Bon, parfois, je me demande ce qui me passe par la tête. Je me demande même si j’ai un cerveau. Et si j’en ai un, est-ce qu’il fonctionne ? Non parce que venir dans le vieux cimetière, à deux heures du matin, il faut vraiment pas être bien mentalement. Je ne suis pas une peureuse habituellement. Enfin, cela dépend toujours des circonstances. Mais là, présentement, je crois que j’ai la frousse de ma vie. J’entend des bruits, tout le monde me dirait que ce n’est seulement que le vent. Mais non, ça sonne étrange. Des fantômes ? Ça ne m’étonnerait pas. C’est surement Matthew qui en a marre que tout le monde lui parle et le dérange. Il veut se venger. Et c’est sur moi que cela tombe. Peut-être qu’il va me tuer, comme pour un avertissement pour les autres candidats. Et si c’était un loup-garou ? Un vampire ? Ok, je regarda trop de film, je crois. « S’il-vous-plait... Ne me faites pas de mal. Je suis jeune et innocente. » dis-je dans un chuchotement, m’adressant à la chose qui rodait dans les parages. Je me cachai derrière une énorme pierre tombale, sursautant en entendant le bruit d’une branche craquer et les pas d’une personne avancer en ma direction. Je lève lentement et discrètement la tête pour voir qui est là. Je reconnais bien cette petite silhouette. « Pssss... Sixtine. Cache toi. Y’a quelque chose qui veut ma peau je crois. Un monstre, un fantôme, esprit, whatever. » Voilà, elle me prendrait certainement pour une folle. Mais j’ai bien sentit la présence de quelqu’un, ou plutôt quelque chose. Et puis, qu’est-ce qu’elle fait ici à une heure pareille. Surement la même chose que moi. Rien. J’entend un nouveau craquement et cette fois-ci, j’en suis certaine, ce n’est pas mon imagination. Je regarde Sixtine affolée, voyant qu’elle aussi a entendue. Je tend la main vers deux grosses branches d’arbre, en tendant une vers la demoiselle. « Tiens, prend ça pour te protéger. » murmurais-je à la jeune fille. « Tu crois qu’on va mourir ? » ajoutais-je. Bien naïve Esther que je suis.

Qu’est-ce que je fous là, dans un cimetière à 2h du matin ? J’ai le moral dans les chaussettes, pas sûre que ce soit une excellente idée de risquer ma vie dans cet endroit sombre et lugubre. En plus, il fait froid. Je resserre ma veste sur mes épaules, slalomant entre les différentes pierres tombales en m’imaginant tourner un film d’horreur. Un truc de zombies, j’adore ça les zombies. Je me suis enfilé 28 jours plus tard, sa suite et tous les roméro en une seule nuit blottie dans les bras d’un ami en mangeant du pop corn. Ah, ce que ça me manque . . . Je vois parfaitement surgir un cadavre de la terre tandis qu’une innocente jeune femme se balade dans les parages, l’attrapant par le pied en s’éveillant d’un long sommeil. Il lui mord la cheville, arrachant sa chair fraîche et appétissante. La belle hurle dans l’obscurité, brisant le silence, mais il est déjà trop tard. Il lui dévore le mollet sauvagement, la transformant en petite zombette. « Ouh yeah, je tiens un script là. » Je parle toute seule, de toute façon on ne risque pas de m’entendre à une heure pareille, poussant un gloussement satisfait comme si mon histoire pouvait réellement être adaptée. Les deux mort-vivants vont trouver une famille dans la maison la plus proche, l’homme vole la fille aînée tandis que la femme tranche la gorge du père d’un coup de dents acérées. Ark, c’est dégueu, mais ça a pas mal marché dans la colline à des yeux. Je frissonne, me retournant subitement en entendant un bruit. Je me crispe tout à coup, observant le sol sous mes pieds comme si je craignais de voir mon scénario prendre forme. Je repère une ombre se faufilant contre moi, la tête d’un petit chaton qui se colle contre ma peau nue. Je ris un peu et lui caresse le museau, me demandant si la prod’ l’a mis là pour éviter aux insomniaques de se sentir trop seuls. Je perçois la voix d’Esther dans le noir, distinguant sa silhouette. Elle a du entendre l’animal, et s’en trouve morte de peur. Je ne peux m’empêcher de sourire, la rejoignant en feignant une parfaite angoisse, laissant le chat quelques mètres derrière moi. « Oh bon sang t’as raison, oh mon dieu ! » Je me serre contre elle en attrapant le bout de bois qu’elle me tend, espérant juste qu’elle ne frappera pas le pauvre animal en le prenant pour un monstre. « Putain j’en sais rien, je veux pas mourir ! » Je pousse une petite lamentation, hurlant soudain en m’effondrant sur le sol, gémissant comme si on était en train de me bouffer les entrailles. Puis, sans prévenir, je me mets à rire bruyamment, la langue du chat venant me caresser la joue. Oh la tête qu’elle a fait la Esther . . . J’aurais donné cher pour la mettre dans mon film. Je ne peux m’empêcher de rire pendant quelques longues secondes, soulevant l’animal entre mes mains pour le montrer à la jeune fille. « Il est pas mignon le petit Kitty ? Oui qu’il est mignon. »

« Oh bon sang t’as raison, oh mon dieu ! » Voilà, je n’étais pas folle. Nous avions tous les entendue le même bruit. La demoiselle se colla contre moi, prenant le bâton que je lui donnais. À deux, la personne où la chose qui voulait nous attaquer aurait bien de la difficulté à nous faire du mal. Enfin, je ne suis vraiment pas quelqu’un de violente, mais si on me cherche bien, je peux le devenir. Je sais très bien me défendre. Bref, j’étais vraiment affolée et je demandai à Sixtine si elle croyait que nous allions mourir. Je poussais un peu la chose peut-être, mais je voyais la situation comme dramatique. « Putain j’en sais rien, je veux pas mourir ! » Oh moi non plus, je ne le veux pas. C’est alors qu’elle se met à hurler, sur le sol, comme si elle était entrain de mourir. Holy shit. Mais qu’est-ce qui se passe ? Je suis totalement terrorisée, ne sachant pas quoi faire. Elle éclate finalement de rire, me laissant encore plus perplexe, lorsque j’aperçois un chat à ses côtés. C’est une blague là ? Un simple chat ? Je croyais être sur le point de mourir par la faute d’un félin. « Il est pas mignon le petit Kitty ? Oui qu’il est mignon. » Je soupirai, tout de même soulagé, étirant finalement un sourire. « Sérieusement ?! Merde... J’étais sur le point de faire une crise cardiaque pour Hello Kitty. » dis-je en rigolant, me trouvant particulièrement stupide à l’instant même. Je mis ma main sur mon coeur, comme pour reprendre mes esprits après tant d’émotions. « Et toi qui a jouer le jeux ! Sixtine, c’est pas drôle ! » ajoutais-je en tendant finalement les bras pour prendre le petit chaton dans mes bras. Il était tout mignon n’empêche. J’aimais beaucoup les animaux, c’est pourquoi je décidai de garder l’animal dans mes bras, caressant le dessus de sa tête doucement, m’installant par terre aux côtés de la candidate. « Et qu’est-ce que tu fais ici à cette heure ? Je croyais être la seule assez folle pour faire ça. » demandais-je finalement, étant plutôt curieuse.

Elle est trop mignonne la petite Esther, à flipper comme si elle craignait de voir débarquer Casper. Je suis toujours morte de rire lorsqu’elle m’accuse d’avoir joué le jeu en risquant de lui déclencher une crise cardiaque. Quoi, elle n’a pas de problèmes de cœur pas vrai ? Enfin j’espère . . . « Désolée, c’était trop tentant ! » Je cesse mes éclats de voix tout en continuant de sourire, me redressant tandis qu’elle prend le chaton dans ses bras. Visiblement, elle aime les animaux. Une chance qu’elle ne soit pas allergique ou ce genre de trucs. Je croise mes jambes, tentant de capter son regard dans l’obscurité. Je laisse planer un silence angoissant quelques instants, reprenant d’une voix mystérieuse. « J’étais en train de m’imaginer un film d’horreur, avec des zombies qui surgissent » ce mot sort plus fort de ma bouche tandis que je tends les bras vers elle brusquement « de la terre fraîche pour manger les pauvres demoiselles innocentes qui se baladent naïvement dans le cimetière, bien loin de s’imaginer que des rôdeurs en décomposition sont sur le point de leur dévorer les entrailles. » Je pousse un grognement digne d'un vrai mort-vivant. Bon ok, elle doit me prendre pour une tarée, là c’est sûr. J’approche à nouveau mes doigts pour venir caresser les poils du petit chat qui ronronne dans les bras de la jeune fille. « Et toi ? Tu es tracassée par quelque chose ? » Je demande en relevant la tête. Parce que pour être debout à une heure pareille et errer jusqu’ici, il faut qu’Esther soit assaillie de pensées vicieuses qui lui dévorent le cerveau. Je ne l’ai jamais aperçue durant mes diverses excursions nocturnes, aussi je suis en droit de me poser la question.

« Désolée, c’était trop tentant ! » Je souris tout de même puisque je la comprend, la situation se prêtait bien à jouer un tel tour, surtout à moi, qui croyait pratiquement à tout. Je pris le chaton dans mes mains, le trouvant beaucoup trop mignon. Je me demandais ce qu’il faisait ici. Peut-être qu’il était perdue, qu’il n’avait plus sa maman. Nous avions des points en commun alors. Bon, je divaguais un peu là tout de même. C’est pourquoi je demandai à Sixtine ce qu’elle fichait là. C’est alors qu’elle me raconta son histoire de zombies, morts-vivants qui attaquaient les jeunes filles. Elle allait recommencer à me faire peur si elle continuait comme ça. N’empêche, elle avait tout une imagination, ça m’impressionnait. En plus, elle était carrément dans son histoire, émettant des bruits de toute sorte. « Effrayant. Rappelle moi de ne pas te demander de me raconter une histoire avant de m’endormir. » dis-je en souriant à la demoiselle, baissant de nouveau les yeux vers le petit chat. « Et toi ? Tu es tracassée par quelque chose ? » Évidemment qu’elle me retournait la question, puisque si moi je trouvais sa présence ici étrange, Sixtine devait penser la même chose de la mienne. Cependant je ne savais pas trop quoi répondre. Oui, plusieurs choses me tracassaient. En même temps, nous avions que ça à faire ici. Penser. « Plus ou moins... J’ai beaucoup de choses en tête. Je me pose beaucoup de questions. » Je repensais beaucoup à ce qui c’était produit dans la cuisine avec Cooper, la veille. Où en était notre relation. Si l’on pouvait réellement parler d’une relation. Je me posais trop de question à ce sujet là. Ça me hantait. Mais je ne savais pas si j’avais envie d’en parler avec Sixtine. Je n’avais pas envie d’aller raconter mes histoires de coeur à tout le château. Même si j’en étais pratiquement sûr, Sixtine devait bien être au courant de quelques détails. Tout le monde ici semblait savoir que j’éprouvais une forte affection pour mon partenaire. Tout le monde le savait avant même que moi je sois au courant. Bref, je restai silencieuse quelques secondes, profitant du calme de la nuit. « J’ai pas l’impression que je vais trouver des réponses dans un cimetière. Mais bon. Ça m’empêche de dormir. » dis-je simplement, décidant finalement de ne pas m’aventurer sur le sujet. Peut-être que la demoiselle le ferait à ma place. Je caressai le chaton dans mes mains, me montrant soudainement protectrice envers lui. Voilà que j’allais commencer à m’attacher à lui. La preuve que je m’attache beaucoup trop vite. « On lui trouve un nom ? » demandais-je en la regardant, parlant de ce petit chaton trop chou.

Je ris à la remarque de la jeune fille. C’est vrai que je me demande comment je vais bien pouvoir endormir mes jeunes enfants métisses. Certainement pas avec ce genre d’histoire, sinon je risque de leur provoquer de sérieux dégâts psychologiques. « Oh mais je sais aussi très bien raconter les contes de princesse dont on a toutes rêvés un jour jusqu’à ce qu’on comprenne que c’est des conneries. » Amère ? Non . . . Je me laisse tomber sur l’herbe, écartant mes bras, fixant le ciel étoilé de mes yeux clairs. La voute céleste est magnifique depuis cet endroit, un spectacle vraiment hypnotisant. Je contemple la chose quelques secondes, Esther partageant son malaise. Des choses en tête. Des questions. Ca me rappelle des souvenirs. Je suis à peu près certaine de pouvoir identifier de quoi elle parle, aussi je ne me prive pas de l’interroger. « Laisse-moi deviner . . . ça commence par un Coo’ et ça finit par un Per ? » Je lui jette un regard en biais, me relevant, persuadée d’avoir visé juste. Je ne suis pas complètement aveugle, il semble évident qu’il se trame quelque chose entre ces deux-là. Cependant ça saute aussi aux yeux qu’il se passe quelque chose entre le jeune homme et Evey, comme entre Evey et Zhara. Bref, un vrai méli-mélo de sentiments peut-être parfois non récompensés par une réciprocité, ou par une incertitude dévorante. La pauvre Esther tourne en bourrique à cause de son partenaire, et je suis bien placée pour la comprendre. Ces mecs ont le don de vous rendre chèvre, et parfois on préfèrerait se jeter du haut de la tour First plutôt que de penser une seconde de plus aux relations qui se développent dans ce fichu château. C’est bien trop compliqué. Je me retiens toutefois de lui signaler que s’empêcher de dormir n’est pas forcément la meilleure solution, cela dit j’imagine que si elle tente de trouver le sommeil elle doit rencontrer de sérieuses difficultés. Peut-être qu’elle a pensé que prendre l’air lui ferait penser à autre chose, et elle a semble-t-il réussi à détourner son attention pendant quelques instants avec cette histoire de chat. Je souris à sa question, hochant la tête avec vigueur en le contemplant longuement. Je suis relativement nulle pour trouver des prénoms, la preuve mes anciens poissons rouges avaient été nommés Oscar et Aramis. « C’est une fille ou un garçon ? » Ouais déjà, parce que bon faudrait pas l’appeler Josiane si c’est un Didier.