► Le 15 mars, 11h14 , en compagnie de Connor.
Aujourd'hui, Síomha... s'emmerdait. Avouons que ça change énormément de d'habitude. Tss. Ce n'était pas de sa faute s'il n'y avait rien à foutre dans ce château. Et elle n'allait très certainement pas taper la discute à la bande d'abrutis qui servaient de candidats. Elle préférait encore s'ennuyer. Ça tombe bien puisque c'était exactement ce qu'elle faisait: s'ennuyer. Soupir. Elle était sur le balcon, se fumant gentiment une clope et tout ce qu'elle pouvait faire, c'était regarder l'horizon. Pas que c'était dérangeant mais bon, elle le connaissait cet horizon. Ça faisait presque deux mois qu'elle se le tapait tous les matins, c'est bon, elle connait. Et autant dire qu'elle n'était jamais restée aussi longtemps au même endroit. Elle détestait ça. Et sa vie pourrait lui manquer rien que pour ce détail, à cause de ce manque de liberté qu'elle subissait depuis deux mois. Sa vie... Tss, ouais, sa putain de vie. Elle n'avait vraiment pas envie d'y penser dans l'immédiat. Sauf que, inévitablement, elle y pensa, sans même le vouloir, sans même le réaliser, elle réfléchissait, se perdait dans ses pensées. Sa clope terminée, elle devait trouver un truc à faire. Se bouger, déjà, serait une bonne chose alors elle vagabonda dans le château, le regard perdu et inexpressif. Comme à son habitude, en soit. Une porte. Sa main s'échoua sur la poignée, elle poussa la porte, la laissant se refermer après son passage. La salle de sport. Ok. Soupir. Elle glissa sa main dans sa poche et en ressortit une nouvelle cigarette ainsi que son briquet. Briquet qui refusait d'émettre encore un peu de feu. Putain. Encore un briquet de foutu. Merde. Elle allait donc devoir se contenter de ne... rien faire. Soupir.

J'suis d'excellente humeur aujourd'hui, et ça n'avait rien à voir avec l'alcool que j'avais ingurgité. J'étais sobre, bon ça faisait un peu, bonjour je m'appelle Connor et j'suis alcoolique cette affaire, mais c'était loin d'être le cas. J'ai simplement passé une excellente nuit. Même cette épée au dessus de ma tête, ce couperet, ce glas qui menait de tomber, répondant au doux nom d'élimination qui risquait de me tomber sur la tête n'arrivait pas à entacher ma bonne humeur. Bon d'accord, je serais dégoûté si j'apprenais mon élimination mais de l'autre, je ne peux pas me battre contre le destin alors autant profiter ardemment du temps qui passait. Il était encore tôt, l'heure idéale pour entretenir ce corps que je malmenais tant. J'ai enfilé une tenue adéquate incluant un short et un tee-shirt d'une simplicité déconcertante et me mis à trottiner jusqu'à la salle de sport. Je pousse la porte avec entrain, ne manquant pas de constater que Siomha, qui était là avait faillit se la prendre violemment dans la tronche. Je lui souris, lui offrant un de ces sourire bright quelque peu exagéré et la salue en passant. « Bonjour mon amour, tu as l'air en forme ce matin, ça fait plaisir à voir. » C'était sans compté sur la mine décomposé de ma tendre partenaire qui ne ressemblait pas à grand chose se matin, rongé par l'ennuis. Je dépose une serviette sur le tapis de course et commence doucement mes petites foulées, afin de ne pas me froisser un muscle. Ce serait tellement dramatique.

Putain de briquet de merde. C'est toujours quand on a le plus besoin de quelque chose qu'on ne l'a plus sous la main. Merde, merde, merde. La porte s'ouvrit. Et encore merde. La solitude non plus n'était pas disponible pour le moment. Super. Voilà que Connor la saluait. « Mon amour ? ». Il avait bu ? S'était drogué ? Avait fumé le string de Moore ? Tss. Allez savoir ce qui lui passait par la tête. La blonde ne cherchait pas à comprendre. Pour la chauffer pour ensuite la laisser en plan comme une merde à moitié à poil dans le lit, c'est bien qu'il ne faut pas avoir grand chose dans le crâne. Soit. Elle le suivit du regard, tout en mettant de nouveau sa cigarette dans sa poche. De toute façon, sans briquet, elle n'allait pas pouvoir fumer grand chose. Connor, lui, était parti pour faire du sport. Tant mieux pour lui. Síomha s'adossa alors au mur le plus proche, les bras croisés sur la poitrine, elle l'observa. Ouais. Bon. Les hommes tout dégoulinant de transpiration n'étaient pas vraiment son truc et elle n'était pas certaine que le voir ainsi allait accroitre un quelconque désir à son égard, mais soit. Et bien sûr qu'elle aurait pu dire un truc, quelque chose, n'importe quoi, mais c'était bien moins amusant si elle parlait. Alors, elle se contenta de le fixer, espérant que cela l'embêterait suffisamment pour le peu d'efforts qu'elle faisait.

J'vois Siomha triturer une cigarette entre les mains déçue. J'trouve ça bizarre qu'elle ne l'allume tout simplement pas. J'suis pas sûr qu'elle soit du genre à se soucier des règles de bienséances, alors j'pense pouvoir dire sans me tromper qu'il y a un problème quelque part. Bon, déjà elle veut pas me crever les yeux. Parce qu'on ne peut pas dire qu'on se soit éternisé l'un avec l'autre depuis que je l'ai laissé en plan, déjà que je n'y tienne pas en temps normal, mais après ça c'était un peu corrompu. Sauf qu'elle est là et que j'ai pas envie de partir pour lui montrer que j'aime pas être dans une pièce seul avec elle surtout que j'suis plutôt de bonne humeur et j'suis là avant tout pour faire du sport. C'est ce que j'fais d'ailleurs, ça ne m'étonne pas qu'elle décide de garder le silence, je ne m'attendais pas à ce qu'elle fasse un quelque conque commentaire à propos de ma remarque d'ailleurs. Je m'en fous. J'marche rapidement sur le tapis, j'ai pas envie de dégouliner en plus j'ai déjà super chaud, c'est pas bon signe. Et puis. Je farfouille dans ma poche, un sourire se dessine sur mon visage lorsque je sens mon briquet sous mes doigts. « C'est pas ça que tu veux ? » Je lui montre mon briquet mon sourire s'élargissant à mesure que j'avance. Et puis je lui balance, parce que j'suis trop un ange. N'est-ce pas ? « De rien. » Et puis je continue de sourire, sans cesser de courir, tenant mon rythme à la perfection.

Pourquoi restait-elle là, déjà ? Bonne question. Visiblement, elle n'avait pas envie de faire du sport dans l'immédiat. Non, pas maintenant. Elle aimait bien en faire de temps en temps, quand elle s'emmerdait, mais là, ça ne lui disait rien du tout. Alors que foutait-elle encore là ? Ah, si, c'est vrai. Elle avait envie d'être là. Donc, elle était là. Le seul point négatif dans cette histoire, c'est bien son briquet qui venait de la lâcher. Connard. Elle allait devoir en piquer un à quelqu'un, maintenant. Pas que ça risquait d'être difficile: les trois quarts des candidats fumaient, en bons accros à la cigarette qu'ils étaient. Ouais, elle était pareille et alors ? Elle assumait totalement le fait qu'elle avait besoin de cloper, c'est tout. Et voilà que la voix de Connor s'éleva dans la pièce, elle ne se contenta plus de le regarder, elle se concentra aussi sur sa voix. Ouais, elle supposait que c'était ça qu'elle voulait. Un briquet. Oui, elle voulait bien, oui. Elle réceptionna le petit objet tandis qu'il disait déjà ce fameux « de rien », qui suivait normalement un « merci ». C'est bon, elle allait le remercier. Ne croyez pas que ça lui trouait le cul de dire un simple « merci ». « Merci. » Tiens, vous voyez, elle l'avait dit, son merci. Mine de rien, elle était quand même vachement polie comme nana.... bon, ou presque. Soit. Elle dirigea la flamme vers sa cigarette, la laissant s'allumer avant d'en tirer une taffe. Après quoi elle rangea le briquet de Connor dans sa poche. Ouais, elle lui piquait et alors ? Et bien qu'appréciant le silence, elle avait envie d'écouter de la musique. Elle se déplaça jusqu'à la chaine hi-fi et l'alluma, tandis que les premières notes d'une chanson se déversèrent à plein volume dans la pièce. Parfait.

J'avais été finalement trop vite en besogne puisque Siomha me remercia, sérieusement ? J'crois que j'suis trop mauvais avec elle, la preuve, j'aurais dû lui laisser le bénéfice du doute. Sauf que peut être qu'elle n'aurait rien dit sans mon de rien. En réalité, c'est pas comme si ça m'importait réellement. C'est juste pour le principe, la politesse c'est la base de tout, enfin si tenté qu'on ait reçue une bonne éducation de ses parents, ça va de soit. Je m'abstiens tout commentaire à ce sujet, parce que j'estime la faire chier assez comme ça. D'autant que là, ça m'amuse pas. J'en ai déjà marre de courir et en plus mon t-shirt est déjà trempé, c'est quoi le problème avec ce truc ? Je l'enlève parce que j'aime pas du tout la sensation d'avoir un truc collé à ce point contre moi, j'ai l'impression d'étouffer et avec mes antécédents, j'ai tendance à paniquer un peu trop vite. Je jette le bout de tissus totalement dégoûtant sur le sol et agrippe ma serviette pour m'éponger, le haut du corps. Et puis machinalement j'observe Siomha, parce qu'elle est là, et parce qu'elle est entrain de fourrer mon briquet dans sa poche. Vas-y poulette te gêne pas. Je m'installe sur le banc de musculation et la fixe, presque tristement. « Tu peux pas me faire ça. Il appartenait à mon papy, il est décédé tragiquement, et c'est le seule chose qui me reste de lui. Il m'a demandé d'en prendre soin. Rend-le moi, s'il te plait. » Tragique à souhait, j'crois même que ma lèvre inférieure tremblait. En faite, c'était totalement faux, mon grand père coulait des jours heureux avec sa pouffiasse de trente ans sa cadette, une fille dans le genre de Siomha, plus intéressé par le fric que mon papy. D'ailleurs, j'pense que papy doit bien être entrain de se marrer s'il regarde sa télé. Et ce briquet, je l'avais trouvé quelques jours plutôt, c'était un truc en plastique vert, sans aucune valeur sentimentale, qui ne se rechargeait même pas en plus.

Síomha devait être cleptomane ou quelque chose dans le même genre. Elle ne pouvait s'empêcher de piquer des trucs à tout le monde : fringues, bouffe, briquet, clopes. Tout. Elle repartirait de ce jeu avec le double des choses qu'elle avait amené. Dans le fond, ce n'était pas plus mal, cela faisait un peu de nouveauté. Si bien qu'une fois que le bout de sa cigarette s'était laissé attendrir par la flamme, elle plaça en un mouvement simple le briquet dans sa poche. Les prunelles suivant les mouvements de son partenaire, elle put aisément l'observer retirer son tee-shirt. Mouais. Les mecs en sueur, ce n'était pas aussi excitant qu'on pourrait croire. Heureusement qu'il était pas mal foutu et qu'il était même plutôt sexy parce que sinon... Tss. Mais voilà qu'il se déplaça pour aller s'asseoir. Il était quand même pas bien résistant, comme gars. Deux-trois minutes de sport et monsieur est fatigué. A coup sûr, les nanas se mettaient toujours au-dessus avec lui, au plumard. Histoire qu'il ne se fatigue pas trop hein, le pauvre chaton. Il lui confia alors l'histoire dramatique de son grand-père. Waouh. Il accrochait vraiment le souvenir de son grand-père à un simple briquet ? Tss. Vraiment ? Comment est-ce que qui que ce soit pouvait se rappeler de quelqu'un par un simple objet ? Vraiment, cela la dépassait totalement. Mais soit. D'une main, elle retourna farfouiller dans sa poche pour en ressortir le briquet, leva les yeux au ciel puis lui balança le dit briquet afin qu'il puisse le réceptionner. C'est bon, il se sentait mieux, là ? Il n'allait pas se mettre à pleurer au moins pour avoir retrouvé cet objet si précieux à son cœur ? Tss. « De rien. » Soupir. Un prêté pour un rendu.

Lorsque j'suis essuyé je jauge la pièce je décide de retourner sur le tapis, parce j'suis encore en pleine possession de mes moyens, et parce que c'était juste une sorte d'entrainement. Je cours d'ailleurs plus rapidement, j'sais pas pourquoi je ne peux pas m'empêcher d'observer la blonde. Peut être parce que je me demande ce qu'elle posé là, à jouer avec sa clope au lieu d'aller chercher un briquet si elle a vraiment envie de fumer. Et lorsqu'elle a finalement ce qu'elle semblait convoiter, qu'est-ce qui la retient ici? L'envie irrépressible de m'emmerder sûrement, je ne vois que ça. Pourtant si elle savait comme elle l'indiffère à ce moment précis. J'suis visiblement convainquant lorsque je lui raconte ma petite histoire puisqu'elle me renvoie aussitôt mon briquet que je réceptionne sans problème mais que je garde toujours en main. Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire victorieux. Elle s'empresse d'ailleurs, de ma balancer un de rien. Prévisible. « J'suis trop bon. » Je savoure. Oui un peu comme lorsque je lui ai fait croire que j'avais envie de baiser et que je l'ai finalement laissé en plan. Bon peut être que sur le coup, j'en avais envie sûrement autant qu'elle mais peu importe. J'accélère la cadence, laissant un petit moment de silence planer dans la salle. « Il était pas à moi, à Milan j'crois. Mais merci. » Et finalement je le replace dans ma poche, oui parce que j'ai bien l'intention de m'en griller une après ma séance intensive de sport. Et puis finalement les minutes défilent, de longues minutes et le seul bruit qui se fait entendre c'est le roulement du tapis et mes pas qui le foulent, rien de plus, rien de moi. Je me demande combien de temps elle va rester là à me mater, parce que c'est ce qu'elle fait non ? Alors, je la regarde moi aussi, et finalement c'est pas si con son jeu. J'crois que je commence à y prendre goût.

Lui rendre. Ne pas lui rendre. C'était du pareil au même. Elle s'en foutait, elle pourrait bien trouver un briquet ailleurs. Alors s'il voulait absolument retrouver son briquet chéri, très bien. Peu importe. C'est bien pour cela qu'elle le lui retourna. Elle ne voyait pas l'intérêt de s'attacher à un objet de la sorte. C'était con. Un objet, ça se perdait, ça disparaissait et si effectivement cet objet venait à s'évanouir dans la nature alors à quoi était-ce ensuite possible de s'attacher ? Les souvenirs suffisent amplement. Mais peut-être pensait-elle cela puisqu'elle n'avait pas grand objet auquel s'attacher. Ou parce qu'elle n'avait pas tellement de proches à déplorer. Qu'importe. Il récupéra son briquet. S'il n'y avait que cela pour lui faire plaisir, après tout. Tss. Et une fois la chose en main, il la gratifia d'un « j'suis trop bon » avant de déclarer que ce briquet ne lui appartenait pas. Ah. « T'as rien de mieux à foutre de tes journées ? » soupira-t-elle en levant une nouvelle fois les yeux au ciel. Non, vraiment, elle le plaignait, en fait. Puisqu'il semblait vraiment trop apprécier de jouer au malin avec la blonde. Soit. Si ça l'amusait, grand bien lui fasse. Elle s'en foutait mais alors, complètement. Si bien qu'elle s'adossa de nouveau au mur, laissant sa cigarette se consumer au fur et à mesure qu'elle en profitait. Et elle regardait son partenaire sans y porter grande attention, son esprit se perdant dans des pensées quelconques qui ne vaudraient pas le coup d'être répétées. Et lorsqu'elle sortit finalement de cette petite bulle, elle s'aperçut que Connor la fixait au même titre qu'elle le fixait. Ah. Pourquoi pas après tout ? Alors son regard se fit plus insistant, détaillant le jeune homme sans aucun gêne. Là, oui, elle était totalement en train de le mater. Cela dit, elle le vivait plutôt bien.

Et bien non justement, je n'ai rien de mieux à faire de mes journées. C'est désespérant quand on y pense mais c'est bien la triste vérité. C'est un peu ma manière à moi de partager des moments avec ma partenaire qui n'est réceptive qu'à la baise. Désespérant ça aussi. Après avoir passé une semaine en compagnie de Rory c'est un peu difficile à concevoir, c'est dire que la jeune femme m'a habitué à mieux. Un partenaire n'est-il pas censé être celui qui connait la partie la plus intime de vous dans ce jeu ? Ce pourquoi vous êtes venus vous battre ici ? Siomha connaissait ma plus grande faiblesse mon secret, pourtant on est pas très proche. Et moi je connaissais le sien aussi, ainsi ça ne devrait pas nous rapprocher ? Visiblement non, pas lorsqu'il s'agit de Siomha. Bizarre. Je lui réponds pas, à quoi bon. Elle doit bien connaître la réponse, et quand bien même. Tant pis pour elle. Et puis, je la regarde, connement, elle se met à faire la même chose. Ca me ferait presque rire. « Tu vas me mâter encore longtemps ? » C'est plutôt une rhétorique, parce que je n'attends pas non plus de réponse précise. Bien sûr puisqu'elle doit se douter que ça m'agace. Ah putain, j'ai la tête qui tourne. Merde. Je ralentis la cadence, parce que j'ai pas envie de me fracasser la tête contre la machine; De toute façon j'crois que la jeune femme serait capable de me laisser crever là, si je me mettais à pisser le sang.