OONA

Hm c'est moi, où l'ambiance dans le château était devenue vachement lourde à supporter ? Bon sang, ne s'étaient ils pas encore remis du départ de leurs potes ? Quelqu'un avait il pensé à les prévenir qu'en sortant de cette émission, ils ne partaient pas à l'abattoir ? On était pas dans Hunger Games là, où il ne devait y avoir qu'un survivant à la fin. Les gens éliminés repartaient librement pour vivre leur vie à l'extérieur. Aïe aïe, je vous jure. On avait l'impression de revivre encore une fois l'éviction de Sixtine. Rhalala, les membres du clan Syssoï, de vrais sentimentaux. On vous enlevait un compagnon, et c'était comme si on les amputait d'un de leur propre membre, genre un bras. Soupire. Du coup, j'évitais le plus possible les âmes en peine. Consoler les gens, ce n'était pas pour moi. Surtout que j'aurais tendance à aggraver la situation. Et puis tout ce surplus d'émotion, ça avait tendance à me mettre mal à l'aise.
Après avoir mangé, en ce début d'après midi, je décidai de me rendre à la piscine. Un short de bain noir, et une serviette sur l'épaule, je descendis donc au sous sol. En pénétrant dans les lieux, j'aperçus Oona, assise, sur le rebord de la piscine. Bon, elle faisait justement parti de ce genre de personne que je préférais éviter. Trop émotive. Mais bon, allez je pourrais faire un effort. Et puis elle me faisait de la peine. Je posai ma serviette sur un transat, avant de m'asseoir à ses côtés.  « Salut ! T'as pas l'intention de pleurer j'espère ? Parce que je réagis pas très bien aux larmes » Oui oui j'étais la délicatesse incarnée.

Après une nuit insupportable ; après une matinée passée enfuie sous les couvertures, je m’étais décidé à bouger mon cul. Décision très difficile à prendre, parce qu’il m’avait fallu un immense courage, justement, pour la prendre. Mes deux pieds au sol, je me levais difficilement en essayant d’habituer mes yeux à la lumière perçante du jour. Depuis hier soir, je n’avais franchement pas eu envie de parler de quoi que ce soit. J’avais perdu ma langue en quelques sortes. Là, je ressemblais plus à un chamallow, se trainant jusqu’à un endroit où je pouvais être tranquille, sans croiser les autres candidats. Puisqu’ils étaient pratiquement tous en train de manger, il m’était facile de trouver un endroit sans personne. Sans quiconque qui se sentirait l’envie de me plaindre. Je me sentais mal pour avoir en plus autour de moi des candidats qui souhaitaient que « j’en parle » ou qui me conseillerait de pleurer parce que « ça fait du bien ». J’avais été à la limite de pleurer toutes les larmes de mon corps hier, je n’allais pas recommencer aujourd’hui. Ce qui ne voulait pas forcément dire que j’étais déjà remise de leur départ. Au contraire, un vide se faisait déjà ressentir. Un vide que j’avais fini par oublier depuis mon entrée à Fake Lover. J’avais cette amer impression que la solitude allait me revenir plus vite que je ne l’aurais voulu. Je descendais d’un premier étage, puis d’un deuxième, baissant mon tee-shirt X-Men pour couvrir une le shorty qui me servait de pyjama et couvrir une partie de mes jambes nues. Je rejoignais à pas de loup la piscine, pour profiter du calme du lieu et de son isolement. J’avançais vers le rebord de la piscine, où je posais lourdement mes fesses, glissant mes jambes dans l’eau. Mon dos se vouta de lui-même, m’éloignant de la posture droite habituelle de mon dos. Mon regard plongea dans l’eau, comme dans le vague. J’étais en colère contre les téléspectateurs d’avoir virés les seuls personnes qui en valaient la peine. Les seuls avec qui j’étais moi-même. La porte s’ouvrit, me faisant lâcher un soupir. On ne pouvait pas être tranquille une seconde dans ce foutu château, c’était vraiment affolant « Salut ! T'as pas l'intention de pleurer j'espère ? Parce que je réagis pas très bien aux larmes » Je n’avais pas pris la peine de me tourner vers lui, j’avais bien compris que c’était Cooper à mes côtés. Je lâchais un deuxième soupir, gardant mon visage fermé à toute tentative de réconfort de la part des autres, même si Cooper ne faisait pas partit de ces personnes se proclamant grands consolateurs. Visiblement. Je restais le regard dans le vide, serrant les dents. Je n’avais aucune envie de lui répondre ; de toute manière à quoi bon, parce que je ne comptais pas être agréable ces prochains jours… Je donnais un coup de pied dans l’eau, comme une façon de lui montrer que j’étais beaucoup plus énervée qu’effondré à ce moment.

Oona semblait complètement perdue dans ses pensées, le regard dans le vague. Le départ d'Artie semblait vraiment l'avoir chamboulé. Ou peut être était ce Baptiste qui lui manquait ? Hm non, ça ne devait pas aider, mais cela devait surtout être son Lord la cause de son état. Bah, dans quelques jours ça devrait lui être passer. Ce n'était pas non plus comme si elle n'allait plus jamais le revoir. A mon arrivée, Oona se contenta se soupirer, avant de donner un coup de pied dans l'eau. Très loquace la demoiselle. Je l'imitai alors, soufflant, avant de taper à mon tour dans l'eau.  « Hm mouais, non en fait ça sert à rien » Oui oui je suis drôle. Bon je ne pouvais pas la laisser dans cet état.  « T'as fini de te morfondre ? Le public a voté, Artie est parti, point. Faut t'y faire. Je suis persuadé qu'il ne voudrait pas que tu restes dans cet état. » Ouais moi j'optais pour la méthode choc.  « Je sais ce qu'il te faut. » déclarais je finalement, comme si je venais d'avoir une brillante idée. Bien sur, je connaissais le remède miracle pour son problème.  « Tous à l'eauuuuuuu ! » criais je subitement, avant de la pousser dans le bassin. Je fis ensuite une magnifique bombe à ses côtés. Bon, elle risquait d'être encore plus énervée maintenant, mais c'était le risque à prendre. Et puis sait on jamais, ça pourrait marcher. Cela ne coutait rien d'essayer.

Je pensais que mon grand silence était assez éloquent, pour que Cooper se rende compte que je n’avais aucune envie de parler. Je me fichais bien de ce qu’il pouvait bien penser ; que c’était ridicule d’être dans un état pareil, qu’il n’y a pas mort d’homme. Non effectivement et j’aurais été du même avis dans une autre situation. Sauf que là, je trouve que ma non-envie de me mêler aux autres est légitime. « Hm mouais, non en fait ça sert à rien » Je ne regardais toujours pas le visage de Cooper, préférant largement en cet instant regarder ses pieds imiter les miens. « T'as fini de te morfondre ? Le public a voté, Artie est parti, point. Faut t'y faire. Je suis persuadé qu'il ne voudrait pas que tu restes dans cet état. » Je fronçais les sourcils, attrapant une moue mécontente sur le visage. Je crois qu’à cet instant précis, j’ai vraiment l’air de la gamine qui n’accepte pas de se faire parler de cette manière et qui va péter un câble dans deux minutes… mais je n’ai pas envie d’hausser le ton, ni de lui dire de dégager parce que j’ai 0,0001% de chance qu’il m’écoute. Dans le fond il a totalement raison : il n’aimerait peut-être pas me voir comme ça, mais je n’y peux rien s’il me manque déjà. « Je sais ce qu'il te faut. » Je ne répondais toujours rien, mais cette fois je lui lançais un regard en coin, intriguée. Je le sentais, je ne sais pas pourquoi, mal… « Tous à l'eauuuuuuu ! » J’avais à peine le temps de comprendre ce qu’il venait de crier que je me retrouvais totalement immergée dans l’eau. Mes cheveux me collèrent au visage et mon tee-shirt/pyjama à mon corps. Franchement c’était ça son idée de génie ? Et c’était censé me faire quoi ? Je ressortais enfin ma tête de l’eau, en toussant un peu : bah ouai, à cause de lui, j’ai failli boire la tasse. « Putain, tu fais chier ! » J’étais un poil plus énervée que tout à l’heure, mais au moins il avait délié ma langue…

Bon d'accord, la jeter toute habillée dans la piscine n'était peut être pas la plus brillante idée qu'il soit. Mais c'était mieux que de continuer à bouder dans son coin non ? Ah mon humble avis oui. La Oona semblait encore plus énervée que tout à l'heure. Ceci dit, pour la première fois depuis tout à l'heure elle ouvra la bouche. Et devinez quoi, des mots en sortirent ! Oui oui comme quoi c'était possible. Elle n'était donc pas devenue tout à coup muette à cause du traumatisme. « Putain, tu fais chier ! » Ha ça il semblerait que c'était ma spécialité. Chacun son truc.  « Oh elle a retrouvé la parole ! » Criais je fier de moi. Ouais, bon, on se contentait de ce qu'on pouvait. C'était une mini victoire en soit non ? Et puis au pire, ça détournerait peut être sa colère sur ma personne. Préférable que pester dans son coin contre un public invisible.  « Tu sais que comme ça, énervée et toute mouillée, ça te rends carrément sexy.  » Pure vérité. Si ça n'améliorait pas son état, au pire, ça aura fait des petits heureux derrière leur écran de télévision. Maigre consolation.

Je n’étais pas d’humeur et franchement, me mettre à l’eau n’était pas la meilleure des solutions. Pourtant j’adore l’eau et faire chier les autres dans la piscine en tant normal, mais pas cette fois. Cooper ne pouvait vraiment pas juste s’occuper dans son coin, sans se soucier de moi… et bien la réponse est visiblement non. Alors oui, il faisait vraiment chier et oui je ne me gênais pas pour le lui dire, tant qu’à faire. Mais maintenant c’était fait. J’étais dans l’eau, avec mon foutu tee-shirt me collant à la peau. « Oh elle a retrouvé la parole ! » Je me tournais vers lui, lui lançant un regard, certes de colère, mais surtout vexée, lui adressant une grimace. J’avais bien le droit de bouder dans mon coin merde. Oui j’avais retrouvé la parole et je pense que je pourrais le traiter de tous les noms ; mais ça reviendrait à utiliser sa salive pour rien. « Tu sais que comme ça, énervée et toute mouillée, ça te rends carrément sexy. » Je roulais des yeux, lâchant un souffle d’exaspération. Franchement, qu’est ce que j’en avais à faire de paraitre sexy. Et puis je n’étais pas sexy, que ce soit normalement ou mouillée ; calme ou énervée. « Et tu sais que comme ça, mouillé, ça te rend pas moins con ! » Rétorquais-je, toujours cette moue vexée sur le visage. Je m’éloignais un peu de lui, à la nage bien sûr, dans le seul but de sortir de l’eau.