui je l'ai appelé et il me sort un truc qui sonne comme un énorme reproche. « C'est parce que toi t'étais trop occupé à tripoter Lhoas et moi à dire à Sixtine que j'suis accro. Nos emplois du temps n'étaient pas en accord tu comprends. » Ouais j'suis trop éméché pour me rendre compte que j'avais dit ça à voix haute, n'empêche que c'était vrai. Et puis il me sort qu'il peut parler le quoi ? J'sais pas et je m'en fous. « Le quoi ? Ouais on s'en fous. Je t'ai souhaité une bonne Saint-Patrick, mais ça aussi on s'en fou. » Oui parce que le plus important c'est que j'voulais boire moi. Et de préférence avec lui ce serait mieux. Donc je lui fais un topo vite fait et lui explique. Il est pour cool. « Moi je me défonce la tête à la bière, mais tu peux faire comme tu veux, y'a pas de règle et en plus t'es pas Irlandais, on s'en fout. »